Isidore naquit à Milet [1]. Il vécut à Constantinople [2] et avec Anthémius de Tralles, fut chargé par l’empereur Justinien 1er de construire la cathédrale Sainte-Sophie [3] en 532.
Il se tailla une réputation enviable de « mechanicos [4] et qui possède de plus un esprit agile, propre à découvrir, dit-on, les meilleurs moyens pour faire des constructions. En plus de pratiquer la profession d’architecte, il enseigna la géométrie dans l’espace et la physique à partir des travaux d’Archimède et d’Euclide, d’abord à Alexandrie [5], puis à Constantinople, probablement entre les travaux qui lui étaient confiés.
On sait qu’il écrivit des commentaires sur un traité déjà existant de Héron d’Alexandrie , ingénieur, mécanicien et mathématicien grec du 1er siècle, concernant les voûtes en architecture. On lui attribue une première compilation des travaux d’Archimède dans ses Commentaires sur Archimède, le géomètre Eutocios d’Ascalon dit qu’il s’est servi de l’édition revue par l’ingénieur Isidore de Milet, son maitre.
Celui-ci crédite également Isidore de Milet pour l’invention d’un compas servant à dessiner les paraboles.
Le 13 janvier 532, au cours de l’émeute dite de Nika* dirigée contre l’empereur Justinien la cathédrale Sainte Sophie fut incendiée ainsi que de nombreux édifices publics et privés.
À peine quelques jours plus tard, l’empereur Justinien prit la décision de reconstruire cette église avec des matériaux résistants au feu et de faire de cette église la plus grande cathédrale du monde chrétien de l’époque ; il posa lui-même la première pierre le 23 février 532. Pour en tracer les plans, il fit appel à deux mathématiciens et ingénieurs jouissant déjà d’une grande renommée, Anthémius de Tralles et Isidore de Milet.
Le concept des deux architectes était unique, combinant la structure longitudinale d’une basilique romaine et le plan circulaire d’un temple surmonté d’un dôme ; il ne devait être imité qu’au 16ème siècle dans la construction de mosquées ottomanes.
Le principal problème résidait dans sa superficie. Certes de nombreux édifices avec dômes avaient été construits à Rome et à Constantinople, mais un dôme de 31 m qui ne reposait directement sur aucun mur solide, semblant plutôt flotter dans les airs, constituait un exploit unique et aucun architecte de l’époque ne pouvait calculer la charge qu’il représenterait sur les parois extérieures. De fait, en dépit de la précision qu’apportèrent les deux architectes à la construction des murs de soutien, ceux-ci commencèrent à pencher vers l’extérieur et à deux reprises, les architectes durent aller trouver l’empereur pour lui faire part de leurs inquiétudes ; mais chaque fois celui-ci ordonna de poursuivre les travaux. Et de fait lorsque vint le moment de placer le dôme, l’espace à couvrir était plus important que la dimension prévue pour celui-ci et formait une ellipse, la partie nord-sud étant d’environ deux mètres plus large que la partie est-ouest.
Ce premier dôme, conçu par Anthémius, ne dura que 20 ans. Ébranlé par une série de tremblements de terre qui secouèrent Constantinople entre 553 et 557, il s’écroula en 558, détruisant l’ambon [6], l’autel et le ciborium [7] qui se trouvaient dessous.
Une commission d’experts fut alors assemblée, présidée par Isidore le Jeune, neveu d’Isidore de Milet. On sait qu’Anthémius mourut peu après le début des travaux de construction et Isidore de Milet était certainement mort aussi, sinon il eût presque certainement été nommé responsable de la reconstruction.
Sur leur recommandation, les arches nord et sud furent progressivement élargies à l’intérieur, de la base jusqu’à la couronne, formant ainsi un espace central presque carré sur lequel fut construit un dôme plus élevé de 6 m que l’original. Bien que certaines parties s’écroulent en 989 et en 1346, l’aspect demeure de nos jours essentiellement le même que ce qu’avait imaginé Isidore de Milet