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Démocrite d’Abdère dit Démocrite

samedi 1er janvier 2022, par ljallamion

Démocrite d’Abdère dit Démocrite (vers 460 av. jc-370 av. jc)

Philosophe grec

Considéré comme matérialiste en raison de sa conception d’un Univers constitué d’atomes et de vide.

Il a été un disciple de Leucippe, le fondateur de l’atomisme [1] ; Diogène Laërce attribua injustement l’ouvrage de Démocrite à propos de l’atomisme à Épicure. Ses contributions exactes sont difficiles à démêler de celles de son mentor Leucippe, car ils sont souvent mentionnés ensemble dans les textes des doxographes [2].

Démocrite était pourtant bien connu de son compatriote Aristote ; Platon aussi connaissait l’atomisme démocritéen, comme on le voit dans le Timée [3], où des analogies évidentes existent entre d’une part l’atomisme platonicien et sa conception de la pathologie des tissus, et d’autre part les maladies et la mort de l’organisme vivant et du cosmos chez Démocrite ; de telles analogies suggèrent l’hypothèse d’une influence de Démocrite sur certaines pages du Timée ; mais Platon ne nomme jamais Démocrite, ce qui a autorisé un anti-platonicien comme Aristoxène à formuler une explication non exempte d’une certaine tonalité polémique malveillante.

Démocrite est souvent classé parmi les présocratiques [4] du point de vue philosophique, bien qu’il soit un peu plus jeune que Socrate, et qu’il soit mort quelque 30 années après lui.

Démocrite, troisième fils d’Hégésistrate, d’Athénacrite ou de Damasippe, est né à Abdère [5], dans la 80ème olympiade [6] (460-457 av. jc) ou, selon d’autres, dans la 77ème (en 470-469 av. jc).

Il fut éduqué par des mages perses qui lui apprirent la théologie et l’astronomie, après que Xerxès 1er, roi des Perses, eut atteint Abdère en 480 av. jc puis fut le disciple de Leucippe, actif vers 440 av. jc. Après avoir hérité d’une forte somme d’argent de son père, il voyagea beaucoup.

Démocrite apprit la géométrie auprès des prêtres d’Égypte, et l’astrologie en Perse. Il aurait également voyagé en Inde, où il aurait rencontré les gymnosophistes [7], en Éthiopie [8] et en Babylonie [9]. Il serait même allé à Athènes [10], rencontrant Socrate sans s’en faire connaître, par indifférence pour la gloire. Ce passage à Athènes était néanmoins considéré déjà comme douteux dans l’Antiquité.

De retour de ses voyages, ayant dilapidé sa fortune, une disgrâce imprévue l’attendait. Ses ennemis l’accusèrent d’avoir dissipé tout son patrimoine en des voyages inutiles entrepris par une vaine curiosité. Le Philosophe parut devant le Sénat d’Abdère, et pour toute défense, il se contenta de lire les premières pages d’un Traité nommé “Grand ordre du monde” qu’il venait de finir. Les Juges frappèrent des mains, et lui donnèrent mille louanges ainsi qu’une récompense de 500 talents. Il vécut ensuite dans la pauvreté, et fut entretenu par Damaste, son frère.

D’autre part, selon Pline l’Ancien, , il aurait prouvé à ses concitoyens qui dénigraient les études auxquelles il se livrait, qu’il était capable de s’enrichir, bien que cela ne l’intéressât point car selon lui, celui qui sait jouir du peu qu’il a est toujours assez riche . Il aurait procédé de la façon suivante : évaluant sur des considérations astrologiques une hausse du cours de l’huile, il a acheté la plupart des stocks pour les revendre à la montée des cours. Les notables auraient alors constaté tant son intelligence que son indifférence pour le gain lorsqu’il rendit la marchandise sans demander le fruit de sa spéculation.

