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Grégoire de Nazianze dit le Jeune ou Grégoire le Théologien

dimanche 12 août 2018, par lucien jallamion (Date de rédaction antérieure : 19 août 2011).

Grégoire de Nazianze dit le Jeune ou Grégoire le Théologien (329-390)

Théologien et docteur de l’Église

Né en Cappadoce [1], issu d’une famille chrétienne très aisée et influente de la Cappadoce.

Fils de Grégoire l’Ancien, un notable récemment christianisé assurant la charge d’évêque de Nazianze [2], et de son épouse Nonna dont la famille est chrétienne depuis longtemps.

Il reçoit sa première formation dans le cercle familial. Il est éduqué dans ses jeunes années par un parent de la famille, Amphiloque d’Iconium, et un pédagogue du nom de Cartérios. Celui-ci l’accompagne lorsque, vers l’âge de 12 ans, il est envoyé dans la ville de Césarée de Cappadoce [3] pour y suivre un enseignement en littérature grecque auprès d’écoles de grammairiens locales. Vers l’âge de 18 ans, il voyage et visite Antioche [4] et Jérusalem avant de se rendre à Alexandrie ou il fait ses études supérieures et part terminer ses études à Athènes. Dans cette ville, il suit les leçons du chrétien Prohérésios et du rhéteur païen Himérios. Il apprend la rhétorique ainsi que la mythologie grecque en étudiant Homère, Euripide et Sophocle.

Il se lie d’amitié avec Basile de Césarée, qui devient son ami. Dans les premières années d’études à Athènes, il joue probablement un rôle de tuteur ou de professeur auprès de Basile. Il a pour autre condisciple le futur empereur Julien dont il fait plus tard un portrait agressivement critique lorsque celui-ci encourage un retour au paganisme.

Après une solide formation de près de 8 années il est intronisé professeur de rhétorique

Il rentre à Nazianze en 358 où il est ordonné prêtre par son père. Ordonné ensuite évêque de Sasimes [5] contre son gré par Basile de Césarée, il ne peut cependant s’y établir et reste alors chez son père, devenant le premier évêque auxiliaire de l’Église.

Quelques temps plus tard, son père Grégoire l’Ancien signe un acte de foi homoiousien [6], qui est refusé par une partie de son clergé, principalement les communautés cénobites [7]. Cet acte provoque un schisme au sein du diocèse pendant une courte période. il aide à pacifier la situation par son rôle dans l’administration de l’évêché. Le concours de Basile de Césarée, qui jouit d’une grande influence auprès des cénobites de la province, permet d’apaiser les différends au sein du diocèse.

Il a progressivement le rôle non officiel de vicaire général de Nazianze en 363. Dans le même temps, Basile a un rôle semblable auprès de l’évêque de Césarée, Eusèbe, avec lequel il entre en désaccord, ce qui le pousse à se retirer dans son monastère.

Grégoire écrit alors des lettres à Basile et l’encourage à retourner à sa tâche auprès de son évêque malgré la difficulté de leurs relations. Le frère de Grégoire, Césaire de Nazianze, est lui médecin au service de l’empereur Julien au grand désespoir de sa famille.

Grégoire lui écrit pour l’adjurer de renoncer à sa vie de cour. Césaire décide alors de rentrer à Nazianze. En juin de la même année, l’empereur meurt, remplacé par Jovien. Césaire retourne auprès du nouvel empereur qui le traite en ami. Son successeur, Valens, lui accorde une charge importante liée au trésor.

À la mort de son père en 374, il se considère comme libre de toute obligation. Il se retire à Séleucie d’Isaurie [8], à plus de 500 kilomètres de Nazianze. Il y mène pendant 4 ans une vie cénobitique. Il quitte cependant sa retraite à la suite des changements de gouvernances qui affectent l’Empire d’Orient en 378. Valens ayant été tué, Théodose devient le nouvel empereur. Une délégation venue de Constantinople, envoyée par sa cousine Théodosie, l’informe des changements de situations et lui demande alors de gagner Constantinople, afin de participer aux luttes d’influences qui s’y déroulent. Après avoir demandé conseil à Basile, sans doute en le visitant à Césarée, il rejoint la capitale à la fin de l’année.

