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Al-Mundhir III ibn al-Nu’man ou Al-Mundhir ibn Imri’ al-Qays

mercredi 27 janvier 2021, par ljallamion

Al-Mundhir III ibn al-Nu’man ou Al-Mundhir ibn Imri’ al-Qays (mort en 554)

roi des Lakhmides de 503/505 à 554

Le nom de sa mère est Marie bint Awf bin Geshem. Il est le fils d’al-Nu’man II ibn al-Aswad auquel il succède soit après sa mort en 503, soit après un court interrègne de Abu Ya’fur ibn Alqama. Il est l’un des plus célèbres rois des Lakhmides [1], connu pour ses exploits militaires, intervenus pour certains d’entre eux avant son arrivée au pouvoir. Ainsi, en 503, il mène un raid dans les provinces romaines d’Arabie Pétrée [2] et de Palestine Salutaris, capturant un grand nombre de prisonniers. La zone des raids d’al-Mundhir couvre la région entre l’Euphrate [3] à l’est, l’Égypte à l’ouest et le Nejd [4] au sud. C’est dans cette dernière région qu’une bataille a lieu contre Maadi Karb, le roi d’Himyar [5], en 516.

En 526, la guerre d’Ibérie [6] éclate entre l’Empire byzantin [7] et les Sassanides [8], dont les Lakhmides sont les alliés. Par conséquent, al-Mundhir lance un raid destructeur contre la Syrie [9], dans lequel 2 importants généraux byzantins sont capturés, Timostratus et Jean. Justinien réagit en envoyant une ambassade conduite par Abramius le père de Nonnosos et Siméon de Beth Arsham, pour lui proposer la paix. Ces derniers sont rejoints par Serge de Rasafa. Cette ambassade échoue et Al-Mundhir récidive en 528, s’emparant d’un large butin.

Ces raids sont aussi une réaction au soutien apporté par les Byzantins à son rival Aréthas le Kindite qui s’est brièvement emparé d’Al-Hira [10], la capitale du royaume des Lakhmides. En 529, il renouvelle ses attaques, s’emparant de la région frontalière. Par la suite, il se dirige vers Nisibe [11] et Arzona, qu’il pille et ravage, avant de poursuivre vers Apamée [12]. Toutefois, il doit renoncer à s’emparer d’Antioche [13], protégée par une grande armée byzantine. Il se replie sur son territoire avec un important butin et 400 religieuses qu’il fait brûler en l’honneur de la déesse Uzza , selon un témoignage cité par Zacharie le Rhéteur. Il est alors poursuivi par un autre personnage du nom d’Aréthas ou Al-Harith V ibn Jabalah, bientôt reconnu roi fédéré des Arabes romains dans la région allant de Palmyre [14] à la mer Morte [15].

Après la signature de la paix éternelle entre Justinien et Chosroès 1er en 532, Al-Mundhir n’en continue pas moins ses raids sur les terres frontalières contre l’Empire byzantin, alors même que ce dernier lui verse une pension de 7 200 sous annuels dans le cadre du traité de paix.

Al-Mundhir est de nouveau au centre de la rivalité byzantino-perse à l’occasion de la guerre lazique [16]. En effet, peu avant celle-ci, les Byzantins tentent d’arbitrer un conflit entre les Ghassanides [17], pro-byzantins et les Lakhmides, pro-perses, tout en offrant de l’argent à ces derniers pour qu’ils se détournent des Perses.

Ceux-ci en tirent un prétexte pour reprendre les hostilités. Lors de cette guerre, Al-Mundhir joue de nouveau le rôle de supplétif auprès de Chosroès. Il accompagne la campagne perse du printemps 542 qui assiège Sergiopolis [18] sans résultats.

Al-Mundhir est tué en juin 554, lors de la bataille de Yawm Halima contre les Ghassanides, cette opposition se plaçant dans le cadre de la lutte pour la suprématie régionale entre les Byzantins et les Perses. Ses trois fils lui succèdent successivement

P.-S.

Source : Cet article est partiellement ou en totalité issu du texte de Pierre Maraval, Justinien, Le rêve d’un empire chrétien universel, Paris, Tallandier, 2016 (ISBN 9791021016422)

Notes

[1] Les Lakhmides sont une tribu pré-islamique arabe du sud de l’Irak alliée des Perses, avec pour capitale Al-Hira. Rivaux des Ghassanides, ils faisaient partie de l’Église de l’Orient. Par contre, les souverains lakhmides ne sont pas chrétiens, à l’exception du dernier, An-Nu’man III, exécuté en 602 par les Perses. Ils sont longtemps au service de la politique perse de contrôle des tribus arabes de leur empire. Leurs revenus viennent des bénéfices commerciaux, du butin de leurs expéditions principalement contre les tribus arabes et les autres populations des confins du Shâm, et du tribut versé par les tribus arabes soumises. Après la conquête arabe, l’établissement militaire permanent des conquérants se fait à Kûfa, 6 km au nord est d’Hîra. Alî, émir de Hîra y est assassiné, selon les sources arabes. Les descendants des Lakhmides sont la famille princière Arslan. C’est une famille druze qui a toujours occupé le Mont-Liban.

