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Mathilde l’Emperesse

lundi 17 janvier 2022, par ljallamion (Date de rédaction antérieure : 13 mars 2012).

Mathilde l’Emperesse (1102-1167)

Impératrice du Saint Empire romain germanique-Comtesse d’Anjou

Mathilde l'Emperesse Impératrice du Saint Empire romain germanique-Comtesse d'Anjou

Fille aînée et héritière du roi Henri 1er d’Angleterre et de Mathilde d’Écosse. Son éducation commence probablement à la cour de sa mère, puis en 1108, elle est confiée aux moines du Bec [1].

Dès l’âge de 7 ans, le 13 juin 1109, elle est fiancée à Henri V du Saint Empire, futur empereur romain germanique. En février 1110, elle part rejoindre son futur mari avec une escorte normande. Son éducation se poursuit à la cour impériale. Elle est couronnée le 25 juillet 1110 à Mayence [2].

Étant mineure, Bruno de Bretten , l’archevêque de Trèves [3], est désigné pour être son gardien. Sous sa tutelle, elle apprend l’allemand et les coutumes de la cour impériale.

En 1111, son futur mari se fait couronner empereur par le pape Pascal II à Rome. Le 6 ou le 7 janvier 1114, Mathilde et Henri se marient à Worms [4], puis sont à nouveau couronnés à Mayence.

Elle agit comme régent titulaire en Italie entre 1118 et 1119, et correspond avec son père. Elle soutient son mari qui est excommunié par le pape suite à la querelle des investitures [5], et l’accompagne lors de sa seconde campagne en Italie en 1116. À Rome, le pape apeuré s’est enfui, et Mathilde et son mari sont probablement couronnés empereur et emperesse par Maurice Bourdin, l’archevêque de Braga [6], futur antipape Grégoire VIII, qui est excommunié pour cet acte. Mathilde utilise par la suite non plus le titre de reine des Romains, mais emperesse des Romains.

Son frère Guillaume Adelin étant décédé le 25 novembre 1120 lors du naufrage de la Blanche Nef [7], Mathilde est la seule héritière légitime au trône d’Angleterre.

Henri 1er s’est remarié en 1121, mais après 5 ans d’un mariage infructueux, la naissance d’un héritier est très improbable. Robert de Gloucester, l’aîné de ses bâtards, a l’étoffe d’un roi, mais il lui manque la légitimité, ce qui l’exclut de la succession. Comblé par les faveurs royales, Étienne de Blois, bien que petit-fils de Guillaume le Conquérant par sa mère Adèle était vu par le roi comme un simple appui pour son successeur.

Le choix de sa fille pour lui succéder était la seule solution pour que sa lignée subsiste sur le trône. Sa décision fut facilitée par les aptitudes qu’il avait pu déceler chez elle, comme son expérience de la gestion des affaires publiques. Son éducation lui avait permis de développer un caractère volontaire, un esprit indépendant, et une confiance en soi suffisante, peut-être excessive, pour agir en dehors de toute influence néfaste.

Elle devient veuve en 1125, et comme son mariage n’a pas engendré de descendance, elle rend les terres qu’elle a eues en dot près d’Utrecht [8] et revient près de son père.

Le 1er janvier 1127, son père demande à tous les barons et évêques anglais présent à la cour, y compris son cousin Étienne de Blois, de prêter serment et de reconnaître sa fille comme héritière et successeur. Il exige d’autres serments d’allégeance à Mathilde en 1131 et 1133.

Henri 1er, étant toujours décidé à sécuriser la frontière sud-ouest du duché face à l’Anjou [9], arrange un autre mariage, pour sa fille, avec Geoffroy, fils de Foulque V. Le 17 juin 1128 au Mans [10], elle épouse Geoffroy, surnommé Plantagenêt. Il devient comte d’Anjou à l’issue de la cérémonie, car son père part immédiatement pour Jérusalem épouser Mélisende, héritière du Royaume de Jérusalem [11].

