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L’Europe de 1715 à 1763

lundi 11 décembre 2017, par lucien jallamion

L’Europe de 1715 à 1763

Diverses causes peuvent encore renouveler la guerre en Occident. En France, l’annulation du testament de Louis XIV par le parlement a donné la régence à Philippe, duc d’Orléans.

En Espagne Philippe V, dominé par l’orgueil de sa seconde femme, Élisabeth de Parme, par les intrigues de son ministre le cardinal Alberoni, prétend au titre de régent ou même de roi de France ; le duc du Maine, l’aîné des fils de Mme de Montespan, prince légitimé, seconde la conspiration espagnole. Les prétentions de la famille Stuart au trône d’Angleterre, l’alliance secrète, mais dévoilée, d’Alberoni avec Charles XII, pour renverser la maison de Hanovre, n’auront pas un résultat meilleur.

En Angleterre, George 1er se fortifie par la suspension de l’habeas corpus*, par l’empire qu’il prend sur le parlement déclaré septennal et au dehors il s’allie avec le régent de France, qui assume sur sa mémoire la responsabilité des négociations de Dubois.

En Suède, La mort de Charles XII, qui sauve l’Europe de nouvelles craintes de guerre, la délivre d’un roi qui l’a réduite au dernier degré d’épuisement et de servitude. Les nobles se vengent sur le baron de Goertz, principal ministre de Charles ; ils sentent la nécessité de tempérer la puissance souveraine et ne défèrent la couronne à la soeur de Charles XII que par une élection libre et en modifiant la forme du gouvernement ; mais ils transportent tous les pouvoirs dans le sénat, et par là préparent de longs troubles.

La France et l’Angleterre attirent à elles la Hollande et l’Autriche, contre l’Espagne. Le traité de Passarowitz* termine à propos la guerre de l’empereur d’Autriche, uni aux Vénitiens, contre les Ottomans. Philippe V ne désarme les puissances alliées qu’en renvoyant Alberoni.

En France, la régence du duc d’Orléans est fameuse par les débauches de la cour ; par l’insolence du parvenu Dubois, par la déliquescence des moeurs, la subversion des fortunes, les fureurs de l’agiotage, résultat de la confiance accordée au système de Law* (papier-monnaie) ; mais aussi, à quelques égards, par le progrès des Lumières, par les encouragements donnés aux lettres, à l’industrie et au commerce. La déclaration de la majorité de Louis XV ; le court ministère d’abord de Dubois puis du duc d’Orléans ; le gouvernement discutable du duc de Bourbon, qui amène une rupture avec l’Espagne ; le mariage du jeune roi avec la fille d’un roi détrôné, Stanislas Leckzinski, remplissent l’intervalle de la régence au ministère du cardinal Fleury.

La Russie est le seul pays, où le pouvoir réel soit alors exercé par le véritable souverain. Pierre le Grand, souverain discutable lui aussi par de nombreux aspects, s’est employé à rapprocher son pays du reste de l’Europe, en y important l’industrie et les lumières de l’Occident. Mais ses voyages en Europe ne lui ont appris à être ni moins despote, ni moins cruel. Le réformateur se fait le bourreau de son propre fils. Sa veuve Catherine 1ère se montre à la hauteur des défis posés par la succession de Pierre 1er, mais elle ne règnera que 2 ans.

A cette période, 2 longs ministères commencent presque en même temps. Dans un pays constitutionnel, en Angleterre, Walpole fonde la politique intérieure sur la corruption. Mais des guerres heureuses dans le nouveau monde, les progrès toujours croissants de la marine illustrent même alors le règne de George Il. En France, Fleury, premier ministre à 73 ans, suivra pendant 17 ans, jusqu’à sa mort, ses immuables routines, son oppression et ses persécutions aussi polies que sournoises ; son amour aussi de la tranquillité, ne tiennent pas contre les provocations des courtisans ou des négociateurs étrangers qui flattent la vanité du ministre.

Les efforts tentés pour rendre la couronne de Pologne au beau-père de Louis XV mettront la France en guerre avec l’empire. Les Bourbons d’Espagne gagneront seuls à cette lutte nouvelle.

Le royaume des Deux-Siciles reste à l’infant Don Carlos et la maison de Savoie qui a dû, depuis 15 ans, échanger la Sicile contre la Sardaigne, s’arrondit dans le Milanais.

La Lorraine et la Toscane changent de maisons princières. L’empereur Charles VI ne meurt en paix avec les Turcs qu’en leur rendant la Valachie, la Serbie et Belgrade.

Paraît alors Frédéric Il. Ce prince, qui sera le plus célèbre monarque du 18ème siècle par les armes et par la politique, qui aspire au double renom de conquérant et de philosophe, malgré son sincère attrait pour les lettres, pratiquera les maximes du despotisme et ne dédaignera pas toujours les doctrines de Machiavel, qu’il a réfutées.

La tolérance n’est pas difficile à pratiquer pour un déiste, mais elle est plus rare chez les papes. Benoît XIV parviendra cependant à donner cette image et recevra les hommages même de la Prusse, de la Russie et de l’Angleterre. La mort de l’empereur Charles VI est le signal d’une guerre de succession pour Marie-Thérèse sa fille, les électeurs de Saxe et de Bavière, gendres de son frère aîné Joseph 1er, guerre d’ambition pour le roi de Prusse, qui convoite la Silésie*. Pour les rois de Sardaigne et d’Espagne, qui voudraient se substituer aux Autrichiens dans l’Italie, la France poursuit contre l’Autriche, mais avec des ressources insuffisantes, la politique de Richelieu.

La chute de Robert Walpole et la mort de Fleury n’influent pas sur la politique générale de l’Europe. Mais la France est réduite à regretter le vieux cardinal, parce que le règne des maîtresses commence aussitôt après sa mort.

Marie-Thérèse perd la Silésie qui restera à la Prusse , mais le duc de Bavière*, qui s’est fait proclamer empereur sous le nom de Charles VII, conserve à peine sa terre électorale, et meurt épuisé par le chagrin, son jeune fils renonçant à toute prétention sur la succession autrichienne.

La journée de Fontenoy*, et l’occupation d’une partie des Pays-Bas par les Français vainqueurs, n’empêchent pas Marie-Thérèse de faire élire et couronner empereur à Francfort son époux, François 1er, qui est grand-duc de Toscane depuis la paix de Vienne. Le traité d’Aix-la-Chapelle* affermit la maison d’Autriche, ou ne sert qu’à agrandir les possessions des Bourbons d’Espagne. La marine française est tombée bien au-dessous de celle de l’Angleterre.

La Hollande, menacée d’une invasion par Louis XV, est revenue au stathoudérat*, en en faisant pour la maison d’Orange une sorte de monarchie héréditaire tempérée par quelques restes d’institutions républicaines. Toutes les espérances de la maison des Stuarts, dont la France était complice, ont été ruinées dans la journée de Culloden*.

Le long règne de Philippe V d’Espagne, qui a commencé avec le siècle, avait fini 2 ans avant cette paix, si favorable à sa maison ; son fils Ferdinand IV saura placer sa confiance dans d’habiles ministres. La plupart des gouvernements entrent dans la voie des réformes, ardemment provoquées par les esprits spéculatifs.

La Russie attendra près de 15 ans le véritable successeur de Pierre le Grand, Catherine II. Elle est déjà mariée à l’héritier présomptif d’une couronne qui a été placée sur tant de têtes de 1725 à 1763.

P.-S.

L’Europe au 18ème siècle Source : Imago mundi Texte de Léonardon/ article de Fabienne Manière/herodote/ evenement/17720428/dossier 414