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Laomédon de Mytilène

jeudi 4 mars 2021, par lucien jallamion (Date de rédaction antérieure : 6 novembre 2011).

Laomédon de Mytilène

Port de Mytilène : eglise Agios Therapondas (Saint guérisseur) (source Renaudaki)Ami d’enfance d’Alexandre le Grand et commandant de sa flotte au 4ème siècle av. jc. Il est fait satrape [1] de Syrie [2] lors du partage de l’empire en 323 avant de se voir évincer par Ptolémée.

Fils de Larichus, Laomédon est originaire de Mytilène [3] sur l’île de Lesbos [4] mais il s’établit à Amphipolis [5], comme Néarque, autre grand marin de la flotte macédonienne, et reçoit de Philippe II la citoyenneté macédonienne. Il devient un ami proche d’Alexandre le Grand durant son enfance, il participe aux intrigues de l’affaire Pixodaros contre Philippe II qui le fait exiler en compagnie de son frère, Erigyios, de Ptolémée, d’Harpale et de Néarque. À la mort de Philippe II en 336, il reçoit les honneurs de la part d’Alexandre et participe à la conquête de l’empire perse, mais les mentions de ses hauts faits sont rares.

Au moment où Alexandre quitte la Phénicie en 332, il confie la responsabilité des prisonniers barbares à Laomédon car celui-ci est bilingue. Vers 327, il est désigné triérarque [6] au moment de la descente de l’Hydaspe [7] et en 326 pendant la navigation sur l’Indus, ce qui témoigne de son rang et de sa fortune car les navires sont payés en fonction des revenus de chacun des triérarques.

À la mort d’Alexandre en 323, Laomédon obtient la satrapie de Syrie. Cette décision est confirmée lors de la nouvelle répartition des pouvoirs, qui a lieu en 321 aux accords de Triparadisos [8]. Le rôle de Laomédon dans la gestion des affaires syriennes semble totalement insignifiant, et son autorité sur cette région à peu près nulle, les diadoques [9] se disputant à tour de rôle la province.

Ptolémée entreprend donc l’occupation de toute la Syrie en 319, d’abord en tentant d’acheter à Laomédon sa satrapie. Laomédon ayant rejeté l’offre, Ptolémée envoie Nicanor à la tête de ses troupes pour envahir la Syrie.

Laomédon est fait prisonnier ; il est conduit en Égypte d’où il parvient à s’échapper et à rejoindre Alcétas, frère de Perdiccas, en Pisidie [10]. Il est probable qu’il rejoigne les partisans de Perdiccas en lutte contre Antigone le Borgne, dont Alcétas et Attale, et qu’il ait partagé leur sort dans la défaite en 320, mais la suite de sa carrière n’est pas connue.

P.-S.

Source : Cet article est partiellement ou en totalité issu du texte de Édouard Will, Histoire politique du monde hellénistique 323-30 av. J.-C., Paris, Seuil, coll. « Points Histoire », 2003 (ISBN 2-02-060387-X).

Notes

[1] Un satrape est le gouverneur d’une satrapie, c’est-à-dire une division administrative de l’Empire perse.

[2] La Syrie fut occupée successivement par les Cananéens, les Phéniciens, les Hébreux, les Araméens, les Assyriens, les Babyloniens, les Perses, les Grecs, les Arméniens, les Romains, les Nabatéens, les Byzantins, les Arabes, et partiellement par les Croisés, par les Turcs Ottomans et enfin par les Français à qui la SDN confia un protectorat provisoire pour mettre en place, ainsi qu’au Liban, les conditions d’une future indépendance politique.

[3] Mytilène est la principale ville de Lesbos, une île grecque de la mer Égée. Elle est bâtie sur la pointe sud de l’île, à proximité de la côte turque.

[4] Lesbos est une île grecque de la périphérie d’Egée Septentrionale, souvent aussi appelée du nom de sa capitale Mytilène. L’île présente plusieurs centres d’intérêt, notamment culturel (vestiges antiques), géologique, gastronomique et religieux. Lesbos est aussi connue dans le monde antique pour la qualité de ses vins et de son bois de construction pour les navires et pour son marbre bleu clair.

[5] Amphipolis est une cité grecque de la région des Édoniens en Macédoine orientale. Elle occupe un haut plateau sur la rive est d’une boucle du Strymon, à 4 km au nord de son embouchure dans la mer Égée au niveau du Golfe Strymonique. Fondée en 437 av. jc, elle fut abandonnée au 8ème siècle de notre ère.

[6] Commandant d’une trière. À Athènes, citoyen tenu d’équiper à ses frais une trière.

[7] La rivière de Jhelum est la plus occidentale des 5 rivières de la province du Penjab au nord de l’Inde (Beâs, Chenab, Jhelum, Ravi et Sutlej). Elle est un affluent de la Chenab, donc un sous-affluent de l’Indus par le Sutlej. La rivière est coupée par le barrage de Mangla situé à la limite du Pakistan et du Jammu-et-Cachemire.

[8] Les accords de Triparadisos sont conclus en 321 en vue de réorganiser le commandement et les satrapies de l’ancien empire d’Alexandre le Grand, mort en 323. Cette réorganisation a lieu au nord de la Syrie après la campagne malheureuse de Perdiccas en Égypte. Les diadoques qui ratifient cet accord sont Antipater et Antigone le Borgne. Antipater est confirmé comme régent de Macédoine. Il est aussi attentif à contenir les ambitions d’une autre femme, l’épouse de Philippe III, Eurydice. Le principal bénéficiaire de cet accord est Antigone le Borgne. Il y a de rares Orientaux présents à ce traité : le nord de l’Inde, les Paromisades, sont, par exemple, laissés à l’aristocrate bactrien Oxyartès, père de Roxane, elle-même épouse d’Alexandre le Grand.

[9] En grec ancien diádokhos, qui veut dire successeur. C est le nom donné aux généraux successeurs d Alexandre le Grand, qui se partagèrent son empire à sa mort en 323 av jc.

[10] La Pisidie est une région historique de l’Asie Mineure, caractérisée par de grands lacs et située dans l’actuelle Turquie, entre la Lydie au Nord-Ouest, la Phrygie au Nord, l’Isaurie à l’Est, la Pamphylie et la Cilicie au Sud-Est, la Lycie et la Carie au Sud-Ouest, mais ses limites exactes ont évolué dans le temps. Les Pisidiens, montagnards réputés belliqueux et pillards, se maintiennent longtemps indépendants. Seuls les Romains parviendront à les soumettre.