Fils aîné du général macédonien Antipater, qui aida Alexandre le Grand à monter sur le trône de Macédoine à la mort de son père, Philippe II, en 336. Après la mort d’Alexandre, en 323 il est mêlé aux luttes pour le pouvoir des diadoques [1].
Il fut chargé de la régence de la Macédoine ainsi que de la Grèce en 334, durant les conquêtes de l’empire perse par Alexandre. Ses pouvoirs sont alors très étendus et il apparaît de fait comme le souverain aux yeux des Grecs. D’abord très proche d’Olympias, la mère d’Alexandre, il aida à l’accession au trône d’Alexandre en 336, il s’attira vite la méfiance de cette dernière qui voit d’un mauvais oeil ses excès d’orgueil et qui lui reproche d’étaler publiquement son scepticisme vis à vis de la politique conquérante de son fils. Celle-ci envoie de nombreuses lettres à son fils, Alexandre, dans lesquelles elle dénonce l’attitude indigne d’Antipater. Devant l’insistance de sa mère, Alexandre appelle Antipater à Babylone, afin qu’il puisse rendre compte de son attitude, mais celui-ci refuse et choisit d’envoyer son fils Cassandre, plaider sa cause.
Il rejoint Alexandre à Babylone en 324, soit quelques mois seulement avant la mort d’Alexandre, accompagné de son frère, Lolas. La coïncidence entre leur arrivée tardive et la mort brutale du roi alimente rapidement les suspicions quant à leur implication dans ce décès. Alexandre souhaitait en effet relever Antipater de ses fonctions et le voir remplacer par Cratère, un de ses fidèles.
Par ailleurs, Lolas était l’échanson d’Alexandre, c’est à dire l’officier chargé de servir à boire au roi, ce qui lui donnait nombre d’opportunités d’empoisonner le roi. La mort de Perdiccas en 321, conduit à une nouvelle répartition des postes. A la mort d’Alexandre, il avait été chargé de la tutelle des rois. Aussi, en 321, c’est à Antipater que revient cette nouvelle charge.
En temps que régent de Macédoine, il confie à Antigone, lui aussi ancien général d’Alexandre, le poste de “stratège d’Asie” alors que Cassandre lui est adjoint comme second et nommé chiliarque [2] de la cavalerie. Cassandre, qui n’accepte pas d’être ainsi placé au second rang, entre en conflit avec Antigone. Bien que les préférences d’Antipater aillent vers Antigone plutôt que vers son fils, il se laisse convaincre par ce dernier de revenir en Macédoine accompagné d’Alexandre, le jeune fils d’Alexandre le Grand, plutôt que de le laisser sous la tutelle d’Antigone, marquant ainsi sa défiance alors que la charge de la tutelle du jeune roi était censé revenir à Antigone.
Antipater prend soin d’établir un testament avant sa mort dans lequel il nomme Polyperchon, l’aîné des généraux macédoniens, à sa succession. Ce choix conduit à l’éviction volontaire et réfléchie de Cassandre, suivant ainsi la tradition qui veut que l’on confie la régence au stratège [3] le plus expérimenté.
Antipater meurt en 319, à 78 ans. Cassandre, placé sous la subordination de Polyperchon, refuse de se soumettre et revendique l’héritage de son père. Désireux de s’approprier l’héritage dont son père l’avait délibérément évincé, il obtient le soutien de Ptolémée, le satrape [4] d’Egypte. Ptolémée vient de s’emparer de la Syrie Phénicie face à Laomédon, qui avait pourtant été choisi pour cette tâche par le pouvoir central, Ptolémée est donc en difficulté avec Polyperchon. Antigone rejoint l’alliance alors qu’il est en conflit contre Eumène de Cardia, qui lui a le soutien de Polyperchon.
Face à cela, Polyperchon cherche de nouveaux appuis et promulgue un édit, en 318, dans lequel il proclame la liberté des Grecs, il annonce par ailleurs sa volonté de retourner aux institutions du temps de Philippe et d’Alexandre. De plus, Polyperchon reconnaît les difficultés auxquelles les Grecs ont été soumis, mais en retourne la responsabilité aux partisans de l’oligarchie, alors que Cassandre avait accordé son soutien à ces derniers.
