Flavius Justinus Junior Augustus dit Justin II (520-578)
Empereur byzantin de 565 à 578
Neveu de Justinien 1er et son successeur, celui-ci n’ayant pas de fils. Il accéda au trône à la mort de son oncle, désigné par celui-ci sur son lit de mort, en 565. Il épousa une nièce de l’impératrice Théodora, Sophie, à qui il abandonna rapidement la réalité du pouvoir.
L’Empire était épuisé militairement et financièrement par les efforts de restauration de l’empire romain entrepris sous le règne précédent et le nouvel empereur ne fut guère à la hauteur de sa tâche.
Sur la demande pressante de Sophie, il rappela Narsès d’Italie en 567 au moment où les Lombards, sous la direction de Alboïn, pénétrèrent dans la péninsule et s’emparèrent d’une partie des conquêtes justiniennes.
C’est ainsi qu’en 568 ils prirent Pavie [1], puis Spolète [2] et Bénévent [3] en 572. Cette même année fut créé l’exarchat de Ravenne [4] afin de résister au plus près aux invasions lombardes.
Parallèlement, à partir de 568 les Avars [5] envahirent la Dalmatie [6] et l’Illyrie [7]. Il fut obligé de signer avec eux un traité en 571 par lequel il s’engage à payer un fort tribut.
En Espagne les Wisigoths [8] du roi Léovigild reprirent Cordoue [9] en 572. Enfin la Cappadoce [10] et la Syrie furent ravagées par des incursions perses. En effet en Orient, tandis que Justinien achetait la paix aux frontières par le versement de tributs, Justin II adopta une diplomatie ferme et reprit la guerre avec les Perses, en partie pour soutenir les Arméniens révoltés contre le joug perse en 571. Il envoya donc le général Marcien, mais ce dernier échoua à prendre Nisibe [11]. Sophie le fit remplacer par son favori Acacius, mais les troupes grecques furent défaites à plusieurs reprises. Il perdit Dara [12] en Syrie en 573, et dut à nouveau payer un tribut d’un montant de 45 000 pièces d’or aux Perses.
Atteint de troubles mentaux, sans descendant direct pour lui succéder, il associa au trône un militaire, le futur Tibère II, en 574 sur les conseils de Sophie.
Notes
[1] Pavie est une ville de la province de même nom en Lombardie (Italie). Pavie est située sur les rives du Tessin, à une dizaine de kilomètres en amont de son confluent avec le Pô. Milan, au nord, est distante de 35 km ; Gênes, au sud, de 90 km ; Turin, à l’ouest, de 110 km.
[2] Le Duché de Spolète avait pour siège Spolète, une ville d’Ombrie en Italie centrale. Ayant conquis la Toscane et l’Ombrie, Alboin érigea ce pays en duché, dont la capitale fut Spolète, qui lui donna son nom. Faroald 1er, capitaine lombard, en reçut l’investiture des mains d’Alboin, en l’an 570, devenant un « dux » (duc). Spolète devint alors le siège d’un assez vaste duché, plus ou moins autonome par rapport aux rois lombards Authari et Agilulf. Siège d’un duché lombard, puis franc et d’une principauté assez importante, Spolète fut finalement incorporée aux États de l’Église en 1213.
[3] La province de Bénévent est une province italienne située dans la région de Campanie. Elle a une superficie de 2071 km² et comprend 78 communes,. Le chef-lieu provincial est Bénévent. Au Moyen Âge, la place forte de Bénévent est cependant prise par les Ostrogoths du roi Totila qui la rasent en 542 et vers 571, elle est prise par un détachement de Lombards venus du Nord de l’Italie et dirigés par le duc Zotton, premier duc lombard de Bénévent. Ce puissant duché se rend très vite autonome par rapport au roi des Lombards, siégeant à Milan puis à Pavie et ne fut qu’épisodiquement soumis au pouvoir royal. En 662, le duc Grimoald, devient roi des Lombards et rattache Bénévent au royaume lombard. Bénévent tombe plus tard aux mains des Normands dirigés par le comte Drogon d’Apulie en 1047, avant d’être ratachée à la Papauté en 1053. Elle devient dès lors possession papale jusqu’en 1806, quand Napoléon l’accorde à Talleyrand avec le titre du prince de Bénévent. Rendue au pape en 1814, elle est réunie au royaume d’Italie en 1860.
[4] L’exarchat de Ravenne, aussi connu sous le nom d’exarchat, est une circonscription administrative de l’Empire byzantin comprenant, entre les 6ème et 8ème siècles, les territoires byzantins d’Italie. Le siège est Ravenne et le mot exarchat désigne, par la suite, en particulier le territoire autour de la capitale. Cette institution vise à améliorer les conditions de défense contre les attaques des Barbares qui déferlent sur l’Occident.
