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Jean II Le Bon ou Brave

mercredi 10 juin 2020, par lucien jallamion (Date de rédaction antérieure : 3 août 2012).

Jean II Le Bon ou Brave (1319-1364)

Roi de France de 1350 à 1364)

Jean II Le Bon Roi de France de 1350 à 1364

Fils aîné de Philippe VI et de Jeanne de Bourgogne. Il est né au château du Gué-de-Maulny [1] près du Mans. Jean porte le titre de duc de Normandie jusqu’au 26 septembre 1350, jour où il est sacré roi de France à Reims. Comme son père et son grand-père, Jean II était un chevalier, plus soucieux de batailles que d’administration. Il fut dépourvu de sens politique et d’esprit de gouvernement. Il était excessif dans ses haines comme dans ses amitiés.

C’est en tant que Dauphin de France [2] qu’il avait épousé le 23 juillet 1332 Bonne de Luxembourg, la fille de Jean 1er du Luxembourg. Né en 1319 Jean avait 14 ans, elle en avait 16. Cela ne l’empêcha pas de faire en une quinzaine d’années10 enfants avant de devenir reine. Elle mourut en 1349. Il épousera en seconde noce le 19 février 1350 Jeanne 1ère d’Auvergne. Malgré un climat social très tendu [3] le roi et la reine se firent couronner avec fastes le 26 août 1350 à Reims.

Après avoir marié sa fille aînée, Jeanne, à Charles le Mauvais, détenteur de la Navarre [4] et des places fortes en Île-de-France et du Cotentin [5], il s’aliéna ce prince en ne lui donnant pas les domaines promis.

Dès 1351, les états provinciaux s’étaient plaints des prodigalités royales. Une fois de plus, le roi manqua d’argent. Les États Généraux ne lui en promettent que contre certaines concessions [6] et dû céder aux états généraux le contrôle de l’administration financière en 1355. Le 22 février 1354 est signé le traité de Mantes [7] avec Charles le Mauvais, roi de Navarre.

En septembre 1355, le roi déclara une mobilisation générale et remporta durant un an quelques succès contre les Angevins. Le 10 septembre 1355 le Traite de Valogne [8] est signé avec Charles le Mauvais, Mais, en octobre 1355 la guerre reprend. Le Prince Noir lance l’offensive dans le Languedoc [9]. La guerre coûta plus cher que les fêtes fastueuses qu’il donna pour la création de l’ordre de l’Étoile [10].

Les États généraux des États de langue d’oïl accordent au roi, par une ordonnance le 28 décembre 1355, les subsides qu’il demande. Le 26 mars 1356, les États de langue d’oc font de même.

L’exécution du connétable Raoul de Brienne, remplacé par Charles d’Espagne, marque le début de son règne. C’est ce connétable, mis en place par Jean II, que Charles le Mauvais fait assassiner et essaye de plus de retourner le dauphin Charles contre son père, et attise la résistance à payer les impôts nouveaux, accordés au roi par les États généraux. Jean II se fâcha puis vint une réconciliation puis une nouvelle querelle où le roi saisit ses fiefs de Normandie parce que son frère le comte d’Harcourt refusait de payer ses impôts.

Le 5 avril 1356, le roi le fait arrêter à Rouen et emprisonner. Cette arrestation provoque la colère des frères du roi de Navarre qui appellent les Anglais à la rescousse en Normandie.

les Anglais ne tentent pas réellement une invasion méthodique du royaume ; ils procèdent plutôt par chevauchées depuis Calais ou la Guyenne [11], et pillent tout sur leur passage. La population est bien sûr la première à souffrir Les troupes du fils d’Édouard III, Édouard prince de Galles héritier de la couronne anglaise, qui ne régna cependant pas, surnommé le prince noir à cause de la couleur de son armure et le fait qu’il sème la terreur et parviennent jusqu’à la Loire et dévaste le Midi. Pendant plusieurs semaines il prend les villes et les châteaux, pille, brûle, assassine en Armagnac [12], Comminges [13], Languedoc.