Cet édit met en difficulté Phocion, le chef de la faction oligarchique d’Athènes ainsi que Nicanor, le frère de Cassandre, chargé de diriger la garnison macédonienne d’Athènes. Nicanor qui cherche à s’emparer du Pirée est battu par Alexandros, le fils de Polyperchon, qui lui aussi souhaitait mettre la main sur cette région. Cette victoire sur l’oligarchie est de courte durée, rapidement Cassandre s’empare du Pirée, malgré une armée peu conséquente. Polyperchon qui voit son prestige s’amoindrir choisit de se concentrer sur la cité de Mégalopolis [5], qui refuse d’appliquer son édit. C’est une nouvelle défaite pour Polyperchon, de plus en plus affaibli. De plus, Cassandre bénéficie en 317 de l’élection de Démétrios de Phalère comme “archonte décennal”, qui choisit d’instaurer une oligarchie modérée à Athènes et accepte de s’allier avec lui.
S’il n’a pas le contrôle à proprement parler d’Athènes, il n’en a pas moins gagné l’alliance que convoitait Polyperchon pour cette cité. C’est donc en bénéficiant d’une grande popularité qu’il rentre en Macédoine et obtient facilement les faveurs d’Eurydice, la reine de Macédoine en attendant la majorité du jeune Alexandre IV. Il se fait rapidement proclamer régent, alors que Polyperchon est déchu de ce titre et qu’Eurydice lui ordonne de rendre son armée à Cassandre.
Il marche donc contre Polyperchon en 317. Polyperchon appelle à l’aide Olympias, la mère d’Alexandre le Grand. Celle-ci profite de l’absence de Cassandre en Macédoine et s’empare de Philippe III, sans cependant qu’il n’y ait de réels combats, les soldats macédoniens renonçant à s’attaquer à la mère d’Alexandre le Grand. Elle le fait exécuter et contraint Eurydice, sa femme, au suicide. Olympias fait également exécuter 100 de leurs partisans, dont Nicanor, le frère de Cassandre. Celui-ci apprend la nouvelle alors qu’il combat à Tégée et, alors que ses officiers poursuivent les combats contre Polyperchon, il fait assiéger Pydna, où Olympias s’est réfugiée. Par crainte de l’influence encore forte de la reine mère, notamment face aux soldats macédoniens, qui ont renoncé à la combattre, il la fait exécuter en 316. il s’empare ensuite d’Alexandre IV et de sa mère, Roxane, et entre dans la dynastie d’Alexandre en épousant Thessaloniké.
En 316, il est régent de Macédoine et bénéficie d’un appui considérable en Grèce. Parallèlement à cela, Antigone se lance en conquête pour étendre au mieux son pouvoir sur l’Asie. Bien qu’il n’ait pas le titre de souverain, il agit comme tel et parvient à écarter les divers satrapes qui lui font face pour les remplacer par ses propres hommes, notamment en écartant Peucestas, un de ses fidèles, qui pourtant était à l’origine de sa victoire récente sur Eumène, mais qui bénéficiait d’une trop grande popularité. Sa puissance grandissante commence à inquiéter ses alliés, surtout qu’Antigone vient de mettre la main sur un trésor considérable à Kyinda, en Cilicie, s’imposant ainsi comme le plus riche et le plus puissant des diadoques.
Une coalition s’engage contre Antigone regroupant Cassandre, Lysimaque et Ptolémée. Les 3 hommes réclament un nouveau partage des satrapies, la Lycie [6] et la Cappadoce [7] pour Cassandre, la Phrygie [8] hellespontique pour Lysimaque, la Syrie pour Ptolémée. Antigone, qui est âgé de 68 ans environ, s’apprête à entrer en guerre. Il s’allie à Polyperchon et son fils Alexandros, qui se sont repliés sur des terres du Péloponnèse ainsi qu‘avec Eacides, roi d’Épire, un cousin d’Olympias, hostile à Cassandre. Enfin, il s’allie avec les partisans de la démocratie en Grèce, puisque Cassandre s’appuie sur la faction oligarchique d’Athènes pour gouverner.
C’est dans ce contexte de friction qu’Antigone établit la proclamation de Tyr, en 315 av.jc, à l’encontre de Cassandre. Il l’accuse de maintenir prisonniers à Amphipolis [9] Roxane , ainsi que le jeune roi Alexandre, mais aussi d’avoir contraint Thessaloniké au mariage, enfin il l’accuse ouvertement du meurtre d’Olympias, dénonçant un procès bâclé ainsi que l’hypocrisie de Cassandre, qui avait promis à la reine mère de l’épargner si elle se rendait, ce à quoi elle s’était résignée. Antigone profite de cette proclamation pour s’auto proclamer régent. Les combats commencent en Grèce en 315. Il engage le combat contre Polyperchon et son fils, Alexandros, dans le Péloponnèse. Alexandros fut rapidement massacré par les démocrates de Sicyone [10]. Polyperchon, affaibli, choisit de se rallier à la cause de Cassandre. En 314, il gagne plusieurs victoires et reprend les cités de Leucade [11], d’Appllonie [12] et d’Epidamme. Mais Télesphore débarque en Grèce en 314 qui vient apporter son soutien à Antigone. Celui-ci bénéficie du soutien d’îles de la mer Egée et remporte plusieurs succès en 313, mais Cassandre parvient notamment à écraser les Épirotes. La victoire de Cassandre fut de courte durée alors qu’en 313, un autre neveu d’Antigone intervint en Grèce, Polémée, qui parvint à prendre la Grèce à Cassandre. Très affaiblis, Cassandre et Lysimaque acceptèrent le traité de paix qu’Antigone leur proposa en 312, alors que la guerre se poursuivait en Asie entre Antigone et Ptolémée.
