Cléomène 1er
Roi de Sparte, qui règne de 520 à 488 av. jc
Premier fils d’Anaxandridas II, il lui succède et mène ensuite une politique sans scrupules qui déplait à ses pairs, ce qui l’entraîne finalement en prison, où il meurt dans d’étranges circonstances. Léonidas 1er lui succède alors. Ce dernier épouse d’ailleurs la fille de Cléomène 1er, Gorgô.
Étant issu du second mariage d’Anaxandridas II, son accession au trône n’est pas sans difficultés.
Fidèle à la tradition spartiate, Cléomène 1er, des Agiades [1], gouverne conjointement avec un représentant de la famille des Eurypontides, d’abord Ariston , ensuite Démarate de Sparte .
Ce dernier freine souvent ses élans dans sa politique extérieure aventureuse. En effet, il croit en la supériorité de Sparte [2] et montre, en outre, de l’intérêt pour le monde en dehors des frontières du Péloponnèse [3]. Cet intérêt le fait passer pour un fou aux yeux de ses contemporains spartiates, lesquels, plus conservateurs, ont tendances à se replier sur le Péloponnèse.
Hippias, de la famille des Pisistratides [4], au pouvoir à Athènes [5] depuis 527, pousse la famille des Alcméonides [6], emmenée par Clisthène , à l’exil. Vers 511, ce dernier vient demander l’aide de Sparte pour renverser le tyran [7]. Pour ce faire, il corrompt l’oracle de Delphes [8], afin que celui-ci conseille à Cléomène 1er de lui prêter main forte.
La première attaque contre Athènes est un échec. Cléomène 1er mène alors personnellement la seconde attaque et parvient à refouler Hippias et ses partisans sur l’Acropole [9]. Il n’est cependant pas en mesure de le forcer à la reddition. Finalement, il contraint Hippias à abandonner la ville en 510, en menaçant d’exécuter les membres de sa famille pris en otage.
De cette façon, Cléomène 1er permet aux Alcméonides de revenir à Athènes. Pourtant, lorsque le démocrate Clisthène lutte contre l’aristocrate Isagoras pour le pouvoir, Cléomène 1er, qui est informé de la corruption de l’oracle de Delphes, marche à nouveau sur Athènes, en 507, pour soutenir Isagoras et pousser Clisthène et les Alcméonides à l’exil une seconde fois. Cependant les citoyens d’Athènes poussent Cléomène 1er à quitter la ville.
L’année suivante, en 506, il réunit de nouveau une armée dans le but d’établir Isagoras comme tyran d’Athènes. Mais il est pris au piège sur l’Acropole pendant 2 jours, en compagnie d’Isagoras, par les partisans de Clisthène. Le 3ème jour, après une trêve, Cléomène 1er et Isagoras sont libres de quitter Athènes, permettant ainsi à Clisthène de revenir dans la cité et de prendre le pouvoir.
En 499, Aristagoras, le tyran de Milet [10], débarque à Sparte afin de demander le soutien de Cléomène à la révolte ionienne [11] contre la Perse [12]. Aristagoras lui promet une conquête facile de la Perse et de ses richesses, mais ne parvient pas à le convaincre.
Cependant, lorsque les Perses commencent à envahir la Grèce, après avoir maté la révolte des ioniens en 494, de nombreuses cité états, dont Égine [13], se soumettent, craignant une perte des échanges commerciaux.
En 491, il tente alors d’anéantir les principaux alliés des Perses d’Égine, mais il fait face à une résistance tenace des habitants qui refusent de coopérer, de plus, Démarate tente, une nouvelle fois, de ralentir ses efforts. Il s’arrange alors pour corrompre l’oracle de Delphes et ainsi renverser Démarate de son pouvoir.
Le remplaçant de Démarate, Léotychidas II , se montre plus conciliant envers Cléomène 1er, ensemble ils capturent d’ailleurs les alliés Perses d’Égine.
