Eanfrith (roi de Bernicie) (mort en 634)
Roi de Bernicie de 633 ou 634 à sa mort
Fils du roi AEthelfrith de Bernicie et de sa première épouse Bebba, vraisemblablement apparentée aux rois brittoniques de Strathclyde [1]. Son père est le premier à réunir sous son autorité la Bernicie [2] et le Deira [3], son voisin au sud, vers 604. Il est vaincu et tué en 616 par le roi d’Est-Anglie [4] Rædwald, qui place son protégé, le prince Edwin de Deira, à la tête de la Northumbrie [5].
Eanfrith et ses deux demi-frères cadets Oswald et Oswiu passent les 15 années qui suivent en exil chez les Scots [6] du Dál Riata [7] et les Pictes [8], où ils sont convertis au christianisme par des moines irlandais. C’est durant cette période qu’Eanfrith épouse une princesse picte, vraisemblablement la sœur des rois Gartnait mac Wid , Brude et Talorg .
Après la mort d’Edwin face au roi du Gwynedd [9]Cadwallon ap Cadfan, en 633, les fils d’AEthelfrith rentrent en Northumbrie et Eanfrith s’empare du trône de Bernicie, tandis qu’un cousin d’Edwin, Osric , prend le pouvoir dans le Deira. Après son avènement, Eanfrith abandonne sa nouvelle religion et retourne au paganisme, ce qui lui est reproché par Bède le Vénérable dans son Histoire ecclésiastique du peuple anglais [10].
En octobre 634, Eanfrith est attiré dans un piège et tué par Cadwallon, alors qu’il venait négocier la paix en compagnie de seulement 12 hommes. Bède rapporte que son règne et celui d’Osric, vaincu la même année par Cadwallon, sont par la suite omis par les chroniqueurs, qui préfèrent attribuer cette année d’apostasie à leur successeur, le bon chrétien Oswald.
Le fils d’Eanfrith, Talorgan, règne sur les Pictes de 652 à 657 environ, apparemment sous l’autorité de son oncle Oswiu
Notes
[1] Le Strathclyde est l’un des royaumes celtes brittoniques qui résista aux Anglo-Saxons, aux Pictes, aux Scots et aux Vikings durant le haut Moyen Âge avant d’être réuni au royaume des Pictes et des Scots vers le milieu du 11ème siècle.
[2] La Bernicie est un royaume anglo-saxon situé dans le nord de l’Angleterre et le sud de l’Écosse actuelles. Fondé au 6ème siècle, il est uni au royaume voisin de Deira au début du 7ème siècle pour former le royaume de Northumbrie. Son territoire se serait étendu depuis la Tyne vers le nord, atteignant finalement le Firth of Forth. Sa frontière occidentale s’est graduellement étendue, mordant sur les royaumes de langue brittonique de Rheged, Gododdin et Dumbarton. La résidence royale principale est le château de Bamburgh, près de l’île de Lindisfarne.
[3] Le Deira est un royaume anglo-saxon des 6ème et 7ème siècles. Selon Siméon de Durham, le royaume s’étendait de l’Humber à la Tyne, mais le pays était désert au nord de la Tees. Après l’absorption du royaume d’Ebrauc, York devint la capitale du Deira. Avant cela, la capitale se situait probablement près de Pocklington. Le premier roi angle dont nous avons connaissance est AElle, qui conquit le royaume sur les Bretons à la fin du 6ème siècle. Le royaume fut ensuite sujet du roi AEthelfrith de Bernicie, qui unifia les deux royaumes pour former le royaume de Northumbrie. Après la mort d’AEthelfrith, le fils d’AElle, Edwin de Deira, régna sur les deux royaumes, de 616 à 633. Son neveu Osric lui succéda, puis Oswine, qui fut assassiné par Oswiu, en 651. Durant les années qui suivirent, le royaume fut gouverné par AEthelwald, le fils d’Oswald de Northumbrie puis en tant que royaume vassal successivement par trois fils d’Oswiu de Northumbrie.
[4] L’Est-Anglie, ou royaume des Angles de l’Est, est un royaume anglo-saxon établi au cours du Haut Moyen Âge sur les actuels comtés anglais du Suffolk et du Norfolk. Sa fondation légendaire, vers le milieu du 6ème siècle, aurait été le fait d’envahisseurs germaniques appartenant à la tribu des Angles. Il disparaît comme entité indépendante après les invasions vikings du 9ème siècle, mais le titre de comte d’Est-Anglie continue à être donné au sein du royaume d’Angleterre jusqu’à la fin du 11ème siècle, et la région conserve le nom d’Est-Anglie à ce jour.
[5] La Northumbrie est un royaume médiéval situé dans le nord de l’actuelle Angleterre et constituait l’un des principaux royaumes de l’Heptarchie. Sa notoriété est surtout liée à son rôle dans la propagation du christianisme nicéen dans l’île et à la constitution d’un centre culturel d’importance européenne avec l’archevêché d’York. Le nom de Northumbria désigne à l’origine les terres envahies par les Angles au 6ème siècle situées au nord de la rivière Humber. La Northumbrie en tant que royaume se constitue au début du 7ème siècle par l’union de deux autres entités Angles : celle de Bernicie (Bernicia) au nord et celle de Deirie (Deira) au sud.
[6] On appelle Scots, les populations Irlandaises du Dal Riada qui s’établirent sur les côtes britanniques durant la période des Grandes Invasions. Les mêmes Scots, de langue gaélique, fondèrent ultérieurement le royaume d’Écosse, notamment en fusionnant avec les Pictes (peut-être de langue brittonique), vers le 9ème siècle.
[7] Le Dal Riada était un royaume scot situé sur la côte nord-est de l’Irlande et la côte ouest de l’Écosse.
[8] Les Pictes étaient un peuple établi principalement dans les Lowlands de l’Écosse. Les migrations Pictes s’installent entre les différentes vagues de migrations goïdeliques (gaëliques) et gallo-britonniques. Leurs ancêtres seraient venus du continent à la fin de la préhistoire, peut-être au cours du 1er millénaire avant jc. Leur première mention est due à l’orateur breton Eumenius, en 297, ce dernier les cite aux côtés des Hibernii (les Irlandais) comme ennemis des Bretons.
[9] Le Gwynedd était un des royaumes ou principautés du Pays de Galles au Moyen Âge, appelé Vénédotie, Winet ou Norgalles au Moyen Âge. Il couvrait une partie du nord-ouest du pays autour de la Snowdonia et comprenait l’île de Môn (Anglesey). Ses dirigeants ont eu à plusieurs reprises le dessus sur leurs rivaux gallois. Les rois et princes de Gwynedd ont résisté longtemps aux projets de conquête des rois d’Angleterre.
[10] L’Histoire ecclésiastique du peuple anglais (Historia ecclesiastica gentis Anglorum en latin) est un ouvrage de Bède le Vénérable écrit vers 731. Comme son titre le suggère, il s’agit d’une histoire de l’Angleterre qui s’intéresse tout particulièrement à sa christianisation.