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Hérode Antipas II, ou Hérode Antipater

vendredi 18 juillet 2014, par lucien jallamion

Hérode Antipas II, ou Hérode Antipater (21 av. jc-39 ap. jc.)

Tétrarque de Galilée et de Pérée [1] de 4 av. jc à 39

Division du royaume d'Hérode le grand après sa mortFils de Hérode le Grand et de la Samaritaine Malthace, sa 4ème femme. Il construit la ville de Tibériade [2], sur le lac de Galilée, en l’honneur de l’empereur Tibère.

Il épouse d’abord la Nabatéenne Phasaelis, fille de Arétas IV de Pétra, qu’il répudie pour épouser Hérodiade, sa propre nièce, fille de son demi-frère Aristobule IV, et donc petite-fille de Hérode le Grand.

Hérodiade est alors la femme du demi-frère d’Antipas Hérode Boëthos, qu’elle quitte de son vivant, ce qui fait scandale. Elle est la mère de Salomé que, très tôt, la tradition chrétienne assimile à une fille anonyme d’Hérodiade présente dans un épisode néotestamentaire. C’est précisément à l’instigation d’Hérodiade et de sa fille que, selon les évangiles de Matthieu et de Marc, Antipas aurait fait décapiter Jean le Baptiste en l’an 28 ou 29 de notre ère.

À la mort de son père en 4 av. jc, il reçoit le titre de tétrarque de Galilée et de Pérée. En 6 ap jc, lorsque l’empereur Auguste révoque son frère Archélaos , Antipas, qui espère récupérer les territoires de son frère, est bien déçu. L’exil d’Archélaos à Vienne ne change rien pour lui et son demi-frère Philippe , car Auguste préfère transformer les territoires d’Archélaos en une province romaine de Judée. Il obtient toutefois une maigre consolation : après la destitution de son frère, c’est lui qui devient l’intendant du Temple de Jérusalem. Il a un droit de regard sur tout ce qui s’y passe, notamment sur les jugements prononcés par le sanhédrin. De plus, le préfet romain le consulte au sujet de toutes les affaires qui concernent le culte, la religion et les traditions juives.

Tirant probablement les conclusions de la destitution de son frère, Antipas ne manquera aucune occasion de manifester sa soumission à Rome.

À la mort d’Hérode le Grand, le territoire de son royaume est partagé par Auguste entre trois des fils d’Hérode ainsi qu’une de ses parentes. Philippe obtient pour sa part « la Batanée, avec la Trachonitide et l’Auranitide, une partie de ce qu’on appela le domaine de Zénodore ».

Une partie de ces territoires sont frontaliers de la Nabathée. Le territoire de Zénodore ayant été source de conflit. En effet, les Nabathéens avaient acheté l’Auranitide, une partie de ce territoire, pour cinquante talents, mais les Romains en avaient décidé tout autrement, donnant l’ensemble du royaume de Zénodore à Hérode le Grand. Les Nabatéens étant frustrés à la fois du territoire acheté et de leur argent.

En 34, Philippe meurt, et comme il était mort sans enfants, Tibère hérita de ses possessions et les annexa à la province de Syrie, mais en ordonnant que les impôts levés dans sa tétrarchie y fussent affectés.

Bien entendu, ce territoire qui n’est « donné » à personne attire les convoitises, parmi lesquelles celles d’Antipas, et probablement aussi celles du roi de Nabatée Arétas IV roi de Pétra, mais il devait y avoir d’autres prétendants.

Antipas, pour sa part, estime probablement que ce territoire, administré jusque là par son frère, lui revient de droit. Depuis 37 ans, il gère correctement les territoires qui lui ont été donnés à la mort de son père, le roi Hérode le Grand, et Auguste avait même promis la royauté à un autre de ses frères, Archélaos, si ce dernier s’en montrait digne. Celui-ci a été démis et exilé en Gaule à cause de ses erreurs, tandis qu’Antipas estime ne pas avoir démérité. Il espère que le titre royal qui avait été promis à son frère lui sera remis un jour par l’empereur.

Il commence par organiser « des obsèques somptueuses pour son frère, qu’il préside probablement, puis se prépare à aller à Rome pour rencontrer Tibère. Pour être nommé à la tête de la tétrarchie de Philippe par l’empereur, Antipas a imaginé conforter sa position en se mariant avec Hérodiade, pourtant mariée à son demi-frère Hérode Boëthos. « Partant pour Rome », là où tout se décide, il fait étape au début du voyage chez son demi-frère Hérode Boëthos qui l’héberge dans sa demeure. Obéissant à des motivations purement dynastiques, il en profite pour proposer à Hérodiade, la femme de ce dernier, de se marier avec lui. Ils conviennent qu’elle cohabiterait avec lui dès son retour de Rome et qu’il répudierait la fille d’Arétas. Hérodiade s’empresse d’accepter ce projet de mariage, mais celui-ci doit rester secret, au moins jusqu’à ce qu’Antipas revienne de Rome. Ce mariage fera scandale, car il a lieu alors qu’Hérode Boëthos est encore vivant.

En tout cas, la manœuvre est habile, car Hérodiade est non seulement une descendante des Hasmonéens, la dynastie légitime, et la sœur du futur Agrippa 1er , adversaire potentiel, qui d’ailleurs gagnera finalement ce combat d’influence.

Antipas passe quelques mois à Rome, mais ne parvient pas à séduire suffisamment l’empereur Tibère, qui contrairement à Auguste, n’est pas favorable au maintien des États clients. Il rentre dans ses territoires, mais rien n’est encore perdu.

