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Sarapis ou Sérapis

samedi 15 mai 2021, par ljallamion

Sarapis ou Sérapis

Divinité syncrétique

Créée à l’époque hellénistique par Ptolémée 1er, premier pharaon de la dynastie Lagide [1], afin de se faire accepter par le monde égyptien.

Sarapis rassemble des traits d’Hadès, du dieu-taureau Apis et d’Osiris. Aux côtés d’Isis, il devient au 2ème siècle de notre ère, l’une des divinités les plus aimées du panthéon égyptien. Son culte s’étend alors à l’ensemble du bassin méditerranéen.

Un des aspects importants de la religion pratiquée à Alexandrie [2] sous les Lagides est le culte de Sarapis. Si Alexandre, en devenant fils d’Ammon, a réussi à asseoir son autorité au sein du clergé égyptien, les Lagides ont eux aussi souhaité associer leur nom à une divinité. Mais pour être accepté par tous, ce dieu devait convenir autant aux Grecs qu’aux Égyptiens.

Au tout début du 3ème siècle est apparue la figure de Sarapis. On ignore lequel des deux premiers Ptolémée en est à l’origine mais selon une légende rapportée par Plutarque et Tacite, c’est Ptolémée 1er qui l’a institué. Il aurait rêvé d’un dieu qui lui aurait demandé de transporter sa statue jusqu’à Alexandrie.

À son réveil, il raconta son rêve et un homme reconnut d’après la description de Ptolémée une statue qu’il avait vue dans la colonie grecque de Sinope [3]. Le pharaon voulut s’emparer de la statue mais les habitants refusèrent et, après 3 ans d’attente, il décida de la voler. Une autre version de la légende dit que la statue se serait dirigée toute seule vers le bateau qui devait l’emmener à Alexandrie. À son arrivée à Alexandrie, ce dieu fut assimilé par l’entourage du pharaon à l’Hadès des Grecs à cause du chien Cerbère [4] représenté lui aussi sur la statue.

Le culte de Sarapis existait déjà avant les Ptolémées sous sa forme égyptienne d’Osiris Apis (en grec Osorapis) au Sérapéum [5] de Memphis [6]. Ptolémée 1er en a fait une figure mixte, qui regroupait la symbolique égyptienne (en tant que manifestation d’Apis mort, donc de l’Osiris Apis) mais surtout les fonctions des dieux grecs : il reçoit de Zeus son aspect solaire, Hadès le lie à l’au-delà, Dionysos le rapproche de la fertilité agraire et Asclépios lui permet de guérir les malades. Cela deviendra d’ailleurs sa principale fonction. Il est souvent représenté avec un calathos [7] sur la tête ou encore trônant avec le Cerbère à trois têtes d’Hadès à ses pieds. Plus tard, il fut apparenté à Isis et Harpocrate , créant ainsi une sorte de triade alexandrine.

Pendant l’époque ptolémaïque, son culte n’a vraiment été pratiqué qu’à Alexandrie et à Memphis mais à l’époque romaine il s’est répandu dans tout le pays. Il a aussi été très populaire en Grèce, en Asie Mineure [8] et même jusqu’à Rome. Preuve de sa popularité : il est représenté sur de nombreuses monnaies provinciales romaines, par exemple au revers de tétradrachmes de Néron, ou encore sur une monnaie émise à Marcianopolis [9] où son portrait apparaît en face à face de celui de l’empereur Gordien III.

P.-S.

Source : Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Laurent Bricault, Recueil des inscriptions concernant les cultes isiaques (RICIS), Paris, Académie des Inscriptions et Belles Lettres, 2005

Notes

[1] On désigne traditionnellement par ce terme en français la dynastie d’origine macédonienne qui a régné de -305 à -30 sur l’Égypte et durant son apogée sur Chypre, la Cyrénaïque, la Syrie et quelques possessions plus ou moins éphémères dans la Mer Égée et en Asie Mineure, avec Alexandrie pour capitale. Le terme Lagide vient du fait que le général d’Alexandre, Ptolémée, qui se proclame roi en -305, soit le fils d’un aristocrate macédonien appelé Lagos.

[2] Alexandrie est une ville en Égypte. Elle fut fondée par Alexandre le Grand en -331 av. jc. Dans l’Antiquité, elle a été la capitale du pays, un grand centre de commerce (port d’Égypte) et un des plus grands foyers culturels hellénistiques de la mer Méditerranée centré sur la fameuse bibliothèque, qui fonda sa notoriété. La ville d’Alexandrie est située à l’ouest du delta du Nil, entre le lac Maréotis et l’île de Pharos. Cette dernière était rattachée à la création de la ville par l’Heptastade, sorte de digue servant aussi d’aqueduc, qui a permis non seulement l’extension de la ville mais aussi la création de deux ports maritimes.

[3] au sud de la mer Noire

[4] le chien des Enfers

[5] Le Sérapéum de Saqqarah est une nécropole antique consacrée au taureau sacré Apis, située au nord du complexe funéraire de Djéser en Basse Égypte. Le taureau, vénéré comme un Dieu, était momifié et enseveli à l’issue d’une vie toute consacrée à des cérémonies et des offrandes dans son temple de Memphis. L’origine de cette nécropole remonte à la XVIIIème dynastie.

[6] Memphis est à l’origine le nom de Memphis, princesse de la mythologie grecque, qui aurait fondé une ville en Égypte à laquelle elle aurait donné son nom. Memphis était la capitale du premier nome de Basse Égypte, le nome de la Muraille blanche. Ses vestiges se situent près des villes de Mit-Rahineh et d’Helwan, au sud du Caire.

[7] Un calathos est, dans l’Antiquité classique, une corbeille faite de jonc ou d’osier entrelacé, qui avait la forme d’un calice étroit à sa base, s’évasant graduellement et à large ouverture. Cette corbeille était à l’usage des femmes qui y plaçait les laines qu’elles filaient, et devint le symbole du gynécée et des occupations domestiques. Le calathus avait aussi d’autres emplois : on y mettait des fleurs, des fruits, des épis, les produits de la moisson ou de la vendange, et, à ce titre, il est un symbole de puissance et de fécondité.

[8] L’Anatolie ou Asie Mineure est la péninsule située à l’extrémité occidentale de l’Asie. Dans le sens géographique strict, elle regroupe les terres situées à l’ouest d’une ligne Çoruh-Oronte, entre la Méditerranée, la mer de Marmara et la mer Noire, mais aujourd’hui elle désigne couramment toute la partie asiatique de la Turquie

[9] Marcianopolis était une cité romaine située dans la province romaine de Mésie. Ses ruines se trouvent, aujourd’hui, sous le quartier de Réka Dévnya, situé à 2,55 km au nord-est du centre de la ville de Devnya (Bulgarie).