Malgré l’urgence de concevoir un petit-fils pour Henri 1er, ils vivent séparés pendant 2 ans. Après le concile de Northampton en septembre 1131, elle accepte de revenir près de lui. Leur premier enfant Henri naît le 5 mars 1133 au Mans. La naissance de Geoffroy en 1134 manque de lui coûter la vie, mais elle se remet, et Guillaume naît en 1136.

Mathilde passe son temps à Rouen avec son père, s’initiant au gouvernement de l’administration normande. Pendant ce même temps, Henri 1er refuse de donner à son gendre les châteaux faisant partie de la dot de sa femme dans le sud de la Normandie.

Quand celui-ci meurt le 1er décembre 1135, Mathilde et son mari se trouvent en Anjou.

Son cousin Étienne de Blois la dépossède de son héritage en usurpant le trône d’Angleterre. Cet événement engendre une guerre civile en Angleterre qui est parfois appelée “l’Anarchie”.

5 mois après son couronnement, tous les principaux barons anglo-normands sauf Baudouin de Reviers l’ont reconnu pour roi, y compris ceux avec qui Mathilde avait forgé de forts liens politiques, Robert de Gloucester, Brian FitzCount. Elle ne peut rien faire pour renverser la situation, Étienne étant aussi accepté par le clergé anglais et par le pape. Elle prend toutefois immédiatement possession des châteaux contenus dans sa dot, Argentan [12], Exmes, et Domfront. Elle s’établit dans la forteresse d’Argentan. Geoffroy Plantagenêt a peu d’intérêt pour l’Angleterre, elle n’a donc aucun soutien pour contrer Étienne dans son royaume. Par contre, son mari a l’ambition d’annexer la Normandie, et y mène régulièrement des raids.

Néanmoins, les piètres qualités de souverain d’Étienne permettent aux prétentions de Mathilde de survivre. Son échec à contrôler la Normandie à partir de 1137, donne à Mathilde une possibilité pour lui contester le duché.

Les manœuvres tentées en Normandie ne donnent rien, jusqu’à ce qu’en 1138, son demi-frère illégitime Robert de Gloucester renonce à son allégeance à Étienne. Elle et son mari ont maintenant assez de soutien pour tenter plus avant de s’imposer dans le duché. À la même époque, leur cousin David 1er d’Écosse, envahit le nord de l’Angleterre et une rébellion se déclenche dans l’ouest du pays. Bien que ces initiatives échouent, la position de l’Emperesse ne se désintègre pas et elle enregistre de nouveaux soutiens.

Durant les fêtes de Pâques 1139, le cas de l’usurpation d’Étienne est examiné par le second concile de Latran. Le pape refuse de se prononcer et préfère attendre que les événements se décantent.

Le 30 septembre 1139, elle débarque en Angleterre pour porter la contestation plus avant. Elle est accueillie par sa belle-mère Adélaïde de Louvain, au château d’Arundel [13]. Étant sous la protection d’une reine douairière, Étienne n’a pas d’autre choix que de lui donner un sauf-conduit jusqu’à Bristol [14]. Elle y est escortée par Henri de Blois, l’évêque de Winchester [15], et Galéran IV de Meulan, le comte de Meulan [16]. Elle y reçoit l’allégeance de Miles de Gloucester et de Brian FitzCount, puis s’installe à Gloucester.

Forte du soutien de quelques barons mécontents de la faiblesse du roi, elle a la confiance de l’Église qu’Étienne a gravement contrariée. Elle prend rapidement le contrôle d’une grande partie de l’ouest de l’Angleterre, et établit sa cour à Oxford [17]. Elle récompense ses soutiens par des honneurs et des terres, et les barons du royaume changent de camp au gré de leurs intérêts. Robert de Gloucester est le leader charismatique des troupes et du parti de Mathilde.

En février 1141, intervient le plus grand succès militaire de Mathilde. À la bataille de Lincoln, le 2 février 1141 [18], Étienne est battu et capturé, puis déposé et enfin emprisonné à Bristol. Elle se trouve en position de force dans le royaume, et le 3 mars, elle se proclame Domina Anglorum [19], avec l’accord de l’évêque de Winchester Henri de Blois, légat papal [20] et propre frère d’Étienne. Il la reçoit lors d’une cérémonie dans sa cathédrale où elle est accompagnée par une procession d’évêques et d’abbés. Le parti d’Étienne se défait, la Normandie se laisse conquérir par Geoffroy, qui s’empare du duché à part quelques poches de résistance qui seront éliminées en 1144.

