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Izatès II ou Izatès bar Monobaze

lundi 20 octobre 2014, par lucien jallamion

Izatès II ou Izatès bar Monobaze (vers 1 de notre ère- vers 57)

Roi d’Adiabène

Carte situant l'Adiabène, la Gordyène (ou Corduène)Selon Flavius Josèphe, Izatès II était l’un des fils de la reine Hélène d’Adiabène et de Monobaze 1er.

Durant sa jeunesse, le futur Izatès II fut envoyé par son père à la cour du roi Abennerigos ou Abinerglo dans la cité fortifiée de Spasinès ou Charax Spasinu, capitale du royaume de Characène [1] aussi connu comme Mésène.

Alors qu’il était à Spasinès, Izatès fit connaissance avec un riche marchand juif nommé Ananias, par ailleurs rabbi qui pratiquait un prosélytisme militant et efficace pour sa religion à destination des classes supérieures des pays de la région. Celui-ci le familiarisa avec les principes de la religion juive, ce qui l’intéressa vivement. Izatès se maria avec Symacho la fille du roi Abennerigos qui elle aussi avait été convertie au judaïsme par le prosélytisme d’Ananias.

Sans qu’il le sache, la mère d’Izatès, Hélène d’Adiabène, s’était à peu près au même moment convertie au judaïsme, mais de façon indépendante de lui, puisqu’ils habitaient alors dans 2 pays différents. En rentrant chez lui afin de monter sur le trône à la mort de son père, Izatès a découvert la conversion de sa mère et manifesta l’intention d’adopter le judaïsme. Il voulut même se soumettre à la circoncision. Il en a toutefois été dissuadé à la fois par son maître Ananias et par sa mère

Mais finalement, il s’est quand même fait circoncire, après en avoir été convaincu par Eléazar un autre rabbi juif, originaire de Galilée

Quand plusieurs parents du roi Izatès II, dont son frère Monobaze, ont ouvertement reconnu leur conversion au judaïsme, quelques nobles d’Adiabène [2] ont alors conspiré pour le destituer. Ils paient notamment Abia, un roi arabe, puis après son échec Vologèse 1er, roi des Parthes [3], pour que ceux-ci fassent la guerre au roi Izatès II. Mais celui-ci sort victorieux de chacune des confrontations.

Son père lui donne le pays de Carrhes [4] au sud d’Édesse, à la frontière turco-syrienne, probablement après la mort du roi Abennerigos, vers 21.

Ce don de la région de Carrhes par son père était semble-t-il la façon pour Monobaze 1er d’officialiser la désignation d’Izatès comme son successeur.

Ce don par Monobaze 1er montre aussi que ce territoire qui appartenait à l’Osroène [5] à l’époque de la bataille de Carrhes [6] en 153 av.jc était passé sous le contrôle du royaume d’Adiabène.

Quant à Ananias qui avait converti Izatès et sa femme au judaïsme, le futur roi l’emmena avec lui.

À la mort de son père Monobaze 1er, sa mère Hélène eut à gérer une transition difficile au cours de laquelle elle parvint à ce que son fils Izatès soit reconnu comme successeur légitime, tout en sauvant la vie de ses autres fils. La transmission dynastique se faisait par désignation de son successeur par le roi encore vivant. Monobaze 1er avait désigné Izatès pour lui succéder, bien que son fils aîné soit Monobaze qui d’ailleurs succède à Izatès sous le nom de Monobaze II. Pour justifier son choix Monobaze 1er invoquait une voix divine qui lui aurait parlé alors qu’Hélène était enceinte d’Izatès.

