Fils de la reine Tiyi et du roi Amenhotep III . Figure controversée, considéré parfois comme l’un des grands mystiques de l’Histoire, il bouleverse, le temps d’un règne, l’histoire de l’Égypte antique en accélérant l’évolution théologique commencée par son prédécesseur et en voulant imposer le culte exclusif de Rê-Horakhty [1], dont il est à la fois le prophète et l’incarnation.
Parallèlement à la réforme religieuse, son règne voit l’émergence d’une nouvelle esthétique à la fois baroque et naturaliste, l’art amarnien [2]. L’imagerie royale est la première concernée par ce mouvement qui rompt avec la tradition et représente le pharaon et sa famille dans leur intimité.
Sur le plan politique enfin, les choix ou l’inertie d’Akhénaton conduiront à la première véritable crise du Nouvel Empire tant sur le plan économique qu’international
Le jeune souverain va progressivement d’abord, puis plus brutalement ensuite, imposer la première religion hénothéiste [3] connue de l’histoire, privilégiant le culte du disque solaire Aton . Pour des raisons encore mal connues, mais vraisemblablement en butte au conservatisme et à l’hostilité du clergé thébain, Akhénaton décide d’abandonner le culte du dieu dynastique Amon , le dieu caché.
En l’an IV du règne, il fait sa première visite à l’endroit où sera fondée sa future capitale, une cité vierge de la présence du dieu thébain. Il choisit comme emplacement un lieu désertique en Moyenne Égypte, sur la rive orientale du Nil, où il fait construire la cité d’Akhetaton [4], à quelque 300 km au nord de Thèbes [5]. Il entame des travaux qui draineront une grande partie des revenus affectés à Thèbes.
En l’an VI, il change de titulature, prend le nom d’Akhénaton et quitte enfin la ville d’Amon, Thèbes. La grande épouse Néfertiti porte le nom de Néfernéferouaton. Toute la cour et l’administration royales déménagent pour la nouvelle résidence encore inachevée, dont les temples, dédiés au dieu unique Aton, sont construits à ciel ouvert pour permettre à ses rayons bienfaisants d’y pénétrer.
On attribue souvent cette révolution culturelle et religieuse au seul Akhénaton, mais il semble qu’il n’ait fait qu’imposer une tendance née durant le règne de son père, Amenhotep III.
Avant Akhénaton, Aton était un dieu mineur dont l’existence est attestée dès le Moyen Empire. Au Nouvel Empire, Thoutmôsis III s’était placé sous sa protection et Amenhotep III avait encouragé le culte du dieu.
En l’an IX de son règne, Akhénaton ira plus loin, dans une apparente radicalisation de sa réforme, il ordonne de détruire, dans les principales régions névralgiques du royaume, les images de culte des anciennes divinités, à l’exception notable de Rê , afin de mener à bien son opération, effaçant l’expression des principes anciens pour faire place à la fonction nouvelle qu’il incarnait. En martelant les noms des dieux, dans un système de croyances où le Verbe est créateur, il annule leur faculté de s’incarner et occulte leur influence.
Loin de l’image idyllique d’un pharaon poète et rêveur mystique, le règne d’Akhénaton est considéré par beaucoup d’égyptologues comme une période sombre de l’Égypte antique. La réforme religieuse d’Akhénaton entraîna une perte d’influence importante des dieux du panthéon traditionnel, suppression de certains cultes, fermeture de temples, perte de biens du clergé, dégradation des effigies divines.
Le martelage des noms ne touche pas le royaume dans son entier, et le nom de certains dieux est laissé intact. Le gouvernorat du Fayoum [6] semble même avoir presque complètement échappé au martelage.
Si le roi s’attaque aux cultes des divinités traditionnelles du royaume, il n’y a aucune persécution du peuple égyptien, qui préserve ses croyances.
Il est cependant évident aussi que, en raison d’une centralisation excessive, et apparemment inefficace, ainsi qu’à l’amoindrissement des actifs et la confiscation des domaines des temples, l’Égypte connut une crise économique. En effet, en l’absence de tout numéraire, le système économique et social était basé sur le troc et sur la distribution des ressources stockées dans les greniers de l’État et des temples, de sorte que la confiscation des « domaines divins » par la couronne ruinait « tout un système de production et de redistribution qu’aucune structure nouvelle ne vient remplacer ».
En Syrie et en pays de Canaan [7], les Hittites [8] et les Amorrites [9] grignotent petit à petit les conquêtes de Thoutmôsis III. Ainsi, le roi de Qadesh [10], entré dans l’alliance hittite, conquiert la Syrie du Nord, tandis que Suppiluliuma et Assur-uballit 1er s’attaquent au Mitanni [11], allié de l’Égypte. De son côté, le roi d’Amourrou [12] se rend maître de plusieurs places fortes de la côte phénicienne [13].
Akhénaton omet de venir en aide à ses vassaux, malgré leurs appels pressants, de sorte que son inertie cause la perte de Sidon [14], de Tyr [15] et de Byblos [16]. Pendant ce temps, des bandes de nomades pillards, les Apirou [17], s’emparent de Megiddo [18] et de Jérusalem.
L’or est alors un élément de première importance dans la politique internationale, et l’Égypte, prospère, est réputée en posséder à profusion. Alors qu’une grande partie du prestige moral du royaume et de son influence à l’extérieur repose sur sa prodigalité, Akhénaton est beaucoup moins généreux que son père et les envois d’or s’amaigrissent considérablement. Les rois d’Assyrie, de Babylone et du Mitanni s’en plaignent dans les lettres qu’ils adressent à leur « frère » d’Égypte, sur des tons de moins en moins amicaux. À la fin du règne, il ne subsiste presque rien de l’empire asiatique des premiers Thoutmosides.
La mort d’Akhénaton est entourée de mystère. On ne sait ni quand ni comment il décède, ses successeurs ayant tout fait pour effacer les traces du roi hérétique.
Smenkhkarê , gendre et successeur d’Akhénaton après une probable corégence, meurt à la fin d’un règne éphémère. Le pouvoir revient alors à un enfant de 9 ans, Toutânkhaton , qui avait épousé la 3ème fille d’Akhénaton.
Le culte d’Aton s’éteint pratiquement avec la disparition d’Akhénaton. Au bout de 3 ans, Toutânkhaton quitte Amarna ; il adopte le nom de Toutânkhamon, restaure le culte des dieux traditionnels et rétablit le clergé dans les biens dont l’avait dépouillé Akhétaton.