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L’histoire pour le plaisir

Guillaume Flote

lundi 12 octobre 2015

Guillaume Flote (vers 1280-vers 1361)

Seigneur de Ravel, Escole et Plassac-Légiste

Blason de la famille Flote (Auvergne)Chancelier [1] de Philippe VI de Valois, Guillaume Flote est le fils de Pierre Flote et d’Alix dite « Flandrine » de Châtillon-en-Bazois. Son père fut le puissant conseiller et chancelier de Philippe IV le Bel. Il épouse Elips de Melo puis se remarie après 1339 avec Jeanne d’Amboise.

Flote est un clerc qui débute sa carrière comme chanoine et archidiacre de Brabant en 1298. À la mort de son père en 1302, il abandonne la carrière ecclésiastique et recueille la seigneurie de Ravel [2]. L’année suivante il devient chevalier du roi [3].

De 1307 à 1313, il est maître des requêtes [4] en Languedoc. Toujours en 1313, il obtient sa première grande mission diplomatique en étant envoyé auprès d’Édouard II d’Angleterre pour inciter ce dernier à conclure la paix avec l’Écosse. Trois ans plus tard, il est exécuteur testamentaire du comte de Clermont Robert de Clermont .

Conseiller à la Grand’chambre du Parlement en 1314, il effectue par la suite plusieurs missions sous Philippe V en tant que commissaire réformateur à Toulouse et en Champagne.

Sous Charles IV le Bel il dirige plusieurs ambassades en Flandre et auprès de la papauté d’Avignon en 1325.

Au début de son règne,Philippe VI l’emploie dans de nombreuses missions. En 1329, Flote est envoyé négocier la paix entre Humbert II de Viennois et Édouard de Savoie. En 1331 il participe aux négociations avec Édouard III d’Angleterre. Néanmoins, il est écarté du pouvoir après cette date, en compagnie d’autres anciens serviteurs tels que Miles de Noyers.

Flote retrouve la faveur du roi à partir de 1335, date à laquelle le conseil royal se trouve renouvelé par l’arrivée de conseillers bourguignons dirigés par Miles de Noyers. Il est nommé sénéchal [5] de Toulouse, charge au cours de laquelle il a instruit, en qualité de commissaire royal le dossier de constitution de la bastide de Revel [6].

Sa carrière culmine en 1338 avec sa nomination par le roi au poste de chancelier de France. Il est l’un des membres les plus influents du Conseil du roi avec Miles de Noyers, Jean de Marigny et Mathieu III de Trie .

Après les États généraux de 1343, le conseil royal [7] est profondément renouvelé par l’éloignement de Miles de Noyers et de sa clientèle bourguignonne. De nouveaux conseillers provenant des provinces de l’ouest font leur apparition. Le chancelier Flote est l’un des membres les plus influents de la nouvelle équipe, avec Jean de Marigny, Jean de Nesle-Offémont et Jean de Thil.

Ses compétences s’étendent sur les affaires politiques et diplomatiques, faisant de lui une sorte de principal ministre. L’une de ses principales œuvres à la chancellerie est de négocier l’achat par la couronne de France du Dauphiné [8], conclu par le traité de Romans [9]. Il est aussi envoyé comme représentant à la conférence d’Avignon organisée par Clément VI en 1344.

De la fin 1345 au mois d’août 1346, tandis que le roi est en campagne contre les Anglais, il assure l’intérim du pouvoir à Paris en compagnie du sire d’Offémont et de Hugues d’Arcy . Néanmoins il accompagne ensuite le roi sur le champ de bataille et commande en personne un contingent de l’ost [10] à la bataille de Crécy [11].

Face au mécontentement des États généraux [12] de 1347 vis-à-vis de sa politique, Flote quitte sa charge au début de 1348 mais il reste toutefois un membre assidu du Conseil à la fin du règne de Philippe VI, puis sous Jean II le Bon après 1350. Malgré son âge avancé, il effectue toujours de nombreuses missions diplomatiques, et conclut l’achat de Montpellier au roi de Majorque.

En 1355, il fait partie des conseillers chargés d’encadrer le jeune Charles de Normandie pour sa première mission dans ses États. Il reste dans l’entourage de ce jeune prince lorsque ce dernier est contraint d’assumer la régence lors de la captivité de Jean II, et participe en janvier 1357 à plusieurs négociations avec Étienne Marcel, quand celui-ci et ses partisans réclament la suppression de l’ordonnance créant une nouvelle monnaie [13].

Il ne semble pas hostile aux revendications des États généraux et du parti navarrais. Flote quitte le conseil en mars 1358, après la purge suivant la Journée du 22 février 1358. Néanmoins, il y revient à la fin de 1360 après le retour de captivité du roi Jean et y est encore très assidu en 1361.

Guillaume Flote meurt, sans doute plus qu’octogénaire. Son fils Pierre II Flote étant mort en 1350, c’est son petit-fils Guillaume II qui lui succède comme seigneur de Revel.