À la mort de son père, Izatès vivait toujours dans le pays de Carrhes. Les grands du royaume d’Adiabène acceptèrent qu’Izatès succède à son père, mais demandèrent que ses autres frères soient exécutés. C’était en effet une pratique courante dans la région pour éviter les guerres pouvant résulter de conflits dynastiques entre frères. Hélène parvint à sauver la vie de ses autres fils en temporisant, mais fut contrainte toutefois de mettre ses fils en prison comme ceux des autres épouses de Monobaze 1er. Elle obtint toutefois que la mise à mort ne puisse être décidée que par Izatès, lorsque celui-ci serait rentré. Elle obtint aussi de pouvoir « établir provisoirement comme régent du royaume » Monobaze, son fils aîné. Izatès revint, rapidement lorsqu’il eut appris la mort de son père et succéda à son frère Monobaze, qui lui céda le pouvoir

Assez curieusement, après les conversions d’Hélène et d’Izatès et son accession au pouvoir, tous ses autres frères et la totalité de ses parents semblent s’être aussi convertis au judaïsme simultanément. Cette appartenance au judaïsme est de plus révélée publiquement. Quand plusieurs parents d’Izatès ont ouvertement reconnu leur conversion au judaïsme, quelques nobles d’Adiabène ont secrètement écrit à Abia, un roi arabe, en lui promettant une grosse somme d’argent pour qu’il déclare la guerre à Izatès. Mais Izatès vainc son ennemi, qui se suicide de désespoir.

Vers la fin du règne d’Izatès, les nobles, mécontents de sa conversion, conspirent à nouveau avec Vologèse 1er, roi des Parthes, mais au dernier moment celui-ci est empêché de mettre son plan à exécution, car au moment où il se met en route pour envahir l’Adiabène, une armée de Daces [7] et de Scythes [8] entre en Parthie et il doit lui faire face.

Alors que plusieurs guerres se déclenchent dans les pays alentour, Izatès parvient à maintenir son royaume à l’écart de ces conflits. Bien qu’il soit théoriquement vassal de l’Empire parthe, il observe une stricte neutralité, lorsqu’en 34, à la mort de Artaxias III d’Arménie , le roi parthe Artaban III tente de mettre son fils Arsace sur le trône d’Arménie, qui était un protectorat romain depuis 65 av. jc.

Cette action déclencha deux années de guerre, pendant lesquelles les Romains suscitèrent l’invasion de l’Arménie par des forces sarmates [9], ibères [10] et albaniennes [11], et différents complots pour que les nobles parthes déposent Artaban III et le remplacent par un roi favorable aux Romains. Pendant toute cette période troublée, l’Adiabène ne fit aucun acte hostile envers les Romains et l’on peut supposer que des accords avaient été passés entre Izatès et Lucius Vitellius , le légat romain de Syrie.

Les Romains parviennent à installer Mithridate d’Arménie sur le trône et Artaban III faillit perdre le sien.

Au sortir de cette crise, l’Adiabène n’est plus vassale des Parthes mais du royaume d’Arménie. Elle a en fait gagné une plus large autonomie, surtout parce qu’à la mort de Tibère en mars 37, la folie de Caligula vient tout compromettre pour les Romains. Sans raison, l’empereur convoque Mithridate d’Arménie à Rome et le déchoit de sa royauté en 37.

Les Parthes ne manquent pas de profiter de cette faute pour réoccuper l’Arménie, et l’Adiabène en profite pour affirmer encore plus son autonomie en rejetant sa vassalité arménienne, qui de fait n’a guère duré plus d’un an.

Artaban III est alors en butte à une terrible fronde de ses nobles qui se sont choisis un roi, soutenu secrètement par les Romains. Il demande à Izatès d’accepter qu’il se réfugie chez lui.

Izatès s’empresse d’accepter en réservant à son invité tous les honneurs dus à un « roi des rois ». Cette attitude le propulse au niveau du roi des rois, car cette décision n’est due qu’à sa seule volonté, puisqu’il n’est plus le vassal des rois parthes.