Le roi de France les affronte à Poitiers sur la commune de Nouillé-Maupertuis [14] le 19 septembre 1356. Sûr de sa victoire Jean le Bon se lance à l’assaut des fortifications Anglaises placées sur les hauteurs. Le résultat est effroyable, Jean le Bon et son jeune fils le futur Philippe de Bourgogne sont fait prisonniers et emmenés à Bordeaux puis à Londres , ainsi que nombre de chevaliers de marque. Son emprisonnement durera 4 ans et un mois. Le dauphin Charles qui se battait aux côtés de son père, réussit à quitter le champ de bataille sans être pris et il devint régent en l’absence de son père.

D’autres catastrophes s’abattent sur le royaume, qui réclameront toute l’habileté du jeune Dauphin.

Les bourgeois de Paris, menés par Etienne Marcel, prévôt des marchands de Paris [15], obtiennent un contrôle des finances par les États Généraux. Ils libèrent Charles le Mauvais le 9 novembre 1357 et tentent de mettre le Dauphin sous tutelle.

Charles le Mauvais devint maître de Paris et suscita une jacquerie avec l’aide d’Etienne Marcel. Les paysans se révoltèrent contre les impôts, les nobles, la guerre mais pas le roi ; L’affrontement franco-anglais devient vite un affrontement nobles paysans. Le Dauphin dû s’enfuir et Charles le Mauvais écrasa les "Jacques" Le 10 juin 1358, les Anglais aidant le Régent à assiégé Meaux. Force reste aux nobles. Etienne Marcel offre Paris aux Anglais. Les Parisiens exaspérés le renversent et il périt assassiné le 31 juillet 1358 par les partisans du dauphin. Le 2 août 1358 Le dauphin regagne Paris.

La paix est indispensable pour redresser un royaume au bord de l’abîme. Les Anglais aussi sont las d’une si longue et coûteuse guerre. Le 3 mars 1357 la trêve de Bordeaux [16] est signé entre la France et l’Angleterre. En janvier 1358 sera signé le traité de Londres [17] entre Jean II et Édouard III d’Angleterre. Le 14 mars 1358 Le dauphin Charles devient régent et convoqua les États généraux à Compiègne [18].

Le 24 mars 1359 Jean II signe le second traité de Londres [19] livrant à Édouard III la moitié de la France plus 4 millions d’écus d’or.

Apprenant cet ignoble traité, le Dauphin et les états en rejettent toutes les clauses le 25 juin 1359, et le 28 octobre quand Édouard III débarque pour se faire sacrer à Reims, les campagnes sont désertes et les villes closes. C’est le 18 juin 1359 que Bertrand du Guesclin prend Melun [20] à Charles le Mauvais. Jean II le Bon ne doit qu’à la signature du traité de Brétigny [21] le 8 mai 1360 ou Édouard III renonce au trône de France en échange de l’Aquitaine d’être libéré le 9 mai 1360.

Le 24 octobre 1360 par la paix de Calais ratifiant le traité de Brétigny, la France abandonne à l’Angleterre la Guyenne, le Limousin [22], le Périgord [23], l’Angoumois [24], le Rouergue [25] et la Saintonge [26], et s’engage à payer un tribut de 3 millions d’écus en or payables en 6 ans !. La monnaie d’or frappée pour que le roi soit libéré, est donc “ franc ” c’est-à-dire libre ; elle gardera longtemps son nom. Elle portait une inscription latine : Johannes Dei Gracia Francorum Rex [27]. Le dauphin s’engageait également à laisser ses fils à titre de caution jusqu’au paiement complet du tribut ! Le 8 juillet 1360 Jean II rentre en France. C’est le 5 décembre 1360 par l’ordonnance de Compiègne qu’est instauré le franc [28].

A son retour en France en 1362, il trouve un royaume ravagé par la peste, la famine et les exactions des “ routiers”.

Il maria sa fille contre argent à Jean Galéas Visconti de Milan. Enfin, le 6 septembre 1363 il donne en apanage à son fils, Philippe le Hardi, le duché de Bourgogne [29], cœur du puissant État bourguignon ce qui deviendra une belle source d’ennuis pour le royaume.