Grégoire enseigne publiquement à un groupe d’étudiants dès son arrivée et au début du concile. Jérôme de Stridon, qui bénéficie de ses enseignements, qualifie plus tard Grégoire d’expert exégèse. Grégoire défend la foi en un Dieu trinitaire définie par le concile de Nicée de 325 [9], en grande partie remise en cause par l’arianisme [10]. Ses prédications ont cependant un caractère limité dans la mesure où la majorité des églises sont contrôlées par les ariens.

L’empereur Théodose l’impose comme évêque de Constantinople. Il préside alors le concile de Constantinople [11] mais finit par démissionner en plein milieu de celui-ci. Il retourne à Nazianze où il écrit de nombreuses lettres et discours dans lesquels il développe la théologie chrétienne, et principalement la nature divine de l’Esprit Saint comme personne de la Trinité.

Lors de la Pâque 379, Grégoire, qui officie, est accusé d’hérésie et il est exclu violemment pendant une messe. Cette exclusion marque les divergences existant entre les partisans de l’arianisme et les partisans de Nicée. Il est dans le même temps accusé d’assassinat, et est acquitté devant le tribunal. À la suite de cette agression, il veut fuir Constantinople. Il affirme toutefois avoir été convaincu de rester par des fidèles.

Au début de l’année 380, l’empereur Théodose tombe gravement malade. Il décide de se faire baptiser et choisit lors de son baptême la profession de foi issue du concile de Nicée. Son baptême va contribuer à changer radicalement le rapport de force entre les partisans de l’arianisme et ceux du concile de Nicée. Théodose enjoint, dès février 380, de suivre la foi de Nicée en publiant l’édit de Thessalonique [12]. Cette décision condamne l’arianisme. Grégoire est alors de plus en plus écouté et il reçoit des insignes épiscopaux, étant reconnu comme évêque de Constantinople. Au cours de cette période, Grégoire écrit cinq discours appelés “Discours théologiques”, qui sont l’une de ses œuvres maîtresses.

Grégoire fait la connaissance de Maxime, un philosophe cynique venu d’Alexandrie. Maxime gagne la confiance de Grégoire et part afin de le représenter auprès du clergé d’Alexandrie. Là il rencontre l’évêque d’Alexandrie et trahit Grégoire en se faisant ordonner évêque de Constantinople par des évêques égyptiens, à la place de Grégoire. Il revient à Constantinople et cherche à prendre le siège épiscopal. La tentative échoue mais provoque chez Grégoire un vrai traumatisme, à propos duquel il écrit plusieurs Discours.

Le 24 novembre 380, l’empereur Théodose arrive à Constantinople. Le lendemain, il convoque Grégoire et lui demande de remplacer l’évêque Démophile à la tête de Constantinople. Le 26 novembre 380, tout le clergé n’ayant pas accepté le symbole de Nicée est considéré comme hérétique. Le 27 novembre 380, Grégoire de Nazianze est installé par l’empereur Théodose évêque de Constantinople, dans l’Église des Saints-Apôtres. Cette nomination n’est pas sans poser problème, dans la mesure où Grégoire de Nazianze a été consacré évêque de Sasimes et qu’il n’a donc pas le droit d’être évêque d’un autre lieu, conformément à l’un des canons du concile de Nicée. Sa nomination par l’empereur est considérée par beaucoup comme non légitime.

Théodose décide de convoquer le deuxième concile de l’histoire du christianisme en mai 381. Le premier concile de Constantinople, plus restreint que le concile de Nicée dans la mesure où aucun évêque latin ne s’est déplacé, a pour vocation de restaurer la foi proclamée par le symbole de Nicée. Au même moment, Grégoire, qui a une santé fragile, tombe malade au point qu’il rédige son testament le 31 mai 381.

Il se heurte néanmoins à de fortes oppositions au concile qu’il préside dès 381. En effet, il n’obtient ni l’adhésion de la délégation venue d’Alexandrie, qui a ordonné Maxime comme évêque de Constantinople, ni celle de Rome, hostile au transfert des évêques défini par le concile de Nicée. De plus, il doit affronter des problèmes de santé.

