Sylvestre évêque de Sées
Aumônier de Henri II d’Angleterre, il devient archidiacre [1] de Sées [2] à partir de 1186. Il est le neveu de Froger, prédécesseur de Lisiard. Il est désigné en 1199 par le pape Innocent III comme juge délégué dans le conflit opposant l’abbaye Saint-Vincent du Mans [3] au chevalier Thibaud Tragin.
À la mort de Lisiard, le chapitre cathédral choisi d’élire seul son futur évêque. Il annonce ensuite au roi Jean sans Terre qui choisit de nommer Guillaume, doyen de Lisieux. Devant le refus des chanoines [4], Jean les dépouille de leurs biens, les contraint à quitter la ville et prend en otage leurs parents.
Le chapitre jette l’interdit sur le diocèse. Réunis à la chapelle Saint-André à Rouen [5], le chapitre élit Raoul du Merle. Sylvestre, pour prévenir toute contestation ultérieure, fait le choix d’en faire appel au pape et une délégation est dépêchée à Rome.
Mort entre-temps, les chanoines remplacent Raoul par Sylvestre. Le chapitre refuse la nomination par Jean sans Terre de Herbert, fils de l’abbé de Grestain [6] Robert. Le pape Innocent III confirme l’élection de Sylvestre dans une bulle du 24 juin 1202.
Jean interdit au clergé du diocèse de le reconnaître et défend l’archevêque de Rouen [7] Gautier de Coutances de le sacrer. L’archevêque de Rouen choisit de confier Lisieux [8] à Sylvestre. Le roi Jean finit par le reconnaître.
Toutefois, sa position lui est assurée après la passation de la Normandie au pouvoir capétien.
Il écrit vers 1205, avec les autres évêques de la province, à Philippe Auguste au sujet des droits de patronage. Il tient un synode le 12 mai 1208. Il est présent à Rouen en 1214 et participe peut-être au concile provincial.
Il voit en 1202 la création de la collégiale de Mortagne [9] par Mathilde, Geoffroy, comte du Perche [10]. Le pape Innocent III confirme en 1209 l’établissement de l’hôtel-dieu de Sées. Il assiste le 27 avril 1214 l’archevêque de Rouen Robert Poulain , tout comme l’évêque d’Évreux [11] Luc , pour la consécration de l’abbatiale de la Trappe [12].
Il consacre le 29 novembre la chapelle de l’infirmerie de l’abbaye de Saint-Pierre-sur-Dives [13]. Il reconnaît en 1216, comme son prédécesseur, l’exemption de l’abbaye Saint-Jean de Falaise [14].
Par des accusations portées contre lui devant le pape, Innocent III charge le 9 juin 1212 Robert des Ableiges , évêque de Bayeux [15], Hugues de Morville , évêque de Coutances [16] et Adam, abbé de Perseigne [17] d’enquêter sur la véracité des faits et si culpabilité, de prononcer sa déposition, ainsi que celle du prieur de la cathédrale.
Il meurt le 26 juin 1220.
Notes
[1] Un archidiacre est un vicaire épiscopal à qui l’évêque confie certaines fonctions administratives pour un groupe de paroisses.
[2] ] Le siège épiscopal de Sées est rétabli après plus d’un demi-siècle de vacance, à la suite de la destruction de la cathédrale carolingienne et l’esclavage par les Vikings de son évêque Adelin. Ce rétablissement est lié à la normalisation ecclésiastique entreprise par le duc de Normandie Richard 1er. Le Diocèse de Séez correspond actuellement au département de l’Orne et l’évêché est situé à Sées.
[3] Le lycée Bellevue est un établissement scolaire du Mans. Une partie du lycée occupe les bâtiments de l’Abbaye Saint Vincent, abbaye bénédictine fondée par l’évêque Domnole en 572. Jusqu’au 18ème siècle, l’abbaye subit plusieurs constructions et reconstructions, inaugurant ainsi un lent processus de métamorphose qui modela l’architecture des lieux au fil des siècles. Durant de nombreuses années, l’abbaye eut une des bibliothèques les plus fournies d’Europe, ce qui en fit un véritable centre culturel. En 1789, le bâtiment n’héberge plus que 16 moines. À la suite de la Révolution, Saint-Vincent devient bien national et est transformé en caserne en 1791.