Le 2 janvier 1364 , apprenant que son fils, Louis duc d’Anjou, s’était évadé de Londres, Jean le Bon retourna à Londres se constituer prisonnier avec son autre fils Jean Duc de Berry [30], d’Auvergne [31] et de Poitou [32]. On leur donna pour résidence le palais de Savoie [33], mais deux mois plus tard, Jean le Bon tomba malade. Il meurt, le 8 Avril 1364. Son corps fut enseveli à Saint-Denis. Le Dauphin, son fils Charles, monte sur le trône de France sous le nom de Charles V le Sage.

Son règne aura été marqué par de fortes et successives dévaluations de la monnaie. D’intelligence probablement médiocre, il ne pu éviter de graves maladresses qui lui aliénèrent le plus souvent le concours des états, maîtres de lui refuser les ressources financières pourtant indispensables au gouvernement.

Hésitant entre la noblesse réformatrice, les bourgeois avides de promotion et les officiers au dévouement intéressé, il ne su ni choisir ni jouer de leurs rivalités, et c’est à la faveur de sa captivité que la noblesse prit pour un temps le contrôle des rouages essentiels de l’État.

Il se brouilla avec les lignages les plus influents en faisant procéder à des exécutions sommaires, comme celle du connétable Raoul de Brienne en 1350.

Il ne porte pas certes, seul la responsabilité des catastrophes accumulées pendant son règne et que les difficultés rencontrées par Philippe VI annonçaient depuis20 ans. Souvent critiquée, la décision de donner en apanage à son fils Philippe le duché de Bourgogne, venu à la Couronne par héritage, comportait sur le moment plus d’avantages, adhésion des Bourguignons et obstacle à l’intrusion du Navarrais dans l’affaire que d’inconvénients, puisque la rivalité des maisons de France et de Bourgogne était imprévisible.

P.-S.

Source : Cet article est partiellement ou en totalité issu du texte de Georges Minois, La guerre de Cent Ans : Naissance de deux nations, Perrin, janvier 2008 (ISBN 978-2-262-02440-6)

Notes

[1] Le Gué de Maulny est aujourd’hui un parc public situé dans la ville du Mans, entre la gare Sud et la rocade dans le secteur Sud-Ouest, au bord de l’Huisne. C’est le lieu même d’un ancien gué excentré de la ville qui permettait de rallier à pied ou en chariot Le Mans et Allonnes. Le lieu est également un endroit historique important à cause de ses batailles, de son château ou de ses moulins. Les Valois y font ensuite construire un château de plaisance, appelé simplement Chateau du Gué-de-Maulny. Ce château reste dans l’histoire comme le lieu de naissance du futur roi Jean II le Bon. Son existence est éphémère car il est pillé et ruiné en pleine guerre de Cent Ans. Il est détruit en 1359 alors que les Anglais marchent sur Le Mans. La chapelle qui lui était adjointe est également détruite, ce qui fait fuir les hommes d’église s’y trouvant. Les chapelains trouvent refuge au Mans. Dans la cité médiévale ils édifient une chapelle collégiale, qui reprend le nom de chapelle du Gué-de-Maulny malgré le changement de lieu. Elle est construite en plein centre de l’actuelle place du Hallai, longtemps nommée comme la chapelle elle-même. Cette dernière est finalement détruite en 1743.

[2] Le titre de dauphin était attribué à sa naissance au fils aîné du roi de France régnant. En cas de mort du Dauphin, son frère cadet recevait à sa place le titre de dauphin. Dauphin fut à l’origine le surnom, puis le titre, des seigneurs du Dauphiné de Viennois, comtes d’Albon-Viennois et, à partir du « transport » du Dauphiné au royaume de France, en 1349, le titre porté par le fils aîné du roi de France.

[3] guerre et peste

[4] Le royaume de Navarre est un royaume médiéval fondé en 824 par les Vascons, dont le premier roi est Eneko Arista, premier d’une lignée de seize rois basques qui régneront sur le Royaume jusqu’en 1234. Attaquée depuis trois siècles au nord des Pyrénées, dans le duché de Vasconie par les Francs, et au sud par les Wisigoths, puis les Omeyyades (musulmans), la Vasconie est réduite au petit Royaume de Pampelune, terres ancestrales du Saltus Vasconum. La Haute-Navarre fut conquise en 1512 par le royaume d’Aragon et fut intégrée en 1516 dans l’actuel royaume d’Espagne et l’autre partie (Basse-Navarre), restée indépendante, fut unie à la couronne de France à partir de 1589 d’où le titre de « roi de France et de Navarre » que portait Henri IV.

