Parménion (vers 400 av.jc-330 av.jc)
Officier de Philippe II de Macédoine puis de son fils Alexandre le Grand. Il s’illustre dans les guerres de Philippe II, dont il est, avec Antipater, l’un des principaux généraux, contre les Illyriens [1] en 356 et les Grecs. Il représente, avec Antipater, le roi lors de la conclusion de la paix de Philocratès [2] en 346.
Philippe II commence alors à préparer son expédition en Asie contre la Perse. Pour cela, en 337, il fut envoyé, avec Attale, en Asie mineure pour y délivrer les cités grecques. Après quelques succès en 336, il connaît un sérieux revers face aux troupes de mercenaires grecs de Darius III dirigées par Memnon en 335. Il garde toutefois le contrôle d’Abydos [3] qui peut servir de point de débarquement pour l’expédition projetée par Philippe.
Il accompagna ensuite Alexandre dans son expédition et fut chargé de missions primordiales. C’est lui qui s’empara du trésor achéménide de Damas en 333, qui commandait l’aile gauche de l’armée à Issos [4] en 333, puis à Gaugamèles [5] en 331 où, mis en difficulté, il fut sauvé par l’intervention d’Alexandre qui ne peut ainsi s’assurer de la capture de Darius, en fuite.
Ses relations avec Alexandre se détériorent car il représente et symbolise la tendance de l’armée hostile à la poursuite de l’expédition. Il conseille à Alexandre d’accepter les offres de Darius qui propose, dans un premier temps, en dot pour sa fille Stateira l’Asie Mineure jusqu’au fleuve Halys [6] en 333 puis jusqu’à l’Euphrate en 331. Il conseille vainement à Alexandre de ne pas incendier Persépolis [7] en 330. Peu après, il reçoit le commandement de la satrapie de Médie [8] mais, de fait il est éloigné des combats, ce qui correspond à une disgrâce. À l’automne 330, son fils, Philotas, est impliqué dans le complot des Pages et exécuté. Alexandre fait alors assassiner sommairement Parménion.
Notes
[1] L’Illyrie est un royaume des côtes de la rive orientale de l’Adriatique, correspondant à peu près à l’Ouest de la Croatie, de la Slovénie et de l’Albanie actuelle. Les Illyriens apparaissent vers le 20ème siècle av. jc. C’est un peuple de souche Indo-Européenne qui comprenait des Dalmates et des Pannoniens. Vers -1300 ils s’établissent sur les côtes Nord et Est de l’Adriatique. Les Illyriens sont les premiers avec les Grecs, à s’installer dans les Balkans et constituent un immense Royaume. Au VIIe siècle av. J.-C. et VIe siècle av. J.-C., l’Illyrie subit une forte héllénisation du fait de ses relations avec les Grecs, qui y ont fondé des comptoirs.
[2] La paix de Philocratès est un traité de paix entre Athènes et la Macédoine signée en 346 av. jc.
[3] Abydos est une ancienne colonie milésienne située sur la rive asiatique de l’Hellespont, à son point le plus étroit, aujourd’hui Nagara-Bouroun. C’est là que Xerxès franchit l’Hellespont, à l’aide d’un fameux pont de bateaux, pour passer en Europe en 480 av. jc.
Abydos opposa une vigoureuse résistance à Philippe V de Macédoine en 200 av. jc.
[4] La bataille d’Issos s’est déroulée en novembre 333 av. jc dans l’antique Cilicie. Elle oppose l’armée d’Alexandre le Grand à celle de Darius III. L’armée macédonienne remporte une victoire décisive sur l’armée perse pour la première fois commandée par Darius en personne. Le lieu de la bataille se situe près de l’actuel İskenderun en Turquie, aux abords d’un petit fleuve côtier appelé Pinaros durant l’Antiquité, à 10 km environ au sud d’Issos.
[5] La bataille de Gaugamèles s’est déroulée le 1er octobre 331 av. jc dans la plaine de Gaugamèles, dans le Nord de l’Irak actuel. Elle est l’affrontement décisif entre l’armée d’Alexandre le Grand et celle de Darios III. Par cette bataille, considérée comme l’une des plus importantes de l’Antiquité par les forces impliquées, le royaume de Macédoine a vaincu définitivement l’empire perse achéménide.
[6] Le Kızılırmak, appelé Halys dans l’Antiquité, est un fleuve d’Anatolie qui se jette dans la mer Noire. Avec ses 1 150 km, il s’agit du plus long fleuve de Turquie. C’est dans sa boucle principale que la civilisation hittite s’est développée autour de sa capitale Hattusa. Par la suite, il marqua la frontière entre l’Asie Mineure hellénique et l’Asie aux mains de la Perse. Le roi lydien Crésus le franchit pour envahir l’empire de Cyrus II et la bataille de la Ptérie s’ensuivit en 547 av.jc. Cyrus, vainqueur, fut dès lors maître de l’Asie Mineure.
[7] Persépolis était une capitale de l’empire perse achéménide. Le site se trouve dans la plaine de Marvdasht, au pied de la montagne Kuh-e Rahmat, à environ 70 km au nord-est de la ville de Shiraz, province de Fars, Iran. Son édification commence en 521 av. jc sur ordre de Darius 1er.
[8] À l’époque hellénistique, la Médie tombe sous le contrôle des Grecs, et est incluse après les conflits opposant les Diadoques dans les territoires contrôlés par les Séleucides, après avoir été un temps dominée par Antigone le Borgne. L’ancien général Atropatès qui dirigeait le contingent mède de l’armée perse à la bataille de Gaugamèles, se rallie par la suite à Alexandre le Grand et devient satrape du nord de la Médie, qui devient la Médie Atropatène, futur Azerbaïdjan, qu’il parvient à rendre autonome du pouvoir séleucide. La capitale de ce royaume se trouvait à Gazaca. Après plusieurs décennies d’indépendance, le roi Artabanzanes doit conclure un traité de vassalité avec Antiochos III en 220 av.jc. Cette région reste peu hellénisée, à la différence du sud de la Médie, centré autour d’Ecbatane. Plusieurs villes nouvelles y sont fondées par les souverains séleucides, et l’ancienne Rhaga est renommée Europa. Un satrape local, Molon, se révolte en 220 contre Antiochos III, qui le défait. Entre 163 et 160, c’est un autre satrape de Médie, Timarque, qui se révolte contre Démétrios 1er Sôter, et réussit à prendre le pouvoir en Babylonie, avant d’être finalement soumis. Les révoltes qui secouent le royaume séleucide vers 150 profitent au roi parthe Mithridate 1er qui prend alors la Médie, ainsi que l’Atropatène. Après plusieurs décennies de luttes, le pouvoir des Arsacides est finalement assuré en Médie, en dépit des attaques des nomades orientaux, Scythes ou Tokhariens. La région est réorganisée administrativement, et la ville de Rhaga/Europa est renommée Arsacia.