Archéologie, témoignages d’historiens antiques, mythologie même : toutes les sources sur la civilisation gauloise affirment qu’un certain nombre de femmes de haut rang ont exercé le pouvoir, au même titre que les hommes.
Ainsi en est-il, en Allemagne, de la dame de Reinheim [1] qui fut enterrée avec une grande quantité de bijoux au 4ème siècle av. jc. Le torque [2] et les bracelets trouvés avec elle. Etais-ce un symbole mythologique ? une image ou un symbole propre à la dame de Reinheim ? Si tel est le cas, cela supposerait que cette femme détenait une grande puissance et une influence telle qu’elle pouvait commander ses propres parures ou qu’elle possédait assez d’autorité de son vivant pour que sa dépouille fût parée de joyaux spécialement réalisés à son intention.
Les auteurs classiques apportent également leur contribution : Plutarque révèle que, dans certaines tribus, les femmes intervenaient dans les conseils réunis en vue de la guerre ou de la paix ou lors de conflits avec des étrangers. Tacite et Dion Cassius évoquent longuement l’histoire de la reine Boadicée ou Boudicca, ainsi que celle de Cartimandua.
Prasutagos ou Prasutag, roi des Icéniens [3], avait fait un pacte avec les Romains afin de conserver son royaume. À sa mort, sa veuve, Bouddica, prend le pouvoir, comme il est de coutume chez les Celtes. Une coutume qui ne reçoit pas l’approbation des Romains qui tentent alors d’évincer la souveraine. C’est ce qui déclenchera la révolte de Boudicca.
Elle s’allie avec les Trinovantes [4], ses voisins et, de 60 à 61 après jc, mène une guerre sans merci contre le pouvoir impérial. Ainsi, elle s’emparera et détruira, avec d’ailleurs des raffinements de cruauté, 3 des principales villes romaines de Bretagne [5]. Colchester [6], Londres [7] et Verulamium [8]. Finalement vaincue par les légions romaines, Boudicca se suicidera. Elle avait été près d’arracher à Rome sa plus récente province.
L’histoire de Cartimandua, toujours au 1er siècle, est en quelque sorte l’antithèse de celle de Boudicca. En effet, loin de se révolter, Cartimandua, reine des Brigantes [9], est une alliée active des Romains, qui, dans l’intérêt de l’empire, ont passé outre leur aversion envers les femmes au pouvoir. Car ce n’est pas de Rome que Cartimandua détient son pouvoir. Tacite raconte en effet que son rang lui venait de sa naissance. Elle est donc souveraine par naissance et héritage et exercera le pouvoir durant 12 ans. De son côté, Strabon, dans la relation qu’il fait de la fondation de Massilia [10], donne le premier rôle à une femme Aristarché , l’une des femmes les plus considérées de la ville.
Ce qui paraît pourtant le plus étonnant dans ce bref aperçu du pouvoir réel des femmes celtes, c’est l’idée si largement répandue que les Celtes étaient des barbares. Or il paraît clair que leur société était évoluée, notamment si on les compare avec les Romains chez qui, justement, la femme n’avait ni place ni droit, sinon celui que voulait bien lui déléguer le paterfamilias.