[5] Le Cotentin est une péninsule française correspondant globalement aux limites de l’ancien pays normand du même nom autrefois appelé Pagus Constantiensis (pays de Coutances). Élément du Massif armoricain, il s’étend entre l’estuaire de la Vire et l’embouchure de l’Ay et jusqu’à Granville. En 1204, le Cotentin, à l’exception des îles Anglo-Normandes, revient à la France lors de la reconquête du duché de Normandie par Philippe Auguste. La guerre de Cent Ans ravage les campagnes et les châteaux de Cherbourg, Valognes, Bricquebec, Saint-Lô et Saint-Sauveur-le-Vicomte font l’objet de multiples sièges. La paix revenue, l’agriculture amène un essor important au 15ème et 16ème siècle, celui-ci se matérialisant dans le bocage par de nombreuses fermes-manoirs. Les grands seigneurs édifient des châteaux et hôtels de style Renaissance

[6] contrôle des fonds, arrêts des dévaluations

[7] Le Traité de Mantes fut signé le 22 février 1354 à Mantes par Jean II de France et Charles II de Navarre. Par ce traité, Charles II le Mauvais, roi de Navarre accepta de perdre Asnières-sur-Oise, Pontoise et Beaumont. En contrepartie il reçut le comté de Beaumont-le-Roger, les châteaux de Breteuil, Conches et de Pont-Audemer, le clos du Cotentin avec la ville de Cherbourg, les vicomtés de Carentan, Coutances et Valognes en Normandie. Ce traité lui donnait également la permission de tenir chaque année un échiquier, prérogative ducale et surtout les affaires ne pourront plus être jugée en appel à Paris ! De plus ce traité lui donna l’assurance de percevoir rapidement la dot de son épouse Jeanne de France, dot qui s’élevait à 60 000 deniers or.

[8] Le traité de Valognes est un traité signé à Valognes, en Normandie, le 10 septembre 1355, entre le roi de France Jean II et le roi de Navarre Charles II, confirmant le traité de Mantes, signé l’année précédente.

[9] Le Languedoc est un territoire du sud de la France traditionnellement divisé en Haut Languedoc, qui correspond approximativement à l’actuelle région Midi-Pyrénées, et Bas Languedoc, qui correspond approximativement à l’ancienne région Languedoc-Roussillon. Le Languedoc fait partie de l’Occitanie, vaste espace géographique de langue d’oc. Le territoire du Languedoc (région où l’on parle la langue d’oc) est rattaché au domaine royal au 13ème siècle à la suite de la croisade contre les Albigeois mettant fin au catharisme. Le territoire sous contrôle des États de Languedoc s’est ensuite progressivement réduit à l’ancienne province du Languedoc. C’est en 1359 que les villes des trois sénéchaussées de Beaucaire, Carcassonne et Toulouse concluent entre elles une « union perpétuelle » puis exigent des officiers royaux d’être « convoquées ensemble » et non plus séparément, par sénéchaussée. Vers la fin du 14ème siècle, pays des trois sénéchaussées, auquel le nom de Languedoc allait être réservé, désigne les deux sénéchaussées de Beaucaire Nîmes et de Carcassonne et la partie occidentale de celle de Toulouse, conservée au traité de Brétigny. Le pays de Foix, qui relève de la sénéchaussée de Carcassonne jusqu’en 1333 puis de celle de Toulouse, cesse d’appartenir au Languedoc. En 1469, le Languedoc est amputé de presque toute la partie de la sénéchaussée de Toulouse située sur la rive gauche de la Garonne. Le roi Louis XI détache les deux jugeries de Rivière (Montréjeau) et de Verdun (aujourd’hui Verdun-sur-Garonne) de la sénéchaussée toulousaine pour les incorporer au duché de Guyenne, apanagé à son frère, le prince Charles. En contrepartie, le roi incorpore au Languedoc quelques communautés d’habitants du diocèse de Comminges, situées sur la rive droite de la Garonne, connues comme le Petit Comminges

[10] L’ordre de l’Étoile est un ordre de chevalerie fondé le 16 novembre 1351 par Jean le Bon, roi de France, à l’imitation de l’ordre de la Jarretière, créé en 1348 en Angleterre par Édouard III d’Angleterre. La cérémonie inaugurale a lieu à Saint-Ouen le 6 janvier 1352.