Le 7 avril, elle est proclamée Angliae Normanniaeque domina,  [21], au concile de Winchester. Des dispositions sont prises pour qu’elle soit couronnée à Westminster. Bien qu’elle contrôle dorénavant le royaume, son soutien militaire est faible, et notamment Thibaut du Bec refuse de lui faire serment d’allégeance tant que Étienne n’aura pas renoncé à la couronne, ce qu’il refuse de faire. Ses soutiens sont surtout localisés dans l’ouest du royaume, même si elle réussit à attirer Ranulph de Gernon, Hugues Bigot, Geoffrey de Mandeville , Guillaume de Mohun et quelques autres pour un temps, avec des terres et des titres.

Londres étant aux mains des sympathisants royalistes, elle est obligée d’acheter le soutien de Geoffrey de Mandeville, gardien de la Tour de Londres [22], pour sécuriser les alentours de la ville. Elle peut ainsi s’installer temporairement à Westminster en juin 1141, afin de s’y faire couronner reine. Son séjour y est court et houleux, car elle refuse de leur faire les concessions qu’ils demandent. Henri de Blois, qui est toujours hésitant à la soutenir, demande au pape d’approuver son changement d’allégeance pour l’Emperesse, mais celui-ci refuse.

Mathilde de Boulogne, épouse d’Étienne, et Guillaume d’Ypres, le capitaine de ses mercenaires, se présentent alors avec leurs forces près de la ville durant l’été. Les Londoniens, furieux de l’arrogance de l’Emperesse, attaquent Westminster et l’obligent à quitter la ville en catastrophe, empêchant ainsi le couronnement. Elle doit se replier sur Oxford.

Fin juillet, elle prend la décision de marcher sur Winchester pour forcer l’évêque à la couronner. Ses forces assiègent alors le palais de l’évêque. Mathilde de Boulogne et Guillaume d’Ypres, y voient une opportunité de reprendre l’avantage. Ils assiègent la ville, et coupent ainsi leurs voies de retraite et de ravitaillement. S’ensuit ce qui est aujourd’hui connu sous le nom de déroute de Winchester [23]. Le 14 septembre, Mathilde réussit à s’enfuir de Winchester grâce à une diversion organisée par Robert de Gloucester. Ses troupes sont mises en déroute, et Robert, qui couvre sa fuite, est capturé à Stockbridge.

Les belligérants se mettent d’accord pour un échange de prisonniers. Robert n’est pas roi, mais il est l’âme et le leader charismatique du parti de sa sœur. Il est relâché le 3 novembre, en contrepartie de la libération d’Étienne le 1er du mois. Ce dernier retrouve sa place sur le trône, et se fait à nouveau couronner le 25 décembre. La guerre civile peut reprendre de plus belle.

Geoffroy Plantagenêt refuse de venir la soutenir en Angleterre, car il est occupé à prendre le contrôle de la Normandie. Robert de Gloucester part le rejoindre pour négocier avec lui et l’aider dans sa conquête. Quand il revient dans le royaume, à l’hiver 1142, Mathilde se trouve assiégée dans le château d’Oxford [24]. Elle ne doit son salut qu’à une fuite ingénieuse et dangereuse. Début décembre, ses 4 compagnons et elle s’enroulent dans des draps blancs, pour ne pas être repérés, et se font descendre le long du mur du château en pleine nuit, alors qu’une tempête de neige sévit. Ils s’enfuient d’abord à pied dans la neige vers Abingdon, traversant la Tamise gelée, puis à cheval jusqu’à Wallingford et Brian FitzCount, puis jusqu’à Devizes.

