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L’histoire pour le plaisir

Nicétas ou Nikétas

jeudi 14 juin 2018, par lucien jallamion

Nicétas ou Nikétas (vers 570-après 619/629)

Général et patrice byzantin

L'Empire Byzantin vers 550Fils de Grégorios, frère de l’exarque de Carthage [1]Héraclius l’Ancien, et de sa femme Euphemia, fille de Jean Mystacon et de sa femme Placidia, et petit-fils paternel de Theodorus et de sa femme Vigilantia, nièce maternelle de Justinien 1er. Il fut le mari de sa cousine germaine Gregoria, fille de Héraclius l’Ancien et d’Epiphania.

Avec son cousin Héraclius le jeune qui deviendra plus tard l’empereur Héraclius il organise en 609 une expédition contre Constantinople pour y détrôner l’usurpateur Phocas. Il prit la tête de la flotte, tandis que Nicétas, pris la tête des forces terrestres, envahit l’Égypte et la Palestine.

Après le couronnement de son cousin Héraclius à Constantinople, Nicétas reçut le titre de patrice [2] et gouverna l’Égypte en tant que préfet augustal [3]. Il nomma son ami le chalcédonien Saint Jean l’Aumônier patriarche d’Alexandrie [4], mais entra en conflit avec lui quand il tenta de réquisitionner des biens de l’Église pour financer l’effort de guerre contre les Perses.

En 611 Nicétas tenta en Syrie, près d’Émèse [5], d’arrêter les Perses commandés par Schahr-Barâz, général de Chosroès II, et retourna à Constantinople où Héraclius le confirma comme commandant des armées du sud.

L’Empire n’y gagna que 2 ans de répit. En 613 Nicétas ne put arrêter l’avance des Perses qui s’emparèrent de Jérusalem. Nicétas fit retraite vers l’Égypte. Tandis que la Vraie Croix [6] était emportée en Perse, Nicétas ne put sauver que la relique de la Sainte Lance de Jérusalem [7] et la rapporta à Constantinople.

Malgré ces échecs Nicétas garda la confiance de son cousin l’empereur. [Constantin III (empereur byzantin) , le jeune fils d’Héraclius, fut fiancé à Gregoria Anastasia , la fille de Nicétas.

De 616 à 619 Nicétas tenta, avec l’aide du patriarche chalcédonien Saint Jean l’Aumônier, de regrouper les forces chrétiennes en unissant chalcédoniens [8] et monophysites [9] qui étaient favorisés par les Perses mais il ne put empêcher l’invasion de l’Égypte. Il retourna à Constantinople et fut nommé exarque de Carthage. Il transmit à sa mort cette charge à son fils Grégoire le Patrice .

P.-S.

Source : Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Christian Settipani, Continuité des élites à Byzance durant les siècles obscurs. Les Princes caucasiens et l’Empire du VIe au IXe siècle, 2006