[2] La province romaine d’Arabie ou Arabie pétrée est créée en 106 par la conquête du royaume Nabatéen (dont la capitale est Pétra) qui fut un des derniers royaumes du Moyen-Orient sous protectorat romain. Débouché des caravanes venues du Sud arabique ou du golfe Persique, il occupait une région importante pour les liaisons stratégiques des Romains entre l’Égypte d’une part, la Judée et la Syrie d’autre part.

[3] L’Euphrate est un fleuve d’Asie de 2 780 km de long. Il forme avec le Tigre dans sa partie basse la Mésopotamie. Son débit est particulièrement irrégulier puisque plus de la moitié de son flux s’écoule de mars à mai et que le débit peut tomber à 300 m3/s contre un débit moyen de 830 m3/s à l’entrée en Syrie. En période de crue, il peut atteindre 5 200 m3/s pouvant provoquer de graves inondations. Les deux branches mères de l’Euphrate naissent sur le haut-plateau anatolien : celle de l’ouest, ou Karasu, naît près d’Erzurum, dont elle traverse la plaine ; celle de l’est, le Murat, se forme au Nord du lac de Van, sur les flancs d’un contrefort occidental de l’Ararat. Il traverse ensuite la zone de piémont, zone aride partagée entre la Syrie et l’Irak. Arrivé aux environs de Ramadi en Irak, il entre dans la plaine fertile de Mésopotamie, passant par Fallujah à proximité de Bagdad, et puis à environ 1 km à l’ouest des ruines de Babylone. Il rejoint le Tigre dans le sud-est du pays à Qurna à environ 100 km au nord-ouest de Bassorah pour former le Chatt-el-Arab et se jeter dans le golfe Persique.

[4] Le Nejd ou Najd est une région du centre de l’Arabie saoudite et comprend, en particulier, la capitale de cet État, Riyad. C’est un plateau situé entre 762 et 1 525 mètres. La partie orientale comprend plusieurs villages établis sur des oasis, tandis que le reste du plateau est occupé par des bédouins nomades. La région fut conquise sur l’Empire ottoman par Abd al-Aziz ben Abd al-Rahman Al Saoud, qui s’y tailla un émirat grâce à son alliance avec Mohammed ibn Abd el-Wahhâb entre 1899 et 1912. En 1932, le Nejd devint une province de la nouvelle Arabie saoudite.

[5] Himyar est un royaume antique d’Arabie du Sud qui connut son apogée au début du 1er siècle en constituant un Empire qui contrôlait une grande partie de l’Arabie méridionale. Ses habitants sont appelés Himyarites ou parfois Homérites.

[6] L’Ibérie, aussi connue sous le nom d’Ivérie, est le nom donné par les Grecs et les Romains à l’ancien royaume de Karthlie et correspondant approximativement aux parties méridionale et orientale de l’actuelle République de Géorgie. Les Ibères du Caucase forment une base pour le futur État géorgien et, en même temps que les Colches de Colchide, le noyau de la population géorgienne actuelle. La région n’était, jadis, habitée que par quelques tribus qui faisaient partie du peuple appelé « Ibères ».