Aulu-Gelle raconte que Démocrite, se promenant un jour aux environs d’Abdère, rencontra un portefaix nommé Protagoras, qui portait une charge de bois retenue par un seul lien et placée dans un équilibre tel que sa pesanteur en était comme diminuée. Le philosophe demanda à Protagoras qui lui avait appris à mettre ainsi son fardeau en équilibre. Protagoras répondit qu’il avait trouvé lui-même ce moyen, et, pour le prouver, il défit à l’instant son fagot et le rétablit ensuite en peu de temps avec le même soin. Frappé de l’intelligence de cet homme, Démocrite lui aurait alors proposé de l’admettre au nombre de ses disciples. Protagoras aurait accepté et devint ensuite un philosophe sophiste [11].

Il semble avoir été partisan des pythagoriciens [12], et il admirait Pythagore. Peut-être même fut-il en rapport avec Philolaos de Crotone.

Ses dons d’observation, qui vont grossir l’image légendaire d’un Démocrite capable de déductions subtiles, fondées sur des observations qui échappent aux autres mortels et relevant plus ou moins de la magie, étonnaient ses contemporains.

Sa popularité ne rendit pas Démocrite plus sociable. Il s’appliqua au contraire davantage à l’étude ; et afin de n’être point détourné par les visites importunes et les conversations de parade, si ordinaires entre les savants, il rechercha la solitude et les ténèbres. Démocrite passait des semaines entières pour étudier plus tranquillement : là il ne se livrait qu’à de profondes méditations. Des jeunes gens essayèrent de lui faire peur ; ils se déguisèrent en spectres, ils prirent les masques les plus affreux, et vinrent le trouver dans sa retraite avec ce qu’ils crurent le plus capable de lui inspirer de l’effroi. Mais Démocrite ne daigna pas les regarder, et se contenta de leur dire tout en écrivant : Cessez donc de faire les fous.

Il devint aveugle, sans que l’on connaisse la cause exacte de sa cécité.

Il mourut vers l’âge de 103 ans, et fut enterré aux frais de l’État. Il semble s’être laissé mourir, en mangeant de moins en moins, pour quitter la vieillesse qui affaiblissait sa mémoire, et mourut d’épuisement.

P.-S.

Source : Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Wikipédia Démocrite/ Portail de la Grèce antique/ Portail des mathématiques/ Portail de l’athéisme/ Catégories : Philosophe du 5ème siècle av. jc./ Philosophe matérialiste/ Philosophe présocratique

Notes

[1] L’atomisme est un courant philosophique proposant une conception d’un univers discontinu, composé de matière et de vide. Selon les atomistes, les atomes composant l’univers sont tous de même substance. Ils sont insécables et ne diffèrent les uns des autres que par leur forme, leur position et leur mouvement. Les atomistes constituent le réel avec le non-être, lequel a ainsi autant de réalité que l’être lui-même. Au 5ème siècle av. jc, Leucippe et son élève Démocrite d’Abdère sont considérés comme les fondateurs de l’atomisme, doctrine reprise plus tard par Épicure depuis le début du 4ème siècle av. jc, puis par Lucrèce au 1er siècle av. jc.

[2] L’activité d’un doxographe consiste à reproduire et souvent commenter les propos, opinions et écrits de penseurs antérieurs ou contemporains, surtout de la Grèce antique.

[3] Le Timée, l’un des derniers dialogues de Platon, est considéré depuis l’Antiquité comme l’œuvre capitale du philosophe. Rédigé sans doute vers 358 av. jc, à peu d’intervalle du Politique et du Philèbe, mais avant Les Lois, comme le montrent les nombreuses analogies entre ces trois dialogues, le Timée devait composer une trilogie avec le Critias et l’Hermocrate, mais rien de ce dernier dialogue ne nous est jamais parvenu. Cette trilogie avait pour projet de décrire les origines de l’univers, de l’homme et de la société.

[4] Les présocratiques sont des philosophes qui, dans la Grèce antique, ont participé aux origines de la philosophie et ont vécu du milieu du 7ème siècle av. jc jusqu’au 4ème siècle av. jc, c’est-à-dire pour la plupart avant Socrate.

[5] Abdère est une cité grecque de la Thrace antique, située près de l’embouchure du fleuve Nestos, en face de l’île de Thasos. Fondée en 656–654 avant notre ère, elle a été renommée Polystylon au 9ème siècle, à l’époque byzantine, avant d’être abandonnée sous l’ère ottomane à cause de l’envasement du port.