[11] La Guyenne est une ancienne province, située dans le sud-ouest de la France. Ses limites ont fluctué au cours de l’histoire sur une partie des territoires des régions françaises Nouvelle-Aquitaine et Occitanie. Portant le titre de duché, la Guyenne avait pour capitale Bordeaux. Son nom est apparu au 13ème siècle en remplacement du terme d’« Aquitaine ». Sous l’Ancien régime, la Guyenne était l’une des plus grandes provinces de France et regroupait divers pays et provinces plus petites comme le Périgord, l’Agenais, le Quercy et le Rouergue. Le terme de « Guyenne propre » correspondait à la région de Bordeaux, également appelée le Bordelais. La Guyenne était couramment associée avec la Gascogne dont la capitale était Auch et qui regroupait notamment l’Armagnac, le Bigorre, le Labourd, la Soule et le Comminges. Guyenne et Gascogne partageaient ainsi le même gouvernement général militaire.

[12] Le comté d’Armagnac est un ancien comté français compris avec le comté de Fezensac dans le duché de Gascogne et avait pour capitale Lectoure. Le comté date de 960, quand les fils de Guillaume Garcès, comte de Fézensac, se partagent ses terres : le cadet, Bernard le Louche, reçoit l’Armagnac. On voit les comtes d’Armagnac faire hommage, à la fin du 12ème siècle aux comtes de Toulouse, puis directement aux rois d’Angleterre. Après avoir réuni le Fézensac à l’Armagnac par le mariage de Géraud III d’Armagnac et d’Anicelle de Fézensac, la première maison d’Armagnac s’éteint en 1215 avec Géraud IV. Son cousin Géraud de Lomagne, vicomte de Fézensaguet, lui succède et fonde la seconde maison d’Armagnac.

[13] Le Comté de Comminges est une ancienne principauté féodale située sur le versant nord des Pyrénées, de part et d’autre du haut cours de la Garonne. Il a existé du début du 10ème siècle jusqu’en 1454. Pendant longtemps, il fut considéré que les premiers comtes de Comminges étaient issus des comtes d’Aragon. Les dernières études font ressortir qu’ils seraient probablement des seigneurs de l’entourage des comtes de Toulouse. Le Comminges est incorporé au domaine royal en 1454.

[14] La bataille de Poitiers a été livrée au cours de la guerre de Cent Ans le 19 septembre 1356 à Nouaillé-Maupertuis, près de Poitiers en Aquitaine. Le roi de France Jean II le Bon cherche à intercepter l’armée anglaise conduite par Édouard de Woodstock, prince de Galles, qui est en train de mener une chevauchée dévastatrice. Par une tactique irréfléchie, Jean II conduit ses troupes, quoique numériquement très supérieures, au désastre et se fait prendre, ainsi que son fils Philippe et de nombreux membres éminents de la chevalerie française

[15] Sous l’Ancien Régime, le prévôt des marchands de Paris, assisté de quatre échevins, s’occupait de l’approvisionnement de la ville, des travaux publics, de l’assiette des impôts et avait la juridiction sur le commerce fluvial. Il était élu tous les deux ans et son rôle se rapprochait de celui d’un maire de Paris. Cette institution succède sous Saint Louis à une corporation, la Hanse parisienne des marchands de l’eau. La prévôté des marchands de Paris a été instituée sous Philippe Auguste, mais le premier prévôt dont le nom nous soit connu est Evrard (ou Evrouin) de Valenciennes, mentionné sous Saint Louis, dans un texte d’avril 1263. Le poste a été supprimé après la prévôté d’Étienne Marcel et la révolte des Maillotins, en 1383. Rétabli en 1412, il n’a plus joué de rôle politique jusqu’à sa disparition en 1789.

