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La vie intellectuelle en Europe au 18ème siècle

jeudi 19 septembre 2024, par lucien jallamion (Date de rédaction antérieure : 4 février 2018).

La vie intellectuelle en Europe au 18ème siècle

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Lecture de la tragédie de Voltaire, l’Orphelin de la Chine, dans le salon de Mme Geoffrin en 1755. (Anicet Charles Gabriel Lemonnier, 1812, Château de Malmaison.)

Au début du 18ème siècle, l’influence littéraire du 17ème siècle, que l’on appelle aussi parfois le "grand siècle", et auquel est attaché le nom de Louis XIV se continue à peine dans les dernières années de sa vie. La chaire et la littérature ecclésiastiques ont encore Fénelon , qui survit 11 ans à Bossuet, et meurt la même année que le roi soleil. Jean Baptiste Massillon , déjà célèbre par ses prédications, publie son “Petit carême” en 1717, prêché devant le jeune Louis XV . La littérature est variée, mais sans éclat. Les recherches diplomatiques de Mabillon, les travaux d’érudition de Montfaucon, des comédies de Jean-François Regnard , des tragédies de Prosper Jolyot de Crébillon , des odes et des épigrammes de Jean-Baptiste Rousseau, des éloges académiques de Fontenelle , même “l’Oedipe” de Voltaire , essai d’un poète de 24 ans, caractérisent moins l’époque que les Lettres persanes [1] de Montesquieu , données en 1711.

Le Véronais Mafféi, par sa “tragédie de Mérope” en 1743 commence une réforme dans l’art dramatique en Italie. Le Napolitain Giovanni Vincenzo Gravina compose une poétique, et recherche, en habile jurisconsulte, l’origine et le sens des lois anciennes. Un poète lyrique, Métastase , qui est né à Rome d’une famille pauvre, par “sa Didon abandonnée”, excite à Naples un universel enthousiasme, quelques mois après l’apparition de “la Henriade” de Voltaire en France. Il ira chercher fortune à la cour d’Autriche. Écrire contre l’autorité temporelle du saint-siège, en Italie même, était une chose trop hardie pour que l’Apulien Pietro Giannone , auteur d’une histoire civile du royaume de Naples, ne fût pas persécuté.

Les ouvrages de l’Allemand Georg Ernst Stahl , écrits en latin, élèvent la chimie au rang des sciences. Leibniz, auquel Leipzig [2] où il est né, Berlin [3], Saint-Pétersbourg [4], même Dresde [5] et Vienne [6], doivent de puissants encouragements donnés aux études, ne meurt qu’en 1716. Newton lui survit de quelques années. En Angleterre, c’est le temps des poètes Alexander Pope , Prior, William Congreve  ; après Anthony Ashley-Cooper (3e comte de Shaftesbury) , la plume rend puissants Swift, Addison, Daniel Defoe , et Steele.

Bolingbroke, ancien ministre d’Anne Stuart et négociateur de la paix d’Utrecht [7], tour à tour proscrit et réhabilité, avide d’agitation politique, ennemi de la révélation chrétienne, passionné pour l’étude des lettres, est le précurseur de Voltaire. La secte des méthodistes [8] commence avec John Wesley .

En France, les controverses du jansénisme [9], qui enfantent tant de libelles et de scandales, sont cause de la disgrâce de Rollin. Privé de toute fonction dans l’Université de Paris, il consacre aux lettres les dernières années de sa vie. La science morale et pratique de l’éducation, l’histoire des peuples de l’Antiquité exposée avec les monuments littéraires de la Grèce et de Rome, sont ses titres de gloire. Montesquieu fait une révolution dans l’art historique par son livre sur “la Grandeur et la Décadence des Romains” en 1734. Voltaire étonne, excelle dans tous les genres. Brutus, César, Mahomet, mis sur la scène, aussi bien que des personnages de l’époque des croisades ou des héros du nouveau monde ; l’Histoire de Charles XII ; les Lettres philosophiques ; l’esquisse du Siècle de Louis XIV, l’Essai sur les mœurs et l’esprit des nations ; l’étude des sciences dans la retraite ; son voyage à Berlin auprès de Frédéric II , roi despote et bel esprit, pour lequel la philosophie et les lettres étaient un passe-temps mais non un enseignement, disent l’activité merveilleuse, la tolérance, le bon sens, mais aussi le caractère adulateur du grand écrivain.