[4] Un chanoine est un clerc (voire laïc) appartenant à un chapitre ou à une congrégation, et consacré à la prière liturgique au chœur, voire à l’enseignement, à la prédication, au secours des pauvres, au chœur professionnel (le « bas-chœur ») et à la maîtrise, etc. Au haut Moyen Âge, le mot pouvait désigner certains membres du personnel laïc des églises. Aujourd’hui, il existe des chanoines ecclésiastiques (séculiers ou réguliers), des chanoines laïcs et des femmes religieuses régulières (chanoinesses).
[5] Rouen est une commune du Nord de la France traversée par la Seine. Préfecture du département de la Seine-Maritime. À partir de 841, les Vikings ont effectué de fréquentes incursions en vallée de Seine et ont, en 841, ravagé Rouen. Rouen, attaquée à nouveau par les Nortmanni en 843, est devenue la capitale du duché de Normandie après que Rollon, chef viking, eut obtenu une région équivalente en taille à l’ancienne Haute-Normandie (Seine-Maritime et Eure), du roi de France Charles III, par le traité de Saint-Clair-sur-Epte en 911. Il a été fait comte de Rouen, au sens carolingien du terme, mais les textes de l’époque parlent plus fréquemment de « prince » (princeps). En 949, le duc de Normandie Richard 1er, dit « Sans Peur », a battu, lors du siège de Rouen, une grande coalition réunissant le roi de France Louis IV d’Outremer, l’empereur germanique Othon le Grand et le comte de Flandre. Cette victoire a été décisive pour l’avenir de la Normandie ; une plaque est apposée sur une maison de la place de la Rougemare, en souvenir de cet événement sanglant. En 1007, un pogrom décime une partie de la population juive de Rouen. L’œuvre de Guillaume le Conquérant permet à la Normandie de devenir la province la plus puissante d’Europe. S’il installe la capitale politique à Caen, Rouen reste la capitale économique et religieuse. C’est d’ailleurs à Rouen que Guillaume mourra en 1087.
[6] L’abbaye de Grestain (Grestain jusqu’en 1844), fondée au 11ème siècle, est située sur la commune française de Fatouville-Grestain en bordure de l’estuaire de la Seine, à quelques kilomètres de Honfleur, dans le département de l’Eure en région Normandie.
[7] L’archidiocèse de Rouen est un archidiocèse métropolitain de l’Église catholique en France. Érigé au 3ème siècle, le diocèse de Rouen est élevé au rang d’archidiocèse métropolitain au 5ème siècle. C’est le siège primatial de Normandie, premier dans l’ordre de préséance dans la province de Normandie. Saint Mellon qui était probablement un disciple de saint Nicaise, devint le premier évêque de Rouen. L’archevêque de Rouen est primat de Normandie et porte aussi les titres de comte de Dieppe, Louviers, Aliermont et Douvrend, vicomte de Déville, baron de Fresne-l’Archevêque, seigneur de Gisors, Neaufle, Gaillon, Bouteilles, Cliponville, Envronville
[8] L’ancien diocèse de Lisieux était implanté sur la cité des Lexovii, peuple gaulois soumis à l’autorité romaine. La capitale de cette cité, Noviomagus Lexoviorum, devient alors le siège de l’évêché qui prit le nom d’évêché de Lisieux.
