Antipater (397-319 av. jc)
Général Macédonien
Il fut l’un des plus grand généraux de Philippe II, puis de son fils Alexandre le Grand. Il est régent de Macédoine [1] durant la conquête de l’empire perse. Après la mort d’Alexandre, il conserve la régence et prend part aux guerres des diadoques [2].
En 342, Philippe II le charge de gouverner la Macédoine pendant qu’il mène campagne contre des tribus thraces [3]. Durant cette régence, il se distingue en envoyant des troupes en Eubée [4] contre Athènes qui essayait de soulever les cités contre la domination macédonienne. A l’automne 342, il représente Philippe à la Ligue Amphictyonique de Delphes [5], une organisation religieuse dont la Macédoine faisait partie depuis 346.
À partir de 340, en l’absence de Philippe parti assiéger Byzance [6], la régence échoit au jeune Alexandre. Suite à la victoire de Philippe à la bataille de Chéronée [7], il fut envoyé en ambassade à Athènes afin de conclure un traité de paix et de rendre les dépouilles des athéniens morts au combat.
Après l’assassinat de Philippe en 336, il aida le jeune Alexandre à accéder au trône. Il apparaît alors à cette époque comme étant proche d’Alexandre et d’Olympias.
Il conseille vainement à Alexandre de ne pas commencer l’expédition asiatique avant qu’il n’ait un héritier. En 334, il est désigné stratège [8] d’Europe, à charge pour lui d’assurer la régence de la Macédoine et de préserver la ligue de Corinthe [9] tout en réprimant d’éventuels mouvements de rébellion en Grèce.
Il dispose sous le règne d’Alexandre de pouvoirs très étendus. Il mena une politique avisée et montra son attachement à une monarchie traditionnelle et patriarcale dans laquelle la noblesse pouvait s’exprimer librement au sein du Conseil royal. Pendant qu’Alexandre conquit l’Asie, il apparaît de fait comme le souverain aux yeux des Macédoniens. Il utilise la ligue de Corinthe afin de maintenir les Grecs dans la dépendance tout en s’appuyant, comme Philippe II, sur des régimes oligarchiques ou tyranniques soutenus par des garnisons macédoniennes.
Il participa indirectement à la conquête en envoyant par exemple des renforts à l’hiver 334-333 pendant le séjour d’Alexandre à Gordion [10]. Il dut également faire face en Égée à la flotte perse commandée par Memnon de Rhodes qui, heureusement pour Antipater, meurt durant le siège de Mytilène [11] au début 333.
Le reste de la flotte perse fut dispersé après la victoire d’Alexandre à Issos [12].
Il fut rapidement au prise avec les cités grecques qui profitèrent de l’absence d’Alexandre pour se soulever, Memnon de Rhodes ayant auparavant pris contact avec le roi de Sparte, Agis III, et les cités les plus hostiles aux Macédoniens. En 332, il doit faire face à la révolte de tribus thraces emmenées par un stratège macédonien. Puis au printemps 331, au moment où Alexandre quitte l’Égypte, il est menacé par les ambitions d’Agis. Celui-ci, qui vient de mener campagne en Crète [13], entend soumettre tout le Péloponnèse [14] et assiège Megalopolis [15] avec le soutien de contingents achéens [16], élidiens [17] et arcadiens [18].
Antipater reçoit une part du trésor de Suse [19], ce qui lui permet de recruter de nombreux mercenaires et de lever une armée 2 fois plus nombreuse que son adversaire. Il conclue une trêve avec les tribus thraces et mène en personne l’offensive dans le Péloponnèse. Il défait l’armée spartiate à la bataille de Megalopolis durant laquelle Agis trouva la mort. Sparte négocia la paix directement avec Alexandre qui lui imposa le paiement de 120 talents et surtout leur entrée dans la ligue de Corinthe. Après la mort d’Agis, la Grèce entra sous la férule d’Antipater dans une période de paix jusqu’en 322.
Au fil de la conquête de l’Asie, Antipater manifeste de plus en plus sa réticence envers la politique orientalisante d’Alexandre. En outre, il ne conçoit pas qu’un roi puisse recevoir des honneurs divins et n’admet pas la nouvelle politique impériale d’Alexandre en Grèce. Il est chargé de faire appliquer ces édits royaux tandis que son hostilité à l’égard de cette politique remonte jusqu’à Alexandre par le biais d’Olympias.
