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Ptah

samedi 27 avril 2024, par lucien jallamion

Ptah

Personnage de la mythologie égyptienne

Ptah est le démiurge [1] de Memphis [2], dieu des artisans et des architectes. Dans la triade de Memphis, il est l’époux de Neith et deviendra tardivement celui de Sekhmet , il est le père de Néfertoum .

Ptah est le dieu impérial avec sous l’Ancien Empire [3]. Il est probable que le clergé de Memphis soit entré en lutte avec celui d’Héliopolis [4] à partir de la fin de la IVème dynastie, prenant de plus en plus l’ascendant sur la famille royale. Par la suite et dès le Moyen Empire [5], il fait partie des cinq grands dieux égyptiens avec Rê, Isis, Osiris et Amon.

À la XXVème dynastie, le pharaon nubien [6] Chabaka fera transcrire sur une stèle, la pierre de Chabaka [7], un vieux document théologique trouvé dans les archives de la bibliothèque du temple du dieu à Memphis [8]. Ce document, connu depuis sous le nom de Théologie memphite, considère que le dieu Ptah est à l’origine de la création de l’univers par la pensée et par le verbe

Ptah est représenté en général sous les traits d’un homme à la peau verte, enserré dans un suaire lui collant à la peau, portant la barbe divine et tenant un sceptre associant trois symboles puissants de la mythologie égyptienne

Si le dieu Ptah a pu être opposé au dieu solaire Rê, ou Aton lors de la période amarnienne [9], il incarne toutefois l’essence divine dont le dieu solaire s’est nourri pour venir à l’existence, c’est-à-dire pour naître, selon les textes mythologiques memphites. Dans le saint des saints de son temple de Memphis ainsi que sur sa grande barque sacrée, qu’il empruntait régulièrement en procession pour parcourir la région lors de grandes fêtes, le dieu était aussi symbolisé par deux oiseaux à têtes humaine coiffées de disques solaires, symboles des âmes du dieu Rê : les Bâou.

Enfin, Ptah s’incarne dans le taureau sacré Apis [10]. Fréquemment qualifié de héraut de Rê, l’animal sacré fait ainsi le lien avec le dieu Rê dès le Nouvel Empire [11]. Il recevait un culte à Memphis même, probablement au cœur du grand temple de Ptah, et à sa mort était inhumé avec tous les honneurs dus à un dieu vivant dans le sérapéum de Saqqarah [12].

Ptah sera aussi assimilé au dieu Héphaistos par les Grecs, puis à Vulcain par les Romains.

En tant que dieu des artisans, le culte du dieu Ptah s’est rapidement répandu dans toute l’Égypte. Avec les grands chantiers royaux de l’Ancien Empire, ses grands prêtres étaient particulièrement sollicités et œuvraient de concert avec le vizir [13], remplissant en quelque sorte le rôle d’architecte en chef et de maître des artisans chargés de la décoration des complexes funéraires royaux.

Au Nouvel Empire le culte du dieu se développera sous différentes formes plus particulièrement à Memphis qui reste sa patrie d’origine, mais également à Thèbes [14] où les ouvriers de la tombe royale l’honoraient en raison de sa qualité de patron des artisans. C’est pour cette raison qu’un oratoire à Ptah qui écoute les prières a été aménagé non loin du site de Deir el-Médineh [15], le village où étaient cantonnés ces ouvriers-artisans. À Memphis ce rôle d’intercesseur auprès des hommes était singulièrement visible dans l’aspect de l’enceinte qui protégeait les sanctuaires du dieu. De grandes oreilles étaient sculptées sur ces murs et symbolisaient ainsi son rôle de dieu à l’écoute des hommes.

Avec la XIXème dynastie, son culte se développe et il fait partie des quatre grands dieux de l’empire des Ramsès. Il recevra dès lors un culte à Pi-Ramsès [16] en tant que maître des jubilés et des couronnements.

Avec la IIIème période intermédiaire [17], le dieu revient au centre de la monarchie, le couronnement de Pharaon ayant à nouveau lieu au sein de son temple. Les Ptolémées [18] maintiendront cette tradition et les grands prêtres de Ptah furent alors de plus en plus associés à la famille royale. Certains d’entre eux épouseront même des princesses de sang, indiquant clairement le rôle éminent qu’ils jouaient à la cour des lagides.

P.-S.

Roland Harari et Gilles Lambert : - Dictionnaire des dieux et des mythes égyptiens, Le grand livre du mois, 2002.

Notes

[1] Le démiurge, ou le créateur, est la déité responsable de la création de l’univers physique dans diverses cosmogonies. Il peut désigner par extension tout créateur d’une œuvre

[2] Memphis est à l’origine le nom de Memphis, princesse de la mythologie grecque, qui aurait fondé une ville en Égypte à laquelle elle aurait donné son nom. Memphis était la capitale du premier nome de Basse Égypte, le nome de la Muraille blanche. Ses vestiges se situent près des villes de Mit-Rahineh et d’Helwan, au sud du Caire.