Les progrès des sciences exactes sont attestés par l’invention du thermomètre de Réaumur, et par les résultats des voyages qu’entreprennent, dans le nord de l’Europe, des savants pour déterminer la forme de notre planète [10]. La Hollande possède, avec Herman Boerhaave , le plus célèbre médecin de l’Europe, qui renferme en un seul système général l’histoire, les causes, les symptômes, et le traitement de toutes les maladies.

Dans la deuxième moitié du 18ème siècle, La royauté de l’esprit se partage entre Montesquieu qui publie “l’Esprit des lois”, Georges-Louis Leclerc de Buffon qui donne les premiers volumes de son “Histoire naturelle”, Jean Jacques Rousseau qu’un premier succès de rhéteur [11] et de sophiste [12] enhardit à rechercher l’origine de l’inégalité sociale parmi les humains, à réformer à la fois l’humain et l’État, Voltaire enfin qui domine tout le siècle. Voltaire, après avoir joui tour à tour de la protection de Mme de Pompadour , de la duchesse du Maine, du bon duc de Lorraine, Stanislas Leckzinski , et du roi de Prusse, trouvera la liberté et l’aisance du grand seigneur dans le pays de Gex [13]. Il deviendra le patriarche de Ferney. Il enrichit à la fois les deux scènes de la tragédie et de la comédie ; il crée un nouveau genre de romans, tout en achevant ses grands travaux d’histoire.

Diderot et d’ Alembert fondent l’Encyclopédie qui est comme une tribune offerte aux orateurs de la raison en guerre avec la religion révélée.

L’Italie perd Ludovico Antonio Muratori , érudit infatigable qui a rendu de grands services à l’histoire nationale. L’écossais David Hume , historien et philosophe, affiche un nouveau scepticisme. Gotthold Ephraim Lessing crée pour sa part la nouvelle littérature de l’Allemagne ; par la critique et l’analyse, il pose les lois de l’art et de la poésie.

L’Angleterre et bientôt l’Europe se passionnent pour la brillante production de Samuel Richardson , “Clarisse Harlowe”. Rousseau donne coup sur coup le Contrat social, qui sera le symbole de foi de la démocratie révolutionnaire. “La Nouvelle Héloïse”, qui s’adresse au cœurs faibles et ardents,“ l’Émile”, code hardi et impraticable d’éducation privée et de croyances déistes. Ce dernier ouvrage vaut des persécutions à son auteur. Le parlement de Paris [14] ne ménage pas plus les philosophes que les protestants et les jésuites [15], le jansénisme, devenu une faction jugée odieuse et ridicule, obtient cependant l’expulsion des jésuites, qui est un triomphe pour les philosophes.

Le mathématicien Euler , expose avec clarté d’importants résultats en mécanique, astronomie, optique, acoustique. Condorcet compose ses premiers ouvrages de mathématiques. Benjamin Franklin publie sa théorie de l’électricité, et apprend à éviter les effets terribles de la foudre. La Suède a un grand naturaliste, Carl von Linné  ; en France, Bernard de Jussieu forme une nouvelle classification botanique, et bientôt Antoine Lavoisier renouvellera la science de la chimie. En Angleterre Edward Jenner découvrira la vaccine.

Le 17ème siècle avait pénétré jusqu’aux profondeurs de l’espace pour y découvrir la forme elliptique des astres, mesurer leur grandeur, assigner la force respective de leurs attractions. Les observations du 18ème se portent sur notre globe, sur la matière qui le compose, l’atmosphère qui l’entoure, les fluides mystérieux qui l’agitent, les êtres variés qui l’animent. A la fondation véritable de l’astronomie succède celle de la physique, de la chimie, de l’histoire naturelle positive. A Galilée, à Képler, à Huygens, à Newton, à Leibniz succèdent Franklin, Joseph Priestley , Lavoisier, Claude-Louis Berthollet , Pierre-Simon de Laplace , Alessandro Volta , Linné, Buffon et Georges Cuvier .

