La légende plaçait ses origines en Thrace [1], au voisinage du mont Olympe et lui donnait pour mère la Muse Calliope , pour père le roi Œagre , héros éponyme de la contrée où l’Hèbre prenait sa source et où la vie pastorale, intimement liée aux commencements de la poésie, était en honneur. Selon d’autres auteurs, il était fils de Apollon et de Clio . On le faisait vivre avant la guerre de Troie, on racontait qu’il avait été disciple de Linos, et qu’il avait prit part à l’expédition des Argonautes [2], et voyagé en Égypte.
Quoique Homère ne le connaisse pas encore, et que le meilleur des embellissements dont sa personnalité fut l’objet de la part des poètes nous vienne des Romains, il n’est, pas douteux que sa renommée ait été grande en Grèce dès le 8ème siècle av. jc. Il représentait avant tout le pouvoir divin de la poésie, qui réjouit les âmes, apaise les forces brutales de l’humanité et exerce son empire, même sur les êtres inanimés.
Epris de la belle Eurydice qui périt blessée au talon par un serpent, Orphée, va la réclamer jusque dans les royaumes de la mort, dont son chant fléchit les puissances redoutables. Hadès lui accorda qu’elle lui fût rendue, mais à la condition qu’il ne la regarderait qu’après avoir quitté les Enfers. Il ne pu cependant résister au désir de la revoir et la perdit aussitôt pour toujours, dès qu’elle toucha aux régions de la lumière.
Il revint alors en Thrace, vécut retiré dans les bois de l’Hémus ou du Rhodope, ne cessant d’exhaler sa douleur par des chants funèbres ; au son de sa voix, les animaux farouches accouraient ; les arbres agitaient leurs branches en cadence, les fleuves suspendaient leur cours.
Orphée étant le chanteur mythique par excellence et devient du même coup le prêtre des saints mystères et l’initiateur aux plus hautes leçons de la civilisation et de la philosophie. C’est à ce titre que l’on met sous son nom, depuis l’époque des Pisistratides [3], un grand nombre d’ouvrages connus sous le nom de poèmes orphiques.