- L’Europe après 1789
La Bastille [1], devenue symbole de l’oppression est prise le 14 juillet ; la Déclaration des droits de l’homme est proclamée le 26 août. L’Assemblée nationale ne veut d’abord que détruire les abus et donner une constitution à la France ; mais bientôt elle renverse à la fois l’antique constitution française et la dynastie.
Le roi Louis XVI sera exécuté en 1793. Déjà en 1792, la France s’est érigée en république. Mais très vite, elle se trouve déchirée par de sanglantes dissensions. Elle commence, à respirer sous le Directoire de 1795 à 1799, mais la faiblesse de ce gouvernement la met à deux doigts de sa perte. Lasse enfin de troubles elle revient sous une nouvelle forme à la monarchie, très vite transformée en dictature : Napoléon , d’abord consul en 1799, est proclamé empereur en 1804.
Entre temps, l’Europe tout entière, secouée par les événements qui se produisent en France réagit contre la république. Cela donnera lieu, entre 1792 et 1802, à ce qu’on a appelé les Guerres de la Révolution.
Dans la convention de Pillnitz [2], l’empereur François II le futur François Ier d’Autriche et Frédéric-Guillaume II roi de Prusse , avaient déclaré que la cause de Louis XVI était commune à tous les souverains, et avaient en conséquence ordonné des armements.
La France prit alors l’initiative, et déclara la guerre à l’empereur François II. Celui-ci commença les hostilités avec l’appui de la Prusse [3] et de la Sardaigne [4]. Cependant l’invasion des Prussiens fut repoussée ; ils furent même poursuivis de l’autre côté du Rhin [5], et les Français pénétrèrent en Savoie [6]. Ce fut dans ces circonstances que l’Angleterre intervint et forma une coalition, dans laquelle entrèrent, outre les souverains allemands, ceux, de l’Italie et l’Espagne. La guerre éclata à la fois sur les frontières du Nord de la France, du Rhin, des Alpes et des Pyrénées.
La défense fut si vigoureuse que la Toscane [7] voulut garder la neutralité, et que la Prusse, et l’Espagne demandèrent la paix à leur tour, en 1795. La France n’avait plus dès lors que l’Autriche à combattre.
La création de la république Batave [8] constituait une sorte d’avant-garde pour ses frontières du Nord. En 1796, Moreau et Jourdan prirent l’offensive contre l’Autriche, et détachèrent bientôt de son alliance presque tous les États allemands. D’un autre côté, la campagne d’Italie faisait éprouver à l’Autriche de tels désastres que les souverains italiens jugèrent bientôt prudent d’abandonner sa cause et d’entrer dans l’alliance française. La capitale même de l’Autriche était menacée, quand cette puissance se décida à signer, en 1797, le traité de Campo-Formio, par lequel elle reconnaissait la République française et s’obligeait à respecter la République Cisalpine [9], qui venait d’être fondée dans la Haute Italie. Cette paix venait à peine d’être consentie, que le congrès de Rastadt [10] réveille les haines et les défiances. Une nouvelle coalition se forma, en 1798, entre l’Angleterre, la Russie, l’Autriche, le Portugal et l’Empire Ottoman.
A cette époque, la France venait de consolider son influence en Italie, par l’établissement des républiques Romaine et Parthénopéenne, et en Suisse par l’institution de la république Helvétique.
Cependant l’expédition lointaine entreprise en Égypte constituait pour la France une cause d’affaiblissement et un danger. Les hostilités éclatèrent à la fois sur le Rhin, en Italie et dans les Pays-Bas ; les armées françaises eurent encore raison de la coalition.
Par le traité de Lunéville [11], en 1801, l’Autriche et l’Allemagne consentirent à la paix ; le traité d’Amiens [12], en 1802, amena une pacification générale.
Ces différentes guerres avaient épuisé les puissances continentales ; mais elles avaient profité à l’Angleterre, qui avait achevé de ruiner les colonies françaises, et étendu sa domination sur les possessions européennes en Amérique, en Asie et en Afrique.