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Khosro II ou Khosrow II

jeudi 16 juin 2016, par lucien jallamion (Date de rédaction antérieure : 11 septembre 2011).

Khosro II ou Khosrow II

Empereur Perse de 590 à 628

Pièce d'or à l'effigie de Khosro II, frappée en 611. Source : wiki/Khosro II/ CC BY-SA 3.0Fils de Hormizd IV, petit fils de Khosro 1er. Il fut mis sur le trône par les grands qui s’étaient rebellés contre sont père jusqu’en 590. Mais dans le même temps, le général Bahram Chûbin se fit proclamer roi sous le nom de Vahram VI, et il fut incapable de se maintenir.

La guerre contre les romains de Byzance, qui avait commencée en 571, ne s’était pas encore terminée. Il fuit en Syrie et persuade l’empereur Maurice 1er de lui envoyer de l’aide contre la promesse d’avantages territoriaux. Ainsi, il pénétra en territoire perse appuyé par une armée romaine, renforcée de contingents arméniens et de loyalistes sassanides.

Après de durs combats, Bahram Chûbin fut vaincu près de Ganzak [1] et il retrouva son trône. Le Roi des rois fraîchement rétabli honora ses promesses. Suite à cela, l’Empire romain retrouvait ses frontières orientales de 502.

Au début de son règne, il favorisa les Chrétiens. Mais en 602, quand Maurice fut assassiné par Phocas, il commença une guerre contre Rome pour venger sa mort. Ses armées pillèrent la Syrie et l’Asie mineure, il s’avança même jusqu’à Chalcédoine [2] en 608.

En 613 et 614, Damas et Jérusalem furent prises par le général Schahr-Barâz et la Sainte Croix [3] fut ramenée en triomphe. Peu après, l’Égypte fut conquise. Les Romains n’offraient que peu de résistance, étant préoccupés par des tensions internes, et pressés par les Avars [4] et les Slaves. En 622, l’empereur Héraclius qui avait succédé à Phocas est en mesure d’avancer en ordre de bataille. Après avoir conclu une alliance avec le khan [5] des Khazars [6], il entre en 624 dans la Médie [7] du nord, où il détruit le grand temple du feu de Gandzak [8]. En 626, il se bat au Lazistan [9] et avec ses alliés Khazars ils prennent Tiflis [10] la capitale de l’Ibérie [11], pendant ce temps Schahr-Barâz s’avance jusqu’à Chalcédoine et essaie, en vain, uni avec les Avars, de conquérir Constantinople.

Le 12 décembre 627, Héraclius est vainqueur de l’armée perse à la bataille de Ninive [12] et avance vers Ctésiphon [13]. Khosro II s’enfuit alors de sa résidence favorite, Dastagei [14], sans offrir de résistance.

Il tente de transmettre le pouvoir à l’un de ses fils cadet, Merdân Shâh né de son épouse préférée Shirin, une chrétienne monophysiste [15], et fait emprisonner ses autres fils.

Comme son despotisme et son indolence avaient fait naître une opposition partout, son fils aîné Shirôyé, fut libéré par des grands du royaume et proclamé Roi le 25 février 628. 4 jours après, Khosro II fut tué dans son palais.

P.-S.

Source : Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Parvaneh Pourshariati, Decline and fall of the Sasanian Empire, I. B. Tauris & Co Ltd, New York, 2011 (ISBN 9781845116453).

Notes

[1] Azerbaïdjan

[2] Chalcédoine est une cité grecque de Bithynie (actuellement en Turquie), située sur la mer Propontide, à l’entrée orientale du Bosphore, face à Byzance et au sud de Chrysopolis (Scutari, actuellement Üsküdar). Elle s’appelle aujourd’hui Kadıköy et est devenue une banlieue (résidentielle et plutôt aisée) d’Istanbul, dans le prolongement d’Üsküdar.

[3] La Vraie Croix, dite également Sainte Croix, serait la croix sur laquelle Jésus-Christ a été crucifié. Selon la tradition chrétienne, c’est sainte Hélène, la mère de l’empereur Constantin 1er, qui aurait découvert la Croix de Jésus ainsi que celles des deux larrons, lors d’un pèlerinage en Palestine entrepris en 326. Elle est devenue dès lors une des principales reliques de la chrétienté, faisant l’objet d’une vénération particulière. Des reliquaires portant le nom de staurothèques sont spécialement fabriqués pour abriter les fragments.