Notes

[1] L’exarchat peut prendre deux sens, le premier est politique et administratif qui est propre à l’empire romain d’Orient et l’autre est ecclésiastique propre à l’Église orthodoxe. L’exarchat est une organisation de certains territoires périphériques de l’empire byzantin, mise en place au 6ème siècle pour faire face à la menace d’envahisseurs. L’exarchat est dirigé par un exarque qui concentre les pouvoirs civils et militaires. Cette organisation visait à réagir de façon optimale aux dangers menaçant l’empire dans ses régions périphériques, sans avoir à attendre les ordres venus de Constantinople. Ils bénéficiaient d’un plus grand degré d’indépendance que les autres gouverneurs provinciaux. Seuls deux exarchats furent constitués, à Ravenne contre l’invasion des Lombards, et à Carthage. Les autres provinces de l’empire byzantin reçurent progressivement une organisation semblable, mais sous le nom de « thèmes ». Les exarques civils étaient de véritables vice-rois, à qui l’on confiait le gouvernement de plusieurs provinces tandis que les exarques ecclésiastiques étaient des délégués du patriarche de Constantinople ou du Saint-Synode, chargés de visiter les diocèses, et de surveiller la discipline et les mœurs du clergé. Dans les Églises d’Orient, un exarque est un évêque qui a reçu mission de représenter un patriarche auprès d’un autre patriarche ou dans un lieu qui n’est le territoire d’aucune Église orthodoxe autocéphale. L’exarchat est à la fois la dignité de l’exarque, l’ensemble des paroisses et des fidèles placés sous sa responsabilité ainsi que l’église et les bâtiments qui en constituent le siège. C’est en quelque sorte un évêché sans diocèse et sans structure prévue pour durer. C’est une façon de s’adapter à des circonstances particulières, absence d’une église locale organisée, nécessité d’assurer une vie liturgique à un personnel diplomatique. Un exarchat possède un statut dérogatoire par rapport au principe de la territorialité de l’organisation ecclésiastique. L’évêque mentionné dans les diptyques n’est pas l’évêque du lieu mais le primat représenté par l’exarque. On peut comparer l’exarchat ecclésiastique à extra-territorialité de bâtiments diplomatiques. Les métropolites des "Nouvelles Terres" du Nord et de l’Est de la Grèce ont reçu du patriarche œcuménique de Constantinople des titres d’exarque qui rappellent leur appartenance au Patriarcat œcuménique de Constantinople.

[2] Patrice est un titre de l’empire romain, créé par Constantin 1er. Dans les années 310-320, Constantin abolit le patriciat romain, vieille distinction sociale qui avait ses racines au début de la république romaine. Le titre de patrice est désormais accordé par l’empereur à des personnes de son choix, et non plus à des familles entières. Dès son apparition, le titre de patrice permet à son titulaire d’intégrer la nobilitas, comme le faisait déjà le patriciat républicain. Le titre était décerné à des personnages puissants mais non membres de la famille impériale ; il vient dans la hiérarchie immédiatement après les titres d’Auguste et de César. Ce titre fut ensuite conféré à des généraux barbares au service de l’empire. Le titre fut encore porté par des notables gallo-romains au 6ème siècle. Sous les Mérovingiens, le titre de patrice était donné au commandant des armées burgondes. Les papes l’ont notamment décerné à plusieurs reprises pour honorer des personnages qui les avait bien servis. Le titre fut également conservé dans l’Empire byzantin, et son importance fut même accrue au 6ème siècle par Justinien 1er, qui en fit la dignité la plus haute de la hiérarchie aulique. C’était une dignité accordée par brevet. Dans les siècles suivants, elle fut progressivement dévaluée par la création de nouveaux titres. La dignité de patrice disparut à Byzance au 12ème siècle.

[3] Officier des premiers rangs de l’armée

[4] Le Patriarcat d’Alexandrie et de toute l’Afrique ou Église orthodoxe d’Alexandrie et de toute l’Afrique est la juridiction autocéphale canonique de Église orthodoxe en Égypte et dans toute l’Afrique. Le chef de l’Église porte le titre de Patriarche d’Alexandrie et de toute l’Afrique, avec résidence à Alexandrie en Égypte

[5] Homs

[6] La Vraie Croix, dite également Sainte Croix, serait la croix sur laquelle Jésus-Christ a été crucifié. Selon la tradition chrétienne, c’est sainte Hélène, la mère de l’empereur Constantin 1er, qui aurait découvert la Croix de Jésus ainsi que celles des deux larrons, lors d’un pèlerinage en Palestine entrepris en 326. Elle est devenue dès lors une des principales reliques de la chrétienté, faisant l’objet d’une vénération particulière. Des reliquaires portant le nom de staurothèques sont spécialement fabriqués pour abriter les fragments.

[7] La Sainte Lance (ou « lance de Longin (Longinus) ») est l’une des reliques de la Passion du Christ. Elle est considérée comme étant l’arme qui aurait percé le flanc droit de Jésus lors de sa crucifixion.

[8] l’Église orthodoxe

[9] Le monophysisme est une doctrine christologique apparue au 5ème siècle dans l’Empire byzantin en réaction au nestorianisme, et ardemment défendue par Eutychès et Dioscore d’Alexandrie.