[16] La trêve de Bordeaux est signée le 23 mars 1357 pour une durée d’un an. Il s’agissait de la 4ème trêve depuis le début de la guerre de Cent Ans. Au cours des négociations qui aboutirent à la trêve de Bordeaux un projet de traité fut rédigé : contre le paiement d’une rançon le Prince Noir acceptait de libérer le roi Jean II de France qu’il détenait prisonnier depuis la bataille de Poitiers (19 septembre 1356). Mais les ordres contraires d’Édouard III d’Angleterre, voulant négocier de roi à roi, obligèrent le Prince Noir à renoncer à cette négociation et il se trouva dans l’obligation de conduire les prisonniers royaux en Angleterre où ils restèrent captifs durant 3 ans à Londres.

[17] À Paris, le dauphin doit accepter de composer avec les États généraux qui lui imposent la grande ordonnance de 1357. Cette ordonnance instaure une monarchie contrôlée. Proche de longue date des milieux réformateurs il parvient cependant à rester à la tête de l’État. Deux conseils cohabitent : celui du Dauphin et celui des États. Mais pour les réformateurs et particulièrement les Navarrais cela ne suffit pas : le retour du roi de captivité peut mettre fin à cet essai institutionnel. D’autre part, le Dauphin prend de l’aplomb et n’hésite pas en août à rappeler les conseillers sacrifiés et à demander au prévôt des Marchands de ne se préoccuper que des seules affaires municipales. En janvier 1358, Étienne Marcel et Robert Le Coq organisent donc la libération de Charles de Navarre qui peut prétendre à la couronne et est toujours enfermé. Charles de Navarre libéré est en mesure de prendre le pouvoir : héritier direct de la couronne par les femmes, il est considéré par beaucoup comme plus apte à combattre l’ennemi anglais et plus légitime que le chétif dauphin. Voyant la situation évoluer vers une monarchie contrôlée avec le Navarrais à sa tête, Jean le Bon décide de précipiter les négociations, quitte à céder beaucoup de terrain à Édouard III. Les négociations doivent avoir lieu de roi à roi : il est donc transféré de Bordeaux à Londres. Ses conditions d’incarcération sont royales : il est logé avec sa cour de plusieurs centaines de personnes, liberté de circulation en Angleterre, hébergement à l’Hôtel de Savoie. Il accepte le premier traité de Londres qui prévoit que l’Angleterre récupère l’ensemble de ses anciennes possessions d’Aquitaine et une rançon de 4 millions d’écus sans renonciation à la couronne de France. Ce premier traité de Londres est signé en janvier 1358, par Édouard III d’Angleterre et Jean II de France.

[18] Jusqu’à la fin du 14ème siècle les rois réunirent souvent les Etats généraux à Compiègne. En 1358, le régent Charles y réunit les États de Langue d’oïl pour rétablir l’autorité royale face aux menées d’Étienne Marcel. En 1374, il commence la construction d’un nouveau château sur l’emplacement actuel du Palais. Compiègne est désormais séjour royal et séjour de la cour, et reçoit la visite de nombreux princes.

[19] En mars 1359, à l’approche la fin de la trêve et le Dauphin s’étant déclaré régent du royaume, Jean le Bon cherche à reprendre les rênes du pouvoir et accepte un second traité encore plus contraignant. Ce second traité de Londres est dit traité de l’« endenture » car son parchemin est découpé en deux parties, une pour chaque signataire pour pouvoir en vérifier l’authenticité (ce procédé est habituel en Angleterre pour les contrats de recrutement de soldats). Il est signé par Édouard III d’Angleterre et Jean II de France le 24 mars 1359.

[20] Le vice-comté puis comté de Melun appartint avec sa capitale Melun dès le 13ème siècle à la famille qui en hérita du nom. La maison de Melun reçut également par mariage le comté de Tancarville vers le milieu du 14ème siècle avant de s’éteindre en 1415. Vers les années 1050, Melun est encore une vicomté. Le comté de Melun a été confié par Hugues Capet à son fidèle Bouchard, comte de Vendôme. De ce fait, institutionnellement, il fallait procéder à la nomination d’un vicomte pour représenter le titulaire du comté empêché d’exercer du fait de son cumul de charges. L’extinction de la lignée des comtes de Vendôme ne change pas la règle. Le lignage vicomtal se perpétue. Il va donner lieu à une très buissonnante et prestigieuse lignée aristocratique, qui s’élèvera au rang comtal.