Par la suite, elle établit son quartier général à Devizes, car le château y est pratiquement imprenable. Durant les années qui suivent, aucun des camps n’est capable de prendre l’avantage, et le conflit s’enlise dans une guerre de sièges. Geoffrey de Mandeville et Ranulph de Gernon reviennent dans son camp après avoir été trahis par le roi. D’autres barons adhèrent à sa cause avant tout pour sauver leur patrimoine normand. Ses demandes d’assistance à son mari, qui a pourtant achevé sa conquête de la Normandie en 1144, sont ignorées. Toutefois, à partir de 1142, elle comprend qu’elle ne sera jamais couronnée reine, et qu’il vaut mieux se battre pour que son fils Henri rentre en possession de son héritage. Elle enregistre une victoire sur le plan diplomatique quand le pape refuse de reconnaître Eustache, le fils aîné d’Étienne, comme son successeur au trône.

Fin 1147, son demi-frère Robert, son commandant militaire, décède d’une fièvre à Bristol. Menacée d’être excommuniée pour occuper illégalement le château de Devizes, qui appartient à l’évêque de Salisbury, elle se retire en Normandie en 1148, laissant son fils Henri poursuivre sa revendication pour lui-même. Après des tentatives vaines en 1147 et 1149, il débarque en Angleterre, début 1153, avec une puissante armée. À la fin de l’année, après le décès d’ Eustache IV de Boulogne , fils et héritier présomptif du roi, les conditions sont réunies pour un traité de paix. Selon les termes de l’accord, Étienne d’Angleterre et Henri se reconnaissent pour père et fils, et il est conclu que ce dernier succédera à Étienne à sa mort.

Elle s’installe à Rouen, en Normandie, et prend des dispositions pour y rester le reste de sa vie. Elle se retire dans le prieuré Notre Dame du Pré de Quevilly, dépendant de l’abbaye du Bec, sur la rive de la Seine en face de Rouen. Elle habite aussi parfois dans la résidence royale construite par son père à Quevilly.

Elle est active politiquement en Normandie, et après que son fils soit devenu duc en 1151, elle en est parfois la régente.

Elle meurt le 10 septembre 1167, et est inhumée devant le maître autel dans l’abbaye du Bec. Elle fonda de nombreuses maisons ecclésiastiques en Angleterre et en Normandie, notamment sous l’ordre cistercien.

P.-S.

Source : Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Wikipédia en anglais intitulé « Empress Matilda »

Notes

[1] L’abbaye Notre-Dame du Bec est une abbaye catholique bénédictine faisant aujourd’hui partie de la congrégation de Sainte-Marie de Mont-Olivet et située au Bec-Hellouin, près de Brionne, dans le département de l’Eure. Elle a été fondée en 1034 par Herluin, chevalier du comte Gilbert de Brionne. Avec l’arrivée de l’Italien Lanfranc de Pavie, prieur et maître de l’école monastique, puis d’Anselme de Cantorbéry, le Bec devient l’un des principaux foyers de la vie intellectuelle du 11ème siècle : le futur pape Alexandre II y étudie vers 1050 ainsi que nombre de futurs légats et évêques.

[2] Mayence fut, de 1619 à 1918, une forteresse et une ville de garnison. La présence des militaires et les fortifications étendues ont fortement marqué la vie des citoyens mayençais. En raison de sa position stratégiquement favorable, Mayence a joué un grand rôle dans le passé : d’un côté à l’autre de la frontière, on l’appelait le boulevard de la France ou das Bollwerk Deutschlands. La citadelle, une place forte érigée vers l’an 1619, fut transformée au cours des siècles en une véritable forteresse par les archevêques de Mayence. En particulier, Mayence fut successivement forteresse fédérale puis forteresse impériale. Plusieurs casernes et ouvrages de fortification subsistent encore aujourd’hui en ville. De nombreux noms de rue renvoient au passé de ville-forteresse. La citadelle de Mayence, principal vestige de la forteresse, est considérée comme un des édifices historiques importants de la métropole rhénane.

