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Kusunoki Masashige

mardi 29 avril 2025, par lucien jallamion

Kusunoki Masashige (1294-1336)

Chef militaire de l’époque Nanboku-chô [1]. Samouraï [2] de modeste extraction, il a combattu pour le compte de l’empereur Go-Daigo dans sa tentative pour reprendre le contrôle du Japon au shogunat [3] de Kamakura [4]. Son nom est devenu synonyme à partir de l’ère Meiji [5], de fidélité et de dévotion extrême à l’empereur

La famille Kusunoki était installée dans la province médiévale du Kawachi* ( [6]). Ses membres ont prétendu descendre de Tachibana no Moroe, personnage influent dans la politique de l’époque de Nara [7]. Mais la première véritable figure de premier ordre de la famille a été Kusunoki Masashige, et c’est seulement à partir de son époque que des indications fiables sur la famille ont été compilées.

En 1331, Kusunoki Masashige participe aux violents affrontements entre l’empereur retiré Go-Daigo et le bakufu [8] de Kamakura connus sous le nom de troubles de l’ère Genkô et qui vont s’étendre jusqu’en 1333.

Il s’y rend célèbre par sa résistance acharnée, avec ses maigres troupes, aux forces du bakufu au château d’Akasaka [9] puis à celui de Chihaya  [10]. Il permet ainsi aux forces de l’empereur de bénéficier du temps nécessaire pour organiser l’opposition au bakufu et de préparer la chute de celui-ci en 1333.

Son activité durant l’année 1333 fut rapportée dans le Kusunoki kassen chûmon [11]. Ce document liste aussi les récompenses offertes par le shogunat pour la tête de Kusunoki Masashige et pour celle du prince Morinaga .

Ces succès militaires lui valent durant la restauration de Kemmu [12] de recevoir plusieurs honneurs et fonctions importantes* ( [13]). Lors de la révolte de Ashikaga Takauji en 1336, Kusunoki Masashige demeure fidèle à la cause impériale. Il parvient d’abord à repousser Ashikaga Takauji mais il est finalement défait par ce dernier à la bataille de Minatogawa [14] en 1336, où il préfère se suicider plutôt que de tomber aux mains de l’ennemi.

Ses descendants serviront activement la cour du Sud [15].

P.-S.

Source : Cet article est partiellement ou en totalité issu du texte de Louis Frédéric, Le Japon. Dictionnaire et civilisation, Paris, Robert Laffont, coll. « Bouquins », 1996, 1419 p. (ISBN 2-221-06764-9).

Notes

[1] L’époque Nanboku-chô aussi appelée « période des cour du Nord et cour du Sud » ou « guerre entre les deux cours » s’étend de 1333 à 1392 au début de l’époque de Muromachi de l’histoire du Japon. Il s’agit d’une guerre civile entre les partisans de l’empereur Go-Daigo dirigeant la cour du Sud basée à Yoshino et les partisans de l’empereur Komyo (1322-1380) de la Cour du Nord établie à Kyoto et soutenue par Takauji Ashikaga. Après presque 60 ans de guerre, le Nord l’emporte en 1392. C’est pourtant la cour du Sud qui est aujourd’hui considérée comme légitime au titre d’empereur du Japon, car elle est en possession du trésor impérial du Japon.

[2] Le samouraï est un membre de la classe guerrière qui a dirigé le Japon féodal durant près de 700 ans.

[3] Le terme shogun, signifie général ; c’est l’abréviation de seiitaishōgun, que l’on peut traduire par grand général pacificateur des barbares. Néanmoins, après qu’il fut attribué à Minamoto no Yoritomo, il devint un titre indiquant souvent le dirigeant de facto du Japon (dictateur militaire), alors même que l’empereur restait le dirigeant de jure (en quelque sorte le gardien des traditions). Le titre de seii taishōgun fut par la suite abandonné lors de la constitution au 19ème siècle du kazoku, c’est-à-dire de la noblesse japonaise.

[4] Kamakura est une ville de la préfecture de Kanagawa, au Japon. Elle est située au bord de l’océan Pacifique, à 50 km au sud-ouest de Tokyo (environ une heure de train) et un peu moins de Yokohama, sur la péninsule de Miura. Kamakura s’étend sur 39,60 km². En 1192, le shogun Minamoto no Yoritomo décida d’installer sa nouvelle capitale à Kamakura, qui n’est alors qu’un simple bourg, y déplaçant du même coup le centre politique du Japon. C’était l’époque où les shoguns prenaient le dessus sur l’empereur (Mikado). Le gouvernement de Kamakura domina le Japon pendant plus d’un siècle, jusqu’en 1333. À cette date la ville compte environ 50 000 habitants.

[5] L’ère Meiji est la période historique du Japon entre 1868 et 1912. Initiée par la restauration de Meiji, elle est comprise entre l’ère Keiô (fin de l’époque d’Edo) et l’ère Taishô. Cette période symbolise la fin de la politique d’isolement volontaire appelée sakoku et le début d’une politique de modernisation du Japon. L’ère Meiji se caractérise par un basculement du système féodal vers un système industriel à l’occidentale. Ce bouleversement social, politique et culturel déboucha sur diverses avancées dans les domaines de l’industrie, de l’économie, de l’agriculture et en matière d’échanges commerciaux.

[6] au sud-est de l’actuelle préfecture d’Osaka

[7] L’époque de Nara est l’une des 14 subdivisions traditionnelles de l’histoire du Japon. Cette période se situe entre 710 et 794 ou 784). Elle est précédée par la période d’Asuka du milieu du 6ème siècle jusqu’en 710 et suivie par l’époque de Heian de 794 à 1185. L’ère Tenpyō ou Tempyō 729-794 ou 729-784, seconde période de Nara après l’ère Hakuhō selon certains historiens d’art, sert, parfois, à évoquer toute la période dans le domaine artistique, car la culture a été particulièrement brillante à ce moment-là. Le Japon constitue alors un foyer culturel de première importance à côté de Silla, en Corée, et de la Chine, se présentant comme un petit empire « civilisé » selon des critères posés par l’empire chinois et auxquels le Japon adhère.

[8] Les shoguns Ashikaga dirigeaient le régime militaire féodal appelé shogunat des Ashikaga (1336-1573). Cette époque des shoguns du clan Ashikaga est aussi connue sous le nom de « période Muromachi », du nom du quartier de Kyōto où le troisième shogun Ashikaga Yoshimitsu établit sa résidence.

[9] Le château de Kami-Akasaka est un Château japonais de l’époque de Kamakura situé dans le bourg de Chihaya Akasaka, dans la préfecture d’Osaka, au Japon. Ses ruines sont considérées comme monuments du Japon depuis 1934. On l’appelle également château de Kusunoki ou château de Kiriyama.

[10] tous les deux dans l’actuelle préfecture d’Osaka

[11] première partie d’un ouvrage en deux volumes consacré aux événements de l’année 1333

[12] La restauration de Kenmu ou l’ère Kenmu désigne une des 14 subdivisions traditionnelles de l’histoire du Japon. Cette période dure de 1333 à 1336. Elle couvre les trois années séparant la chute du shogunat de Kamakura de l’arrivée au pouvoir du shogunat Ashikaga, quand l’empereur Go-Daigo se lance dans la tentative avortée de rétablir le contrôle impérial sur le Japon.

[13] gouvernement de sa province d’origine, le Kawachi, notamment

[14] près de l’actuelle ville de Kôbe

[15] cour créée à Yoshino par l’empereur Go-Daigo après son éviction du pouvoir en 1336