Un traité de paix est signé en 311 entre tous les diadoques, épuisés par les 4 ans de guerres qui viennent de s’écouler. Il établit que chacun d’entre eux garde ses possessions et que l’on accorde aux Grecs leur liberté. Antigone fut par ailleurs nommé stratège d’Asie, alors que Cassandre obtient le titre de stratège d’Europe, tout en gardant la tutelle du roi.
La majorité du jeune roi approchant marque une menace forte pour l’ensemble des diadoques. Or, le traité de 311 garantit à Cassandre de conserver le titre de stratège d’Europe jusqu’à la majorité du fils d’Alexandre le Grand. Cette garantie est une condamnation indirecte du jeune roi qui est assassiné en 310, ainsi que sa mère, Roxane.
Parallèlement, Polyperchon entre de nouveau en conflit contre Cassandre. Il prend sous sa protection le jeune Héraclès, le second fils d’Alexandre. Cassandre ne fait pas le poids face à l’armée de 20 000 hommes levée par Polyperchon, aussi plutôt que de s’engager dans un combat perdu d’avance, Cassandre propose à Polyperchon un partage de la Grèce et le jeune Héraclès est assassiné.
En 307, Cassandre avait repris l’offensive en Grèce, afin de se réapproprier l’ensemble du territoire qu’il avait accepté de partager avec Polyperchon. Démétrios, le fils d’Antigone, met alors fin au siège de Rhodes, pour se concentrer sur Athènes. Polyperchon quant à lui, parvient à récupérer l’emprise qu’il avait perdue sur le Péloponnèse. En 304, il parvient enfin à repousser les Etoliens, mais sa victoire est de courte durée puisqu’il fait face à l’arrivée de Démétrios, qui vient de finir le siège de Rhodes et le repoussa jusqu’aux Thermopyles. Il est alors littéralement dépouillé de son royaume. Il perd Sicyone et Corinthe alors que Démétrios parvient également à prendre le Péloponnèse, affirmant son pouvoir en Méditerranée. La montée en puissance de Démétrios fait peur aux diadoques qui, plus par stratégie que par bonté d’âme, apportent leur soutien à Cassandre en montant une nouvelle coalition contre Antigone. Celle-ci regroupe alors Séleucos, roi de Syrie, Lysimaque, Ptolémée et Cassandre et met fin à la nouvelle avancée d’Antigone qui meurt durant la bataille d’Ipsos, en 301. Cette bataille est décisive puisqu’elle entraîne le démembrement définitif du royaume d’Alexandre le Grand. Les vainqueurs se partagent le royaume d’Antigone, Ptolémée en Coelé-Syrie, Cassandre se maintient en Macédoine et en Grèce, Lysimaque annexe une partie de l’Asie mineure à son royaume, quant à Séleucos, le grand vainqueur de la bataille, il obtient la partie orientale de la Syrie, enfin, Démétrios, qui réussit à sortir vivant des combats, obtient quelques places fortes, notamment en Phénicie [13].
La grande Alliance qu’avait entraînée l’avancée dangereuse d’Antigone ne dura pas, notamment entre Ptolémée et Séleucos qui se disputèrent la Syrie. Séleucos choisit alors de s’allier à Démétrios et celui-ci, fort de cette nouvelle alliance choisit de s’emparer de la Cilicie [14], alors aux mains de Pleistarchos, un frère de Cassandre. Cassandre en profite pour jouer les médiateurs et offre la Cilicie à Démétrios en échange de l’assurance de ne pas le voir envahir la Grèce. Cette assurance le renforça considérablement dans sa position de roi de Macédoine, mais Cassandre meurt peu de temps après, en 297, alors qu’il venait de gagner une victoire contre les Celtes en Grèce. A sa mort, son fils Philippe IV lui succède brièvement et se sont ses 2 autres fils, Antipater II Étesias et Alexandre V de Macédoine, qui se déchirèrent une nouvelle fois le royaume.