[3] Trèves est une ville et un arrondissement d’Allemagne, dans le Land de Rhénanie-Palatinat. La ville est située sur la Moselle. Cette ville, ancienne colonie romaine, est fondée à l’époque romaine, en l’an 16 av. jc sous le nom d’Augusta Treverorum, sur le site du chef-lieu d’un peuple gaulois, les Trévires. Le pont romain en pierre qui franchit la Moselle est édifié en 45 ap. jc, en remplacement d’un premier pont de bois : c’est le plus ancien pont d’Allemagne encore debout. Colonie romaine et place forte très importante dans la défense contre les « Barbares », elle est dotée d’une enceinte abritant la plus grande surface urbaine de Gaule. Grande métropole marchande à partir du 2ème siècle, devenue l’une des capitales de la Tétrarchie à la fin du 3ème siècle et siège d’un atelier monétaire impérial à partir de 294, Trèves est alors qualifiée de « seconde Rome » ou Roma Secunda. De l’époque romaine subsistent la Porta Nigra (porte noire), le plus grand édifice romain sur le sol allemand, une basilique, où siège un tétrarque (aujourd’hui une église protestante), les restes d’un amphithéâtre, ainsi que des ruines de thermes romains. Au début du 5ème siècle, au cours des invasions germaniques, Trèves est attaquée et pillée plusieurs fois par les Francs. Peu auparavant, la préfecture des Gaules est transférée de Trèves à Arles

[4] Worms est une ville et un arrondissement d’Allemagne, située dans le Land de Rhénanie-Palatinat, sur la rive gauche du Rhin et le sud-ouest du pays. Worms est bien connu comme Nibelungenstadt et Lutherstadt ainsi que pour son Dom ; elle est un de trois romanischen Kaiserdome avec ceux de Mayence et de Spire. Pour les Juifs, Worms est aussi connu comme un des anciens centres de la culture ashkénaze en Allemagne. Worms aurait été la capitale des Burgondes. Les cadres de l’armée de Robert 1er de France et lui-même étaient originaires de Worms. En 1074, la ville obtient une exemption des droits de douane et devient ainsi une ville libre d’Empire. En 1096, se déroule dans la ville un pogrom anti-juif mené par les croisés d’Emich de Flonheim. Après s’être réfugiés auprès de l’évêque, 800 juifs sont massacrés et certains sont obligés de se convertir au christianisme. Une diète d’Empire, réunie par Henri IV, a lieu à Worms en 1076 et proclame la déchéance du pape Grégoire VII.

[5] La querelle des Investitures est le conflit qui opposa la papauté et le Saint Empire romain germanique entre 1075 et 1122. Elle tire son nom de l’investiture des évêques. Au Moyen Âge, l’investiture est un acte par lequel une personne met une autre en possession d’une chose. Au 11ème siècle, les souverains estiment que le fait de confier à un évêque ou à un curé des biens matériels leur permet de choisir l’officiant et de lui accorder les investitures spirituelles. Cette mainmise du pouvoir temporel sur le pouvoir spirituel a comme conséquence une défaillance profonde du clergé, qui n’assure plus son rôle. La réforme grégorienne qui débute au milieu du 11ème siècle entend lutter contre les manquements du clergé à ses devoirs, ce qui incite le pape à vouloir le contrôler, au détriment du pouvoir politique. Les monarques du Saint Empire romain germanique, pour qui les évêques sont aussi des relais de l’autorité impériale, s’opposent alors à cette prétention. Après une lutte sans merci entre les empereurs et les papes, la querelle des Investitures aboutit à une victoire provisoire du spirituel sur le temporel.

[6] L’archidiocèse de Braga est un siège métropolitain de l’Église catholique romaine du Portugal. Il a été érigé comme diocèse au 4ème siècle et élevé au rang d’archidiocèse au 12ème siècle. Le siège archiépiscopal se trouve à la Cathédrale de Braga.

[7] La Blanche-Nef est un navire normand qui fit naufrage à Barfleur au large du Cotentin, le 25 novembre 1120 avec pas moins de 140 hauts barons et dix-huit femmes de haute naissance, filles, sœurs, nièces ou épouses de rois et de comtes à son bord, parmi lesquels l’héritier du trône d’Angleterre, le prince Guillaume Adelin, fils du roi Henri Ier Beauclerc.

