Fondateur du monastère de Vivarium [1], la vie de Cassiodore s’articule essentiellement autour de 2 périodes séparées par la conversio ou conversion, qui marque son retrait de la vie publique.
Il est issu d’une famille d’origine syrienne, installée depuis plusieurs générations à Scolacium [2], en Calabre [3]. La famille des Cassiodori avait déjà exercé un rôle politique important depuis son arrivée en Italie. Son arrière-grand-père avait servi dans les armées de Valentinien III, et repoussé les Vandales [4] lors de leur tentative de débarquement en Calabre et en Sicile vers 450. Son grand-père avait fait partie de l’ambassade envoyée à Attila en 452 et son père, qui fut “comes sacrarum largitionum” d’Odoacre, fut nommé en 495 “corrector Lucaniae et Bruttiorum” par Théodoric le Grand, et accéda en 503 à la “praefectura praetoriana”.
Après des études qui, d’après ses œuvres postérieures, ont dû être marquées par un apprentissage enthousiaste des arts libéraux, et en particulier de la grammaire, il commença sa carrière politique à la cour de Ravenne [5] en 503 comme conseiller de son père et s’engagea ainsi dans le “cursus honorum”.
De 506 à 511 il fut “Quaestor sacri palatii”, puis en 514 “Consul ordinarius” titre purement honorifique. De 523 à 527 il fut “Magister officiorum” et devient l’ami intime et le conseiller de Théodoric, et il conservera son pouvoir même après la mort de ce dernier, sous la régence de sa fille Amalasonte. En 527, il disparaît provisoirement de la scène politique.
Comme la plupart des hommes politiques de l’époque, il était catholique. Dans l’ensemble, la politique des rois ariens qu’il servait était tolérante à l’égard des catholiques.
Le changement profond dans sa vie commence pendant sa préfecture du prétoire à partir de 533. Par ses lettres de nomination à cette charge, il nous apprend qu’il pratiquait la “lectio divina” pour en tirer ses principes de gouvernement et semble avoir un certain crédit auprès du pape Jean II. Il a des rapports encore plus étroits avec le successeur de Jean II, le pape Agapet 1er, avec qui il projette, en 535, de fonder une école de théologie à Rome, mais la prise de Rome par Bélisaire en 536 met un terme à ce projet.
Le moment crucial de sa conversion est marqué par la rédaction de son traité “De Anima” en 538, et surtout de son commentaire aux psaumes, “Exposition psalmorum”, qu’il compose vraisemblablement à Constantinople où il a dû se retirer après la prise de Ravenne par Bélisaire, en 540.