Encouragé par la reine mère, Alexandre décide dans un premier temps, à la fin du printemps 324, d’appeler Antipater à Babylone [20] pour lui demander des comptes. Mais le régent refuse et envoie son fils Cassandre plaider sa cause. En vain, puisque Alexandre charge le fidèle Cratère de retourner en Macédoine avec un contingent de vétérans avec secrètement pour mission de destituer Antipater, par la force si nécessaire.
Mais la mort d’Alexandre en juin 323 modifie ce plan.
La mort d’Alexandre apparaît être une bonne nouvelle pour Antipater. Celui-ci est en effet confirmé dans ses fonctions de stratège d’Europe au sein d’un triumvirat formé avec Perdiccas, chiliarque [21] de l’empire, et Cratère, tuteur des rois.
C’est à ce moment qu’Antipater doit faire face à une nouvelle coalition en Grèce qui mène à la guerre lamiaque [22] en 323-322. Dès la mort d’Alexandre, les Athéniens se soulevèrent contre la domination macédonienne. Hypéride suscite une alliance avec principalement des Étoliens [23], des Thessaliens [24], des Locriens [25] et des Phocidiens [26]. Fort d’un contingent de mercenaires payés avec le trésor pris à Harpale, le stratège Léosthène défait les Macédoniens en Béotie [27]. Antipater doit abandonner les Thermopyles [28] et décide, vu l’infériorité numérique de son armée, de s’enfermer dans Lamia [29] en attendant les renforts venus d’Asie vers la fin 323. Il envoie une ambassade conduite par Hécatée, tyran de Cardia [30], auprès de Léonnatos afin que celui-ci, qui est censé mener campagne en Cappadoce [31] au profit d’Eumène de Cardia, passe en Macédoine.
Lysimaque ne peut quant à lui venir en aide à Antipater car il est occupé à soumettre les tribus thraces. L’arrivée en Égée d’une puissante escadre phénicienne et chypriote. Cleithos, l’amiral macédonien, défait la flotte athénienne dans l’Hellespont [32] permettant la traversée des troupes de Léonnatos. Celui-ci trouve la mort aux pieds des remparts de Lamia mais l’arrivée de son armée permet à Antipater d’évacuer la cité. Au printemps 322, la flotte athénienne est détruite au large d’Amorgos [33]. Cela permet de libérer la mer Égée et d’amener en Grèce les renforts de Cratère. À la tête d’un contingent de 50 000 fantassins et 5 000 cavaliers vétérans, celui-ci rejoint Antipater, à l’été 322, qui pour sceller cette alliance offre à Cratère d’épouser sa fille Phila. L’apport de ces troupes est décisif. En août 322, les alliés grecs sont écrasés à la bataille de Crannon [34] en Thessalie. Suite à cette victoire complète, il impose à Athènes une paix drastique. La démocratie est abolie pour être remplacée par un régime oligarchique [35]. Hypéride est torturé et exécuté, Démosthène contraint au suicide. Antipater et Cratère comptent envahir l’Étolie mais l’arrivée em Macédoine d’Antigone qui leur fait part des ambitions royales de Perdiccas les incite à abandonner ce projet.
Dans un premier temps, Antipater a voulu conclure une alliance en lui offrant d’épouser sa fille Nikaia, ce que Perdiccas a accepté. Nikaia arriva en Asie Mineure [36] où se trouvait Perdiccas avant l’automne 322. Mais d’un autre côté, Olympias voulait porter tort à Antipater et chercha à se débarrasser de Philippe III. Pour cela, elle rechercha l’alliance de Perdiccas en lui proposant d’épouser la propre sœur d’Alexandre, Cléopâtre, veuve d’Alexandre d’Épire, et de marcher sur la Macédoine afin d’y ramener la dépouille d’Alexandre. Perdiccas finit donc par renoncer à Nikaia pour accepter l’union avec Cléopatre au début de l’année 321. Mais il s’aliène Antipater qui met sur pied une coalition contre lui.