[8] Utrecht est une ville néerlandaise, chef-lieu de la province d’Utrecht. Au 6ème siècle, la contrée rhénane d’Utrecht passe sous l’influence franque, en particulier celle du grand royaume mérovingien dont les jalons sont posés par Clovis. Utrecht aurait été, selon la légende de la Magna Frisia, la capitale du royaume de Frise pendant le règne d’Aldgisl 1er et éventuellement pendant celui de son fils. Avant 690, le chef missionnaire anglo-saxon, de tradition irlandaise, Willibrord s’installe à Utrecht, et en 690 selon son hagiographie, avec ses frères-compagnons, il y rénove et déploie les institutions chrétiennes avec le titre de père (papa selon la tradition) : la vaste contrée évangélisée est ensuite promue terre épiscopale lors de son retour dans le royaume mérovingien. L’évêché d’Utrecht sera pour les Pays-Bas le centre de la foi chrétienne pendant tout le Moyen Âge.

[9] L’Anjou est une région historique et culturelle française, correspondant à l’ancienne province du même nom et dont la capitale est Angers. Bien que le duché ait disparu, le terme « Anjou » est toujours utilisé pour définir le territoire de Maine-et-Loire

[10] Le Mans est une commune faisant partie des grandes villes du Grand Ouest, située dans le département de la Sarthe dont elle est la préfecture. La ville se trouve à la confluence des rivières de la Sarthe et de l’Huisne. Ancienne capitale provinciale du Maine, et du Perche à partir du 16ème siècle, elle voit le mariage de Geoffroy V d’Anjou et de Mathilde l’Emperesse, fille du roi d’Angleterre, jetant ainsi les bases de l’Empire Plantagenêt, et la naissance d’Henri II. Le vieux Mans, dénommé Cité Plantagenêt, est le quartier historique de la ville.

[11] Le royaume de Jérusalem fut fondé par des princes chrétiens à la fin de la première croisade, lorsqu’ils s’emparèrent de la ville. C’est l’un des États latins d’Orient. On peut distinguer plusieurs périodes dans son histoire : celles où le titre de roi de Jérusalem est associé à la mainmise croisée sur la ville (1099-1187 et 1229-1244), et celles où le titre représente le plus haut niveau de suzeraineté des croisés en Terre sainte, mais durant lesquelles la ville en elle-même n’appartient pas aux soldats croisés. Le royaume de Jérusalem fut créé en 1099 après la prise de la ville et ne disparut réellement qu’avec le départ des derniers croisés de Tortose en août 1291, soit moins de deux siècles plus tard.

[12] Argentan est une commune française, située dans le département de l’Orne en Normandie, traversée par l’Orne. La ville connaît un essor progressif jusqu’au début du Moyen Âge. Après l’arrivée des Vikings sur les côtes franques et lors de la formation d’un État normand à partir de 911, la ville de l’ancienne Neustrie est intégrée à la Normandie. Selon certains écrits, la ville d’Argentan aurait été donnée à un lieutenant de Rolf le Marcheur en échange de sa fidélité. La ville devient vite prospère, mais subit de plein fouet les conséquences de la rivalité permanente qui oppose les rois de France aux rois d’Angleterre pendant la guerre de Cent Ans : elle est plusieurs fois occupée et détruite. Argentan devient siège du comte Pierre II d’Alençon avant que celui-ci devienne l’un des otages envoyés en 1360 en Angleterre en échange du roi Jean II le Bon, fait prisonnier en 1356 à la bataille de Poitiers.

[13] Arundel est une ville et une paroisse civile dans les South Downs du Sussex de l’Ouest dans le sud de l’Angleterre. Elle se trouve à 49 miles (79 km) au sud sud-ouest de Londres, 18 miles (29 km) à l’ouest de Brighton, et 10 miles (16 km) à l’est de la ville de Chichester.

[14] Bristol est une ville britannique située dans le sud-ouest de l’Angleterre, sur la rivière Avon marquant traditionnellement la frontière entre les comtés de Gloucestershire et le Somerset.