[7] L’Empire byzantin ou Empire romain d’Orient désigne l’État apparu vers le 4ème siècle dans la partie orientale de l’Empire romain, au moment où celui-ci se divise progressivement en deux. L’Empire byzantin se caractérise par sa longévité. Il puise ses origines dans la fondation même de Rome, et la datation de ses débuts change selon les critères choisis par chaque historien. La fondation de Constantinople, sa capitale, par Constantin 1er en 330, autant que la division d’un Empire romain de plus en plus difficile à gouverner et qui devient définitive en 395, sont parfois citées. Quoi qu’il en soit, plus dynamique qu’un monde romain occidental brisé par les invasions barbares, l’Empire d’Orient s’affirme progressivement comme une construction politique originale. Indubitablement romain, cet Empire est aussi chrétien et de langue principalement grecque. À la frontière entre l’Orient et l’Occident, mêlant des éléments provenant directement de l’Antiquité avec des aspects innovants dans un Moyen Âge parfois décrit comme grec, il devient le siège d’une culture originale qui déborde bien au-delà de ses frontières, lesquelles sont constamment assaillies par des peuples nouveaux. Tenant d’un universalisme romain, il parvient à s’étendre sous Justinien (empereur de 527 à 565), retrouvant une partie des antiques frontières impériales, avant de connaître une profonde rétractation. C’est à partir du 7ème siècle que de profonds bouleversements frappent l’Empire byzantin. Contraint de s’adapter à un monde nouveau dans lequel son autorité universelle est contestée, il rénove ses structures et parvient, au terme d’une crise iconoclaste, à connaître une nouvelle vague d’expansion qui atteint son apogée sous Basile II (qui règne de 976 à 1025). Les guerres civiles autant que l’apparition de nouvelles menaces forcent l’Empire à se transformer à nouveau sous l’impulsion des Comnènes avant d’être disloqué par la quatrième croisade lorsque les croisés s’emparent de Constantinople en 1204. S’il renaît en 1261, c’est sous une forme affaiblie qui ne peut résister aux envahisseurs ottomans et à la concurrence économique des républiques italiennes (Gênes et Venise). La chute de Constantinople en 1453 marque sa fin.

[8] Les Sassanides règnent sur le Grand Iran de 224 jusqu’à l’invasion musulmane des Arabes en 651. Cette période constitue un âge d’or pour la région, tant sur le plan artistique que politique et religieux. Avec l’Empire romano byzantin, cet empire a été l’une des grandes puissances en Asie occidentale pendant plus de quatre cents ans. Fondée par Ardashir (Ardéchir), qui met en déroute Artaban V, le dernier roi parthe (arsacide), elle prend fin lors de la défaite du dernier roi des rois (empereur) Yazdgard III. Ce dernier, après quatorze ans de lutte, ne parvient pas à enrayer la progression du califat arabe, le premier des empires islamiques. Le territoire de l’Empire sassanide englobe alors la totalité de l’Iran actuel, l’Irak, l’Arménie d’aujourd’hui ainsi que le Caucase sud (Transcaucasie), y compris le Daghestan du sud, l’Asie centrale du sud-ouest, l’Afghanistan occidental, des fragments de la Turquie (Anatolie) et de la Syrie d’aujourd’hui, une partie de la côte de la péninsule arabe, la région du golfe persique et des fragments du Pakistan occidental. Les Sassanides appelaient leur empire Eranshahr, « l’Empire iranien », ou Empire des Aryens.

[9] La Syrie fut occupée successivement par les Cananéens, les Phéniciens, les Hébreux, les Araméens, les Assyriens, les Babyloniens, les Perses, les Grecs, les Arméniens, les Romains, les Nabatéens, les Byzantins, les Arabes, et partiellement par les Croisés, par les Turcs Ottomans et enfin par les Français à qui la SDN confia un protectorat provisoire pour mettre en place, ainsi qu’au Liban, les conditions d’une future indépendance politique.

[10] Al-Hîra est une ville d’Irak située sur la rive droite de l’Euphrate à 18 km au sud-est de Nadjaf. Al-Hîra est déjà une ville assez importante avant l’ère islamique. C’est à l’origine un campement militaire. Des populations arabes poursuivent une migration vers le Proche-Orient depuis des siècles. La population locale, principalement araméenne (Beth Aramayè), comporte bien avant l’islam de bonnes proportions d’arabes. Les Sassanides appellent Arabistan le sud de l’Irak, l’île (Gzîrta en syriaque, al-Jazirâ en arabe, ou localement Djezirzh). L’un des premiers royaumes arabes en dehors de l’Arabie s’établit à Al-Hîra. La dynastie locale des Lakhmides, vassale des Sassanides depuis Shapur II, a pour mission de protéger l’empire Sassanide des incursions des autres tribus arabes. Elle devient la capitale des Lakhmides au 5ème et 6ème siècles.Al-Hîra1 est une ville d’Irak située sur la rive droite de l’Euphrate à 18 km au sud-est de Nadjaf. Al-Hîra est déjà une ville assez importante avant l’ère islamique. C’est à l’origine un campement militaire. Des populations arabes poursuivent une migration vers le Proche-Orient depuis des siècles. La population locale, principalement araméenne (Beth Aramayè), comporte bien avant l’islam de bonnes proportions d’arabes. Les Sassanides appellent Arabistan le sud de l’Irak, l’île (Gzîrta en syriaque, al-Jazirâ en arabe, ou localement Djezirzh). L’un des premiers royaumes arabes en dehors de l’Arabie s’établit à Al-Hîra. La dynastie locale des Lakhmides, vassale des Sassanides depuis Shapur II, a pour mission de protéger l’empire Sassanide des incursions des autres tribus arabes. Elle devient la capitale des Lakhmides au 5ème et 6ème siècles.

