Il fut, sous les règnes de Tibère, Caligula et surtout celui de Claude, un personnage de première importance dans la vie politique romaine.
Consul au moins à trois reprises en 34, 43 et 47. Il mena brillamment sous Tibère une campagne contre les Parthes [1] en tant que légat [2] de Syrie.
Au début de l’année 37, il renvoie Ponce Pilate à Rome, pour qu’il s’explique auprès de l’empereur, après que le Préfet de Judée ai commis une grosse faute.
Il fut l’un des plus influents sénateurs sous les empereurs Caligula et Claude, ce qui lui permit d’avoir l’honneur extraordinaire d’être trois fois consul. Il fut aussi l’un des conseillers les plus influents de l’empereur Claude.
Plusieurs auteurs antiques décrient son attitude complaisante et courtisane auprès de Caligula et de Claude. Tacite lui reconnaît toutefois une action très efficace comme gouverneur de province.
Il est le père de l’éphémère empereur Vitellius qui régna lors de l’année des quatre empereurs.
Suétone dit que l’origine de la famille est incertaine, descendant d’un affranchi selon les uns, ou issu d’une très ancienne famille patricienne du Latium selon d’autres. Le premier ancêtre connu est un Publius Vitellius, chevalier romain [3] et procurateur des finances d’Auguste. Ses quatre fils firent carrière.
En Arménie, alors que le règne d’ Artaxias III a été marqué par une période de stabilité sous protectorat romain, l’instabilité dynastique recommence dès sa mort en 34. Le roi parthe Artaban III en profite pour pousser sur le trône du royaume d’Arménie, l’aîné de ses fils appelé Arsace . Dans le même temps, il a exigé la restitution des trésors laissés en Syrie par Vononès et la restauration des frontières des Achéménides et des Macédoniens.
Cette situation préoccupe grandement l’empereur Tibère, puisque l’Arménie est un protectorat romain depuis 65 av. jc, mais fidèle à sa doctrine il veut contrer les Parthes sans entrer dans une guerre ouverte contre eux.
Des nobles Parthes, refusant l’autorité d’Artaban, venus à Rome pour demander le soutien de l’empire pour renverser Artaban, vont lui en donner l’occasion. La noblesse parthe exige toutefois que le remplaçant d’Artaban, soit un arsacide. L’accord se fait sur le nom de Phraatès VI , un descendant de Phraatès IV, qui avait été élevé comme otage à Rome.
En 35, après que Lucius Vitellius fut consul, l’empereur Tibère lui confie la délicate mission de gérer cette situation et le nomme légat de Syrie, une province dont dépend la Judée elle aussi difficile à administrer. Lucius Vitellius remplit intégralement sa mission, tout en limitant au maximum l’intervention directe de l’armée romaine.
Phraates VI commence à peine à s’opposer à Artaban III sur le territoire parthe qu’il meurt. Tibère n’en poursuivit pas moins ses desseins. Il donne pour rival à Artaban Tiridate III de Parthie , prince du même sang.
Pour l’Arménie, l’empereur romain Tibère refuse d’accepter la remise en cause du protectorat romain sur ce pays et suscite un autre candidat en la personne de Mithridate d’Arménie. Vitellius agit alors pour le réconcilier avec son frère le roi Pharsman 1er d’Ibérie. La réconciliation obtenue et le pacte qui en découle aurait pu ouvrir une intéressante symbiose arméno géorgienne destinée à dominer la Transcaucasie [4].
Vitellius prend aussi contact avec les féodaux arméniens, aide à construire une opposition et finalement à la cour d’Arménie, le parti pro-romain fait empoisonner Arsace après moins d’un an de règne.
En même temps les Ibériens [5] avec des troupes nombreuses, envahirent l’Arménie et s’emparèrent de la ville d’Artaxate [6]
Artaban III ne s’avoue pas vaincu et envoie alors un autre de ses fils, Orodès , succéder à Arsace et affronter Mithridate d’Arménie.
De son côté, Pharsman 1er d’Ibérie appelle à son aide de nouveaux mercenaires Albaniens [7] et Sarmates [8]des tribus nomades vivant au delà du Caucase. Les troupes d’Orodès sont mises en fuite, après que celui-ci fut blessé et que se répand la rumeur de sa mort.
Finalement, Lucius Vitellius déploie les légions romaines en pays parthe au delà de l’Euphrate, qu’elles ravagent sans rencontrer de réelle opposition, tout en semant le bruit d’une invasion de toute la Mésopotamie.
Confronté à une très forte résistance en Arménie, menacé d’une invasion totale sur ses arrières en Mésopotamie et alors que lui parvient des informations qui montrent que ses nobles commencent à conspirer contre lui, Artaban est contraint d’abandonner ses prétentions sur l’Arménie.
Au cours du second semestre 36, tous les rois de la région sont conviés à une rencontre qui a lieu sur un pont de l’Euphrate pour signer la paix générale dans la région. Vitellius, Artaban III et Mithridate d’Arménie sont là naturellement, mais tous les autres rois de la région sont probablement aussi présents. Flavius Josèphe mentionne d’ailleurs la participation d’Hérode Antipas, le tétrarque [9] de Galilée [10], pourtant assez éloigné du théâtre d’opération et qui n’a pas pris part au conflit. Cette rencontre scelle la victoire romaine sur Artaban, qui abandonne ses prétentions sur l’Arménie. Elle marque aussi le réel succès de Vitellius obtenu en deux années de manœuvres et aussi deux étés de guerres selon Tacite, menées de mains de maître en minimisant le plus possible l’intervention directe des forces romaines.
Lors de cette entrevue, Artaban reconnaît le roi Mithridate d’Arménie qui est le candidat des romains, aussi soutenu par son frère, le roi Pharsman 1er d’Ibérnie, avec lequel Vittelius vient de le réconcilier.
Dans l’esprit de Vitellius, cette alliance arméno-iberne est conçue pour durer et destinée à dominer la Transcaucasie. Artaban accepte aussi d’envoyer certains de ses fils en otages à Rome. Il faut dire qu’il est à ce moment là en position très difficile puisque deux de ses fils, pressentis pour être rois d’Arménie, ont été tués dans l’aventure Arménienne et que ses nobles se sont rebellés pour nommer un roi concurrent en Parthie.
Il est probable que le roi d’Adiabène [11], Izatès II ait aussi participé à cette rencontre sur l’Euphrate et qu’Artaban III a dû renoncer à sa suzeraineté sur l’Adiabène. En effet, au sortir de cette crise, on constate que l’Adiabène n’est plus vassale des Parthes mais du royaume d’Arménie. Elle a en fait gagné une plus large autonomie.
En 47, Lucius Vitellius est consul pour la troisième fois, et Claude se l’associe comme censeur, fonction de recensement qui n’avait pas été exercée depuis des années.