On situe son règne aux alentours de 1327 à 1323 av. jc. Beaucoup d’incertitudes demeurent sur les événements de cette époque contemporaine de la vie du Père Divin Aÿ, et des circonstances de son accession au trône.
D’origine incertaine, mais peut-être apparenté à la famille de Tiyi 1ère, l’épouse d’Amenhotep III originaire d’Akhmîm [1], il connaît une carrière ascendante sous le règne de 2 de ses prédécesseurs, est contemporain de la réforme amarnienne [2], autant que du retour à l’orthodoxie thébaine, avant de monter sur le trône à un âge avancé, grâce à son mariage avec la reine Ânkhésenamon, la veuve de Toutânkhamon.
Il ne profitera du pouvoir royal que 4 années, avant que ne lui succède finalement le général Horemheb, considéré comme le roi ayant mis un terme définitif à l’époque amarnienne.
Les origines de Aÿ sont incertaines. Il pourrait être le fils de Youya Prophète de Min et Touya ou Tyouyou , et donc le frère de Tiyi 1ère, l’épouse d’Amenhotep III, appartenant déjà, dans ce cas, à une famille très influente originaire d’Akhmîm.
Il épouse Tiyi II, et a au moins un fils, Nakhtmin qui, sous Toutânkhamon, a le titre de général.
Son épouse, Tiyi II, est citée comme nourrice de Néfertiti, la grande épouse royale d’Akhénaton, et Moutnedjemet , la future épouse d’Horemheb, comme Sœur de la grande épouse royale. Aussi certains spécialistes pensent-ils qu’Aÿ fut le père des deux femmes, bien qu’il n’y ait aucune certitude.
Aÿ est déjà un haut fonctionnaire sous le règne d’Akhénaton, où il est mentionné d’abord comme “Supérieur de la charrerie”.
Il cumule rapidement titres, honneurs et fonctions, parmi lesquels Scribe royal, Intendant de tous les chevaux du roi, chef des Amis du roi, Père Divin et Flabellifère à la droite du roi. Ces deux derniers titres, illustrant de très hautes fonctions, montrent qu’il faisait partie de l’entourage proche du roi réformateur à Akhetaton [3]. Il fut d’ailleurs certainement un des principaux fidèles de la nouvelle doctrine royale.
Après la mort du pharaon hérétique et la succession trouble qui suit, Aÿ reste un proche du nouveau roi et accompagne vraisemblablement Toutânkhamon lors de son retour à Thèbes. Il conserve le rang de Père Divin, peut-être en tant que tuteur du jeune roi. Il met en œuvre la politique de réconciliation du pouvoir royal avec le clergé thébain d’Amon. Le général Horemheb, autre grand personnage éminent du règne de Toutânkhamon, tient également un rôle de régent, de bras droit du roi, et d’héritier potentiel.
Pourtant, dans la tombe de Toutânkhamon, c’est Aÿ qui est représenté conduisant les funérailles, à la place habituellement occupée par le fils et successeur du roi défunt. Ainsi à la mort du jeune roi, prend-il le pouvoir, à un âge déjà avancé, et épouse peut-être la veuve de Toutânkhamon, Ânkhésenamon, troisième fille d’Akhénaton, afin de légitimer son accession au trône.
On peut s’étonner que le Père Divin Aÿ, fidèle d’Aton et courtisan apprécié d’Akhénaton, ait pu se maintenir au plus près du pouvoir royal après le retour à Thèbes, et se soit même finalement assis sur le trône sans être porteur du sang royal.
Après la mort du jeune pharaon Toutânkhamon, sa veuve, Ânkhésenamon, demande au grand roi des Hittites [4], Suppiluliuma 1er, de lui envoyer un de ses fils pour qu’il devienne son consort [5]. Après hésitation, le roi lui envoie son troisième fils, Zannanza . Celui-ci est assassiné en route vers l’Égypte, probablement sur les ordres du grand vizir Aÿ, qui épouse par la suite la jeune reine pour devenir pharaon.
Une fois roi, Aÿ poursuit l’œuvre de son prédécesseur. Pendant son court règne de 4 ans, il construit à Karnak [6] et Louxor [7]. Il se fait aménager un temple funéraire à Médinet Habou [8] qu’Horemheb reprendra à son compte et fera agrandir, et consacre un temple rupestre à Akhmîm.
Après sa mort, en effet, la damnatio memoriae, ordonnée par son successeur et les souverains ramessides à l’encontre de tous les protagonistes de l’époque amarnienne, frappera également Aÿ, qui fut longtemps un serviteur d’Akhénaton. Sa mémoire fut ainsi officiellement bannie, les images le représentant et son nom furent martelés, et son sarcophage détruit.
Ainsi, c’est le souverain Horemheb, dernier roi de la XVIIIème dynastie, qui représente véritablement le changement, et annonce la XIXème dynastie.