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L’histoire pour le plaisir

Brian FitzCount

vendredi 1er septembre 2017

Brian FitzCount (vers 1090-vers 1149)

Lord de Wallingford en Angleterre et d’Abergavenny au Pays de Galles

Fervent partisan de Mathilde l’Emperesse dans la guerre civile dite l’Anarchie anglaise qui opposa le roi Étienne d’Angleterre à Mathilde l’Emperesse, pour la couronne d’Angleterre.

Fils illégitime d’Alain Fergant duc de Bretagne de 1084 à 1112.

Il est élevé à la cour du roi Henri 1er d’Angleterre qui en fait l’un de ses protégés. Il est adoubé chevalier par le roi lui-même, et dès 1114, il est témoin de ses chartes. Il entre à son service, et fait partie de son cercle d’intimes. Il est aussi un ami proche de Robert de Gloucester, le fils illégitime du roi.

Grâce à ce soutien royal, avant 1119 il épouse Mathilde, l’héritière de l’honneur de Wallingford [1], et devient lord de Wallingford en droit de sa femme. Ce mariage assure sa richesse, car Wallingford est alors une ville importante, et donc source de revenus. Il se retrouve à la tête d’un territoire stratégiquement vital, car c’est l’un des lieux de traversée de la Tamise.

Il reçoit aussi du roi l’importante marche galloise d’Abergavenny [2], peut-être aux alentours de 1114, et a le contrôle du nord du Gwent [3].

Il devient aussi le châtelain de l’imposante forteresse de Wallingford [4], qu’il fait renforcer. Henri 1er, qui aime que ses prisonniers les plus importants soient sous la garde d’hommes en lesquels il a une absolue confiance, fait transférer Galéran IV de Meulan de Bridgnorth [5] vers la prison de Wallingford à la fin de 1126.

En 1127, il est l’un des trois seuls barons consultés par le roi sur la possibilité d’une alliance politique avec l’Anjou [6]. La même année, il escorte Mathilde, la fille du roi en Normandie pour ses fiançailles avec Geoffroy d’Anjou, l’héritier du comté d’Anjou.

À la même époque, il audite les comptes du trésor royal de Winchester [7] avec Robert de Gloucester, le comte de Gloucester. Cet audit semble être l’indication d’une pression fiscale accrue du roi à la recherche d’argent pour la dot de sa fille.

Les pipe rolls [8] de 1129/1130 montrent qu’il fait partie des plus riches barons anglais, car il a été exempté de payer le geld [9] sur 720 hides [10] de terre répartis dans onze comtés. En 1131, il est un constable [11] de la maison royale, une charge peut-être héritée de la famille d’Oilly, et avec Miles de Gloucester un ministre officieux du roi.

D’après la fréquence de ses apparitions comme témoin des chartes royales, en Normandie et en Angleterre, il est évident qu’il passe les dix dernières années du règne d’Henri 1er à sa cour.

Lorsque Henri 1er meurt en 1135, il est prévu que sa fille Mathilde l’Emperesse lui succède, les barons du Royaume d’Angleterre et du duché de Normandie l’ayant reconnue comme successeur du roi à plusieurs reprises. Mais son cousin Étienne de Blois, prévenu de la mort du roi par son frère Henri , l’évêque de Winchester [12], rejoint au plus vite Winchester [13] et s’empare du trésor royal.

Le 22 décembre 1135, il se fait couronner, reniant ainsi les serments faits précédemment, et usurpant le trône de sa cousine.

En 1136, Brian FitzCount reconnaît le roi, tout comme Robert, le comte de Gloucester. Les deux barons, qui sont possessionnés dans les marches galloises [14], doivent faire face à une résurgence des Gallois après la mort d’Henri 1er. Brian FitzCount est avec Richard de Clare dans le Pays de Galles quand celui-ci ignore ses avertissements et est tué dans une embuscade galloise le 15 avril 1136.