Aux alentours de 490, Cléomène 1er est contraint à l’exil quand son complot contre Démarate est dévoilé, mais il est rapidement autorisé à revenir à Sparte lorsque ses pairs s’aperçoivent qu’il rassemble une armée dans les territoires avoisinants. Toutefois, à son retour, il est considéré comme fou et envoyé en prison par ses demi-frères, Léonidas 1er et Cléombrote 1er . Il est retrouvé mort en prison.
Notes
[1] À partir de la réforme de Lycurgue au 7ème siècle av. jc, Sparte possède deux rois représentant l’un la famille des Agiades, l’autre celle des Eurypontides. Ils exercent conjointement des pouvoirs essentiellement militaires et religieux. Ce sont deux familles issues, selon la légende, de jumeaux descendants d’Héraclès, Eurysthénès, père d’Agis 1er et Proclès, père d’Eurypon. C’est d’après eux que les Spartiates se nomment, dans leur ensemble, Héraclides. Les familles doivent rester distinctes, ce qui implique qu’elles ne puissent porter les mêmes noms Agis, fondateur des Agiades, est l’exception, puisque le nom ne se retrouve ensuite que chez les Eurypontides ; Agésilas est porté d’abord par les Agiades, puis par les Eurypontides. Les intermariages sont interdits. Leurs tombeaux se trouvent en des endroits différents : Pitana, l’un des quatre villages qui forment la ville, est le berceau des Agiades, alors que les Eurypontides sont basés à Limnai. Les deux rois sont supposés égaux, même si Eurysthénès est supposé l’aîné des jumeaux, et donc donner une préséance théorique aux Agiades
[2] Sparte était une ville-état de premier plan dans la Grèce antique . Dans l’Antiquité, la ville-état était connue sous le nom de Lacedaemon, tandis que le nom de Sparte désignait son établissement principal sur les rives de la rivière Eurotas en Laconie, dans le sud-est du Péloponnèse. Vers 650 av. jc, elle est devenu la puissance terrestre militaire dominante dans la Grèce antique. Compte tenu de sa prééminence militaire, Sparte fut reconnu comme le chef de file des forces grecques combinées pendant les guerres gréco-perses. Entre 431 et 404 av. jc, Sparte fut le principal ennemi d’ Athènes pendant la guerre du Péloponnèse
[3] Le Péloponnèse est une péninsule grecque, qui couvre 21 379 km². Elle a donné son nom à la périphérie du même nom qui couvre une part importante de la péninsule, regroupant cinq des sept nomes modernes qui la divisent. Seuls deux nomes (l’Achaïe et l’Élide) situés au nord-ouest de celle-ci sont rattachés à la périphérie de Grèce-Occidentale.
[4] Les Pisistratides sont les descendants du tyran d’Athènes, Pisistrate. Au sens restreint, le terme désigne les deux fils de celui-ci, Hippias et Hipparque, qui héritent conjointement du gouvernement d’Athènes à la mort de leur père en 527 av. jc.
[5] Athènes est l’une des plus anciennes villes au monde, avec une présence humaine attestée dès le Néolithique. Fondée vers 800 av. jc autour de la colline de l’Acropole par le héros Thésée, selon la légende, la cité domine la Grèce au cours du 1er millénaire av. jc. Elle connaît son âge d’or au 5ème siècle av. jc, sous la domination du stratège Périclès
[6] Les Alcméonides étaient l’une des familles eupatrides (nobles) d’Athènes. Les Alcméonides prétendaient descendre de Nélée, fils de Poséidon et roi mythique de Pylos, et avoir été chassés de leur royaume par l’invasion des Doriens.
[7] Dans la Grèce antique, un tyran était un homme qui disposait d’un pouvoir assuré par la force ; ce pouvait être un ancien magistrat, parfois même un esclave, arrivé au pouvoir après un coup d’État, par ruse plus que par violence. Les tyrans ne prirent jamais officiellement le titre de tyran, et il n’y eut pas de titre général et officiel pour les désigner, c’est pourquoi on leur donne le nom dont leurs ennemis les stigmatisaient.