L’ardeur des voyages par Terre et surtout par mer, qui étendent les limites du monde connu, se communique de l’Angleterre à la France, à la Hollande, même à la Russie. Les terres océaniques, les régions polaires sont explorées. Les missions chrétiennes y suivront bientôt les navigateurs.

La nouvelle image du monde est un tissu de merveilles sous la plume des navigateurs Louis-Antoine de Bougainville et James Cook .

L’histoire des deux Indes de Raynal, l’Histoire de l’Amérique de Robertson, déjà célèbre comme historien de Charles-Quint, paraissent à quelques années l’une de l’autre. La première, surtout est empreinte profondément de l’esprit philosophique.

A ce moment même, les colonies anglaises de l’Amérique septentrionale deviennent le théâtre de la révolution qui débouchera surl’indépendance des États-Unis. Au début de la guerre d’Amérique, beaucoup d’hommes ayant marqué le siècle de leurs empreintes s’éteignent. William Pitt , qui est devenu lord Chatham, le naturaliste Linné, Albrecht von Haller , savant, médecin et auteur de poésies allemandes. Jean Jacques Rousseau, 5 semaines après Voltaire, dont la correspondance embrasse plus d’un demi-siècle et en retrace presque toute l’histoire politique et littéraire.

Les excès de la Révolution française ont conduit à la mort des savants et des intellectuels tels que Lavoisier, Jean Sylvain Bailly , Condorcet et beaucoup d’autres. Mais la fin du 18ème siècle va aussi, à l’occasion de la campagne d’Égypte, permettre l’expression de la dernière grande manifestation de "l’esprit des Lumières", avec la préparation d’une nouvelle Encyclopédie, cette fois plus thématique. Ce sera la monumentale Description de l’Égypte, publiée au début du siècle suivant.

P.-S.

L’Europe au 18ème siècle Source : Imago mundi Texte de Léonardon/ article de Fabienne Manière/herodote/ evenement/17720428/dossier 414

Notes

[1] Les Lettres persanes sont un roman épistolaire de Montesquieu rassemblant la correspondance fictive échangée entre deux voyageurs persans, Usbek et Rica, et leurs amis respectifs restés en Perse. Leur séjour à l’étranger dure 9 ans. Le roman est publié au printemps 1721 à Amsterdam, et Montesquieu, par prudence, n’avoue pas qu’il en est l’auteur. Selon lui, le recueil est anonyme, et il se présente comme simple éditeur, ce qui lui permet de critiquer la société française de l’époque sans risquer la censure.

[2] Leipzig est une ville-arrondissement d’Allemagne centrale, au nord-ouest du Land de Saxe. En 1409 est fondée l’université de Leipzig, l’Alma Mater Lipsiensis (la mère nourricière lipsienne), une des plus anciennes universités d’Allemagne. En 1497, l’empereur Maximilien 1er étend les privilèges des (désormais trois) marchés annuels, en en faisant des foires impériales ; concrètement, aucune ville dans un rayon d’environ 115 km n’a le droit d’organiser des foires. Fortes de ce droit, les trois foires de Leipzig se développent considérablement jusqu’à devenir les plus importantes d’Allemagne au 18ème siècle devançant celles de Francfort-sur-le-Main. Il s’agit des foires du Nouvel An, de Pâques, et de la Saint-Michel. Au 18ème siècle, constituant une véritable plateforme commerciale où s’échangent des marchandises de l’Europe occidentale, centrale, et orientale, de l’Empire russe et même de la Perse (par l’intermédiaire des marchands juifs de la Pologne-Lituanie).

