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Thibaut du Bec ou Theobald du Bec

mardi 15 janvier 2013, par lucien jallamion

Thibaut du Bec ou Theobald du Bec (vers 1090-1161)

5ème abbé du Bec et archevêque de Cantorbéry de 1139 à sa mort en 1161

Il est d’origine normande et serait issu d’un milieu social aisé. Avant d’être archevêque de Canterbury, il est prieur, puis abbé, de l’abbaye Notre-Dame-du-Bec en Normandie durant l’abbatiat de Guillaume de Montfort sur Risle.

Thibaut a voyagé en Angleterre pour les affaires de son abbaye au moins une fois au cours de son abbatiat, afin de surveiller les terres et les biens du monastère qui s’y trouvaient. Ce voyage a eu lieu peu avant son élection en tant qu’archevêque de Canterbury en 1138. Il semble ne pas avoir été très présent à son abbaye.

Il est choisi, lors d’un concile, le 24 décembre 1138 par le roi Étienne d’Angleterre pour occuper la charge d’archevêque de Cantorbéry sous le pontificat du pape Eugène III. Le roi Étienne d’Angleterre lui donnant la préférence sur son propre frère Henri de Blois, évêque de Winchester, qui avait pourtant permis à Étienne d’Angleterre d’obtenir le trône du royaume. Le roi craignait que la nomination d’Henri de Blois en tant qu’archevêque n’engendre sa montée en puissance capable de s’opposer à la sienne propre.

Thibaut du Bec est consacré archevêque le 8 janvier 1139 par le légat, Albéric d’Ostie. Il se rendit à Rome pour son pallium et participa au deuxième Concile du Latran. Comme archevêque, son comportement fut modéré en comparaison de l’attitude de son principal rival, Henri de Blois, nommé légat pontifical le 1er mars 1139, ce qui signifie que Henri avait maintenant le pouvoir de convoquer le conseil de l’église d’Angleterre et avait une puissance égale ou supérieure à celle de Thibaut du Bec. Ce dernier avait juré fidélité à Étienne d’Angleterre dès son élection au siège de Canterbury, en reconnaissant ce dernier comme le roi d’Angleterre.

Mais en septembre 1143, les pouvoirs de légat de Henri de Blois deviennent caduques en raison du décès du pape Innocent II, qui avait fait la nomination de légat. Le nouveau pape Célestin II, élu le 26 septembre 1143 était opposé à Étienne d’Angleterre et n’était donc pas favorable à son frère Henri de Blois. Désireux d’obtenir sa nomination comme légat, il se rendit alors à Rome en décembre 1143, mais y arriva peu avant la mort de Célestin II le 8 mars 1144. Avant sa mort, Célestin II interdit à Thibaut « de permettre tout changement dans la position de la couronne d’Angleterre », reconnaissant donc Étienne d’Angleterre comme roi de ce pays.

Après la mort de Célestin II, Thibaut du Bec retourne en Angleterre, s’arrêtant en chemin à l’abbaye de Saint-Denis près de Paris pour rencontrer l’abbé Suger et consacrer l’église abbatiale reconstruite récemment. Thibaut du Bec fut le seul évêque français présent lors de la cérémonie, et participa à la consécration des autels. Pendant ce temps, Henri de Blois était arrivé à Rome, et commença à négocier avec le nouveau pape Lucius II l’élévation de l’évêché de Winchester en archevêché. Il semble que Lucius II ait envoyé en Angleterre un légat, le cardinal Icmar, évêque de Tusculum, pour mener à bien ce projet, mais Lucius II mourut avant que la décision ne fût prise.

Peu de temps après son élection, Thibaut du Bec choisit son frère Guillaume comme archidiacre de Canterbury, et en 1148 promu Guillaume évêque de Rochester. Il assista également au concile tenu par Étienne d’Angleterre en juin 1139 et auquel furent accusés de conspiration Roger de Salisbury, évêque de Salisbury, et ses neveux Néel d’Ely, évêque d’Ely, et Alexandre de Lincoln, évêque de Lincoln qui furent privés de leurs châteaux.

Il se rendit à nouveau à Paris en mai 1147 pour rencontrer le nouveau pape, le pape Eugène III. Les relations à cette époque entre Thibaut du Bec et Étienne d’Angleterre semblent avoir été bonnes, mais quand Eugène III convoque les évêques anglais au concile de Reims qui commence le 22 mars 1148, le roi désigne seulement trois évêques, ceux de Chichester, Hereford et Norwich pour y assister et refuse aux autres évêques anglais et expressément à Thibaut du Bec la permission de le faire. Thibaut du Bec défie alors le roi et s’y rend, se faufilant clandestinement dans un bateau de pêche, sans doute accompagné par Gilbert Foliot, qui est connu pour avoir participé avec Thibaut du Bec au concile. Thibaut avait de nombreuses raisons d’y aller sans la permission du roi, les principales étant l’obligation d’obéir au pape qui avait ordonné sa présence, et surtout de mettre en garde le pape contre Henry Murdac, récemment choisi comme archevêque d’York, et connu pour être proche d’Eugène III, qui était comme lui un moine cistercien.