[4] Les Avars ou Avares sont un peuple de cavaliers nomades dirigés par un Khâgan, parfois identifiés aux Ruanruan qui menaçaient la Chine au 3ème siècle. Ils seraient originaires de Mongolie, connu par les Chinois sous le nom de Ruanruan. Au 5ème siècle, leur khan Chö-louen fonde un empire nomade de la Corée à l’Irtych. En 546, leurs vassaux Tölech se révoltent. Bumin, chef des Tujue, réprime la rébellion et réclame en récompense la main d’une princesse ruanruan, ce qui lui est refusée. Vexé, il se décide à la révolte et envoie une ambassade en Chine auprès des Wei. Il s’allie avec eux et épouse une princesse Tabghatch en 551. En 552, le dernier khan ruanruan, encerclé se donne la mort. L’empire Avar s’effondre et est remplacé en Mongolie par celui des Köktürks, les survivants se réfugient à la frontière de la Chine où les Qi du Nord, successeurs des Wei, les établissent comme fédérés. Ceux qui se dirigent vers l’Europe sont connus sous le nom d’Avars, ils migrent vers l’ouest tout en poussant devant eux de petites peuplades turco-mongoles. Ils occupèrent la plaine hongroise au 7ème siècle. Puis, ils furent intégrés à l’empire.

[5] Titre signifiant dirigeant en mongol et en turc. Le terme est parfois traduit comme signifiant souverain ou celui qui commande. Le féminin mongol de khan est khatoun. Un khan contrôle un khanat. Pour les hauts rangs, on se sert du titre de khagan. Le titre de khan était un des nombreux titres utilisés par les sultans de l’empire ottoman, ainsi que par les dirigeants de la Horde d’Or et les états descendants. Le titre de khan a aussi été utilisé par les dynasties turques seldjoukides du Proche-Orient pour désigner le dirigeant de plusieurs tribus, clans ou nations. Inférieur en rang à un atabey. Les dirigeants Jurchen et Mandchous ont également utilisé le titre de khan. Les titres de khan et de khan bahadur furent également honorifiques en Inde au temps des Grands Moghols, et plus tard par le Raj britannique comme un honneur pour les rangs nobles, souvent pour loyauté à la couronne. Le titre de khan fut aussi porté par les souverains bulgares entre 603 et 917.

[6] Les Khazars étaient un peuple semi-nomade turc d’Asie centrale ; leur existence est attestée entre le 6ème et le 13ème siècle. Au 7ème siècle les Khazars s’établirent en Ciscaucasie aux abords de la mer Caspienne où ils fondèrent leur Khaganat ; une partie d’entre eux se convertirent alors au judaïsme qui devint religion d’État. À leur apogée, les Khazars, ainsi que leurs vassaux, contrôlaient un vaste territoire qui pourrait correspondre à ce que sont aujourd’hui le sud de la Russie, le Kazakhstan occidental, l’Ukraine orientale, la Crimée, l’est des Carpates, ainsi que plusieurs autres régions de Transcaucasie telles l’Azerbaïdjan et la Géorgie. Les Khazars remportèrent plusieurs séries de succès militaires sur les Sassanides. Ils luttèrent aussi victorieusement contre le Califat, établi en deçà de la Ciscaucasie, empêchant ainsi toute invasion arabo-islamique du sud de la Russie. Ils s’allièrent à l’Empire byzantin contre les Sassanides et la Rus’ de Kiev. Lorsque le Khaganat devint une des principales puissances régionales, les Byzantins rompirent leur alliance et se rallièrent aux Rus’ et Petchenègues contre les Khazars. Vers la fin du 10ème siècle, l’Empire Khazar s’éteignit progressivement et devint l’un des sujets de la Rus’ de Kiev. S’ensuivirent des déplacements de populations rythmées par les invasions successives des Rus’, des Coumans et probablement de la Horde d’Or mongole. Les Khazars disparurent alors de l’histoire n’étant plus mentionnés dans aucun récit historique.

[7] À l’époque hellénistique, la Médie tombe sous le contrôle des Grecs, et est incluse après les conflits opposant les Diadoques dans les territoires contrôlés par les Séleucides, après avoir été un temps dominée par Antigone le Borgne. L’ancien général Atropatès qui dirigeait le contingent mède de l’armée perse à la bataille de Gaugamèles, se rallie par la suite à Alexandre le Grand et devient satrape du nord de la Médie, qui devient la Médie Atropatène, futur Azerbaïdjan, qu’il parvient à rendre autonome du pouvoir séleucide. La capitale de ce royaume se trouvait à Gazaca. Après plusieurs décennies d’indépendance, le roi Artabanzanes doit conclure un traité de vassalité avec Antiochos III en 220 av.jc. Cette région reste peu hellénisée, à la différence du sud de la Médie, centré autour d’Ecbatane. Plusieurs villes nouvelles y sont fondées par les souverains séleucides, et l’ancienne Rhaga est renommée Europa. Un satrape local, Molon, se révolte en 220 contre Antiochos III, qui le défait. Entre 163 et 160, c’est un autre satrape de Médie, Timarque, qui se révolte contre Démétrios 1er Sôter, et réussit à prendre le pouvoir en Babylonie, avant d’être finalement soumis. Les révoltes qui secouent le royaume séleucide vers 150 profitent au roi parthe Mithridate 1er qui prend alors la Médie, ainsi que l’Atropatène. Après plusieurs décennies de luttes, le pouvoir des Arsacides est finalement assuré en Médie, en dépit des attaques des nomades orientaux, Scythes ou Tokhariens. La région est réorganisée administrativement, et la ville de Rhaga/Europa est renommée Arsacia.