[15] L’évêque de Winchester est à la tête du diocèse anglican de Winchester, dans la province de Cantorbéry. Il s’agit d’un des sièges épiscopaux les plus anciens et les plus prestigieux d’Angleterre, et son titulaire est automatiquement membre de la Chambre des Lords. Il est aussi prélat de l’Ordre de la Jarretière.

[16] Le comté était à l’origine une vicomté qui s’est peut-être émancipée du comté de Vexin. Peu avant 1015, son titulaire, Galeran est nommé dans une lettre de Fulbert de Chartres, comte alors que son père Hugues possédait le titre de vicomte à la fin du 10ème siècle. Assis de part et d’autre de la Seine, le comté était minuscule, s’étendant essentiellement cinq kilomètres autour de sa capitale, il comprenait les villages de Vaux, Triel... Il occupait, toutefois, une situation stratégique entre Mantes et Poissy. À Meulan, une île enserrée par la Seine avait facilité la création d’un pont qu’un château défendait. Les voisins s’intéressèrent donc à ce modeste territoire. Les comtes basculèrent souvent dans leurs alliances, privilégiant d’abord la maison de Blois puis alternant entre le soutien au duc de Normandie et au roi de France. En 1080/1081, quand Robert de Meulan succéda à son oncle Hugues III, le comté entra dans l’orbite normande. En 1109, le roi Louis VI ravagea le comté mais deux ans plus tard le comte de Meulan envahit Paris et mit à sac le palais royal3. C’est dire la menace que constituaient les maîtres de ce comté. En 1199, Robert II de Meulan, longtemps indécis entre le roi d’Angleterre et le roi de France, choisit de soutenir Jean sans Terre. Philippe Auguste lui retira son comté et le réunit à la couronne en 1204.

[17] Oxford est une ville britannique située à 90 km au nord-ouest de Londres. Elle est le centre administratif du comté de l’Oxfordshire dans l’Angleterre du Sud-Est, et en tant que ville régionale dessert un arrière-pays s’étendant aux Cotswolds.

[18] La bataille de Lincoln ou première bataille de Lincoln se déroule le 2 février 1141. Cet événement est un épisode important d’une période sombre de l’Histoire de l’Angleterre, la guerre civile entre Étienne d’Angleterre et Mathilde l’Emperesse. À l’issue de cette bataille, le roi Étienne est capturé, puis emprisonné et déposé.

[19] “Dame des Anglais”

[20] Le légat apostolique, ou plus communément légat du pape, ou légat pontifical, est un représentant extraordinaire du pape chargé d’une mission spécifique, généralement diplomatique. Il se distingue en cela du nonce apostolique qui est un ambassadeur permanent du Saint Siège auprès des gouvernements étrangers.

[21] “Dame des Anglais et des Normands”

[22] La tour de Londres est une forteresse historique située sur la rive nord de la Tamise à Londres en Angleterre à côté de Tower bridge. La tour se trouve dans le district londonien de Tower Hamlets situé à l’est de la Cité de Londres dans un espace appelé Tower Hill. Sa construction commença vers la fin de l’année 1066 dans le cadre de la conquête normande de l’Angleterre. La tour Blanche qui donna son nom à l’ensemble du château, fut construite sur l’ordre de Guillaume le Conquérant en 1078 et fut considérée comme un symbole de l’oppression infligée à Londres par la classe dirigeante. Le château fut utilisé comme prison dès 1100. Il servait également de grand palais et de résidence royale.

[23] La déroute de Winchester ou parfois bataille de Winchester se déroule le 14 septembre 1141. Cet événement est un épisode important d’une période sombre de l’Histoire de l’Angleterre : L’Anarchie. Le parti royal d’Étienne d’Angleterre parvient à la suite de la débâcle du camp angevin adversaire à capturer Robert de Gloucester. Il peut ainsi l’échanger contre le roi Étienne qui a été capturé lors de la bataille de Lincoln, quelques mois plus tôt.

[24] Le château d’Oxford est un château normand médiéval en partie ruiné situé à la périphérie ouest d’Oxford. Il a été construit par l’administrateur normand, Robert d’Oilly, en 1071, cinq ans après la conquête normande de l’Angleterre en 1066.