Cette 1ère coalition des diadoques réunit principalement Antipater, Cratère, Ptolémée et Antigone contre Perdiccas. Au printemps 321, Antigone débarqua ses troupes à Éphèse [37] tandis que Antipater et Cratère traversèrent sans difficulté l’Hellespont, les troupes de Perdiccas désertent en masse. Le chiliarque, alors stationné en Cilicie [38] avec les rois, décida de marcher contre Ptolémée, tandis qu’Eumène de Cardia fut chargé de défendre l’Asie Mineure contre Antipater et ses alliés. Perdiccas trouva la mort en Égypte, tandis qu’Eumène défait Cratère en Asie Mineure au printemps 321, les Macédoniens ralliés par Eumène après la mort de Cratère s’échappent rapidement auprès d’Antipater. À l’automne 321, Eumène manque de livrer bataille à Antipater en Lydie [39] mais Cléopâtre parvient à le convaincre de quitter Sardes [40] et d’éviter le combat avec le prestigieux régent.
La mort de Perdiccas entraîna une nouvelle répartition des postes. Au conseil de Triparadisos [41] en Syrie, Antipater, qui est présent pour la première fois en Asie, reçoit les pleins pouvoirs avec le titre d’épimélète [42] des rois. Il devient à la fois régent de l’empire et tuteur des rois, même si cette charge est d’abord prévue pour échoir à Antigone. Néanmoins l’autorité d’Antipater apparaît être brièvement contestée. Il doit subir à Triparadisos [43] une mutinerie fomentée par Eurydice. L’armée réclame en effet auprès d’Antipater les gratifications promises par Alexandre. Eurydice accuse Antipater en public mais l’intervention des troupes d’Antigone permet au régent de reprendre le contrôle de la situation.
Antipater confie immédiatement de vastes pouvoirs à Antigone qui reçoit, en plus d’un maintien dans ses satrapies, le titre de stratège d’Asie, à charge pour lui de vaincre Eumène de Cardia. Antigone bénéficie dès lors de pouvoirs équivalents à ceux confiés à Antipater sous le règne d’Alexandre.
Antipater lui adjoint cependant comme second son propre fils Cassandre, désigné chiliarque de la cavalerie. Mais la mésentente entre Antigone et Cassandre éclate peu après. Désavoué par son père qui n’est pas encore rentré en Europe, Cassandre parvient cependant à le convaincre de ne pas se séparer des rois et à les emmener avec lui en Macédoine. Ce geste de défiance envers Antigone, à qui a été auparavant confié la garde des rois, est compensé par le mariage entre Phila, veuve de Cratère, avec le fils d’Antigone, Démétrios. Désormais les deux anciens généraux de Philippe II se partagent l’autorité impériale : Antipater en Europe et Antigone en Asie.
Il cherche aussi à s’allier les bonnes grâces de Ptolémée en lui offrant la main de sa fille Eurydice en 321.
Au début de 319, la menace que représente désormais Antigone en Asie l’oblige à infléchir sa politique, et peut-être déjà à préparer un recours à Eumène de Cardia. En effet celui-ci, réfugié dans la forteresse de Nora [44] en Cappadoce, a proposé des négociations de paix à Antipater par l’intermédiaire de Hiéronymos de Cardia, le futur historien des diadoques. Cette ambassade, accueillie avec les honneurs par le régent, démontre qu’un rapprochement a eu lieu entre Antipater et Eumène au détriment d’Antigone.
Antipater meurt peu après, à l’été 319, à l’âge de 78 ans.
Notes
[1] Le royaume de Macédoine est un État antique situé au nord de la Grèce correspondant aujourd’hui principalement à la Macédoine grecque. Il est centré sur la partie nord-est de la péninsule grecque, bordé par l’Épire à l’ouest, la Péonie au nord, la Thrace à l’est et la Thessalie au sud. Royaume périphérique de la Grèce aux époques archaïque et classique, il devient l’État dominant du monde grec durant l’époque hellénistique. L’existence du royaume est attestée au tout début du 7ème siècle av. jc avec à sa tête la dynastie des Argéades. Il connaît un formidable essor sous le règne de Philippe II qui étend sa domination sur la Grèce continentale en évinçant Athènes et la ligue chalcidienne pour ensuite fonder la Ligue de Corinthe. Son fils Alexandre le Grand est à l’origine de la conquête de l’immense empire perse et de l’expansion de l’hellénisme en Asie à la fin du 4ème siècle av. jc. Après sa mort, la Macédoine passe brièvement sous la tutelle des Antipatrides dans le contexte des guerres des diadoques. En 277, la royauté échoit à Antigone II Gonatas qui installe la dynastie des Antigonides qui règne jusqu’en 168, date à laquelle la Macédoine est conquise par les Romains. En 146 la Macédoine devient une province romaine.