P.-S.

Source : Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Françoise Autrand, Charles V, Paris, Fayard, 1994

Notes

[1] Le chancelier de France est un important personnage de l’Ancien Régime, il est le second officier de la couronne, puis le premier, en 1627, avec la suppression du connétable et de l’amiral de France. La conservation d’une copie de tous les actes de gouvernement (édits, traités, capitulaires, dénombrements, etc.) est une des fonctions principales du chancelier. La France a sans doute, après le Vatican, la seconde plus vieille chancellerie du monde, puisqu’elle conserve encore 47 actes originaux datant des rois mérovingiens (481-751). La collection des plus anciens, toujours appelée Trésor des Chartes, constitue le fonds original des Archives nationales de France. Lacunaires jusqu’au 12ème siècle, ce n’est qu’à partir de sa réorganisation par frère Guérin, évêque de Senlis et garde des Sceaux de Philippe Auguste, que l’on conserve véritablement au palais du roi à Paris un exemplaire de tous les actes expédiés ou reçus par le roi. L’office de chancelier, ou cancellariat, dérive de celui de secrétaires et de notaires du roi, il est le chef de l’administration de la justice, et de tous les conseils du roi. Il est le dépositaire des sceaux de France, dont il use pour la distribution de la justice, dons, grâces, et offices. Il préside le conseil du roi, et expose les volontés du roi devant le parlement quand il va y tenir son lit de justice. Cet office ne peut être récusé, sauf démission et forfaiture. Le chancelier est le porte-parole et le représentant du roi, et à la mort de celui-ci, il est le seul personnage de la cour à ne pas porter le deuil pour marquer la pérennité de sa charge. Il est deuxième grand officier de la couronne dans l’ordre des préséances. Il y a toujours un chancelier chef de la justice et il devient de fait l’officier le plus important de la couronne.

[2] Ravel est une commune française, située dans le département du Puy-de-Dôme. Ravel dont le centre bourg est situé au pied d’une colline qui accueil le Château médiéval de Ravel trouve à l’ouest la riche pleine de la limagne et se situe sur le territoire du Parc naturel régional Livradois-Forez, qui s’étend à l’est. Faisant quelque 1300 Hectares la commune se trouve à 5 km au sud de Lezoux et à 8 km au nord nord est de Billom.

[3] La chevalerie est une institution militaire féodale rassemblant les combattants à cheval, puis les nobles, et à laquelle on accédait par la cérémonie de l’adoubement.

[4] Le titre de maître des requêtes est porté en France, ainsi que dans certains autres pays d’Europe, depuis le Moyen Âge, par les titulaires de certaines hautes fonctions judiciaires et administratives. Les maîtres des requêtes ordinaires de l’hôtel du Roi étaient, depuis le Moyen Âge, des officiers propriétaires d’une charge extrêmement prestigieuse et devenue, sous Louis XIV, particulièrement coûteuse. L’office coûtait 200 000 livres en 1710 et 100 000 en 1750. Pour pouvoir devenir maître des requêtes, il fallait avoir exercé pendant six ans dans une cour supérieure (Parlement, Chambre des comptes) ; les enfants des magistrats de ces cours bénéficiaient d’une durée réduite de trois ans seulement.

[5] Dans le système féodal français, un sénéchal était un officier d’un seigneur (titré ou non) chargé de la justice seigneuriale (haute, moyenne ou basse) et présidait habituellement les plaids de la seigneurie, cour se réunissant régulièrement pour régler les litiges survenus dans le ressort de la seigneurie, privée ou royale.

[6] Bastide médiévale, Revel est située dans le Lauragais au pied de la montagne Noire à 50 km à l’est de Toulouse sur l’ancienne route nationale 622 à l’intersection de trois départements : le Tarn, l’Aude et la Haute-Garonne.

[7] Le Conseil du roi était un ensemble d’organes collégiaux, institutionnalisés et permanents chargés de préparer les décisions du roi de France et de le guider de leurs avis.

[8] Le Dauphiné est une entité historique et culturelle à l’identité assez importante, notamment grâce à son histoire. Elle occupe l’ancienne province Viennoise située dans le quart sud-est de la France actuelle. Ce fut un État, sous l’autorité des comtes d’Albon, qui prirent le titre de dauphins, ce dernier terme ayant donné au Dauphiné son nom. Cet État était une subdivision du Saint Empire romain germanique, de ses origines admises, au 11ème siècle, jusqu’à son rattachement en 1349 au royaume de France. Le Dauphiné conserve une certaine autonomie jusqu’en 1457. Sous l’autorité française et jusqu’à la Révolution de 1789, le Dauphiné constitue l’apanage du fils aîné du roi de France qui prend, dès sa naissance, le titre de Dauphin.

