Asandros
Général macédonien sous le règne d’Alexandre le Grand
Il est désigné satrape [1] de Lydie [2] puis satrape de Carie [3] à la mort du souverain en 323 av. jc. Il participe aux guerres des Diadoques [4] en s’engageant contre Antigone le Borgne.
Fils de Philotas, il est le frère de Parménion, l’un des principaux généraux d’Alexandre au début de la conquête. Il participe à la conquête de l’empire perse au titre de Compagnon du roi [5]. En 334 av. jc, il est désigné satrape de Lydie aux dépens de Spithridatès , avec sous son commandement une forte garnison macédonienne. Il reçoit ainsi la mission de surveiller la Carie dont la reine, Ada d’Halicarnasse, a fait d’Alexandre son successeur. Son pouvoir n’est pas total puisqu’il doit le partager avec Pausanias, qui dirige la forteresse de Sardes [6]. Il est remplacé en 331 par Ménandros. En 328, il dirige avec Néarque un contingent de mercenaires grecs.
Lors des accords de Babylone [7] qui suivent la mort d’Alexandre le Grand en juin 323 av. jc, il reçoit la satrapie de Carie. Dans la première phase de la guerre des Diadoques, il prend le parti d’Antipater. En 321, il mène campagne en Carie contre Attale (fils d’Andromènes) et Alcétas, respectivement général et frère de Perdiccas, mais il est vaincu.
En 317, il profite de l’expédition d’Antigone le Borgne dans les satrapies orientales contre Eumène de Cardia pour accroître son influence en Asie Mineure [8]. En 316 il rejoint la coalition formée par Ptolémée et Cassandre contre Antigone ; il profite de la mort d’Eumène pour occuper la Cappadoce [9]. En 315, il doit défendre Amisos [10] contre Ptolémée, neveu d’Antigone. Il parvient avec le soutien de Ptolémée et Cassandre à se maintenir en Cappadoce.
En 313, il perd notamment Milet [11] aux dépens de Médios de Larissa , l’amiral d’Antigone. Ce dernier le contraint à conclure un sévère traité par lequel il est tenu de lui remettre son armée, de rétablir la liberté des cités grecques de la côte et de considérer sa satrapie de Carie comme un don d’Antigone ; il doit enfin donner en otage son frère Agathon. Mais après quelques jours, Asandros tente de briser ce traité humiliant ; il parvient à délivrer son frère des mains d’Antigone et dépêche des ambassadeurs auprès de Ptolémée et Séleucos. Mais Antigone, indigné par ces actes, envoie immédiatement une armée pour établir par la force la liberté des cités grecques des rives du Pont-Euxin [12]. La Carie est aussi conquise et Asandros disparaît dès lors de l’histoire.
Notes
[1] Un satrape est le gouverneur d’une satrapie, c’est-à-dire une division administrative de l’Empire perse.
[2] La Lydie est un ancien pays d’Asie Mineure, situé sur la mer Égée et dont la capitale était Sardes. Elle était connue par Homère sous le nom de Méonie. La Lydie est évoquée dans les légendes d’Héraclès et Omphale, ou de Tantale et Pélops. La Lydie était une région occidentale de l’Asie Mineure, bordée au nord par la Mysie, au sud par la Carie et à l’est par la Phrygie. Comprenant les vallées de l’Hermos et du Méandre, la Lydie était située sur le parcours des grandes routes commerciales, et disposait de nombreuses ressources minières propres.
[3] La Carie est une ancienne province du sud-ouest de l’Asie mineure, située entre la Lycie à l’Est, la Phrygie au Nord, la Lydie à l’Ouest et la mer Égée au Sud. À l’origine, c’est une colonie phénicienne, prise ensuite par les Doriens qui fondent les cités de Cnide et d’Halicarnasse. Sous la domination des Perses, elle devient une satrapie, rapidement gouvernée par des satrapes locaux qui se comportent comme des monarques autonomes, comme Mausole ou sa femme Artémise II. Sous l’Empire romain, la Carie devient une province romaine d’Asie.