[2] En grec ancien diádokhos, qui veut dire successeur . C est le nom donné aux généraux successeurs d Alexandre le Grand, qui se partagèrent son empire à sa mort en 323 av jc.
[3] La Thrace désigne une région de la péninsule balkanique partagée entre la Grèce, la Bulgarie et la Turquie ; elle doit son nom aux Thraces, la peuplade qui occupait la région dans l’Antiquité. Au 21ème siècle, la Thrace fait partie, à l’ouest, de la Grèce, Thrace occidentale, au nord, de la Bulgarie et, à l’est, de la Turquie, Thrace orientale.
[4] L’Eubée est la plus grande des îles de la mer Égée, située en face de l’Attique et de la Béotie, dont elle est séparée par le détroit de l’Euripe.
Les Eubéens subissent de nombreuses guerres, en particulier contre les Athéniens, les Perses, et les Spartiates. Ils seront tantôt serviles, et tantôt déclarés libres. Dans l’Antiquité l’histoire de l’île se confond avec celles de ses villes principales Chalcis et Érétrie. Vers 340 avant jc : Philistide, soutenu par Philippe II de Macédoine, opprime cruellement la ville d’Histiée. La ville se soumet successivement à Philippe II, puis à Alexandre le Grand, et Antigone le Borgne. Antiochus dit le Grand, et Mithridate s’emparent de la ville. L’esclavage est aboli par les Romains. Marc Antoine la donne aux Athéniens, puis Auguste la déclare indépendante, qui le restera jusqu’au règne de Vespasien.
[5] L’amphictyonie de Delphes était une ligue religieuse rassemblant plusieurs États grecs, formant un conseil chargé principalement de l’administration du sanctuaire d’Apollon à Delphes, et de celui de Déméter aux Thermopyles. Le conseil était composé des délégués représentant chaque peuple, les hiéromnémon accompagnés par des pylagores, assistants désignés par tirage au sort par leurs concitoyens, qui possédaient le droit de délibérer, mais non celui de voter. L’influence des pylagores est supérieure à celle des hiéromnémons. Les membres de la ligue prêtaient un serment qui les engageait à ne pas se faire la guerre et à respecter le trésor déposé dans le temple d’Apollon
[6] Byzance est une ancienne cité grecque, capitale de la Thrace, située à l’entrée du Bosphore sur une partie de l’actuelle Istanbul. La cité fut reconstruite par Constantin et, renommée Constantinople en 330, elle est devenue la capitale de l’Empire romain, puis de l’Empire romain d’Orient et enfin de l’Empire ottoman à partir de 1453 (date de la prise de la ville par les Turcs). Elle fut rebaptisée Istanbul en 1930.
[7] La première bataille de Chéronée, en août 338 av. jc, est une victoire de Philippe II de Macédoine sur une coalition de cités grecques menée par Athènes.
[8] Un stratège est un membre du pouvoir exécutif d’une cité grecque, qu’il soit élu ou coopté. Il est utilisé en grec pour désigner un militaire général. Dans le monde hellénistique et l’Empire Byzantin, le terme a également été utilisé pour décrire un gouverneur militaire. Dans la Grèce contemporaine (19ème siècle jusqu’à nos jours), le stratège est un général et a le rang d’officier le plus élevé.
[9] Sous le nom de Ligue de Corinthe on désigne dans la Grèce antique plusieurs confédérations. La plus importante d’entre elles est celle qui fut créée à Corinthe en 337 la bataille de Chéronée en 338 et qu’on appelle également ligue des Hellènes. Après la défaite de la vaste coalition initiée par Athènes contre Philippe II, roi de Macédoine, le vainqueur imposa une alliance à laquelle toutes les villes grecques furent contraintes d’adhérer à l’exception de Sparte. Cette alliance donnait une forme stable à l’hégémonie de la Macédoine sur la Grèce ; il s’agissait au départ d’un simple traité de paix commune auquel toutes les cités grecques sauf Sparte adhérèrent
[10] Gordium était la capitale de l’ancienne Phrygie. Elle était située à 70-80 km au sud-ouest d’Ankara, près de la ville moderne de Yassihüyük dans le district de Polatlı, dans la vallée du fleuve Sangarios qui coule du centre de l’Anatolie jusqu’à la mer Noire. Gordion était située sur la voie de l’ancienne route commerciale qui traversait le cœur de l’Asie Mineure, qui deviendra la "route Royale" sous le roi Perse Darius 1er et qui passait aussi par Pessinonte et Ancyre (Ankara).
