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Dracon introduit la démocratie à Athènes

mercredi 26 février 2025, par lucien jallamion

621 av. jc : Dracon introduit la démocratie à Athènes

La démocratie désigne un régime politique où l’ensemble des citoyens participent aux décisions qui concernent la collectivité ou du moins au choix des dirigeants.

Le mot vient du grec dêmos [1], et arkein, commander. Pourquoi le grec ? Parce que les cités-États de la Grèce ancienne nous ont livré les premiers témoignages de l’élaboration d’un tel régime de 700 à 600 ans avant jc.

On peut déceler les prémices de la démocratie dans l’introduction par Dracon d’un code pénal équitable en 621 avant jc, à Athènes [2].


La Grèce archaïque des Âges sombres était dépourvue de lois précises.


Dans les palais royaux, lorsqu’un usurpateur prenait place sur le trône sans attendre la mort naturelle du patriarche, il était évident que les enfants du roi spolié avaient intérêt à s’enfuir pour sauver leur vie. L’usurpateur ne manquait jamais de mettre sa progéniture sur le trône quitte à supprimer les gêneurs.

Selon les croyances religieuses, les dieux eux-mêmes pouvaient être chassés momentanément de l’Olympe [3] pour avoir commis un crime : leur peine, en règle générale, était de se mettre au service d’un humain comme Apollon et Poséidon au service de Laomédon.

Plus prosaïquement, au niveau humain, chaque clan ou Génos possédait plus ou moins sa propre manière de régler ses comptes sans en référer à une quelconque autorité suprême. Tous les membres d’un clan étaient solidaires. Porter atteinte à l’un d’eux revenait à bafouer le clan entier car, dans l’Antiquité, existait un code auquel nul ne pouvait se dérober : la vengeance du sang.

En clair, cela signifiait que toute personne assassinée pour une raison ou pour une autre devait être vengée par un membre de la famille, forcé d’assassiner à son tour le coupable. La vengeance était une obligation absolue exigée par le fantôme de la victime afin que son âme n’erre pas éternellement de l’autre côté de l’Achéron [4] sans pouvoir être jugée et donc ne pas avoir la permission d’entrer dans les Champs Élysées [5] comme les morts sans sépulture.

Chaque Génos était régi par des rhètres [6], à l’image des rhètres de Lycurgue qui régissaient la cité de Sparte [7]. Elles étaient tacitement acceptées de tous les citoyens.

À Athènes, la première organisation sociale remonte, selon la légende, au roi Thésée qui aurait réparti la population en 3 catégories.

- Les Eupatrides [8] sont les chefs des familles les plus riches,

- Les Géôrggés désignent les cultivateurs

- Les Démiurges les artisans.


Vers 682 av. jc, la monarchie disparaît au profit d’un gouvernement aristocratique dominé par les Eupatrides.

Ceux-ci mènent la vie dure aux paysans pauvres en exigeant d’eux une dîme égale à un sixième des récoltes et en réduisant en esclavage ceux qui ne paient pas leurs dettes.

Les représentants des grandes familles se réunissent régulièrement sur l’Aréopage [9], une colline qui doit son nom au dieu Arès le dieu de la guerre aurait été jugé par ses pairs à cet endroit.

Là, ils élisent les magistrats et nomment les 9 archontes [10] qui constituent le gouvernement de la cité. Les 3 premiers reprennent les anciennes fonctions royales :

- l’archonte éponyme donne son nom à l’année de son mandat ;

- l’archonte-roi assure les charges religieuses

- l’archonte polémarque est responsable des affaires militaires.

Avec le développement du commerce et d’une certaine forme d’industrie, la majorité du peuple, vouée à la paysannerie, tend à s’appauvrir cependant qu’émerge une classe de riches marchands. Ces derniers ne tardent pas à entrer en conflit avec l’aristocratie terrienne des Eupatrides.


Pour apaiser les tensions entre les différentes classes sociales, un hardi réformateur du nom de Dracon édicte vers 621 av. jc les premières lois écrites, identiques pour toutes les classes sociales. Il supprime l’autorité du patriarche du Génos et surtout la vengeance privée. Les pauvres ne sont plus jugés selon le bon plaisir des Eupatrides.

Dracon fait aussi la distinction entre le meurtre volontaire et l’homicide involontaire.

Parlant de l’extrême rigueur de son code, les infractions même mineures, comme le vol d’un chou, étaient punies de mort.

Nous devons nous replacer dans le contexte de violence de cette époque pour comprendre la portée de ces lois. C’est que pour retirer aux familles puissantes l’envie de se venger, il fallait leur donner l’assurance que le coupable d’un délit serait plus sévèrement puni par la société que par eux-mêmes ! Ainsi, la sévérité des lois désintéressait les membres d’une famille de la vengeance collective et en outre dissuadait les criminels potentiels. De cette double façon, l’État s’alliait à l’individu pour le soustraire à l’emprise du Génos et pour lui donner le sentiment de son indépendance.

