C’est une petite-nièce de Saint-Louis, cousine du roi Philippe le Bel, fille de Robert II d’Artois neveu de Saint-Louis et régent du royaume de Sicile et de Amicie de Courtenay, à qui elle succède le 14 juillet 1302.
Mariée en 1285 à l’Ivrée avec Othon IV de Bourgogne, elle marie à son tour ses filles, Jeanne au futur Philippe V et Blanche de Bourgogne au futur Charles IV. En 1303, elle se retrouve veuve, son mari Othon décédant des blessures reçues à la bataille de Courtrai contre les Flamands. Elle administre l’Artois jusqu’à sa mort en novembre 1329. Mahaut doit faire face à l’insurrection de la petite féodalité artésienne en 1315 et à l’agitation, puis aux procès de son neveu Robert III.
Pendant la révolte des barons d’Artois soulevés par Robert, les villes et le peuple restent d’ailleurs fidèles à leur souveraine, Mahaut, rentre triomphalement à Arras le 14 juillet 1319 après 2 années de troubles.
Mahaut d’Artois est une excellente gestionnaire, n’intervenant qu’à bon escient dans la vie communale. Si elle défend ses droits avec âpreté, elle ne cherche pas à envenimer les querelles. Elle se montre aussi d’une générosité inépuisable et très aimée de ses sujets. Elle fonde des monastères comme le Mont-Sainte-Marie de Gosnay, des chapelles, des hôpitaux, fait distribuer chaque année vivres, vêtements et argent au peuple. Les aumônes constituent une part importante de son budget. Ses largesses s’exercent aussi bien en Artois qu’à Paris.
Elle entretient les églises, monastères et châteaux, et en fait construire. Ses comptes montrent que ces travaux ont été faits à Hesdin, Arras, Béthune, Beuvry, Bruay-La-Buissière, Lens, Bapaume, Calais, Avesnes, Domfront en Normandie, Conflans ou Paris. De tous ses lieux de résidence, c’est le château de Hesdin qui reste le plus célèbre à travers toute l’Europe, depuis que le père de Mahaut, Robert II, y entreprend de grands travaux qu’elle continue et qui en font pendant tout le 14ème et le 15ème siècle la résidence privilégiée des comtes de Flandres, d’Artois et de Bourgogne, ses descendants directs jusqu’à Charles Quint. Par son mécénat artistique, en Artois et à Paris, Mahaut exerce une influence non négligeable sur l’art du début du 14ème siècle.
Le 23 novembre 1329, Mahaut, après avoir dîné à Poissy avec le roi Philippe VI, passe la nuit à l’abbaye de Maubuisson. Le lendemain, 24 novembre elle rentre à Paris. Le 25, dans la nuit elle tombe subitement malade, son médecin accourt mais les saignées et remèdes divers ne peuvent rien, la comtesse meurt le 27.
Le 30 novembre son corps est déposé à l’abbaye royale de Maubuisson, au pied de son père, tandis que son cœur est porté à l’église des Cordeliers de Paris dans la tombe de son fils. Soupçonné de l’avoir empoisonnée, son neveu Robert s’enfuit et se réfugie en Angleterre où il soutient les prétentions du roi Édouard à la couronne de France, d’où va sortir la Guerre de Cent Ans.