[9] La collégiale de Toussaint, dite chapelle Saint-André, est un ancien édifice religieux situé à Mortagne-au-Perche, en France, sous le tribunal. Il n’en subsiste qu’une crypte,
[10] Le comté du Perche est issu de l’union de deux seigneuries : celle de Mortagne-au-Perche, et celle de Nogent-le-Rotrou. Les seigneurs de Mortagne furent parfois qualifiés de comtes, mais pas de manière systématique. Ce fut le comte Geoffroy de Mortagne qui adopta le titre de comte du Perche, à la fin du XIIe siècle. À la mort de l’évêque Guillaume du Perche, en 1226, le comté fut réuni à la Couronne. Plus tard il fut donné en apanage à des princes du sang.
[11] Le diocèse d’Évreux est un siège de l’Église catholique de France fondé sur le territoire du peuple gaulois des Aulerques Éburovices dans l’actuel département de l’Eure en Normandie. Le diocèse appartient à la province ecclésiastique de Rouen. Le premier évêque d’Évreux est saint Taurin, au 4ème siècle. L’évêque d’Évreux porte, entre autres, de droit les titres de comte de Condet, Illiers et Brosville.
[12] L’abbaye Notre-dame de La Trappe (appelée jusqu’au début du 20ème siècle La Grande Trappe) est un monastère en activité, situé à Soligny-la-Trappe (Orne, France). Né au 11ème siècle dans l’éphémère congrégation de Savigny, il rejoint comme son abbaye mère l’ordre cistercien en 1147.
[13] L’abbaye de Saint-Pierre-sur-Dives est une abbaye bénédictine, fondée au 11ème siècle à Saint-Pierre-sur-Dives dans le Calvados. C’est un des ensembles les plus complets de l’architecture monastique en Normandie. L’abbaye est fondée par la comtesse Lesceline, femme de Guillaume, comte d’Eu, frère du duc de Normandie Richard II. Elle y installe des religieuses bénédictines puis les transfère à Saint-Désir, près de Lisieux en 1046, et installe des moines bénédictins sous la direction d’Ainard, le premier abbé. Lesceline meurt à l’abbaye en 1058.
[14] L’abbaye Saint-Jean-Baptiste de Falaise est un ancien monastère prémontré qui se dressait sur le territoire de la commune française de Falaise, dans le département du Calvados, en région Normandie. L’abbaye est fondée au début du 12ème siècle autour d’une église consacrée en 1127 par Jean, évêque de Séez. Le premier établissement est un hôpital soumis aux règles des chanoines de Saint-Augustin et destiné aux pauvres. L’abbaye est construite sur des terres comprises entre les remparts de Falaise et la paroisse proche de Guibray. L’ancienne école Saint-Jean, fermée en 2003, occupe son emplacement. Il n’en subsiste que très peu d’éléments architecturaux ou mobiliers.
[15] L’évêque de Bayeux était avant la Révolution considéré comme le second en dignité de la province ecclésiastique de Normandie, après l’archevêque de Rouen.
[16] L’ancien diocèse de Coutances est un ancien diocèse français. Jusqu’en 1569, l’évêque de Coutances exerçait une juridiction ecclésiastique sur les Îles de la Manche (qui formaient un doyenné), portant le titre d’« évêque de Coutances et des Îles ». En 1801, les frontières du diocèse sont remaniées à la suite du Concordat (annexion du territoire ou diocèse d’Avranches). L’évêché de Coutances a été supprimé en 1854, son chef-lieu Coutances est alors devenu par décret apostolique du pape Pie IX en date du 12 juin, le siège d’un nouvel évêché de Coutances et d’Avranches. Il appartenait à la province ecclésiastique de Rouen.
[17] L’abbaye de Perseigne est une ancienne abbaye cistercienne, fondée en 1145, dont il ne reste que quelques pans de murs, située dans le nord du département français de la Sarthe dans la région des Pays de la Loire, aux portes de la forêt de Perseigne, du parc naturel régional Normandie-Maine, sur la commune de Neufchâtel-en-Saosnois. Sur le plan matériel, la fondation était d’importance moyenne au sein de l’ordre cistercien. Elle a organisé son temporel aux 12 et 13ème siècles au moyen d’un réseau de granges qui a pu être reconstitué par prospection archéologique.