Izatès est alors tellement respecté qu’il parvient à se poser comme arbitre entre le roi parthe Artaban III, ses nobles en rébellion et l’usurpateur appelé Cinname. Grâce à l’aide d’Izatès, Artaban retrouva son trône vers 36. En remerciement, il donna à Izatès quelques cadeaux, dont la ville de Nisibe [12] et sa région. Mais une première cause de friction naquit après la mort du monarque parthe

Vers 47-49, après la mort de Vardanès 1er , l’empereur Claude soutient le parti parthe qui tente de porter au pouvoir Meherdatès contre le roi Gotarzès . Cassius, le gouverneur de Syrie, et Carénès, le principal partisan parthe de Merherdatès, rallient à Méherdatès Izatès et l’Arabe Abgar V Ukomo Bar Ma’Nu , roi d’Édesse.

À partir de son accession au trône, Hélène et ses fils semblent avoir passé une bonne partie de leur vie en Judée.

Izatès mourut vers 57. Hélène, sa mère, semble avoir été profondément affectée par sa mort dont on ne connaît pas les circonstances, et ne lui survit d’ailleurs que peu de temps.

Monobaze II succède effectivement à son frère Izatès. Il envoie ses restes et ceux de la reine Hélène à Jérusalem pour qu’ils y soient enterrés.

P.-S.

Source : Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Wikipédia Izatès II/ Portail Israël antique et Juifs dans l’Antiquité/ Personnalité juive de l’époque romaine

Notes

[1] La Characène ou Mésène, était un royaume situé à l’embouchure du Tigre et de l’Euphrate, sur le Golfe Persique. Créé à la fin du 2ème siècle av.jc, ce royaume fut vassal de l’Empire Parthe. Sa capitale était Spasinou Charax, « la forteresse d’Hyspaosinès ». Au 1er et au 2ème siècle il joua un rôle important dans le commerce de la Syrie avec l’Inde.

[2] un royaume correspondant à peu près aux frontières des territoires kurdes aujourd’hui.

[3] La Parthie est une région située au nord-est du plateau iranien, ancienne satrapie de l’empire des Achéménides, berceau de l’Empire parthe qui contrôle le plateau iranien et par intermittence la Mésopotamie entre 190 av.jc et 224 de notre ère. Les frontières de la Parthie sont la chaîne montagneuse du Kopet-Dag au nord, aujourd’hui la frontière entre Iran et Turkménistan, et le désert du Dasht-e Kavir au sud. À l’ouest se trouve la Médie, au nord-ouest l’Hyrcanie, au nord-est la Margiane et au sud-est l’Arie. Cette région est fertile et bien irriguée pendant l’antiquité, et compte aussi de grandes forêts à cette époque.

[4] Harran (ou Carrhes) est une ville et un district de Turquie, ainsi qu’un site archéologique au sud-est de la Turquie actuelle, au croisement des routes de Damas, de Karkemich et de Ninive. Cette situation en a fait un point stratégique au cours de l’Histoire. Des inscriptions assyriennes mentionnent ce lieu vers 1100 avant l’ère chrétienne sous le nom de Harranu qui signifierait route en akkadien. Harran fut brûlé par les Hittites.

[5] L’Osroène est une région du sud-est de l’Asie Mineure (nord-ouest de la Mésopotamie), bornée au nord par les Monts Taurus, au sud et à l’est par le Chaboras (rivière Khabur), à l’ouest par l’Euphrate, et qui eut pour capitale Édesse. L’Osroène a acquis son indépendance à la suite de l’effondrement de l’Empire séleucide. Elle fut de 132 av. jc à 216 apr. jc un petit royaume indépendant, dont les souverains portaient le plus souvent le nom d’Abgar ou de Manu. Il servit de tampon entre l’Empire romain et celui des Parthes. La région fut conquise par l’empereur romain Trajan. Sous Hadrien elle retrouve une certaine autonomie, mais est à partir de ce moment un royaume client de l’Empire romain. En 163, elle s’allie avec l’Empire parthe contre les Romains. Elle devient une province romaine en 216.