[11] Mytilène est la principale ville de Lesbos, une île grecque de la mer Égée. Elle est bâtie sur la pointe sud de l’île, à proximité de la côte turque. Vers 334 av. jc, après l’arrestation de son ami, le tyran Hermias d’Atarnée, le philosophe Aristote de Stagire quitte Assos pour se réfugier à Mytilène dans la propriété du philosophe péripatéticien Théophraste d’Érésos. Au début de l’expédition d’Alexandre le Grand, Memnon de Rhodes meurt sous les murs de la ville assiégée pour couper le ravitaillement des troupes macédoniennes ; la ville conquise par les Perses est reprise par l’amiral macédonien Amphotéros en 332 av. jc. Après 321 av. jc, le philosophe Épicure s’installe un temps et commence à y enseigner.
[12] La bataille d’Issos s’est déroulée le 1er novembre 333 av. jc dans l’antique Cilicie. Elle oppose l’armée d’Alexandre le Grand à celle de Darius III. L’armée macédonienne remporte une victoire décisive sur l’armée perse pour la première fois commandée par Darius en personne. Le lieu de la bataille se situe près de l’actuel İskenderun en Turquie, aux abords d’un petit fleuve côtier appelé Pinaros durant l’Antiquité, à 10 km environ au sud d’Issos. L’identification de ce fleuve côtier pose problème mais il s’agirait bien de l’actuel Payas (Pajas).
[13] La Crète, est une île grecque, autrefois appelée « île de Candie ». Cinquième île de la mer Méditerranée en superficie, elle est rattachée en 1913 à la Grèce
[14] Le Péloponnèse est une péninsule grecque, qui couvre 21 379 km². Elle a donné son nom à la périphérie du même nom qui couvre une part importante de la péninsule, regroupant cinq des sept nomes modernes qui la divisent. Seul deux nomes (l’Achaïe et l’Élide) situés au nord-ouest de celle-ci sont rattachés à la périphérie de Grèce-Occidentale. Le Péloponnèse était nommé aussi Argos (principale puissance de l’époque) par Homère. Dans l’antiquité classique, il est divisé entre plusieurs cités dont les principales sont Sparte, Argos et Corinthe. Le centre de la péninsule est constitué par l’Arcadie. Dans le nord-ouest, le sanctuaire d’Olympie est un des plus importants de la Grèce, tandis qu’à l’est on trouve les sanctuaires d’Épidaure et de Némée. Le Péloponnèse occupe une place relativement mineure pendant la période romaine, où il forme la province d’Achaïe. Corinthe, capitale de la province, est alors la principale ville de Grèce.
[15] Mégalopolis ou Megalópoli est une ville de Grèce, dans le Péloponnèse, dans la vallée de l’Alphée. Elle fut fondée entre 371 et 368 avant notre ère par Épaminondas pour surveiller Sparte, et fut le siège de la ligue arcadienne. En 331, Agis III, roi de Sparte, fut tué lors de la première bataille de Mégalopolis, qui l’opposa à Antipater, un général d’Alexandre le Grand.
[16] Le nom Achéens peut faire référence, en fonction du contexte, à plusieurs notions : Les Achéens sont l’un des premiers peuples Indo-européens à avoir envahi la Grèce. Ils y apparaissent vers 1900 av. jc. Ils sont originaires des régions plus septentrionales et arrivent par l’Ouest. Ils s’installent d’abord en Épire, puis descendent en Thessalie. Ils chassent les premiers habitants, les Pélasges grâce à leur suprématie militaire. Leurs centres principaux sont les cités d’Argos, Tirynthe, Pylos mais surtout Mycènes
[17] L’Élide est une région de la Grèce, située à l’Ouest de la péninsule du Péloponnèse sur la mer Ionienne entre la Messénie et l’Achaïe. À l’époque antique, la capitale de l’Élide était Élis. Le sanctuaire sacré d’Olympie, près de la ville de Pyrgos, se trouvait sur son territoire.