Au printemps 1138, la plupart des barons des marches se révoltent contre Étienne d’Angleterre, mais Brian FitzCount n’est pas mentionné comme l’un d’entre eux.

Brian est souvent considéré comme un homme à forts principes, l’idéaliste parmi les piliers de la cause de l’Emperesse. Pourtant, il n’apporte pas son aide à la rébellion naissante dans l’ouest entre 1138 et 1139. C’est seulement lorsque Robert de Gloucester vient à Wallingford en octobre 1139, alors que l’Emperesse vient de débarquer, qu’il se décide. Dans la guerre civile qui s’ensuit, sa loyauté reste ferme, contrairement à d’autres barons qui changent de camp afin de promouvoir au mieux leurs propres intérêts.

Il est l’un des trois principaux soutiens de l’Emperesse, avec Robert de Gloucester et Miles de Gloucester. Pourtant sa situation est particulièrement compliquée. Entouré d’ennemis et régulièrement assiégé dans sa forteresse, ses terres sont ravagées, et sa fortune, acquise durant le règne d’Henri 1er, s’envole. Wallingford est particulièrement exposée car elle est éloignée du noyau de terres contrôlées par les rebelles.

À cause de sa situation, il est surnommé le marquis par ses alliés. Dès 1139, Étienne, intimidé par le danger que représente cette place forte ordonne qu’elle soit bloquée par un siège à long terme. Mais la forteresse est imprenable et tient jusqu’à ce que Miles de Gloucester vienne à sa rescousse, forçant les forces du roi à battre en retraite.

En juin 1141, après la capture du roi Étienne lors de la bataille de Lincoln [15], il accompagne l’Emperesse à Londres, puis à Oxford lorsqu’elle est chassée par les Londoniens. Ensemble, ils marchent vers Winchester, et après leur déroute, s’enfuient vers Devizes [16].

Après 1142, il est particulièrement isolé territorialement, et avoue ne plus être capable de cultiver une acre de maïs sur ses terres. Il a aussi des difficultés à se fournir en provisions pour sa garnison de Wallingford. C’est peut-être la raison pour laquelle il transfère la propriété de la marche d’Abergavenny à Miles de Gloucester qui tient la marche voisine de Brecknock [17], pour un service de trois chevaliers. Il adopte officieusement Gautier, le fils puîné de Miles de Gloucester, et lui donne la seigneurie de Grosmont, peut-être avant 1139. Bien que son plus fervent soutien, il ne reçoit aucun titre de comte de Mathilde l’Emperesse.

Il est l’auteur d’un pamphlet dans lequel il démontre la validité de la revendication de Mathilde sur le trône d’Angleterre.

P.-S.

Source : Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Edmund King, « Brian fitz Count (c.1090–c.1149) », Oxford Dictionary of National Biography, Oxford University Press, 2004.

Notes

[1] Wallingford est une ville de l’Oxfordshire, Angleterre.

[2] Abergavenny est une ville située au sud-est du pays de Galles, en Grande-Bretagne, à 32 km de la frontière anglaise, dans le comté du Monmouthshire. Elle se niche dans la vallée du fleuve Usk entourée de trois côtés par les collines qui forment l’extrémité méridionale des montagnes noires. La ville est imprégnée d’histoire et bénéficie d’une position tout à fait enviable de par sa proximité avec le centre et l’ouest industriels de l’Angleterre, tout en étant inondée de beauté grâce au parc national des Brecon Beacons. Ces villes médiévales étaient composées de fortes populations étrangères. Vers l’an 1300, seulement 7% de résidents étaient Gallois. En l’an 1241 la ville était prolongée et protégée par des murs épais et solides. Un mur défensif renforcé d’un fossé a été construit au nord, côté probablement, le plus populaire

[3] Gwent, est un ancien royaume gallois au sud-est du Pays de Galles, sur les Marches galloises, la rivière Wye le séparant de l’Angleterre à l’est, et l’estuaire de la rivière Severn la séparant au sud du Somerset.