[6] La bataille de Carrhes (ou Charan) fut une défaite décisive infligée aux légions romaines sous les ordres du général Crassus, par les Parthes conduits par le général Suréna ; elle eut lieu le 9 juin 153 av. jc, près de la ville fortifiée de Carrhes (Harran, dans la Turquie actuelle).

[7] La Dacie est, dans l’Antiquité, un territoire de la région carpato-danubiano-pontique correspondant approximativement à celui de la Roumanie actuelle. Le mot Dacie vient du nom romain de ses occupants principaux, les Daces, qui sont très proches des Thraces. La Dacie était également peuplée par les Sarmates, les Scythes, et les Bastarnes. On relève aussi quelques peuplements celtes, et probablement un certain nombre de colons grecs et commerçants romains. Les ennemis des Daces sont les Romains et parfois certains Celtes. Leurs alliés sont les Thraces et les Grecs, jusqu’à la conquête de la Grèce par l’Empire romain.

[8] Les Scythes sont un ensemble de peuples nomades, d’origine indo-européenne, ayant vécu entre le 7ème siècle et le 3ème siècle av. jc dans les steppes eurasiennes, une vaste zone allant de l’Ukraine à l’Altaï, en passant par le Kazakhstan. Les Perses désignaient ces peuples par le nom de Saka, francisé en Saces. Les sources assyriennes mentionnent les Saces dès 640 avant l’ère chrétienne.

[9] Les Sarmates sont un ancien peuple scythique de nomades des steppes, appartenant sur le plan ethno-linguistique au rameau iranien septentrional du grand ensemble indo-européen. Ils étaient établis à l’origine entre le Don et l’Oural. C’est aux 3ème et 2ème siècles av. jc que les Sarmates supplantent ces derniers en Ukraine. Leur poussée vers l’ouest se poursuit jusqu’au 1er siècle. À partir du 1er siècle av. jc, alors qu’ils dominent la steppe européenne, les Iazyges, les Urges, les Roxolans et les Scythes royaux, qui reconnaissaient l’autorité d’un roi, vont former une coalition. Des lanciers sarmates sont recrutés par Rome au cours du 2èmesiècle. L’intégration de ces unités auxiliaires se traduit par l’adoption de l’armement et des techniques militaires steppiques ainsi que par la création d’unités spécialisés. À partir du 3ème siècle une partie des Sarmates fut soumise aux Goths. Dès lors, ils font partie d’une coalition de peuples germaniques et non-germaniques, connue sous le nom de culture de Tcherniakov. À la fin du 4ème siècle, sous la pression des Huns certains groupes de Sarmates prirent part aux migrations et s’installèrent sur le territoire romain.

[10] L’Ibérie, aussi connue sous le nom d’Ivérie, est le nom donné par les Grecs et les Romains à l’ancien royaume de Karthlie et correspondant approximativement aux parties méridionale et orientale de l’actuelle République de Géorgie. Les Ibères du Caucase forment une base pour le futur État géorgien et, en même temps que les Colches de Colchide, le noyau de la population géorgienne actuelle. La région n’était, jadis, habitée que par quelques tribus qui faisaient partie du peuple appelé « Ibères ».

[11] Daghestan

[12] Nusaybin ou Nisibe est une ville du sud-est du Kurdistan située dans la province de Mardin, à la frontière turco syrienne. Elle est un haut lieu de l’histoire du christianisme de langue syriaque. C’est l’ancienne Antioche de Mygdonie. Elle fut le siège de l’École théologique de Nisibe, une des grandes écoles théologiques des premiers siècles du christianisme, en prenant la suite de l’école d’Édesse dite aussi école des Perses après la fermeture de celle-ci en 489. En 530, Nusaybin est le théâtre d’une bataille pendant la guerre d’Ibérie opposant l’empire byzantin sous le commandement du général Bélisaire, aux Sassanides de Kavadh 1er.