[18] L’Arcadie est une région de la Grèce située au centre de la péninsule du Péloponnèse. Son relief est très montagneux, surtout au nord et elle est baignée à l’est par la mer Égée. Tirant son nom du personnage mythologique Arcas. L’Arcadie était un pays de villages, qui n’a jamais eu un poids fort dans la politique grecque. Mantinée et Tégée furent pourtant mêlées à l’expansion spartiate, principalement au 5ème siècle av.jc. Pendant longtemps l’Arcadie n’eut pas de gouvernement central : plus tard, Sparte ne pouvant plus s’y opposer, Megalopolis, capitale de toute l’Arcadie, fut bâtie en 370 avant jc. Ce pays fut d’abord gouverné par des rois,
[19] Suse ou Shushan dans la Bible est une ancienne cité de la civilisation élamite, devenue au 5ème siècle av. jc la capitale de l’Empire perse achéménide, située dans le sud de l’actuel Iran à environ 140 km à l’est du fleuve Tigre. Elle ne présente plus aujourd’hui qu’un champ de ruines.
[20] Babylone était une ville antique de Mésopotamie. C’est aujourd’hui un site archéologique majeur qui prend la forme d’un champ de ruines incluant des reconstructions partielles dans un but politique ou touristique. Elle est située sur l’Euphrate dans ce qui est aujourd’hui l’Irak, à environ 100 km au sud de l’actuelle Bagdad, près de la ville moderne de Hilla. À partir du début du 2ème millénaire av. jc, cette cité jusqu’alors d’importance mineure devient la capitale d’un royaume qui étend progressivement sa domination à toute la Basse Mésopotamie et même au-delà. Elle connaît son apogée au 6ème siècle av. jc durant le règne de Nabuchodonosor II qui dirige alors un empire dominant une vaste partie du Moyen-Orient. Il s’agit à cette époque d’une des plus vastes cités au monde. Son prestige s’étend au-delà de la Mésopotamie, notamment en raison des monuments célèbres qui y ont été construits, comme ses grandes murailles, sa ziggourat (Etemenanki) qui pourrait avoir inspiré le mythe de la tour de Babel et ses mythiques jardins suspendus dont l’emplacement n’a toujours pas été identifié. Avant 539 av. jc et la conquête perse, Babylone est la capitale du plus puissant empire du Moyen-Orient, ce qui explique sa croissance. Les rois y ont construit de vastes palais reflétant leur puissance. Ils ont été plus ou moins bien dégagés lors des fouilles. Ces édifices servent encore au pouvoir politique après la perte d’autonomie politique de la ville, car elle reste la résidence d’un gouverneur important, et que des rois peuvent s’y rendre et occuper les anciens palais royaux, comme Alexandre le Grand qui souhaitait faire de la ville sa capitale avant sa mort. La vie des élites politiques de Babylone est cependant très mal connue en l’absence de sources similaires aux dizaines de milliers de tablettes des capitales de l’empire assyrien : on ne sait donc pas grand-chose de la cour et de l’administration centrale de l’empire babylonien, ou de celles des gouverneurs des empires successeurs.
[21] Le terme chiliarque, à l’origine un commandement de mille hommes, désigne une fonction militaire et/ou administrative, d’abord dans l’Empire perse, puis dans le royaume de Macédoine et les monarchies hellénistiques.
[22] La guerre lamiaque ou guerre hellénique est un conflit qui se déclenche en Grèce à la mort d’Alexandre le Grand en juin 323 av. jc. Il oppose des cités grecques révoltées, parmi lesquelles Athènes, aux Macédoniens menés par Antipater. La guerre est finalement remportée par ce dernier en 322 et les cités rebelles doivent se soumettre.
[23] L’Étolie est une région de Grèce centrale située au sud de l’Épire et séparée du nord du Péloponnèse par le golfe de Corinthe. Au cours du 4ème siècle av. est formée la ligue étolienne qui renforce l’autonomie et la puissance politique de l’Étolie. L’armée des Étoliens est impliquée dans plusieurs guerres, plusieurs l’opposant à ses voisins d’Acarnanie, d’autres contre des puissances étrangères, comme la guerre lamiaque et les guerres contre la Macédoine.
[24] La Thessalie est une région historique et une périphérie du nord-est de la Grèce, au sud de la Macédoine. Durant l’antiquité cette région a, pour beaucoup de peuples, une importance stratégique, car elle est située sur la route de la Macédoine et de l’Hellespont. Elle possédait un important port à Pagases. Le blé et le bétail sont les principales richesses de la région et une ressource commerciale vitale. La Thessalie est aussi l’une des rares régions de Grèce où l’on peut pratiquer l’élevage des chevaux, d’où l’importante cavalerie dont disposaient les Thessaliens.
