Memnon de Rhodes (vers 380-333 av jc)
Chef des mercenaires grecs au service de l’empire des Achéménides [1] lors de la conquête d’Alexandre le Grand. Il entre, avec son frère aîné Mentor, au service du satrape de Phrygie [2] et de l’Hellespont [3], Artabaze, en révolte contre Artaxerxès III. Mentor et Memnon doivent conduire son armée. Pour conclure cet accord Artabaze épousa la sœur des 2 mercenaires et Mentor épousa Barsine la fille du satrape en 355. Battus en 354 par les troupes d’Artaxerxès III, Mentor s’enfuit en Égypte tandis qu’Artabaze, Barsine et Memnon se réfugièrent auprès du roi de Macédoine, Philippe II, à Pella [4] où ils reçurent un bon accueil.
En 343 Mentor entra, par un retournement de situation qui n’avait rien d’exceptionnel à l’époque, au service d’Artaxerxès III et joua un rôle important dans la reconquête de l’Égypte par les Perses. Il obtint le pardon pour son beau-père Artabaze et son frère Memnon. Ceux-ci de retour dans l’empire donnèrent des indications précieuses sur les projets de Philippe II et sur le danger que constituait la Macédoine.
En 340 Mentor meurt et Memnon épousa alors Barsine. Il fut chargé en 337-336 de repousser l’offensive de Parménion en Asie mineure et contraignit celui-ci à se réfugier dans Abydos [5] en 335. Parménion ne reçoit pas de renforts dans un premier temps car Alexandre était occupé sur ses frontières nord et en Grèce. Mais quand en 334 Alexandre débarque en Asie, il proposa d’éviter le combat et de pratiquer la politique de la terre brûlée devant lui. Il était persuadé, que le faible approvisionnement dont disposait les Macédoniens les contraindrait à rebrousser chemin. Mais les satrapes refusèrent ce plan et furent battus à la bataille du Granique [6].
Il tenta alors de résister à l’avance d’Alexandre et s’il ne put sauver Milet [7] il réussit à résister dans la citadelle d’Halicarnasse [8] à l’été 334. Nommé commandant en chef par Darius III à l’hiver 334, il chercha à utiliser sa flotte pour s’emparer des îles égéennes et couper le ravitaillement du roi de Macédoine dont c’était le point faible. Il comptait aussi sur une révolte des Grecs et prit contact avec le roi Agis III de Sparte et les factions aristocratiques de diverses cités plus hostiles à Alexandre. Il reprit ainsi Chios [9] et entreprit le siège de Mytilène [10] quand il meurt au début de 333. Ce décès fut un soulagement pour Alexandre car les successeurs de Memnon ne se révélèrent pas à sa hauteur.
Notes
[1] L’Empire achéménide est le premier des Empires perses à régner sur une grande partie du Moyen-Orient. Il s’étend alors au nord et à l’ouest en Asie Mineure, en Thrace et sur la plupart des régions côtières de la mer Noire ; à l’est jusqu’en Afghanistan et sur une partie du Pakistan actuels, et au sud et au sud-ouest sur l’actuel Iraq, sur la Syrie, l’Égypte, le nord de l’Arabie saoudite, la Jordanie, Israël, le Liban et jusqu’au nord de la Libye.
Le nom « Achéménide » se rapporte au clan fondateur qui se libère vers 556 av. jc de l’État des Mèdes, auparavant son suzerain ; ainsi qu’au grand empire qui résulte de la fusion des deux ensembles. L’empire fondé par les Achéménides menace par deux fois la Grèce antique, conquiert l’Égypte et prend fin, conquis par Alexandre le Grand, en 330 av. jc.
[2] La Phrygie est un ancien pays d’Asie Mineure, situé entre la Lydie et la Cappadoce, sur la partie occidentale du plateau anatolien. Les Phrygiens sont un peuple indo-européen venu de Thrace ou de la région du Danube. Ils ont occupé vers 1200 av.jc la partie centrale et occidentale de l’Asie Mineure, profitant de l’effondrement de l’Empire hittite.
[3] Détroit des Dardanelles:Les anciens grecs désignaient le détroit sous le nom d’Hellēspontos qui fut latinisé en Hellespont. Le détroit des Dardanelles est un passage maritime reliant la mer Égée à la mer de Marmara. Originellement, le terme de Dardanelles et d’Hellespont désignait les régions situées de part et d’autre du détroit. Par extension, le mot désigne aujourd’hui le détroit lui-même. La possession de ce détroit, comme de celui du Bosphore, permet le contrôle des liaisons maritimes entre la mer Méditerranée et la mer Noire. Le détroit est long de 61 km, mais large de seulement 1,2 à 6 km, avec une profondeur maximale de 82 m pour une moyenne de 55 m.
[4] Pella est une ville antique de la plaine centrale de Macédoine, entre le Loudias et l’Axios, sur une colline surplombant dans l’Antiquité un lac marécageux : cette cité de peuplement mixte gréco-barbare passe sous le contrôle des rois téménides dès le début du 5ème siècle, mais ne sort de l’obscurité qu’en devenant leur résidence habituelle, à une époque où le royaume est en pleine expansion vers l’Est aux dépens des Thraces et de la Ligue de Chalcidique. Elle devient ainsi la capitale du royaume de Macédoine à partir du début du 4ème siècle av. jc en supplantant Aigéai, et conserve ce rôle à l’époque hellénistique, pour le royaume antigonide. La ville est mise à sac par les Romains en 168 av.jc, au terme de la 3ème guerre de Macédoine.
[5] Abydos est une ancienne colonie milésienne située sur la rive asiatique de l’Hellespont, à son point le plus étroit, aujourd’hui Nagara-Bouroun. C’est là que Xerxès franchit l’Hellespont, à l’aide d’un fameux pont de bateaux, pour passer en Europe en 480 av. jc. Abydos opposa une vigoureuse résistance à Philippe V de Macédoine en 200 av. jc
[6] La bataille du Granique oppose en mai 334 av. jc pour la première fois l’armée macédonienne à l’armée perse sur les rives du fleuve Granique actuel Biga Çayı en Turquie. Alexandre le Grand remporte une victoire contre les satrapes perses qui lui ouvre les portes de l’Asie Mineure. Cet affrontement est la 1ère d’une série de3 victoires des Macédoniens contre les Perses.
[7] Milet est une ancienne cité grecque ionienne. Le site archéologique est situé à quelques kilomètres au nord de l’agglomération de Balat, qui a été une des capitales du beylicat de Menteşe au 14ème siècle. Le site de Milet est actuellement à plus de 5 km à l’intérieur des terres à cause du comblement de la baie par les alluvions apportés par le Méandre.
[8] Halicarnasse est une ancienne ville d’Asie Mineure sur la mer Égée, dans l’ancienne province de Carie, dont le site est actuellement occupé par la ville de Bodrum, au sud-ouest de la Turquie.
[9] Chios ou Chio est une île et municipalité grecque de la mer Égée, proche de la Turquie dont elle est séparée par un détroit de 8 kilomètres seulement.
[10] Mytilène est la principale ville de Lesbos, une île grecque de la mer Égée. Elle est bâtie sur la pointe sud de l’île, à proximité de la côte turque.