[9] Le traité de Romans est un traité signé à Romans-sur-Isère (Drôme) le 30 mars 1349 entre le dauphin de Viennois, Humbert II, et le roi de France, Philippe VI. Le Dauphin vendait sa principauté du Dauphiné de Viennois, dont la capitale était Grenoble, à la France, qui faisait alors un grand bond territorial à l’est du Rhône. Le traité prévoit également que le Dauphiné serait le fief du fils aîné du roi de France, et qu’à ce titre, le fils aîné du roi de France porterai désormais le titre de Dauphin. Il est également prévu que le Dauphiné bénéficierait d’un statut fiscal particulier, le statut delphinal.

[10] Le terme ost ou host désignait l’armée en campagne à l’époque féodale et le service militaire que les vassaux devaient à leur suzerain au Moyen Âge. Dès le haut Moyen Âge, le service d’ost ou ost s’imposait à tous les hommes libres, appelés plus tard vavasseurs.

[11] La bataille de Crécy opposa à partir du milieu de l’après-midi du 26 août 1346 l’armée du royaume de France à une armée venue d’Angleterre pour saccager et piller les terres proches des rivages de la Manche. Cette bataille violente et sanglante où les monarques respectifs, Philippe VI de Valois et Édouard III, furent présents et actifs, se conclut au soir du second jour par une victoire écrasante de l’armée anglaise, pourtant en infériorité numérique, sur la chevalerie et l’infanterie française et de ses alliés, qui accusèrent des pertes très importantes du fait de l’indiscipline et des lacunes du commandement. Cette grande bataille marqua le début de la guerre de Cent Ans et le retour d’une technique traditionnelle d’archerie.

[12] Dans le système politique du Royaume de France, on désignait par États généraux les assemblées extraordinaires réunissant les trois ordres (les états) de la société (noblesse, clergé, Tiers) convoquées par le roi pour traiter d’une crise politique, en général une guerre ou une question diplomatique et décider d’une aide militaire ou fiscale. L’institution est créée en 1302 par le Roi Philippe le Bel pour donner une apparente légitimité à ses décisions en réaction contre la bulle Ausculta fili. Ils réunissaient au début le clergé, la noblesse et la bourgeoisie des bonnes villes, qui prendra par la suite le titre de Troisième état puis de Tiers état. Jusqu’en 1484 ils étaient réunis de manière distincte par région de Langue d’oïl ou de langue d’oc.

[13] La grande ordonnance de 1357 est une tentative, menée par Étienne Marcel, d’imposer un contrôle sur la monarchie française, en particulier en matière fiscale et monétaire. Le texte de cette ordonnance comporte 61 articles. Moins rigoureux que celui de décembre 1355, il est l’esquisse d’une monarchie contrôlée et un vaste plan de réorganisation administrative. Il précise qu’une commission d’épuration composée de vingt-huit députés, dont douze bourgeois, aura pour charge de destituer les fonctionnaires fautifs (et particulièrement les collecteurs d’impôts indélicats). Les coupables seront alors condamnés et auront leurs biens confisqués. Le dauphin renonce à toute imposition non votée par les états généraux et accepte la création d’un conseil de tutelle de 36 membres qui se met aussitôt en mesure d’exécuter un programme de réformes. Six représentants des états entrent au conseil du roi qui devient un conseil de tutelle, l’administration royale sera surveillée de près : les finances et particulièrement les mutations monétaires et les subsides extraordinaires seront contrôlés par les états. L’ordonnance prévoit aussi une monnaie fixe, les nobles ne doivent plus être dispensés de l’impôt, le droit de réquisition des seigneurs doit être aboli, les fourrages et les chevaux mis à l’abri du pillage. En échange de ces mesures les villes fourniront un homme d’armes par cent foyers. Cinq jours après la promulgation de l’ordonnance, presque tous les conseillers royaux du moment sont exilés, les membres du parlement et de la chambre des comptes renouvelés, les officiers de justice et de finances destitués, la cour des aides créée. Mais l’exécution de cette ordonnance va être vite bloquée. La commission d’épuration est désignée mais ne fonctionne que 5 mois. Les collecteurs d’impôts nommés par les états rencontrent l’hostilité des paysans et des artisans pauvres. Les six députés entrés au conseil de tutelle sont en minorité et les états généraux manquent d’expérience politique pour contrôler en permanence le pouvoir du dauphin qui, en prenant de l’expérience, retrouve l’appui des fonctionnaires. Les déplacements fréquents, coûteux et dangereux à l’époque, découragent les députés de province, et les états sont de moins en moins représentatifs. Peu à peu seule la bourgeoisie parisienne vient siéger aux assemblées10. Mais enfin, le roi Jean II le Bon, gardant un grand prestige et venant de signer une trêve de deux ans avec les procureurs du Prince de Galles, désavoue le dauphin et depuis sa prison de Bordeaux, interdit l’application de l’ordonnance de réformation le 6 avril 1357.