[6] L’olympiade est une unité de temps constituée par la période de quatre années s’écoulant entre deux jeux olympiques. Elle est la base de la chronologie du monde grec à partir d’Alexandre le Grand.

[7] Les gymnosophistes sont des philosophes de l’Égypte antique et indiens samnyâsin (renonçants) qui promouvaient une vie ascétique, détachée des biens matériels. Ils étaient ainsi appelés par les Grecs parce qu’ils vivaient nus.

[8] Dans la mythologie grecque, on appelle le plus souvent Éthiopiens les peuples d’Afrique, au sud de l’Égypte, ayant une couleur de peau noire. Ce nom signifie « visage brûlé » et fait référence à la légende de Phaéton, né de l’union d’Hélios et de Clymène, épouse de Mérops, roi des Éthiopiens

[9] Le royaume de Babylone s’est épanoui en Mésopotamie du sud du début du 2ème millénaire avant jc jusqu’en 539 av. jc, date de la prise de sa capitale par le roi Cyrus II de Perse. Cet État s’affirme à partir de la cité de Babylone dans le courant du 18ème siècle av. jc, sous l’impulsion du plus grand roi de sa première dynastie, Hammurabi. Après son pillage par les Hittites en 1595 av jc, Babylone passe sous l’autorité d’une dynastie d’origine kassite qui stabilise ce royaume pendant plus de quatre siècles. Cette période marque le début de la rivalité avec le royaume voisin situé au nord, l’Assyrie, qui marque les siècles suivants. Après plusieurs siècles d’instabilité entre 1100 et 800 av. jc, la Babylonie passe sous la coupe de l’Assyrie pendant plus un siècle (728-626 av. jc), avant d’initier une réaction qui aboutit à la destruction de l’Assyrie et à la formation de l’empire néo-babylonien (626-539 av. jc) par Nabopolassar et Nabuchodonosor II. Cette dernière phase de l’histoire du royaume de Babylone est brève, s’achevant en 539 av. jc par sa conquête par le roi perse Cyrus II. Dès lors, Babylone n’est plus dominée par une dynastie d’origine autochtone : aux Perses Achéménides (539-331 av. jc) succèdent les Grecs Séleucides (311-141 av. jc), puis les Parthes Arsacides (141 av. jc-224 ap. jc). La Babylonie conserve néanmoins sa prospérité jusqu’aux débuts de notre ère, tandis que sa culture millénaire s’éteint lentement.

[10] Athènes est l’une des plus anciennes villes au monde, avec une présence humaine attestée dès le Néolithique. Fondée vers 800 av. jc autour de la colline de l’Acropole par le héros Thésée, selon la légende, la cité domine la Grèce au cours du 1er millénaire av. jc. Elle connaît son âge d’or au 5ème siècle av. jc, sous la domination du stratège Périclès

[11] Un sophiste désigne à l’origine un orateur et un professeur d’éloquence de la Grèce antique, dont la culture et la maîtrise du discours en font un personnage prestigieux dès le 5ème siècle av. jc en particulier dans le contexte de la démocratie athénienne, et contre lequel la philosophie va en partie se développer. La sophistique désigne par ailleurs à la fois le mouvement de pensée issu des sophistes de l’époque de Socrate, mais aussi le développement de la réflexion et de l’enseignement rhétorique, en principe à partir du 4ème siècle av. jc, en pratique à partir du 2ème siècle ap. jc. dans l’Empire romain.

[12] Il s’agit d’une fraternité philosophique, religieuse et scientifique, proche de l’orphisme. On dirait aujourd’hui un Ordre, au sens où la Franc-maçonnerie ou la Rose-Croix sont des Ordres. La communauté s’échelonne sur quatre degrés initiatiques et hiérarchiques, comme dans de nombreuses organisations initiatiques. Les femmes et les étrangers sont admis. Les profanes sont « les gens du dehors », les gens du commun, auxquels rien n’est révélé.