[25] La Locride est une ancienne région de Grèce centrale. Elle fut divisée en deux parties, la Locride orientale et la Locride occidentale, par les Phocidiens d’origine dorienne au 12ème siècle av. jc.
[26] La Phocide est une région de Grèce centrale, à l’ouest de la Béotie, qui tire peut-être son nom des phoques du golfe de Corinthe, aujourd’hui disparus de la région.
[27] La Béotie est une région de Grèce centrale. Elle est bordée par l’Attique au sud-est, par le golfe Euboïque à l’est, par la Phthiotide au nord, par la Phocide à l’ouest et par le golfe de Corinthe au sud. La capitale antique était Thèbes (actuelle Thiva).
[28] Les Thermopyles sont un ancien passage de Grèce délimité par le golfe Maliaque au nord et le Kallidromo, un massif montagneux du Pinde, au sud. Dans l’Antiquité, le rivage se trouvait contre la falaise mais il a reculé, laissant la place à une plaine côtière étroite mais suffisamment large pour permettre le passage d’une route, d’une autoroute et d’un chemin de fer. Ce passage constituait un point stratégique dans la Grèce antique et de nombreuses batailles y ont été livrées dont la première en 480 av.jc qui a opposé les Grecs aux Perses, et la dernière en 1941 qui a vu s’affronter les Allemands contre les Grecs et les Britanniques.
[29] Lamía est une ville de Grèce, chef-lieu de la périphérie de Grèce-Centrale. Lors de la guerre lamiaque, le diadoque Antipater, régent de Macédoine, s’y réfugia en 322 av.jc contre les athéniens.
[30] Cardia ou Cardie est une cité grecque située sur le golfe Mélas (actuel golfe de Saros) en Chersonèse de Thrace. En 352 av.jc, la cité conclut un traité d’amitié avec Philippe II de Macédoine. Par la suite, en 343, un conflit éclate entre les citoyens de Cardia et un contingent de clérouques athéniens menés par le général Diopeithès, alors même que l’autonomie de la cité est garantie depuis 346. Philippe II qui cherche à étendre sa domination en Thrace apporte son soutien à la cité, d’abord en proposant en vain son arbitrage, ensuite en envoyant une armée. En 342, Philippe II obtient le ralliement de Cardia, malgré la résistance de Diopeithès, et installe le tyran Hécatée à la tête de la cité. À la mort d’Alexandre le Grand en 323, la Thrace tombe au main de Lysimaque qui étend par la suite sa domination sur le détroit de l’Hellespont ; la cité de Cardia est détruite en 309 pour peupler la cité voisine de Lysimacheia, nouvellement fondée par synœcisme.
[31] La Cappadoce est une région historique d’Asie Mineure située dans l’actuelle Turquie. Elle se situe à l’est de la Turquie centrale, autour de la ville de Nevşehir. La notion de « Cappadoce » est à la fois historique et géographique. Les contours en sont donc flous et varient considérablement selon les époques et les points de vue.
[32] Les anciens grecs désignaient le détroit sous le nom d’Hellēspontos qui fut latinisé en Hellespont. Le détroit des Dardanelles est un passage maritime reliant la mer Égée à la mer de Marmara. Originellement, le terme de Dardanelles et d’Hellespont désignait les régions situées de part et d’autre du détroit. Par extension, le mot désigne aujourd’hui le détroit lui-même. La possession de ce détroit, comme de celui du Bosphore, permet le contrôle des liaisons maritimes entre la mer Méditerranée et la mer Noire. Le détroit est long de 61 km, mais large de seulement 1,2 à 6 km, avec une profondeur maximale de 82 m pour une moyenne de 55 m.
[33] Amorgos est une île grecque C’est l’île la plus orientale des Cyclades, elle dispose de deux ports sur sa côte ouest : Katapola au centre et Órmos Aighiális (ou Aighiali) au Nord.
[34] La bataille de Crannon oppose en août 322 av.jc, lors de la guerre lamiaque, les forces macédoniennes d’Antipater et Cratère à celles des rebelles grecques menées par les Athéniens commandés par Antiphile
[35] Une oligarchie est une forme de gouvernement où le pouvoir est réservé à un petit groupe de personnes qui forment une classe dominante. On peut distinguer les oligarchies institutionnelles et les oligarchies de fait. Les oligarchies institutionnelles sont les régimes politiques dont les constitutions et les lois ne réservent le pouvoir qu’à une minorité de citoyens. Les oligarchies de fait sont les sociétés dont le gouvernement est constitutionnellement et démocratiquement ouvert à tous les citoyens mais où en fait ce pouvoir est confisqué par une petite partie de ceux-ci. L’oligarchie est faite des meilleurs (« aristocratie » au sens étymologique), des plus riches (ploutocratie), des scientifiques et techniciens (technocratie), des Anciens (gérontocratie), de ceux qui bénéficient de la force ou de tout autre pouvoir de fait.