[4] Le château de Wallingford était un château fort médiéval situé près de la ville de Wallingford dans l’Oxfordshire à proximité de la Tamise.

[5] Bridgnorth est une ville du Shropshire en Angleterre, dans la vallée de la Severn. La ville est divisée en deux parties, la ville basse et la ville haute, nommées ainsi du fait de leur position par rapport à la rivière Severn qui sépare la ville haute sur la rive droite de la ville basse sur la rive gauche. Bridgnorth est nommée ainsi du fait d’un pont construit sur la rivière Severn plus au nord qu’un pont plus ancien à Quatford.

[6] L’Anjou est une région historique et culturelle française, correspondant à l’ancienne province du même nom et dont la capitale est Angers. Bien que le duché ait disparu, le terme « Anjou » est toujours utilisé pour définir le territoire de Maine-et-Loire. Le logo du département reprend le terme « Anjou ». Le territoire de l’Anjou correspond à l’actuel département de Maine-et-Loire, ainsi qu’à plusieurs autres territoires intégrés dans diverses divisions administratives.

[7] l’échiquier anglais

[8] Les pipe Rolls sont une collection de registres financiers tenus par l’Échiquier Anglais , ou du Trésor, et de ses successeurs. La première date du 12ème siècle.

[9] l’impôt foncier

[10] L’hide, parfois appelé carucate, fut une unité variable de mesure de surface terrienne utilisée dans l’Angleterre médiévale. L’hide était défini par rapport au rendement de production et au potentiel de taxation d’une terre, plutôt que sur ses dimensions exactes.

[11] Constable est un titre utilisé en Angleterre pour désigner un officier à qui le roi a donné le commandement d’une armée ou de la garnison d’un important château

[12] L’évêque de Winchester est à la tête du diocèse anglican de Winchester, dans la province de Cantorbéry. Il s’agit d’un des sièges épiscopaux les plus anciens et les plus prestigieux d’Angleterre, et son titulaire est automatiquement membre de la Chambre des Lords. Il est aussi prélat de l’Ordre de la Jarretière.

[13] Winchester est la ville capitale du comté de Hampshire, au sud de l’Angleterre. Elle devient la grande capitale du royaume du Wessex du 6ème siècle au 9ème siècle, puis d’Angleterre jusque sous les premiers rois normands au 11ème siècle. Elle reste une des résidences principales des rois jusqu’à George 1er, tout en s’affirmant un des évêchés les plus riches d’Angleterre. Son évêque, qui siège à la chambre des Lords, a aujourd’hui le cinquième rang dans la hiérarchie anglicane.

[14] Les marches galloises sont une expression se référant à une zone géographique aux contours mal définis, située à cheval sur la frontière anglo-galloise, au Royaume-Uni.

[15] La bataille de Lincoln ou première bataille de Lincoln se déroule le 2 février 1141. Cet événement est un épisode important d’une période sombre de l’Histoire de l’Angleterre, la guerre civile entre Étienne d’Angleterre et Mathilde l’Emperesse. À l’issue de cette bataille, le roi Étienne est capturé, puis emprisonné et déposé.

[16] Devizes est une ville du Royaume-Uni située dans le Wiltshire, en Angleterre. Le château de Devizes a été édifié en 1080 par l’évêque Osmond de Salisbury. Le premier château de l’endroit était une motte castrale, probablement faite de rondins et de terre : elle fut incendiée en 1113. Roger de Salisbury, le successeur d’Osmond, reconstruisit le château en pierre. Devizes reçut sa première charte en 1141 : elle accordait aux bourgeois le droit de foire. Le château changea plusieurs fois de maître au cours de la guerre civile qui opposa Étienne de Blois à Mathilde l’Emperesse au 12ème siècle. Plusieurs prisonniers important furent détenus à Devizes, notamment Robert Courteheuse, fils aîné de Guillaume le Conquérant en 1106. Robert sera détenu vingt années à Devizes, avant d’être transféré au Château de Cardiff

[17] Ancien district du Pays de Galles situé dans le comté du Powys.