L’Histoire des Hébreux nous est essentiellement connue par la Bible [1]. Elle fut rédigée par des érudits ou scribes [2] juifs principalement entre 500 et 150 av. jc.
Les rédacteurs se sont appuyés sur des compilations de textes anciens, des archives de diverses origines et de différentes époques, mais probablement pas beaucoup plus haut que le 7ème ou le 8ème siècle av. jc.
Ils ne cherchaient pas à retrouver l’histoire du peuple hébreu au sens des historiens modernes mais ils voulaient montrer que, depuis l’origine, ce peuple avait noué une alliance avec un Dieu unique et que celui-ci s’était manifesté à travers toutes sortes de signes et d’événements. Il s’agit d’un récit théologique dans lequel les historiens et les archéologues peuvent parfois trouver des informations historiques, surtout pour les périodes postérieures au 10ème siècle.
La plupart des événements relatés dans la Bible sont censés se dérouler au 2ème millénaire av. jc à moins qu’ils ne se perdent dans la nuit des temps.
La Bible raconte l’histoire des Hébreux depuis l’alliance conclue par Dieu avec Abraham . Ce chef de clan prospère serait né à Ur [3], en Chaldée [4].
Selon le premier livre de la Bible, la Genèse [5],Yahvé [6] noue avec Abraham une alliance. Il l’engage à quitter sa contrée et à partir vers la terre de Canaan [7], ainsi nommée d’après Cham , l’un des fils de Noé .
Dieu annonce aussi à Abraham qu’il aura un fils, Isaac , de son épouse Sarah et qu’il sera le père d’une multitude de nations ! Abraham part donc avec son peuple, qu’on dénomme les Hébreux.
Après une longue errance, la petite troupe s’établit enfin dans le pays de Canaan, où coulent le lait et le miel sous la conduite d’Isaac et de son fils Jacob , surnommé Israël en souvenir de son combat contre un ange relaté par la Bible.
Ce pays de Canaan, entre le Jourdain [8] et la Méditerranée, n’est autre que l’actuelle Palestine [9].
Une partie des Hébreux auraient émigré plus tard en Égypte, à la recherche d’un mieux-être.
D’après la Bible, Joseph fils de Jacob et petit-fils d’Isaac, serait devenu, du fait de sa grande sagesse, le Premier ministre du pharaon. Il aurait alors invité ses 11 frères à le rejoindre.
Bientôt victimes de vexations, les Hébreux seraient revenus à Canaan après s’être libérés du joug égyptien, sous la conduite du prophète Moïse.
Longtemps, on a situé l’arrivée des Hébreux en Égypte au temps de l’occupation du delta du Nil par les conquérants étrangers Hyksos [10] et la sortie d’Égypte vers environ 1200 ans avant notre ère, sous le règne de Merenptah ou de son père Ramsès II . Aujourd’hui ces événements sont remis en doute en s’appuyant à la fois sur une analyse scientifique du texte et sur des études archéologiques.
Celle-ci nous est seulement connue par le deuxième livre de la Bible, l’Exode [11], rédigé plusieurs siècles plus tard.
D’après ce récit, après une longue errance dans le désert du Sinaï [12] puis la conquête guerrière du territoire de Canaan, les Hébreux se partagent les riches terres de la Terre promise.
Chacune des 12 tribus issues de la descendance de Jacob reçoit son lot à l’exception des descendants de Lévi [13], auxquels Moïse, selon la Bible, a réservé l’exercice du culte.
La première trace historique des Hébreux nous vient d’une stèle au nom du pharaon Merenptah qui exalte une victoire égyptienne sur les Hébreux en 1207 av. jc.
Les historiens parlent des Hébreux pour la période des patriarches [14], des Israélites pour la période royale et des Juifs après l’exil de Babylone [15].
Selon la Bible, les Hébreux, après leur errance dans le désert, auraient entrepris vers 1230 av. jc la conquête de Canaan qui serait ainsi devenu leur royaume. Ce territoire, situé entre le fleuve Jourdain et la Méditerranée, où sont censés s’être déroulés de nombreux événements guerriers comme la prise de Jéricho [16] par exemple, est très peuplé depuis la préhistoire.
Une civilisation prospère s’y est développée à partir de 1750 av. jc, les Cananéens. Comme leurs voisins de Syrie [17] et de Mésopotamie, les Cananéens ont créé un réseau de cités-états raffinées, ornées de palais et de temples importants. Ils adorent de nombreux dieux comme Dagon , le dieu des céréales, et Baal, le dieu de l’orage, Astarté , la déesse de la fécondité.
Au 12ème siècle av. jc, de nouveaux villages se développent sur les collines de Judée [18].
Les premiers Hébreux seraient donc en réalité des Cananéens qui ont modifié leurs croyances et non pas des conquérants venus de l’extérieur.
Les premiers habitants connus du littoral oriental de la Méditerranée sont les Cananéens, ancêtres des Phéniciens. D’où le nom de pays de Canaan qui lui est plusieurs fois donné dans la Bible.
De cette population se détachent les Hébreux aux environs de 1800 avant jc. Ce groupe, sur lequel l’archéologie et l’Histoire manquent d’informations précises, va donner corps à la première religion monothéiste.
Au tournant du 1er millénaire avant notre ère, les différentes tribus hébraïques portent à leur tête un roi [19] pour résister aux menaces extérieures. Mais ce royaume va se diviser à la troisième génération et succomber aux attaques successives des Assyriens [20] avec Sargon 1er puis des Babyloniens avec Nabuchodonosor.
Au 6ème siècle av. jc, les habitants de la Judée sont exilés en Mésopotamie, dans la région de Babylone. Une partie d’entre eux reviennent chez eux un demi-siècle plus tard grâce à la bienveillance du roi de Perse Cyrus 1er, vainqueur des Babyloniens.
Fortifiés par l’épreuve de l’exil, ils donnent à la religion judaïque sa structure définitive et en font la base de leur organisation sociale. Mais ils ne vont pas jouir longtemps de leur liberté retrouvée. Les Grecs d’Alexandre le Grand puis les Romains de Pompée vont les soumettre à leur loi et ne leur laisser qu’une autonomie relative.
Au premier millénaire avant notre ère, la Palestine connaît une forte poussée démographique. Elle croule même sous le poids des hommes, d’où une première vague d’émigration vers les autres contrées du Moyen Orient et de la Méditerranée. Cette émigration est tantôt volontaire, tantôt contrainte c’est le cas lorsque Nabuchodonosor déporte les habitants de la Judée à Babylone.
Au début de notre ère, on évalue la population de la Palestine à près de trois millions d’habitants (presque autant qu’aujourd’hui), ce qui est énorme pour l’époque (l’empire romain à son apogée compte environ 50 millions d’âmes et le monde entier, environ 250 millions).
La victoire de Titus, la séduction de la civilisation gréco-romaine accélèrent l’émigration hors de Palestine. Les juifs vont rejoindre les nombreuses communautés de la diaspora déjà installées en Mésopotamie, en Égypte et autour de la Méditerranée, parfois depuis plusieurs siècles.