[5] Les Avars ou Avares sont un peuple de cavaliers nomades dirigés par un Khâgan, parfois identifiés aux Ruanruan qui menaçaient la Chine au 3ème siècle. Ils seraient originaires de Mongolie, connu par les Chinois sous le nom de Ruanruan. Au 5ème siècle, leur khan Chö-louen fonde un empire nomade de la Corée à l’Irtych. En 546, leurs vassaux Tölech se révoltent. Bumin, chef des Tujue, réprime la rébellion et réclame en récompense la main d’une princesse ruanruan, ce qui lui est refusée. Vexé, il se décide à la révolte et envoie une ambassade en Chine auprès des Wei. Il s’allie avec eux et épouse une princesse Tabghatch en 551. En 552, le dernier khan ruanruan, encerclé se donne la mort. L’empire Avar s’effondre et est remplacé en Mongolie par celui des Köktürks, les survivants se réfugient à la frontière de la Chine où les Qi du Nord, successeurs des Wei, les établissent comme fédérés. Ceux qui se dirigent vers l’Europe sont connus sous le nom d’Avars, ils migrent vers l’ouest tout en poussant devant eux de petites peuplades turco-mongoles. Ils occupèrent la plaine hongroise au 7ème siècle. Puis, ils furent intégrés à l’empire.
[6] La Dalmatie est une région littorale de la Croatie, le long de la mer Adriatique, qui va de l’île de Pag, au nord-ouest, à Dubrovnik et la baie de Kotor au Monténégro au sud-est.
[7] L’Illyrie est un royaume des côtes de la rive orientale de l’Adriatique, correspondant à peu près à l’Ouest de la Croatie, de la Slovénie et de l’Albanie actuelle. Les Illyriens apparaissent vers le 20ème siècle av. jc. C’est un peuple de souche Indo-Européenne qui comprenait des Dalmates et des Pannoniens. Vers -1300 ils s’établissent sur les côtes Nord et Est de l’Adriatique. Les Illyriens sont les premiers avec les Grecs, à s’installer dans les Balkans et constituent un immense Royaume. Au VIIe siècle av. J.-C. et VIe siècle av. J.-C., l’Illyrie subit une forte héllénisation du fait de ses relations avec les Grecs, qui y ont fondé des comptoirs.
[8] Les Wisigoths entrent en Gaule, ruinée par les invasions des années 407/409. En 416 les Wisigoths et leur roi Wallia continuent leur invasion en Espagne, où ils sont envoyés à la solde de Rome pour combattre d’autres Barbares. Lorsque la paix avec les Romains fut conclue par le fœdus de 418, Honorius accorda aux Wisigoths des terres dans la province Aquitaine seconde. La sédentarisation en Aquitaine a lieu après la mort de Wallia. Les Wisigoths pénétrèrent en Espagne dès 414, comme fédérés de l’Empire romain. Le royaume des Wisigoths eut d’abord Toulouse comme capitale. Lorsque Clovis battit les Wisigoths à la bataille de Vouillé en 507, ces derniers ne conservent que la Septimanie, correspondant au Languedoc et une partie de la Provence avec l’aide des Ostrogoths. Les Wisigoths installèrent alors leur capitale à Tolède pour toute la suite. En 575 ils conquièrent le royaume des Suèves situé dans le nord du Portugal et la Galice. En 711 le royaume est conquis par les musulmans.
[9] Cordoue est une ville située dans le sud de l’Espagne, en Andalousie. Cordoue est la capitale de la province homonyme. La ville est située sur le Guadalquivir. Les musulmans conquirent la ville en 711. Elle devient alors le principal centre administratif et politique de l’Espagne musulmane (al-Andalus). À partir de 756, elle est la capitale de l’émirat de Cordoue, fondé par le prince omeyyade Abd al-Rahman 1er.
[10] La Cappadoce est une région historique d’Asie Mineure située dans l’actuelle Turquie. Elle se situe à l’est de la Turquie centrale, autour de la ville de Nevşehir. La notion de « Cappadoce » est à la fois historique et géographique. Les contours en sont donc flous et varient considérablement selon les époques et les points de vue. Hérodote considérait qu’elle était délimitée par le Taurus, l’Euphrate, le lac Salé et le Pont Euxin.
[11] Nusaybin ou est une ville du sud-est du Kurdistan située dans la province de Mardin, à la frontière turco syrienne. Elle est un haut lieu de l’histoire du christianisme de langue syriaque. C’est l’ancienne Antioche de Mygdonie. En 298 un accord de paix y est conclu entre l’Empire romain et les Sassanides à la suite de la victoire l’année précédente de Galère sur le « Grand Roi » Narseh.
La ville fut le siège de l’École théologique de Nisibe, une des grandes écoles théologiques des premiers siècles du christianisme, en prenant la suite de l’école d’Édesse dite aussi école des Perses après la fermeture de celle-ci en 489. En 530, Nusaybin est le théâtre d’une bataille pendant la guerre d’Ibérie opposant l’empire byzantin sous le commandement du général Bélisaire, aux Sassanides de Kavadh 1er. Kavadh , avec l’aide des Lakhmides, battit les forces de Bélisaire, résultant en une victoire sassanide après la défaite de la bataille de Dara.
[12] Darʿā, est une ville du sud-ouest de la Syrie proche des frontières avec la Jordanie, le Liban et Israël. Elle est la capitale du Gouvernorat de Deraa.