Agrippa, du reste, s’est ruiné dans la vie luxueuse de Rome. Rentré en Palestine, il se retira dans un fort à Malatha d’Idumée. Toutefois, sa femme Cypros va s’entendre avec Hérodiade, sœur d’Agrippa, pour qu’Antipas lui donne une fonction assez bien rémunérée, probablement après le retour de Rome d’Antipas, vers 34-35.

Désormais, Agrippa n’est plus un danger, il est devenu un obligé d’Antipas et il est quasiment assigné en Galilée. Mais cette stratégie va quand même être mise en défaut.

Vers l’automne 36, tous les rois de la région sont conviés à une rencontre qui a lieu sur un pont de l’Euphrate pour signer la paix générale dans la région. Vitellius, Artaban III et Mithridate d’Arménie sont là naturellement, mais tous les autres rois de la région sont probablement aussi présents. Antipas y participe, alors que ses territoires sont pourtant assez éloignés du théâtre des opérations et qu’il n’a pas pris part au conflit. Il est possible qu’un rôle d’intercesseur ait été confié au tétrarque de Galilée.

Cette rencontre scelle la victoire romaine sur le roi des Parthes, Artaban III , qui abandonne ses prétentions sur l’Arménie. Elle marque aussi le réel succès de Lucius Vitellius , obtenu en deux années de manœuvres et aussi deux été de guerres, menées de mains de maître, en minimisant le plus possible l’intervention directe des forces romaines. Lors de cette entrevue, Artaban reconnaît le roi Mithridate d’Arménie, le candidat des Romains, aussi soutenu par son frère, le roi Pharsman 1er d’Ibérie, avec lequel Vittelius vient de le réconcilier. Dans l’esprit de Vitellius, cette alliance arméno-iberne est conçue pour durer et est destinée à dominer la Transcaucasie. Artaban accepte aussi d’envoyer certains de ses fils en otages à Rome. Il faut dire qu’il est, à ce moment-là, en position très difficile, puisque 2 de ses fils, pressentis pour être rois d’Arménie, ont été tués dans l’aventure arménienne et que ses nobles se sont rebellés pour nommer un roi concurrent en Parthie. Cette guerre civile en Parthie est d’ailleurs conçue par Rome et secrètement soutenue par les Romains.

Antipas a dû connaître un immense moment de fierté lorsqu’en tant que simple tétrarque, il a invité le Roi des Rois et tous les autres hauts personnages participants à la conférence à un grand banquet pour célébrer la signature de l’accord. Le tétrarque de Galilée écrit immédiatement à Tibère pour lui faire part de ce succès diplomatique. Lucius Vitellius fait de même de son côté, mais Tibère lui répond qu’il savait déjà tout grâce à la lettre d’Antipas.

Fort de ce résultat, dans lequel pourtant il n’avait pas joué un rôle décisif, et de ses 37 années d’administration sur la Galilée et la Pérée, Antipas pense que les territoires de l’ex-tétrarchie de Philippe vont lui être confiés.

Il se voit même déjà roi. C’est sans compter sur l’imbroglio que sa prétention à régner sur les territoires de Philippe a créé, tant auprès du peuple et des féodaux de cette région qu’auprès de plusieurs rois nabatéens dont Arétas IV bien sûr, mais aussi Izatès II d’Adiabène et Abgar V d’Edesse , qui sont allés jusqu’à fournir des auxiliaires à Arétas IV pour qu’il obtienne sa victoire sur Antipas.

Agrippa rentre dans ses territoires en été 38, après que la situation a été éclaircie sur place par Lucius Vitellius et Marullus, envoyé par Caligula avec le titre de vice-roi. Il y a probablement eu une négociation et un accord avec les Nabatéens de Pétra et tous les rois arabes concernés. Si on en croit l’une des lettres de Paul de Tarse considérée comme authentique, Arétas IV règne sur Damas lorsque Paul s’y trouve vers 37 ou peu après.

Hérodiade voit fondre alors toutes ses ambitions et les promesses qu’Antipas lui avait faites avant son mariage. Pour elle, celui qui lui ravit son titre royal est son frère ruiné, qui quémandait de l’argent et un emploi, et qui était même passé par la prison. Au comble de la jalousie, elle pousse Hérode Antipas à demander à l’empereur Caligula qu’il lui accorde le même statut. Celui-ci finit par céder aux demandes insistantes de sa femme et part pour Rome en 39. Informé de ce voyage, Agrippa dépêche à Rome son plus fidèle affranchi, porteur d’une lettre pour Caligula. Il y accuse Antipas de fomenter un complot avec les Parthes et d’avoir accumulé, sans le dire à l’Empereur, des stocks d’armes dans ses arsenaux de Tibériade.

La seconde accusation est vraie, mais la première est probablement fausse. Il n’en reste pas moins que Caligula déchoit, bannit et exile Antipas dans le sud des Gaules en 39 à Saint-Bertrand de Comminges. Hérodiade choisit de le suivre. Agrippa reçoit les territoires d’Antipas, la Galilée et la Pérée, ainsi que tous les biens confisqués au tétrarque et à son épouse.

P.-S.

Source : Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Wikipédia Hérode Antipas II/ Portail Israël antique et Juifs dans l’Antiquité/ Personnages des Évangiles

Notes

[1] région située au nord-est de la mer Morte, à l’est du Jourdain

[2] Tibériade est la capitale de la Galilée, dans le nord d’Israël. C’est une ville historique et touristique réputée. La cité antique est située dans la partie sud de l’agglomération d’aujourd’hui.