[21] Le traité de Brétigny est conclu le 8 mai 1360, au château de Brétigny, (un hameau dépendant de la commune de Sours près de Chartres), entre les plénipotentiaires du roi Édouard III d’Angleterre et ceux de Charles, fils du roi Jean II de France Le 24 octobre 1360, les rois Jean II et Édouard III, accompagnés de leurs fils aînés, ratifient cet accord à Calais ce qui permet une trêve de neuf ans dans la guerre de Cent Ans.

[22] Le Limousin est une ancienne région administrative, issue d’une région historique et culturelle française et qui était composée des trois départements de la Corrèze (19), de la Creuse (23) et de la Haute-Vienne (87). Elle est située en totalité dans la partie nord-ouest du Massif central. Ses frontières sont à peu de chose près les mêmes que celles de la cité gallo-romaine des Lémovices. Faisant intégralement partie de l’Occitanie historique dont elle constitue une bordure septentrionale, la région administrative Limousin était principalement issue du regroupement des anciennes provinces du Limousin et de la Marche, mais elle correspondait surtout à l’ancien diocèse de Limoges, lui-même calqué sur la cité des Lémovices. L’ancien comté carolingien de Limoges occupait aussi le même espace. La province fut, de l’Antiquité au 12ème siècle, une composante essentielle de l’Aquitaine.

[23] Le Périgord est un ancien comté qui recouvrait approximativement l’actuel département français de la Dordogne. Le Périgord est apparue sous Charlemagne. Le comté était la base des divisions territoriales réalisées pour délimiter un « pagus », dont l’administration civile était confiée à un comte nommé par l’empereur. Ce vassal avait délégation de pouvoir pour administrer une cité et tous les « pagi » qui s’y rattachaient. Le premier d’entre eux nommé par Charlemagne, pour le Périgord, fut Wildbade en 778. En 1360, le Périgord passe sous souveraineté anglaise par le traité de Brétigny. Charles d’Orléans, comte de Périgord est fait prisonnier à l’issue de la bataille d’Azincourt, en 1415. Il reste prisonnier en Angleterre jusqu’en 1440. Le 14 décembre 1430, Charles d’Orléans donne à son frère naturel Jean, bâtard d’Orléans, futur comte de Dunois, le comté de Périgord en échange de celui de Porcien. Mais cette donation était peut-être fictive. Finalement, le 4 mars 1438, pour se procurer les fonds nécessaires à sa rançon, Charles d’Orléans vend le comté à Jean de Châtillon dit Jean de L’Aigle, fils de Jean 1er de Châtillon, seigneur de Laigle, comte de Penthièvre, vicomte de Limoges, moyennant la somme de 16 000 réaux d’or et 10 000 florins qui étaient dus par feu Louis d’Orléans à Olivier de Clisson, dont Jean de Bretagne était héritier.

[24] L’Angoumois est une ancienne province française, située entre le Limousin à l’est, le Périgord au sud, la Saintonge à l’ouest, et le Poitou au nord. Il correspond à la partie centrale de l’actuel département de la Charente. Il comportait également quelques paroisses de l’actuel département des Deux-Sèvres (Pioussay, Hanc et Bouin, issues du marquisat de Ruffec), de la Haute-Vienne (Oradour-sur-Vayres, Cussac, Dournazac, entre autres) ainsi que de la Dordogne (La Tour-Blanche).

[25] Le Rouergue est une ancienne province du Midi de la France correspondant approximativement à l’actuel département de l’Aveyron. Après avoir fait partie du comté de Toulouse, il fut rattaché à la Guyenne avant d’en être détaché lors de la formation de la province de Haute-Guyenne en 1779.