[3] Berlin est la capitale et la plus grande ville d’Allemagne. Institutionnellement, c’est une ville-État nommée Land de Berlin. Fondée au 13ème siècle, Berlin a été successivement capitale de l’électorat du Brandebourg de 1247 à 1701, du royaume de Prusse de 1701 à 1871, de l’Empire allemand de 1871 à 1918, de la République de Weimar de 1919 à 1933 et du Troisième Reich de 1933 à 1945. Après 1945 et jusqu’à la chute du mur de Berlin en 1989, la ville est partagée en quatre secteurs d’occupation.

[4] Saint-Pétersbourg a été fondée en 1703 par le tsar Pierre le Grand dans une région disputée depuis longtemps au royaume de Suède. Par son urbanisme résolument moderne et son esthétique d’origine étrangère, la nouvelle ville devait permettre à la Russie d’« ouvrir une fenêtre sur l’Europe » et contribuer, selon le souhait du tsar, à hisser la Russie au rang des grandes puissances européennes. Le centre-ville, construit sur des directives des souverains russes, présente une architecture unique qui mélange des styles architecturaux (baroque, néoclassique) acclimatés de manière originale par des architectes souvent d’origine italienne. Sa beauté alliée à l’existence de nombreux canaux lui ont valu le surnom de « Venise du Nord » ou « de la Baltique ». De sa fondation jusqu’au début du 20ème siècle, Saint-Pétersbourg a été le principal centre intellectuel, scientifique et politique du pays. Au 19ème siècle, la ville devient le principal port commercial et militaire de la Russie ainsi que le deuxième centre industriel du pays, après Moscou. C’est d’ailleurs à Saint-Pétersbourg qu’éclate la Révolution russe de 1917 et où les bolcheviks triomphent. Saint-Pétersbourg a changé plusieurs fois d’appellation : elle a été rebaptisée Pétrograd de 1914 à 1924, puis Léningrad de 1924 à 1991, avant de retrouver son nom d’origine à la suite d’un référendum en 1991.

[5] Dresde est une ville-arrondissement d’Allemagne, capitale et ville la plus peuplée de la Saxe. Elle se situe dans le bassin de Dresde, entre les parties supérieures et médianes de l’Elbe et la plaine d’Allemagne du nord.

[6] Vienne est la capitale et la plus grande ville de l’Autriche ; elle est aussi l’un des neuf Länder (État fédéré) du pays. La ville est située dans l’est du pays et traversée par le Danube (Donau). Capitale du duché puis archiduché d’Autriche, elle fut de fait celle du monde germanique durant le règne de la maison de Habsbourg (devenue en 1745 la maison de Habsbourg-Lorraine) sur le Saint-Empire romain germaniquepuis présida la Confédération germanique de 1815 à 1866. Elle fut en même temps celle de l’empire d’Autriche de 1804 à 1867 puis de l’Autriche-Hongrie de 1867 à 1918.

[7] Les traités d’Utrecht sont deux traités de paix signés en 1713 qui mirent fin à la guerre de Succession d’Espagne. Le premier fut signé à Utrecht le 11 avril entre le royaume de France et le royaume de Grande-Bretagne, le second fut signé à Utrecht le 13 juillet entre l’Espagne et la Grande-Bretagne.

[8] Le méthodisme est un courant du protestantisme issu d’un schisme d’avec l’Église anglicane, regroupant de nombreuses Églises d’orientations diverses, mais qui trouvent leur inspiration dans la prédication de John Wesley au 18ème siècle. Historiquement, le méthodisme est le principal propagateur du « grand réveil ». Le méthodisme prêche le salut par la Foi, l’accomplissement du fidèle sur terre étant le premier signe d’élection.

