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L’Espagne durant la 1ère partie du 18 ème

samedi 24 février 2018, par lucien jallamion

L’Espagne durant la 1ère partie du 18 ème

Au 17ème siècle déjà, l’Espagne avait amorcé son déclin. Les rigueurs de l’Inquisition, l’émigration massive d’une population qui allait chercher fortune en Amérique et dans les autres colonies, les guerres continuelles, avaient amené sa ruine. Elle s’était vue enlever successivement en 1609, 7 des 18 provinces des Pays-Bas. En 1640, le Portugal, en 1659, le Roussillon et la Franche-Comté entre 1674 et 1679. Ajoutez à cela une cour fastueuse et sans ressources, une noblesse isolée dans son orgueil, une société ecclésiastique trop nombreuse, une administration routinière et indolente, des routes en mauvais état, l’agriculture abandonnée, l’industrie réduite à la production des choses les plus nécessaires et obligée d’acheter à l’étranger ce qu’elle envoyait aux colonies, celles-ci mal régies et mécontentes. Voilà le triste spectacle que présentait désormais ce pays naguère si riche et si influent en Europe ; les lettres même et les arts étaient tombés en décadence.

Le règne de Charles II, entre 1665 et 1700, avait été peut-être le plus désastreux. De plus, de ses deux mariages, il n’avait pas eu d’enfant ; sa santé faible faisait dès 1696 prévoir sa mort prochaine, et les familles d’Autriche et de France se préparaient à recueillir son héritage, et à façonner ce qui allait être l’essentiel de l’histoire de l’Espagne au 18ème siècle.

Il y avait eut, du vivant même de Charles II, des manoeuvres ouvertes afin de prendre le contrôle de l’Espagne. La France, l’Autriche, la Bavière, qui par des alliances de famille se reconnaissaient des droits, avaient chacune leurs partisans. Charles II voulut disposer lui-même de son trône ; mais un testament qu’il avait fait en faveur du prince de Bavière devint caduc par la mort du bénéficiaire en 1699, il défit lui-même un second, et enfin dans ses derniers jours il en fit un troisième en faveur de Philippe d’Anjou, petit-fils de Louis XIV.

La guerre de la succession d’Espagne, 1701-1714, qui plaça sur le trône le petit-fils de Louis XIV, Philippe d’Anjou, donna aux puissances jalouses l’occasion d’enlever au pays toutes ses possessions européennes hors de la Péninsule.

Mais, dès les premiers jours, il su s’attacher les Espagnols et faire de sa cause une cause populaire et nationale. Plutôt honnête, il manqua toujours de volonté et se laissa gouverner par des femmes, d’abord par sa femme, Marie-louise de Savoie, puis par l’intrigante princesse des Ursins, enfin par sa seconde femme, Élisabeth Farnèse. Cette reine ambitieuse sacrifia toute la politique pour établir sur des trônes ses nombreux enfants, que la présence de plusieurs fils de Philippe, nés du premier lit, écartait des trônes de Naples et d’Espagne. Alberoni, son ministre et son confident, voulut bouleverser l’Europe pour arriver à ce résultat. Une audacieuse expédition des Espagnols contre la Sardaigne en 1717 et la Sicile en 1718 fit éclater la guerre entre Philippe V d’une part, l’Angleterre et la France de l’autre en 1749 ; l’Espagne n’éprouva que des revers et dut demander la paix, en renvoyant Alberoni à Parme, et des alliances furent conclues entre les deux familles de Bourbons.

Philippe V, en 1724, dégoûté des tracas du pouvoir, abdiqua en faveur de son fils Louis 1er, mais la mort de celui-ci, huit mois après en 1724, vint l’obliger à reprendre la couronne, au grand contentement de la reine. L’aventurier Riperda avait remplacé Alberoni et repris un peu les plans de celui-ci ; à la suite d’une courte guerre avec l’Angleterre et de longues négociations, la reine obtint enfin pour son fils don Carlos la succession du duché de Parme par le traité de Vienne en 1732. Puis dans la guerre de la succession de Pologne de 1733 à 1739, l’intervention de l’Espagne lui permit d’obtenir pour don Carlos Naples et la Sicile, tandis qu’il repasserait à son frère Ferdinand le duché de Parme. Le traité de Fontainebleau, conclu avec la France en 1744, eut pour principal objectif de garantir leurs couronnes aux divers princes régnants de la famille des Bourbons, et fut comme un essai du pacte de famille. Le roi mourut en 1746, au fort de la guerre de la succession d’Autriche, où l’Espagne était encore mêlée par le fait de l’ambition des Farnèse, et eut pour successeur l’aîné de ses fils survivants du premier lit, Ferdinand VI.

Le règne de Ferdinand VI, de 1746 à 1759, commencé au milieu d’une guerre qui agitait toute l’Europe, fut surtout remarquable par les tendances pacifiques et les efforts pour relever le pays à l’intérieur. La paix d’Aix-la-Chapelle, en 1748, confirma les acquisitions des fils d’Élisabeth Farnèse en Italie, et l’année suivante un traité particulier fut signé entre l’Angleterre et l’Espagne. Cette puissance, pour son malheur, ne pouvait rester neutre dans la lutte ardente entre l’Angleterre et la France, et à la cour pendant 10 années, les partis anglais et français luttèrent pour entraîner le roi chacun dans leur sens. Les ministres José de Carvajal y Lancaster, La Enseñada, Ricardo Wall, se succédèrent tour à tour, favorisant l’un ou l’autre parti, tandis que le chanteur napolitain Farinelli, sûr de l’amitié du roi, combattait tour à tour le parti prépondérant. La guerre de Sept ans était commencée, et l’Espagne demeurait neutre, quand Ferdinand VI mourut en 1759. On assistera bien à un relèvement du pays au cours de la seconde moitié du 18ème siècle sous le règne de Charles III, assisté de ministres énergiques tels qu’Aranda ou Florida Blanca, que l’on retrouve d’ailleurs encore, avec un autre personnage, Godoy, sous le règne de Charles IV.

L’Espagne restait cependant très fragile, et ses alliances extérieures ne firent qu’empirer sa situation. En 1808, Napoléon, profitant des dissensions de la famille royale, plaça sur le trône d’Espagne son frère Joseph.

L’Espagne durant la 2ème partie du 18ème

P.-S.

Source : L’Europe au 18ème siècle Source : Imago mundi Texte de Léonardon/ article de Fabienne Manière/herodote/ evenement/17720428/dossier 414