[4] Les guerres des Diadoques sont les conflits qui interviennent pour le partage de l’empire d’Alexandre le Grand, mort en 323 av. jc, entre ses successeurs ou Diadoques. Elles se déroulent de 322 à 281 (bataille de Couroupédion) avec des périodes de trêve. Elles opposent dans un premier temps le régent Perdiccas aux « forces centrifuges » dont Ptolémée, Séleucos et Antigone, les principaux satrapes macédoniens. Elles opposent ensuite les Antigonides, candidats à un empire eurasiatique, à une coalition regroupant Ptolémée, Séleucos, Lysimaque et Cassandre, bientôt devenus rois, tandis que les héritiers légitimes d’Alexandre sont éliminés. En Europe, elles mettent en jeu la succession d’Antipater, alors que certaines cités grecques luttent toujours contre l’hégémonie de la Macédoine. Les guerres des Diadoques aboutissent finalement à une division de l’empire d’Alexandre entre les dynasties antigonide, lagide et séleucide.
[5] hétaire
[6] Sardes est une ancienne ville d’Asie mineure, capitale de la Lydie, sur la rivière Pactole, dans la vallée de l’Hermos.
[7] Les accords de Babylone ou partage de Babylone ou partition de Babylone désignent l’attribution des territoires d’Alexandre le Grand à ses généraux après sa mort en juin 323 av.jc.
[8] L’Anatolie ou Asie Mineure est la péninsule située à l’extrémité occidentale de l’Asie. Dans le sens géographique strict, elle regroupe les terres situées à l’ouest d’une ligne Çoruh-Oronte, entre la Méditerranée, la mer de Marmara et la mer Noire, mais aujourd’hui elle désigne couramment toute la partie asiatique de la Turquie
[9] La Cappadoce est une région historique d’Asie Mineure située dans l’actuelle Turquie. Elle se situe à l’est de la Turquie centrale, autour de la ville de Nevşehir. La notion de « Cappadoce » est à la fois historique et géographique. Les contours en sont donc flous et varient considérablement selon les époques et les points de vue.
[10] Samsun est une ville de Turquie, sur la mer Noire, capitale de la province de Samsun. C’est l’une des trente villes de Turquie possédant le statut de métropole. Elle se situe au centre de la région de la mer Noire dont elle est la ville la plus peuplée et la plus développée en matière d’éducation, de santé, d’industrie, de commerce, de transport et d’économie. La ville a porté d’autres noms durant son histoire : Amisos dans l’Antiquité, qui est à l’origine du nom actuel selon une évolution semblable à celle que l’on peut aussi constater pour d’autres noms actuels de villes turques
[11] ancienne cité grecque d’Ionie, aujourd’hui en Turquie
[12] La mer Noire est une mer située entre l’Europe et l’Anatolie. Large d’environ 1 150 km d’ouest en est et de 600 km du nord au sud, elle s’étend sur une superficie de 413 000 km². Elle communique au nord avec la mer d’Azov par le détroit de Kertch, et au sud-ouest avec la Méditerranée par le Bosphore, la mer de Marmara et le détroit des Dardanelles. Dans l’Antiquité, les Grecs la désignèrent d’abord par Skythikos Pontos. Les Scythes, peuple de langue iranienne, la désignèrent comme Axaïna, c’est-à-dire « indigo ». Les Grecs quand ses courants et ses vents leur devinrent familiers, la désignèrente comme Pontos Euxeinos, traduit en français par Pont-Euxin.Les Romains l’appelèrent Mare Caecili, terme qui fut traduit par la suite par les bulgares en « mer Cécile ».Au 13ème siècle, elle apparaît sur les portulans génois, dans les chroniques de Wavrin et de Villehardouin sous les noms de mer Majoure c’est-à-dire « grande mer ». Le terme de Noire apparu dans les textes et les cartes à partir du 15ème siècle.