[26] La Saintonge est une ancienne province française dont les limites ont plusieurs fois varié avec le temps. Partie intégrante de la province romaine d’Aquitaine ou Aquitania durant l’antiquité (Saintes devenant la première capitale de ce vaste ensemble), elle est ensuite placée selon les époques dans la mouvance des rois et ducs d’Aquitaine, des comtes d’Anjou puis des comtes de Poitiers ramnulfides, avant d’être de nouveau intégrée au duché d’Aquitaine pour plusieurs siècles.

[27] Jean par la Grâce de Dieu roi de France

[28] Le franc à cheval est le premier franc français, monnaie d’or à 24 carats pesant 3,88 grammes, émise pour financer la rançon du roi Jean II le Bon, prisonnier des Anglais. Créé le 5 décembre 1360, et mis en circulation en février 1361 jusqu’en 1364. Bien que le nom « franc » signifie « libre », il est plus probable que le nom de la monnaie vienne tout simplement de l’inscription Francorum Rex gravée sur la pièce. Le franc fut émis à la valeur d’une livre tournois, et le mot franc devint vite synonyme de livre.

[29] Le duché de Bourgogne est fondé en 880 à partir du royaume de Bourgogne, par les rois carolingiens Louis III et Carloman II et les membres princiers de leur famille qui se partagent l’Empire carolingien de Charlemagne dont ils ont hérité. Ils féodalisent tous les royaumes carolingiens de France en duchés et comtés vassaux des rois de France. Richard II de Bourgogne (dit Richard le Justicier) est nommé marquis puis premier duc de Bourgogne et un des six pairs laïcs primitifs de France par son suzerain le roi Louis III.

[30] Le Berry est une province historique de la France de l’Ancien Régime, ayant pour capitale Bourges, mais dont toute structure administrative disparaît définitivement avec la Révolution française. Le Berry est érigé en duché en 1360, que le roi de France Jean II le Bon confie en apanage à son fils Jean 1er de Berry (1340-1416). Le duché de Berry revient dans le domaine royal à la mort du Duc Jean, en 1416, avant de passer entre les mains de deux fils du roi Charles VI : d’abord à Jean puis à Charles, le futur Charles VII. Le duché de Berry est de nouveau concédé à Jeanne de France, fille de Louis XI en 1498. Le titre de duc de Berry sera ensuite épisodiquement donné à plusieurs princes de la famille royale, dont les plus célèbres sont Charles de France (1686-1714), cadet des petit-fils de Louis XIV, le futur Louis XVI et le second fils du roi Charles X. Le 31 décembre 1661, Philippe de Clérembault, comte de Palluau fut nommé gouverneur du Berry.

[31] Le comté d’Auvergne est l’une des plus anciennes seigneuries de France, puisqu’elle a déjà été érigée à la fin de la période romaine. Durant l’ère mérovingienne, il devient même momentanément un duché. La famille des Comtes d’Auvergne gouverne le comté depuis le dixième siècle. Une crise éclate au sein de la famille en 1155, date à laquelle le comte Guillaume VII d’Auvergne est forcé par son oncle Guillaume VIII d’Auvergne à diviser le comté en deux. Guillaume VIII reprend le comté, tandis que Guillaume VII doit se satisfaire du titre de dauphin d’Auvergne. En 1360, le roi de France Jean II de France crée, sur la vieille Terre royale d’Auvergne, un duché d’Auvergne qui se transmet au sein de la famille royale

[32] Le Poitou était une province française, comprenant les actuels départements de la Vendée (Bas-Poitou), Deux-Sèvres et de la Vienne (Haut-Poitou) ainsi que le nord de la Charente et une partie de l’ouest de la Haute-Vienne, dont la capitale était Poitiers. Il a donné son nom au Marais poitevin, marais situé dans l’ancien golfe des Pictons, sur la côte occidentale de la France, deuxième plus grande zone humide de France en superficie après la Camargue ; le marais s’étend de l’Atlantique aux portes de Niort et du sud de la Vendée au nord de La Rochelle.

[33] L’hôtel de Savoie fut l’une des résidences les plus renommées du Londres médiéval, possession de Pierre II de Savoie. Il fut détruit lors de la révolte des paysans anglais de 1381. Actuellement, son site est occupé par un théâtre et un grand hôtel : le Savoy.