[9] Le jansénisme est un mouvement religieux, puis politique, qui se développe aux 17ème et 18ème siècles, principalement en France, en réaction à certaines évolutions de l’Église catholique, et à l’absolutisme royal. Les jansénistes se distinguent aussi par leur rigorisme spirituel et leur hostilité envers la compagnie de Jésus et sa casuistique, comme envers un pouvoir trop puissant du Saint-Siège. Dès la fin du 17ème siècle, ce courant spirituel se double d’un aspect politique, les opposants à l’absolutisme royal étant largement identifiés aux jansénistes. Le jansénisme naît au cœur de la réforme catholique. Il doit son nom à l’évêque d’Ypres, Cornélius Jansen, auteur de son texte fondateur l’Augustinus, publié en 1640. Cette œuvre est l’aboutissement de débats sur la grâce remontants à plusieurs dizaines d’années, coïncidant avec l’hostilité grandissante d’une partie du clergé catholique envers la compagnie de Jésus ; il prétend établir la position réelle de Saint Augustin sur le sujet, qui serait opposée à celle des jésuites, ceux-ci donnant une importance trop grande à la liberté humaine

[10] Forme et dimensions de la Terre aux 17 et 18ème siècles

[11] La rhétorique est d’abord l’art de l’éloquence. Elle a d’abord concerné la communication orale. La rhétorique traditionnelle comportait cinq parties : l’inventio (invention ; art de trouver des arguments et des procédés pour convaincre), la dispositio (disposition ; art d’exposer des arguments de manière ordonnée et efficace), l’elocutio (élocution ; art de trouver des mots qui mettent en valeur les arguments → style), l’actio (diction, gestes de l’orateur, etc.) et la memoria (procédés pour mémoriser le discours).

[12] Un sophiste désigne à l’origine un orateur et un professeur d’éloquence de la Grèce antique, dont la culture et la maîtrise du discours en font un personnage prestigieux dès le 5ème siècle av. jc en particulier dans le contexte de la démocratie athénienne, et contre lequel la philosophie va en partie se développer. La sophistique désigne par ailleurs à la fois le mouvement de pensée issu des sophistes de l’époque de Socrate, mais aussi le développement de la réflexion et de l’enseignement rhétorique, en principe à partir du 4ème siècle av. jc, en pratique à partir du 2ème siècle ap. jc. dans l’Empire romain.

[13] Le pays de Gex est une région naturelle et historique de France située au nord-est du département de l’Ain. Anciennement baronnie souveraine, incorporé aux États de Savoie en 1353, puis brièvement annexé par les Bernois en 1536 puis les Genevois en 1589, le pays de Gex est annexé à la France en 1601 par le traité de Lyon, plus exactement uni à la Bourgogne. Institué en zone franche en 1775, statut reconduit en 1815 par le traité de Paris qui l’ampute également de 6 communes au profit du canton de Genève, il correspond aujourd’hui à l’arrondissement de Gex, composé de 3 cantons, du département de l’Ain. Les provinces historiques entourant le pays de Gex sont la Franche-Comté (département du Jura) au nord-ouest, le canton de Vaud au nord-est, le canton de Genève à l’est, la Savoie (Haute-Savoie) au sud-est et le Bugey (Haut-Bugey) au sud-ouest. La capitale historique du pays de Gex est Gex.

[14] Le parlement de Paris est une institution française de l’Ancien Régime. Il fait partie des cours souveraines, rebaptisées cours supérieures à partir de 1661 (début du règne personnel de Louis XIV). Issu de la Curia regis médiévale, le parlement apparaît au milieu du xiiie siècle et prend progressivement son autonomie pour juger le contentieux sous forme d’un organe spécialisé aux sessions régulières, la curia in parlamento, que saint Louis établit dans l’île de la Cité, à côté du palais de la Cité, et qui reçoit sa première réglementation générale avec une ordonnance de Philippe III le Hardi en 1278. À partir du 15ème siècle, treize autres parlements furent érigés à partir d’institutions locales parfois beaucoup plus prestigieuses, comme l’échiquier de Normandie, ou beaucoup plus anciennes, comme les États de Provence, ou mêmes créés ex nihilo ; néanmoins, celui de Paris, cour de justice du Roi, ultime suzerain, et donc d’ultime recours, devint ainsi prééminent. On le mentionnait souvent simplement comme « le Parlement ».

[15] La Compagnie de Jésus est un ordre religieux catholique masculin dont les membres sont des clercs réguliers appelés « jésuites ». La Compagnie est fondée par Ignace de Loyola et les premiers compagnons en 1539 et approuvée en 1540 par le pape Paul III.