Face à l’impossibilité de pouvoir influencer davantage les pères du concile et avec la contestation de sa nomination comme évêque de Constantinople et aussi sa façon de s’acquitter de sa fonction, Grégoire de Nazianze décide finalement de démissionner en 381 du concile. À la suite de sa démission du concile, il décide de retourner à Nazianze en 381. Il semble passer un temps à se reposer et à se soigner. Il dirige alors le diocèse de Nazianze de manière intérimaire, le diocèse n’ayant pas encore d’évêque.

Il profite de cette période pour écrire beaucoup. Non seulement des discours mais aussi des lettres à ses amis. Le concile de Constantinople continue en 382 et 383, mais Grégoire refuse d’y participer tout en s’y intéressant et en conseillant ses amis pour la suite du concile.

Il écrit trois petits traités dits “Lettres théologiques”, mais aussi des poèmes, dont le plus long est son autobiographie. Il remanie ses écrits et ses discours. À partir de 389, il se retire de toute vie active à Arianze. Il écrit les discours 44 et 45 et meurt en 390.

Il devient un Père de l’Église, puis est introduit dans le bréviaire comme Docteur de l’Église par le pape Pie V en 1578.

Il a laissé 45 discours, dont la moitié prononcée à Constantinople. Il a aussi écrit de nombreux poèmes théologiques et historiques qui traitent d’évènements de sa vie, ainsi qu’un poème autobiographique et une tragédie, la Passion du Christ vécue au travers du personnage de Marie. 242 de ses lettres ont été conservées, dont certaines ont une grande importance théologique contre l’apollinarisme [13].

Dès la fin du siècle, 9 discours de Grégoire sont traduits en latin par Rufin d’Aquilée. Très vite, certains de ses écrits sont traduits en arabe, copte, arménien, syriaque. Des manuscrits de Grégoire sont répertoriés dès le 8ème siècle, chose extrêmement rare pour l’époque.

Grégoire est très vite considéré comme un saint, même s’il n’y a jamais eu de canonisation, cette procédure naît au 10ème siècle. Ses écrits montrent une grande richesse théologique. Grégoire de Nazianze est de ce fait reconnu comme l’un des grands théologiens qui sont encore actuellement vénérés tant par les Églises orthodoxes que catholique. Il est considéré avec Basile de Césarée et Grégoire de Nysse comme l’un des trois pères cappadociens. Il est considéré comme un Père de l’Église et est proclamé Docteur de l’Église par le pape Pie V en 1578.

P.-S.

Source : Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Wikipédia Grégoire de Nazianze/ Portail des chrétiens d’Orient/ Évêque de Constantinople/ Docteurs de l’Église catholique

Notes

[1] La Cappadoce est une région historique d’Asie Mineure située dans l’actuelle Turquie. Elle se situe à l’est de la Turquie centrale, autour de la ville de Nevşehir. La notion de « Cappadoce » est à la fois historique et géographique. Les contours en sont donc flous et varient considérablement selon les époques et les points de vue.

[2] Nazianze, Naziance ou Nazianzus est une ancienne ville de Cappadoce, patrie de Grégoire de Nazianze. Elle est un ancien évêché. Le site de Nazianze est identifié comme le village de Bekarlar appelé aussi Bekar et Nenezi situé au pied du volcan Nenezi Daği (environ 1 700 m).

[3] Kayseri est une ville de Turquie, préfecture de la province du même nom, située dans la région de Cappadoce au pied du mont Erciyes. La ville se situe à 320 km de la capitale Ankara et 770 km d’Istanbul. Elle est anciennement connue sous le nom de Césarée de Cappadoce ou Mazaca.

[4] Antioche est une ville de Turquie proche de la frontière syrienne, chef-lieu de la province de Hatay. Elle est située au bord du fleuve Oronte. Antioche était la ville de départ de la route de la soie.