[11] ville située aux confins des empires romain et perse, passée plusieurs fois de l’une à l’autre domination, située aujourd’hui dans le sud-est de la Turquie

[12] Apamée, actuellement Qal`at al-Madhīq est un site archéologique en Syrie, située près de l’Oronte, à 55 km au nord-ouest de Hama. Elle se situe en bordure d’un plateau, à l’est du Ghāb, sur une éminence qui domine une vaste plaine fertile. Elle présente le type habituel d’urbanisme colonial qui se caractérise par un plan régulier à damier, avec des îlots rectangulaires, à l’intérieur d’une immense enceinte. La ville connut un brusque développement au 2ème siècle av. jc, signe d’accroissement démographique et de prospérité. On construisit alors un mur d’enceinte de près de 7 km de circonférence, et on prolongea la grande colonnade avec des portiques et des boutiques construites au-delà de la porte nord.

[13] Antioche est une ville de Turquie proche de la frontière syrienne, chef-lieu de la province de Hatay.

[14] Palmyre est une oasis du désert de Syrie, à 210 km au nord-est de Damas, où se situe un site historique très riche en ruines archéologiques, et la ville moderne de Tadmor. Palmyre était un point de passage sur une des deux routes (ou pistes) antiques - conçues pour faciliter la traversée du désert - menant de Sippar (ou Abu Habbah) à Qatna (en Syrie), laquelle route se divisait en plusieurs sous-branches pour finalement aboutir aux ports Phéniciens, à Damas, en Palestine, et également en Égypte. Les auteurs du deuxième livre des Chroniques dans la Bible attribuent la construction de Palmyre au roi Salomon.

[15] La mer Morte est un lac salé du Proche-Orient partagé entre Israël, la Jordanie et la Cisjordanie. D’une surface approximative de 810 km², il est alimenté par le Jourdain. Alors que la salinité moyenne de l’eau de mer oscille entre 2 et 4 %, celle de la mer Morte est d’approximativement 27,5 % (soit 275 grammes par litre). Aucun poisson ni aucune algue macroscopique ne peuvent subsister dans de telles conditions, ce qui lui vaut le nom de « mer morte ». Néanmoins des organismes microscopiques (plancton, bactéries halophiles et halobacteria, etc.) s’y développent normalement. Elle est identifiée au lac Asphaltite de l’Antiquité. Flavius Josèphe dans la Guerre des Juifs utilise cette dénomination

[16] La guerre lazique aussi appelée Grande Guerre d’Egris idi Omi ou Guerre colchique dans l’historiographie de la Géorgie), opposa les empires byzantin et sassanide pour le contrôle de la région de la Lazique (ou Egrisi) correspondant actuellement à l’ouest de la Géorgie. La guerre lazique dura une vingtaine d’années entre 541 et 562, ponctuées par des retournements de situation, pour finalement s’achever sur une victoire byzantine. La guerre lazique a été racontée en détail dans les ouvrages de Procope de Césarée et Agathias le Scolastique.

[17] Les Ghassanides sont une tribu arabe chrétienne qui a fondé un royaume arabe pré-islamique dans la Jordanie actuelle. Ils adoptèrent le christianisme monophysite probablement sous l’influence de leur environnement araméen (Ils faisaient partie de l’Église syriaque orthodoxe). Ils furent longtemps des vassaux de l’empire byzantin et contribuèrent à contenir les Perses sassanides hors des frontières de l’empire. Un autre royaume arabe rival, vassal de la Perse, s’était établi dans le sud de l’Irak (le royaume des Lakhmides).

[18] Resafa, connu à l’époque romaine comme Sergiopolis, est une ville située dans ce qui est maintenant la Syrie. Il s’agit d’un site archéologique situé au sud-ouest de la ville d’Ar Raqqa et de l’Euphrate. Le site remonte au 9ème siècle av. jc, quand un camp militaire fut construit par les Assyriens. Durant les périodes romaines, elle était un avant-poste fortifié du désert pour se défendre contre les Sassanides. Elle a prospéré du fait de son emplacement idéal sur la route des caravanes reliant Alep, Doura Europos et Palmyre. Resafa n’avait pas de source ni d’eau courante, et elle dépendait de grandes citernes pour capter les pluies l’hiver ainsi qu’au printemps. Resafa, implantée sur le chemin des guerres perso-byzantines, était bien défendue : elle était entièrement ceinte de murs massifs et possédait une forteresse. La ville est mentionnée dans la Bible en tant que Retzef