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L’Espagne durant la 2ème partie du 18ème

samedi 17 mars 2018, par lucien jallamion

L’Espagne durant la 2ème partie du 18ème

Le règne de Charles III

A la nouvelle de la mort de Ferdinand VI en 1759, Charles III quitta Naples où il régnait depuis 12 ans déjà, laissant la couronne à son second fils Ferdinand, et partit avec son fils aîné pour prendre possession du trône d’Espagne.

L’ambitieuse Élisabeth Farnèse put avant de mourir voir l’élévation inespérée de ses enfants. Charles III était déjà d’âge mûr, rompu aux affaires, et, en Toscane comme à Naples, il avait montré un esprit modéré et sagement réformateur. Il se rapprocha de la cour de France, signa en 1761 le pacte de famille, et prit ainsi part à la fin de la guerre de Sept ans*, ce qui valut à l’Espagne de sérieux échecs sur mer.

Sous son règne l’Espagne intervint également dans la guerre d’Indépendance des États-Unis d’Amérique, espérant reprendre aux Anglais Gibraltar. Quelques expéditions contre le Maroc en 1774 et Alger en 1775 et 1785 ne furent pas plus heureuses.

Charles III s’occupa avec plus de succès de réformer l’administration aidé par des ministres tels que Ricardo Wall, le marquis d’Esquilache, Grimaldi, Campomanès, le comte d’Aranda, Florida Blanca, il ramena un peu d’ordre dans les finances et créa d’utiles institutions. Quand il mourut en 1788, il laissait à son fils un État qui commençait, semblait-il, à sortir d’une longue décadence et à se relever.

Le règne de Charles IV

Charles IV, qui succède à Charles III n’avait aucune des qualités de son père ; esprit étroit, caractère faible, il laissa tout le pouvoir à la reine et aux ministres, Florida Blanca, puis d’Aranda, faisant déclarer aux Cortès, par une loi qui ne fut pas publiée, le droit pour les infantes d’hériter de la couronne, principe qui avait toujours prévalu en Espagne, mais avait été ensuite répudié par les Cortès sous Philippe V. L’intrigue et la faveur firent tout à la cour que dominait Godoy, le favori de la reine. A l’extérieur, le gouvernement, fidèle au pacte de famille, fut en bons termes avec la France tant que Louis XVI régna ; mais son procès et son arrestation, au commencement de 1793, amenèrent de la part de la cour de Madrid des représentations qui furent mal accueillies de la Convention et auxquelles celle-ci répondit par une déclaration de guerre.

Les Espagnols, sous les ordres de Caro et Ricardos, l’emportèrent d’abord sur la frontière des Pyrénées qu’ils envahirent. Les Français commandés par Dagobert et Turreau en 1793, puis sous Dugommier et Moncey, prirent le dessus et pénétrèrent en Espagne. Godoy, qui était devenu ministre et avait conseillé la guerre, signa le traité de Bâle le 22 juillet 1795* et fut décoré pour cela du titre de prince de la Paix en 1797, la France et l’Espagne conclurent une alliance offensive et défensive. Cependant il ne pu rester longtemps ministre en titre et, sans perdre la faveur du roi, en 1798, fut remplacé par Urquijo.

L’Angleterre faisait alors à l’Espagne une guerre acharnée et ruineuse ; Bonaparte voulut resserrer l’alliance avec elle pour lutter contre la marine britannique, et en faisant luire aux yeux de Charles IV l’espoir d’un agrandissement notable de territoire pour son gendre, le prince de Parme, il l’entraîna à lui donner quelques-uns de ses navires et à lui promettre l’entier concours de sa flotte. Le roi devint le jouet de Bonaparte et, quand il perdit sa flotte à Trafalgar, il n’eut pas pour cela de compensation en 1804.

L’année suivante, il vit avec douleur son parent, le roi de Naples, dépossédé, et, comme il ne pouvait se résoudre à reconnaître pour son remplaçant le frère de Napoléon, Joseph, il s’attira, outre le mépris, la haine de l’empereur. Celui-ci, dès lors, dut songer à mettre la main sur l’Espagne. Il flatta les espérances de Charles IV et de Godoy lui-même au sujet du Portugal, exploita habilement l’inimitié du prince des Asturies, Ferdinand, à l’égard du favori de son père, et, attendant les événements, envoya Junot conquérir le Portugal en même temps qu’il massait une armée sur la frontière des Pyrénées, prête à agir.

C’est alors qu’éclata une tragédie domestique qui eut pour effet de faire arrêter le prince Ferdinand. Mais le 17 mars, à Aranjuez*, le peuple se souleva en sa faveur et en haine de Godoy, et Charles IV dut abdiquer tandis que son fils était proclamé roi. On sait comment Napoléon se joua de cette famille royale si peu unie, comment il les attira à Bayonne, les amena à abdiquer en sa faveur et donna cette couronne d’Espagne à son frère Joseph, que Murat alla remplacer sur le trône de Naples. A cette nouvelle, la nation poussa un long cri de colère et de haine. De Madrid, où le signal fut donné le 2 mai, l’insurrection gagna en quelques jours toute la péninsule et arma contre la France tout un peuple, pour cette longue et impitoyable lutte que l’histoire a appelée la guerre de l’Indépendance de 1808 à 1813, et qui marqua pour l’Espagne l’entrée dans le 19ème siècle

P.-S.

L’Europe au 18ème siècle Source : Imago mundi Texte de Léonardon/ article de Fabienne Manière/herodote/ evenement/17720428/dossier 414