[5] Sasime (ou Sasimes, aujourd’hui Sason en Turquie) est une ville de l’ancienne Mygdonie. Actuellement siège titulaire, elle a été érigée pendant quelques années comme siège épiscopal par Saint Basile de Césarée. Grégoire de Nazianze en fut le premier évêque.

[6] L’homoiousisme est une doctrine chrétienne apparue au 4ème siècle contestant l’homoousisme, c’est-à-dire la consubstantialité du Père avec le Fils, tel que formulé au premier concile de Nicée.

[7] Aux premiers temps du christianisme, le cénobitisme était une forme de vie monastique en communauté, propre aux cénobites, par opposition aux ermites et anachorètes qui vivaient seuls une vie consacrée à la prière et la contemplation. C’est l’ermite Pacôme le Grand qui est considéré comme l’initiateur des premiers monastères, tant masculins que féminins, sur un modèle militaire à partir de 315 en Égypte. Jean Cassien importa cette organisation monastique dans l’Occident chrétien autour de l’an 400. Dans les premiers exemples de vie cénobitique, les moines s’en remettaient à l’autorité d’un patriarche, d’un ancien, souvent appelé abba (père) ; par la suite, fut instituée l’élection d’un supérieur du monastère (l’abbé ou prieur), à qui les moines doivent une absolue obéissance.

[8] Silifke, l’ancienne Séleucie d’Isaurie, est une ville et un district du centre de la Province de Mersin, en Turquie, située à 80 km à l’ouest de la ville de Mersin.

[9] Le premier concile œcuménique se tint à Nicée, de la fin mai au 25 juillet 325. Il eut pour objectif principal de définir l’orthodoxie de la foi, à la suite de la controverse soulevée par Arius sur la nature du Christ.

[10] L’arianisme est un courant de pensée théologique des débuts du christianisme, due à Arius, théologien alexandrin au début du 4ème siècle. La pensée de l’arianisme affirme que si Dieu est divin, son Fils, lui, est d’abord humain, mais un humain disposant d’une part de divinité. Le premier concile de Nicée, convoqué par Constantin en 325, rejeta l’arianisme. Il fut dès lors qualifié d’hérésie par les chrétiens trinitaires, mais les controverses sur la double nature, divine et humaine, du Christ (Dieu fait homme), se prolongèrent pendant plus d’un demi-siècle. Les empereurs succédant à Constantin revinrent à l’arianisme et c’est à cette foi que se convertirent la plupart des peuples germaniques qui rejoignirent l’empire en tant que peuples fédérés. Les wisigoths d’Hispanie restèrent ariens jusqu’à la fin du 6ème siècle et les Lombards jusqu’à la moitié du 7ème siècle.

[11] Le premier concile de Constantinople, convoqué de mai à juillet 381, par l’empereur Théodose Ier en charge de l’Orient, est le deuxième concile œcuménique de l’histoire du christianisme après celui de Nicée. Théodose n’ayant pas invité les évêques d’Occident dont les juridictions dépendaient de son collègue Gratien, le concile réunit cent cinquante évêques, tous orientaux. Il est présidé par Mélèce 1er d’Antioche, puis, à sa mort, par Grégoire de Nazianze. Ce concile poursuit la réflexion dogmatique du premier concile de Nicée en proclamant la divinité du Saint-Esprit. Il établit un symbole de foi désigné sous le nom de symbole de Nicée-Constantinople qui complète le symbole de foi proclamé à Nicée. Il affirme aussi que « l’évêque de Constantinople tient le premier rang après l’évêque de Rome parce que Constantinople est la nouvelle Rome », ce qui donne ensuite son impulsion à la doctrine de la pentarchie.

[12] qui fait du christianisme et du credo du concile de Nicée la religion officielle de l’Empire romain

[13] L’apollinarisme est une doctrine christologique due à Apollinaire de Laodicée. Alors que la doctrine chrétienne orthodoxe attribue au Christ deux natures, l’une divine et l’autre humaine, dans une même personne (ou hypostase), l’apollinarisme nie l’existence d’une âme humaine chez le Christ et conçoit ce dernier comme étant le seul Verbe incarné dans un corps humain.