[3] L’Ancien Empire égyptien est une période de l’histoire de l’Égypte antique qui couvre une large partie du troisième millénaire (d’environ 2700 à 2200) avant notre ère. Succédant à la période thinite, qui a vu l’apparition de l’État égyptien, elle comprend les IIIe, IVe, Ve et VIe dynasties, puis s’achève par une période de fragmentation politique, la Première Période intermédiaire. Dès l’Antiquité, cette période était considérée par les Égyptiens eux-mêmes comme l’âge d’or de leur civilisation. Il s’agit en effet de la plus longue période de stabilité politique que l’Égypte ancienne ait connue, durant laquelle aucune menace extérieure n’est venue perturber l’ordre intérieur. La centralisation de l’État, amorcée sous les dynasties thinites, et la prospérité qui en a progressivement découlé, favorisent des développements artistiques et architecturaux considérables, perceptibles surtout dans les sites entourant la capitale de l’époque, Memphis. Ainsi sont posés les grands thèmes de la littérature classique égyptienne, les canons artistiques en matière de peinture et de sculpture, mais aussi le perfectionnement du système administratif qui perdurera sur près de trois millénaires.

[4] Héliopolis (la « ville du Soleil », aujourd’hui arabe Aîn-ech-Chams) est le nom donné par les Grecs à la ville antique de Onou (ou Iounou) dans le delta du Nil. Elle était la capitale du treizième nome de Basse Égypte. Les premières constructions datent du 27ème siècle avant notre ère.

[5] Le Moyen Empire est une période de l’histoire de l’Égypte antique qui suit la Première Période intermédiaire, et précède la Deuxième Période intermédiaire. Le Moyen Empire couvre une période allant des environs de 2033 à 1786 avant notre ère et a connu deux ou trois dynasties :

- la fin de la XIème dynastie (2106 à 1963) : ce n’est que sous Montouhotep II, vers 2033, lorsque le pays est réunifié, qu’on considère que la première période intermédiaire prend fin et qu’ainsi débute le Moyen Empire ;
- la XIIe dynastie (1963 à 1786) : âge d’or du Moyen Empire

- le début de la XIIIe dynastie : parfois entièrement considérée comme faisant partie de la Deuxième Période intermédiaire, le début de la dynastie semble gouverner une Égypte unifiée, même si la succession des rois est floue et rapide.

C’est une période de prospérité. La capitale principale est d’abord située à Thèbes, d’où sont originaires les rois de la XIème dynastie, puis à Itchtaouy au sud de Memphis.

[6] La Nubie est aujourd’hui une région du nord du Soudan et du sud de l’Égypte, longeant le Nil. Dans l’Antiquité, la Nubie était un royaume indépendant dont les habitants parlaient des dialectes apparentés aux langues couchitiques. Le birgid, un dialecte particulier, était parlé jusqu’au début des années 1970 au nord du Nyala au Soudan, dans le Darfour. L’ancien nubien était utilisé dans la plupart des textes religieux entre les 8ème et 9ème siècles.

[7] La pierre de Chabaka est une stèle de l’époque de la XXVème dynastie d’une hauteur de 92 centimètres et d’une longueur de 1,37 mètre découverte à Memphis et conservée au British Museum. Le texte couvre un rectangle d’environ 67 centimètres sur 153. Il est très abîmé en son centre car la pierre a servi ultérieurement dans un moulin.

[8] Le temple de Ptah situé à Memphis est le principal temple égyptien voué au culte de Ptah. Il portait le nom d’Hout-ka-Ptah, ce qui signifie en égyptien ancien, le Château du Ka de Ptah. Ce temple occupait la majeure partie de l’enceinte principale de la cité. Un certain nombre d’indices permettent d’en comprendre les principaux développements sans toutefois en assurer un aspect fiable nous permettant d’en donner une restitution complète, car le site en raison de son antiquité, de son rôle dans l’histoire du pays, de son emplacement à la pointe du delta du Nil non loin de la nouvelle capitale de l’Égypte moderne du Caire qui utilisa largement les sites de la région en tant que carrière, ne présente en effet à ce jour que de rares vestiges épars peu à peu encerclés par le développement urbain de toute la région.

[9] La période amarnienne désigne la période durant laquelle le pharaon Akhénaton régna dans sa nouvelle capitale, Akhetaton. Le nom arabe du site est Amarna, d’où l’adjectif amarnien, ienne. Sur le plan religieux, cette période fut marquée par un ensemble de réformes uniques dans l’histoire de l’Égypte ancienne : « le roi hérétique » proclama la suprématie du dieu solaire Aton, ferma les temples du dieu thébain Amon, interdit le culte des dieux traditionnels et confisqua les biens du clergé au profit de l’État. En même temps, il abandonna Thèbes, la capitale religieuse, et édifia sa nouvelle capitale plus au nord, dans un lieu désertique de la Moyenne Égypte, à Amarna. La cour de même que la chancellerie royale déménagèrent à Akhetaton et les notables qui suivirent le roi dans sa nouvelle capitale se firent creuser leurs sépultures dans les falaises entourant le site. Construite à la hâte et en grande partie en briques crues, la ville ne résista pas à l’épreuve du temps, ni à la hargne des successeurs d’Akhénaton qui ont cherché à effacer toute trace de l’hérésie amarnienne. Dans le domaine de l’art aussi, la période amarnienne est en rupture avec le passé : l’art amarnien se caractérise par une représentation des personnages, surtout de la famille royale, qu’on a qualifiée d’expressionniste ou de caricaturale. Cette représentation contraste avec une figuration délicate de la nature, un naturalisme où abondent les plantes, les fleurs et les animaux.