[8] Gazaca

[9] Colchide

[10] Tbilissi est la plus grande ville et la capitale de la République de Géorgie. S’étendant sur les rives de la rivière Koura, son nom dérive de l’ancien géorgien Tp’ilisi. Appelée traditionnellement Tiflis dans la plupart des langues Fondée au 5ème siècle de notre ère par le roi d’Ibérie Vakhtang Gorgassali, elle devint la capitale du royaume de Géorgie orientale ou Ibérie au 6ème siècle et se transforma bientôt en une grande ville de commerce, riche de culture. À partir de 570/580, les Perses prennent Tbilissi et y règnent pour environ une décennie. En 627, elle est prise et saccagée par les armées byzantines et khazares. Vers 737, les Arabes entrent dans la ville sous le commandement de Marwan al-J`adîy al-Himâr et établissent un émirat dans la région avec pour capitale Tbilissi. En 764, la ville est à nouveau prise par les Khazars mais reste sous domination arabe. En 853, les armées du général arabe Boughba le Turc envahissent Tbilissi dans le but d’établir une domination abbasside dans le Caucase. La domination arabe sur Tbilissi continue ainsi jusque dans les années 1050, les Géorgiens y résidant ne pouvant se révolter. En 1068, la ville est encore une fois saccagée, cette fois par les Seldjoukides sous le sultan Alp Arslan.

[11] L’Ibérie, aussi connue sous le nom d’Ivérie, est le nom donné par les Grecs et les Romains à l’ancien royaume de Karthlie et correspondant approximativement aux parties méridionale et orientale de l’actuelle République de Géorgie. Les Ibères du Caucase forment une base pour le futur État géorgien et, en même temps que les Colches de Colchide, le noyau de la population géorgienne actuelle. La région n’était, jadis, habitée que par quelques tribus qui faisaient partie du peuple appelé « Ibères ».

[12] La bataille de Ninive a été la bataille décisive de la guerre ayant opposé l’empire byzantin à l’empire sassanide entre 602 et 628. La victoire des byzantins fut le signe du déclin de la dynastie sassanide et restaura pour un temps les anciennes frontières de leur empire. Cette résurgence de prestige ne dura toutefois que quelques décennies puisque les premiers califats musulmans émergeaient dans le même temps dans le désert d’Arabie et allaient amener l’empire byzantin au bord de la destruction.

[13] Ctésiphon1 est une ancienne ville parthe, située face à Séleucie du Tigre, sur la rive gauche du Tigre, à 30 km au sud-est de la ville actuelle de Bagdad, en Irak. La ville s’étendait sur 30 km² En 637, Ctésiphon tomba aux mains des musulmans durant la conquête de la Perse sous le commandement de Sa`d ibn Abi Waqqas, à l’époque du calife `Omar ibn al-Khattab. Elle prend alors le nom d’Al-Madâ’in. La population ne subit pas préjudice mais les palais et les archives furent brûlés.

[14] près de Bagdad

[15] Le monophysisme est une doctrine christologique apparue au 5ème siècle dans les écoles théologiques de l’empire byzantin. Cette doctrine tente de résoudre les contradictions de la foi nicéenne concernant la nature du Christ. La doctrine chrétienne s’est construite à l’origine autour du symbole de Nicée, c’est-à-dire la reconnaissance de la consubstantialité du Père et du Fils, tout comme de la nature humaine du Christ. Les monophysites, en revanche, affirment que le Fils n’a qu une seule nature et qu’elle est divine, cette dernière ayant absorbé sa nature humaine. Ils rejettent la nature humaine du Christ. En cela le monophysisme s’oppose au nestorianisme. Cette doctrine a été condamnée comme hérétique lors du concile de Chalcédoine en 451, tout comme la doctrine opposée. Malgré cela, sous l impulsion de personnages tels que Sévère d’Antioche, le monophysisme continue de se développer dans les provinces byzantines de Syrie et d’Égypte auprès des populations coptes tout au long du 6ème siècle, jusqu aux invasions perses puis arabes au tout début du 7ème siècle. Il fut également responsable du premier schisme entre Rome et Constantinople en 484. Le monophysisme est encore professé aujourd’hui, dans sa variante miaphysite. Ce sont les Églises préchalcédoniennes, arménienne, syro jacobite, copte, etc.