[36] L’Anatolie ou Asie Mineure est la péninsule située à l’extrémité occidentale de l’Asie. Dans le sens géographique strict, elle regroupe les terres situées à l’ouest d’une ligne Çoruh-Oronte, entre la Méditerranée, la mer de Marmara et la mer Noire, mais aujourd’hui elle désigne couramment toute la partie asiatique de la Turquie
[37] Éphèse est l’une des plus anciennes et plus importantes cités grecques d’Asie Mineure, la première de l’Ionie. Bien que ses vestiges soient situés près de 7 kilomètres à l’intérieur des terres, près des villes de Selçuk et Kuşadası dans l’Ouest de l’actuelle Turquie, Éphèse était dans l’Antiquité, et encore à l’époque byzantine, l’un des ports les plus actifs de la mer Égée ; il est situé près de l’embouchure du grand fleuve anatolien Caystre. L’Artémision, le grand sanctuaire dédié à Artémis, la déesse tutélaire de la cité, qui comptait parmi les Sept merveilles du monde et auquel Éphèse devait une grande part de sa renommée, était ainsi à l’origine situé sur le rivage.
[38] La Cilicie est une ancienne province romaine située dans la moitié orientale du sud de l’Asie Mineure en Turquie. Elle était bordée au nord par la Cappadoce et la Lycaonie, à l’est par la Pisidie et la Pamphylie, au sud par la Méditerranée et au sud-est par la Syrie.
Elle correspond approximativement aujourd’hui à la province d’Adana : région comprise entre les monts Taurus, les monts Amanos et la Méditerranée.
Vers 27, sous l’empereur Tibère, la Cilicie est rattachée à la province de Syrie. Certaines parties de la région restent néanmoins dirigée par des souverains locaux jusqu’à l’annexion complète par Vespasien en 74. La province est suffisamment importante pour qu’un proconsul y soit nommé.
[39] La Lydie est un ancien pays d’Asie Mineure, situé sur la mer Égée et dont la capitale était Sardes. Elle était connue par Homère sous le nom de Méonie. La Lydie est évoquée dans les légendes d’Héraclès et Omphale, ou de Tantale et Pélops. La Lydie était une région occidentale de l’Asie Mineure, bordée au nord par la Mysie, au sud par la Carie et à l’est par la Phrygie. Comprenant les vallées de l’Hermos et du Méandre, la Lydie était située sur le parcours des grandes routes commerciales, et disposait de nombreuses ressources minières propres.
[40] Sardes, ancienne ville d’Asie Mineure, capitale de la Lydie, sur la rivière Pactole, dans la vallée de l’Hermos. En 334 av. jc, la ville est prise par Alexandre le Grand, puis convoitée par les diadoques. Sous domination séleucide jusqu’en 190 av. jc, elle est ensuite annexée par Pergame.
[41] La principale décision prise à Triparadisos est de confier la régence à Antipater. Il est à la fois chef de l’armée, puisqu’à son arrivée Peithon et Arrhabée lui ont transmis leur pouvoir provisoire sur les troupes, mais aussi chef du gouvernement et tuteur des rois. Un nouveau partage des satrapies est alors décidé pour tenir compte de la nouvelle situation politique.
[42] protecteur
[43] Triparadeisos ou Triparadisus était située près des sources de l’ Oronte. C’est l’endroit où le Traité de Triparadisus a eu lieu, dans lequel l’ Empire d’Alexandre le Grand fut divisé entre ses généraux en 321 av.jc.
[44] Nora est un bourg fortifié situé au sud de la Cappadoce durant l’Antiquité. Les fortifications ont sans doute été érigées au 6ème siècle av. jc sous le règne de Cyrus II, fondateur de l’empire perse. C’est à Nora qu’Eumène de Cardia se réfugie entre 320 et 319 av. J.-C. pour se protéger d’Antigone le Borgne durant les guerres des diadoques.