[10] Apis est le nom grec d’un taureau sacré de la mythologie égyptienne vénéré dès l’époque préhistorique. Les premières traces de son culte sont représentées sur des gravures rupestres, il est ensuite mentionné dans les textes des pyramides de l’Ancien Empire et son culte perdura jusqu’à l’époque romaine. Apis est symbole de fertilité, de puissance sexuelle et de force physique.

[11] Le Nouvel Empire est la période la plus prospère de toute l’histoire égyptienne après l’âge d’or connu dans l’Ancien Empire. C’est une période de raffinement et d’évolutions qui s’étale sur un peu plus de cinq siècles. L’initiateur en est Ahmôsis Ier, premier roi de cette époque. Chasseur des Hyksôs, il va mettre en place les fondations du Nouvel Empire en compagnie de sa mère Iâhhotep et de son épouse Ahmès-Néfertary. Le Nouvel Empire couvre une période allant d’environ -1500 à -1000, et est formé de trois dynasties : les XVIIIe, XIXe et XXe dynasties.

[12] Le Sérapéum de Saqqarah est une nécropole antique consacrée au taureau sacré Apis, située au nord du complexe funéraire de Djéser en Basse-Égypte. Le taureau, vénéré comme un Dieu, était momifié et enseveli à l’issue d’une vie toute consacrée à des cérémonies et des offrandes dans son temple de Memphis. L’origine de cette nécropole remonte à la XVIIIe dynastie. Sa fondation serait l’œuvre d’Amenhotep III et sa première extension magistrale au règne de Ramsès II. Elle ne cessera alors d’être agrandie sous les règnes suivants et jusqu’à la fin de l’époque pharaonique, à l’aube de l’époque chrétienne.

[13] Le mot persan vizir, désigne un fonctionnaire de haut rang, ayant un rôle de conseiller ou de ministre auprès des dirigeants musulmans (califes, émirs, maliks, padishah ou sultans).

[14] Thèbes (aujourd’hui Louxor) est le nom grec de la ville d’Égypte antique Ouaset (« Le sceptre » ou « La Puissante »), appartenant au quatrième nome de Haute Égypte. D’abord obscure capitale de province, elle prend une importance nationale à partir de la XIème dynastie. Elle est en effet la ville d’origine des dynastes de la famille des Antef, qui fondent la XIème dynastie avec Montouhotep 1er et Montouhotep II, liquidateurs de la Première Période Intermédiaire et rassembleurs des Deux Terres, c’est-à-dire de la Haute Égypte et de la Basse Égypte.

[15] Deir el-Médineh (ou Deir al-Médîna) est le nom arabe d’un village de l’Égypte antique où résidait la confrérie des artisans chargés de construire les tombeaux et les temples funéraires des pharaons et de leurs proches durant le Nouvel Empire (de la XVIIIe à la XXe dynastie). Le village se situe sur le chemin qui mène du Ramesséum à la vallée des Reines.

[16] Pi-Ramsès (ou Per-Ramsès), situé à l’emplacement de l’actuelle Qantir, fut la capitale de l’Égypte sous les XIXème et XXème dynasties. Signifiant Maison de Ramsès, cette cité riche et prospère fut le centre du pouvoir à l’époque ramesside. Établie sur la branche pélusiaque du Nil, son emplacement fut choisi sur le site de l’actuelle localité de Qantir, à proximité immédiate d’Avaris, l’ancienne capitale des Hyksôs, qui avaient régné sur la Basse-Égypte lors de la Deuxième Période intermédiaire. Séthi 1er y avait bâti un premier palais qui sera agrandi par son fils Ramsès II, quand celui-ci y établit la capitale dynastique.

[17] La Troisième Période intermédiaire (v. 1069-664 av. jc) est une période de transition qui relie les deux grandes époques du Nouvel Empire et de la Basse Époque, dernier chapitre de l’histoire de l’Égypte pharaonique. Elle couvre une période de près de 3 siècles, depuis le 9ème siècle jusqu’au 7ème siècle av. jc, et est dominée par des dynasties issues de peuplades libyennes installées dans le delta du Nil et en Moyenne-Égypte notamment, tandis que la Haute-Égypte glisse peu à peu de l’emprise des prêtres d’Amon à l’influence de plus en plus importante du royaume de Napata.

[18] Les Lagides ou Ptolémées sont une dynastie pharaonique issue du général macédonien Ptolémée, fils de Lagos (d’où l’appellation « lagide »), qui règne sur l’Égypte de 323 à 30 av. jc.