Le roi Étienne d’Angleterre était en colère contre l’attitude de Thibaut du Bec et persuadé que ce dernier avait demandé au pape Eugène III de l’excommunier. Thibaut du Bec demande alors au pape de permettre au roi de faire amende honorable de son comportement, mais Étienne d’Angleterre, ne croyant guère à l’intercession de Thibaut du Bec, confisque ses biens et bannit l’archevêque. Dans un premier temps, Thibaut du Bec part en exil à Saint-Omer, puis retourna en Angleterre, séjournant à Framlingham, où vivait Hugh Bigod, un partisan de Mathilde l’Emperesse. La présence de Thibaut du Bec en Angleterre est une menace pour le pouvoir du roi Étienne d’Angleterre.

Henri de Blois avait perdu sa légation quand Célestin II était devenu pape, mais ce n’est que vers 1150 que Thibaut du Bec fut nommé légat d’Angleterre par le pape Eugène III, peut-être en raison des exhortations de Bernard de Clairvaux et le resta jusqu’à sa propre mort en 1161.

En 1151 Thibaut du Bec tint un concile de légat à Londres auquel le roi ainsi que son fils aîné Eustache et des membres de la noblesse assistèrent. Le concile décréta 8 canons, dont celui condamnant le pillage des biens de l’Église et l’imposition de prélèvements financiers sur le clergé. Un autre canon du même concile décida que les évêques ne poursuivraient plus les personnes portant atteinte aux biens d’église devant les tribunaux royaux, mais désormais devant les tribunaux ecclésiastiques.

L’année suivante, en 1152, Thibaut du Bec refusa de couronner Eustache IV de Boulogne, le fils aîné d’Étienne d’Angleterre, et fut à nouveau exilé par le roi. Étienne d’Angleterre tentait d’assurer la succession pour son fils en imitant la dynastie capétienne de la France qui, souvent, pratiquait le couronnement du prétendant au trône du vivant de son père. Bien que Thibaut du Bec ait invoqué la consigne de l’ancien pape Célestin II pour justifier son refus de couronner Eustache, il est plus probable que Thibaut et les évêques aient voulu ne pas prolonger la guerre civile. Parti en exil en Flandre en avril 1152, Thibaut du Bec et le roi conclurent une trêve en août.

En janvier 1153 Henri d’Anjou, fils de Mathilde l’Emperesse, envahit l’Angleterre, poursuivant ses prétentions d’accéder au trône d’Angleterre, et après la mort de son fils Eustache IV de Boulogne en août 1153, Étienne d’Angleterre renonça à la lutte. Thibaut du Bec joua un rôle dans les négociations entre Henri d’Anjou et Étienne d’Angleterre, qui aboutirent au traité de Wallingford, assurant à Henry d’Anjou la succession au trône sous le nom d’Henri II d’Angleterre, connu aussi sous le nom d’Henri II Plantagenêt.

Thibaut du Bec était également présent lorsque Henri d’Anjou rencontra Guillaume de Boulogne, second fils d’Étienne d’Angleterre et logique prétendant au trône depuis la mort d’Eustache IV de Boulogne, son frère aîné, afin que lui soit confirmé la possession du titre de comte de Surrey et que lui soit confirmé ses biens acquis par héritage, tant en Angleterre qu’en Normandie.

Le pape Eugène III contraignit Étienne d’Angleterre à annuler sa sentence de bannissement, et Thibaut du Bec pu rejoindre à nouveau son siège d’archevêque de Canterbury. Les deux hommes, Henri de Blois et Thibaut du Bec, qui avaient eu jusqu’ici bien du mal à s’entendre, y parvinrent, négociant le traité qui mit fin aux 18 années de guerre civile en Angleterre.

Thibaut du Bec était présent lors du décès d’Étienne d’Angleterre en octobre 1154, et il est pendant 6 semaines régent du royaume jusqu’à l’arrivée d’Henri d’Anjou pour prendre sa couronne, ayant peu de difficultés à maintenir la paix. Thibaut du Bec couronne Henri d’Anjou, désormais Henri II d’Angleterre ou Henri II Plantagenêt, et son épouse Aliénor d’Aquitaine le 19 décembre 1154 à Westminster.

Pendant la majeure partie du reste de sa vie Thibaut du Bec fut occupé par les affaires ecclésiastiques de son diocèse, ainsi que la participation à la cour royale, quand Henry II Plantagenêt était présent en Angleterre. En janvier 1155, Thibaut du Bec aida son protégé, Thomas Becket, à obtenir le poste de chancelier. Bien que le roi et l’archevêque se soient affrontés de temps à autre lorsque leurs intérêts étaient en conflit, les deux semblent avoir voulu minimiser les conflits, faisant les compromis nécessaires pour s’assurer de bonnes relations.

Thibaut du Bec réunit un concile à Londres en juin 1160, qui aborda partiellement les questions du schisme papal provoqué par les prétentions au siège papal de Victor IV, antipape. Cependant, sa santé n’était pas bonne il dut être porté devant le concile dans une litière.

Thibaut du Bec décède le 19 mars 1161 après une longue maladie, dans son palais de Canterbury. Il fut enterré dans la cathédrale de Canterbury, dans la chapelle de la Sainte Trinité, près de la tombe de l’archevêque Lanfranc.

Bien que la période où Thibaut du Bec fut archevêque de Canterbury ait été très troublée, il a réussi à reprendre le contrôle de l’Église d’Angleterre, de garantir les droits de son siège, et aida à maintenir l’unité du royaume.

P.-S.

Source : Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Wikipédia/ Portail du catholicisme/ Archevêque de Cantorbéry avant la Réforme