Hippias (tyran)
Tyran d’Athènes de 527 à 510 av. jc
Il appartient à la famille des Pisistratides [1]. Fils de Pisistrate, auquel il succède avec son frère Hipparque. En réalité, c’est Hippias qui exerce la direction principale de l’État et il est parfois difficile de distinguer ce qui, dans l’œuvre de la tyrannie, revient à Pisistrate ou à ses enfants, tout au moins jusqu’à la mort d’Hipparque, victime d’un complot d’ordre amoureux.
En effet, Hipparque aimait Harmodios, qui lui aimait Aristogiton. Le premier, obstacle à leur amour, fut assassiné par les deux autres en 514 av. jc.
Hippias applique alors un régime de terreur, se méfiant de tout et de tous et multipliant les vexations envers l’oligarchie [2]. De plus, le contexte international s’assombrit avec la disparition de deux tyrans [3] alliés, Polycrate de Samos et Lygdamis de Naxos. À cela vient s’ajouter la conquête perse qui ruine le premier empire maritime athénien, fondé par Pisistrate ; ainsi que la brouille de Thèbes [4] et d’Athènes [5] à la suite de l’alliance de Platées [6] avec cette dernière. Sparte [7], inquiète de l’expansion d’Athènes, hésite à intervenir directement.
Elle ne s’y décide qu’en 511 av. jc sur les invitations de l’oracle de Delphes [8], soudoyé par les adversaires d’Hippias. Parmi eux, des exilés tels que les Alcméonides [9], et Cléomène 1er, roi de Sparte. Hippias sera contraint à l’exil, à la suite d’un coup d’État militaire en 510 av. jc.
Hippias se retire alors auprès de Darius 1er, le roi de Perse qu’il pousse à entreprendre la première Guerre médique [10]. Hippias est tué à Lemnos [11], peu après la bataille de Marathon [12] en 490 av. jc.
Notes
[1] Les Pisistratides sont les descendants du tyran d’Athènes, Pisistrate. Au sens restreint, le terme désigne les deux fils de celui-ci, Hippias et Hipparque, qui héritent conjointement du gouvernement d’Athènes à la mort de leur père en 527 av. jc.
[2] Une oligarchie est une forme de gouvernement où le pouvoir est détenu par un petit groupe de personnes qui forme une classe dominante. On peut distinguer les oligarchies institutionnelles et les oligarchies de fait. Les oligarchies institutionnelles sont les régimes politiques dont les constitutions et les lois ne réservent le pouvoir qu’à une minorité de citoyens. Les oligarchies de fait sont les sociétés dont le gouvernement est constitutionnellement et démocratiquement ouvert à tous les citoyens mais où en fait ce pouvoir est confisqué par une petite partie de ceux-ci.
[3] Dans la Grèce antique, un tyran était un homme qui disposait d’un pouvoir assuré par la force ; ce pouvait être un ancien magistrat, parfois même un esclave, arrivé au pouvoir après un coup d’État, par ruse plus que par violence. Les tyrans ne prirent jamais officiellement le titre de tyran, et il n’y eut pas de titre général et officiel pour les désigner, c’est pourquoi on leur donne le nom dont leurs ennemis les stigmatisaient.
[4] Thèbes est une ville grecque de Béotie, siège d’un dème. Elle fut dans l’antiquité l’une des principales cités de Grèce, et était liée à de très nombreux mythes antiques.
[5] Athènes est l’une des plus anciennes villes au monde, avec une présence humaine attestée dès le Néolithique. Fondée vers 800 av. jc autour de la colline de l’Acropole par le héros Thésée, selon la légende, la cité domine la Grèce au cours du 1er millénaire av. jc. Elle connaît son âge d’or au 5ème siècle av. jc, sous la domination du stratège Périclès
[6] Platées ou Platée est une cité de Béotie sur le versant nord du Cithéron, au sud-ouest de Thèbes, qui a joué un rôle important lors des guerres médiques.
[7] Sparte était une ville-état de premier plan dans la Grèce antique . Dans l’Antiquité, la ville-état était connue sous le nom de Lacedaemon, tandis que le nom de Sparte désignait son établissement principal sur les rives de la rivière Eurotas en Laconie, dans le sud-est du Péloponnèse. Vers 650 av. jc, elle est devenu la puissance terrestre militaire dominante dans la Grèce antique. Compte tenu de sa prééminence militaire, Sparte fut reconnu comme le chef de file des forces grecques combinées pendant les guerres gréco-perses. Entre 431 et 404 av. jc, Sparte fut le principal ennemi d’ Athènes pendant la guerre du Péloponnèse
[8] L’oracle de Delphes est resté très vivant et consulté jusqu’au 2ème siècle av. jc. Les empereurs de Rome sont peu à peu venus non pour demander des oracles, mais pour piller le sanctuaire. La Grèce se dépeuple et le sanctuaire a de moins en moins de clients, on ne construit plus de nouveaux monuments pendant cette période, Plutarque est désolé de ne voir la Pythie au travail qu’une fois par mois. Pausanias constate la dégradation terrible du sanctuaire d’Athéna Pronoia. Le monde grec s’effondre et Delphes en subit la marée. Les débuts de l’ère chrétienne vont lui porter le coup de grâce.
[9] Les Alcméonides étaient l’une des familles eupatrides (nobles) d’Athènes. Les Alcméonides prétendaient descendre de Nélée, fils de Poséidon et roi mythique de Pylos, et avoir été chassés de leur royaume par l’invasion des Doriens.
[10] Les guerres médiques opposent les Grecs aux Perses de l’Empire achéménide au début du 5ème siècle av. jc. Elles sont déclenchées par la révolte des cités grecques asiatiques contre la domination perse, l’intervention d’Athènes en leur faveur entraînant des représailles. Les 2 expéditions militaires des souverains achéménides Darius 1er et Xerxès 1er constituent les principaux épisodes militaires de ce conflit ; elles se concluent par la victoire spectaculaire des cités grecques européennes conduites par Athènes et Sparte.
[11] Lemnos ou Límnos est une île grecque du nord-est de la mer Égée, située entre la péninsule du mont Athos à l’ouest, les îles de Thasos et Samothrace au nord, la Turquie (et l’île turque de Gökçeada/Ténédos) à l’est, Lesbos au sud-est, Agios Efstrátios et les Sporades au sud-ouest.
[12] La bataille de Marathon est un épisode majeur de la première guerre médique en 490 av. jc, ayant opposé un débarquement perse aux hoplites athéniens et platéens qui remportèrent la victoire. Elle se déroule sur la plage de Marathon, sur la côte est de l’Attique, à proximité d’Athènes.