Pourtant, la réforme de Dracon est loin d’être suffisante et n’empêche pas les Eupatrides de consolider leur pouvoir sur la cité. Elle sera heureusement complétée par les réformes de Solon.

P.-S.

Source : Cet article est partiellement ou en totalité issu du texte de Ysaline Homant/Dracon introduit la démocratie à Athènes/ .herodote net/621 av jc/-evenement—6210000

Notes

[1] qui désigne le peuple, c’est-à-dire l’ensemble des citoyens riches et pauvres

[2] Athènes est l’une des plus anciennes villes au monde, avec une présence humaine attestée dès le Néolithique. Fondée vers 800 av. jc autour de la colline de l’Acropole par le héros Thésée, selon la légende, la cité domine la Grèce au cours du 1er millénaire av. jc. Elle connaît son âge d’or au 5ème siècle av. jc, sous la domination du stratège Périclès

[3] Le mont Uludağ est la plus haute montagne de l’Ouest de la Turquie (2 543 m d’altitude). Il se situe à environ 30 kilomètres au sud de la ville de Bursa et marque la frontière de la province du même nom. Elle consiste en une longue formation d’environ 15 km de long par 3 km de large. Son sommet le plus élevé se nomme Kartaltepe

[4] L’Achéron est un fleuve côtier d’Épire, en Grèce. Il se jette dans la mer Ionienne à huit kilomètres de Párga, dans la baie de Phanari. Il est aussi appelé (à l’époque moderne) Phanariotikos et Mavropotamos. Dans la mythologie grecque, l’Achéron est une branche de la rivière souterraine du Styx, sur laquelle Charon transportait en barque les âmes des défunts vers les Enfers. Il reçoit deux affluents en sens contraire : le Cocyte et le Phlégéthon. En tant que dieu fleuve, il est fils d’Hélios (le Soleil) et de Gaïa (la Terre)1 et est marié à la nymphe Orphné. Il est le père d’Ascalaphe. Zeus le précipita aux Enfers pour avoir étanché la soif des Titans. Charon manœuvre sa barque sur l’Achéron qui charrie d’énormes blocs de rochers. Il est représenté sous l’apparence d’un vieil homme aux vêtements humides, appuyé sur une urne noire, d’où sort une eau bouillonnante. Il est marié à la nymphe Orphné, également appelée Gorgyra, qui donnera naissance à leur fils Ascalaphe

[5] Dans la mythologie grecque et romaine, les champs Élysées, champs Élyséens, ou simplement l’Élysée, sont les lieux des Enfers ou du séjour des morts où les héros et les gens vertueux goûtent le repos après leur trépas.

[6] C’était des lois non écrites

[7] Sparte était une ville-état de premier plan dans la Grèce antique . Dans l’Antiquité, la ville-état était connue sous le nom de Lacedaemon, tandis que le nom de Sparte désignait son établissement principal sur les rives de la rivière Eurotas en Laconie, dans le sud-est du Péloponnèse. Vers 650 av. jc, elle est devenu la puissance terrestre militaire dominante dans la Grèce antique. Compte tenu de sa prééminence militaire, Sparte fut reconnu comme le chef de file des forces grecques combinées pendant les guerres gréco-perses. Entre 431 et 404 av. jc, Sparte fut le principal ennemi d’ Athènes pendant la guerre du Péloponnèse

[8] en grec : Ceux qui ont bien mérité la Patrie

[9] L’aréopage avait un pouvoir judiciaire à Athènes lors de la démocratie (-500 à -300) il était formé de 9 anciens archontes. Originellement, l’Aréopage était un conseil puissant, composé des citoyens ayant rempli avec le plus de brio les magistratures les plus importantes. Cependant, une réforme de 461 av.jc limita très fortement son pouvoir en le circonscrivant au domaine judiciaire (on parla alors du tribunal de l’Aréopage). Toutefois, de temps à autre, il pouvait retrouver son rôle de conseil, mais simplement sur un plan moral. Il n’est pas étonnant que, dans les débats politiques sur le meilleur gouvernement qui fleurissent dès la fin du 5ème siècle, de nombreux auteurs opposés à la démocratie pure (Platon, Thucydide, Aristote) aient voulu valoriser le rôle de cette institution plutôt oligarchique. L’Aréopage siégeait la nuit : on n’y permettait aucun artifice oratoire pour émouvoir ou attendrir les juges.

[10] L’Archontat est la période pendant laquelle un archonte était en fonction. À Athènes, l’archontat fut d’abord une transformation de la royauté, entourée de détails légendaires. En 683 av.jc, est institué un collège annuel de neuf archontes, dont les trois premiers se partageaient les anciennes prérogatives de la royauté.