[8] L’oracle de Delphes est resté très vivant et consulté jusqu’au 2ème siècle av. jc. Les empereurs de Rome sont peu à peu venus non pour demander des oracles, mais pour piller le sanctuaire. La Grèce se dépeuple et le sanctuaire a de moins en moins de clients, on ne construit plus de nouveaux monuments pendant cette période, Plutarque est désolé de ne voir la Pythie au travail qu’une fois par mois. Pausanias constate la dégradation terrible du sanctuaire d’Athéna Pronoia. Le monde grec s’effondre et Delphes en subit la marée. Les débuts de l’ère chrétienne vont lui porter le coup de grâce.
[9] L’acropole d’Athènes est un plateau rocheux calcaire s’élevant au centre de la ville d’Athènes à laquelle elle a longtemps servi de citadelle, de l’Athènes antique à l’occupation ottomane, ainsi que de sanctuaire religieux durant l’Antiquité. La colline s’élève à 156 mètres. Sa partie plate s’étend sur un peu moins de 300 mètres d’est en ouest et 85 mètres du nord au sud dans son état naturel, mais les travaux du 5ème siècle av. jc l’ont élargie jusqu’à près de 150 mètres. L’Acropole n’est accessible que par le côté ouest. Le plateau a d’abord été utilisé comme habitat, puis comme forteresse, avant de devenir, au cours de l’époque archaïque, puis de l’époque classique, un grand sanctuaire principalement consacré au culte d’Athéna, comprenant plusieurs temples, dont le Parthénon, l’Érechthéion et le temple d’Athéna Nikè. Les autres monuments remarquables de l’Acropole sont les Propylées, le théâtre de Dionysos, l’odéon d’Hérode Atticus.
[10] ancienne cité grecque d’Ionie, aujourd’hui en Turquie
[11] L’Ionie est une région du monde grec antique située à l’ouest de l’Asie mineure, entre Phocée et Milet. Elle correspond à la région située dans un rayon de 170 km autour de la ville actuelle d’Izmir. Elle emprunte son nom à Ion, ancêtre légendaire des peuples de cette région. C’est en Ionie que se sont développées les premières formes de science de la philosophie en Occident, chez les penseurs appelés Présocratiques. Les côtes ioniennes présentent beaucoup d’avantages économiques : de bons abris naturels facilitant l’établissement de ports pour le commerce avec des communications aisées vers l’arrière-pays, un climat agréable, des vallées ouvertes pour la culture des céréales et l’élevage des chevaux, des plateaux pour l’élevage des moutons, des collines pour les arbres fruitiers et les oliviers. Dans l’Antiquité, elle fédérait douze cités grecques, du continent et des îles : Chios, Éphèse, Érythrée, Clazomènes, Colophon, Lébédos, Milet, Myonte, Phocée, Priène, Samos et Téos. Halicarnasse les rejoignit après. Brillant foyer de la civilisation hellénique aux 7ème et 6ème siècle av. jc, elle appartient à une ensemble plus vaste appelé « Grèce d’Asie » ou « Grèce de l’Est ».
[12] La Perse désigne le territoire gouverné par les rois achéménides. L’apogée de la Perse antique est représentée par la dynastie achéménide, dont les conquérants Darius 1er et Xerxès 1er ont étendu le territoire allant jusqu’en Inde. Convoitée, cette région sera ensuite conquise par Alexandre le Grand au 4ème siècle av. jc, par les Parthes dans la seconde moitié du 3ème siècle av. jc, par les troupes musulmanes au 7ème siècle, par Gengis Khan au 13ème siècle, par Tamerlan au 14ème siècle.
[13] Égine est une île grecque du golfe Saronique, au sud-ouest d’Athènes. Elle est célèbre pour son temple d’Aphaïa, un des trois temples du triangle sacré Parthénon, Sounion, Aphaïa. Elle fut longtemps une grande rivale d’Athènes, dans l’Antiquité comme au début du 19ème siècle. Égine fut une des premières cités maritimes et commerçantes de la Grèce antique : elle eut la première marine de Grèce, et fut la première cité à battre monnaie. Elle fut la première capitale (1828-1829) de la Grèce luttant pour son indépendance, et le jeune État grec y fit battre sa première monnaie. L’île est aussi la principale productrice de pistaches de Grèce.