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Frédéric II d’Autriche dit le Querelleur ou le Batailleur

samedi 26 avril 2025, par lucien jallamion

Frédéric II d’Autriche dit le Querelleur ou le Batailleur (1211-1246)

Duc d’Autriche et de Styrie de la maison de Babenberg de 1230 jusqu’ à sa mort

Son décès marque le début de l’interrègne autrichien et d’une dure lutte de succession dans laquelle le roi Ottokar II de Bohême a tout d’abord pu s’imposer.

Frédéric est le 2ème fils survivant du duc Léopold VI d’Autriche et de son épouse la princesse byzantine Théodora, membre de la famille Ange [1] parent de l’empereur Isaac II. Dans un premier temps, son père avait reçu la Styrie [2] ; depuis 1198, il régna aussi sur le duché d’Autriche [3]. La mort de son frère aîné Henri en 1228 fait de Frédéric le seul héritier des 2 duchés. 2 ans plus tard, son père meurt en Italie et Frédéric lui succède.

Sa première épouse était la princesse byzantine Eudoxie Lascarina , issue de la famille des Lascaris [4], fille de l’empereur Théodore 1er. Selon les chroniques d’ Aubry de Trois-Fontaines , le mariage a eu lieu pendant la sixième croisade [5], en 1229 ; toutefois, les conjoints divorcent peu de temps après.

Frédéric épouse en deuxièmes noces Agnès de Méranie (1215-1263) , fille du duc Othon 1er de Méranie mais le couple n’a pas d’enfant et divorce en 1243. Agnes apporta en mariage des propriétés importantes en Carniole [6] et dans la marche windique [7].

Fier de son ascendance byzantine [8], le jeune duc fut bientôt connu sous le nom de “querelleur” en raison des guerres fréquentes menées contre ses voisins la Hongrie [9], la Bavière [10] et la Bohême [11]. Même ses ministériels de la noble famille autrichienne Kuenring, qui avait jusqu’ici été fidèle à la maison régnante, s’est révolté dès le début de son règne.

Mais le plus grave étaient ses différends avec l’empereur Frédéric II de Hohenstaufen à cause du soutien qu’il accorde au duc Henri II de Souabe, fils rebelle de l’empereur et mari de sa sœur Marguerite.

Convoqué à la Diète impériale à Mayence [12], le duc refuse de comparaître en 1232 et 1235. Ce geste lui valut une mise au ban de l’empire et le roi Venceslas 1er de Bohême fut autorisé à envahir les terres autrichiennes. La résidence ducale de Vienne [13] ouvre ses portes devant les forces bohémiennes et bavaroises et devient ville libre impériale pendant un certain temps. Cependant, le duc expulsé réussit à maintenir sa position sur une partie de ses États autour de Wiener Neustadt [14].

En 1239, s’opère un changement dans la politique impériale et le duc Frédéric devient l’un des plus importants alliés de l’empereur. Le conflit avec la Bohême est réglé avec la promesse d’un mariage de la nièce de Frédéric, Gertrude de Babenberg , avec le margrave [15] Vladislav III de Moravie , fils aîné du roi Venceslas 1er. Parallèlement des négociations avec l’empereur porte sur l’élévation de Vienne en tant qu’évêché et la création d’un royaume d’Autriche-Styrie au profit de Frédéric, à condition que sa nièce Gertrude épouse l’empereur veuf pour la 3ème fois. Toutefois, la jeune fille refusera et épousera son premier fiancé Vladislav.

Les plans ambitieux du duc Frédéric sont anéantis par sa mort à la bataille de la rivière Leitha [16], dans un conflit de frontière avec le roi hongrois Béla IV Árpád. Il est enterré à l’abbaye de Heiligenkreuz [17].

La mort de Frédéric sans héritier direct ouvre un long conflit entre plusieurs candidats désireux de s’emparer du puissant duché d’Autriche.

P.-S.

Source : Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Wikipédia en anglais intitulé « Frederick II, Duke of Austria »

Notes

[1] La famille Ange est une famille appartenant à la noblesse byzantine dont l’ascension débuta à la fin du 11ème siècle et qui, à peine un siècle plus tard, monta sur le trône de l’Empire byzantin, donnant trois empereurs à Byzance. Le règne de cette dynastie de 1185 à 1203 furent caractérisés par la poursuite du déclin amorcé sous les derniers Comnènes et menèrent à la chute de Constantinople aux mains des croisés en 1204. De la prise de Constantinople à 1318, une branche de la même famille dirigea le despotat d’Épire, un des États successeurs de l’empire byzantin. Durant cette même période, la Macédoine et la Thessalie furent périodiquement gouvernées par les Anges. Une autre branche s’installa en Serbie.

[2] En 1180, la Styrie, qui était jusqu’alors une partie du duché de Carinthie, devient elle-même un duché. En 1192, entre en application le traité de Georgenberg, conclu en 1186, selon lequel la Styrie était devenue une partie de l’Autriche. En raison des divisions des héritiers Habsbourg, la Styrie devient la partie centrale de l’Autriche Intérieure.

[3] Le duché d’Autriche fut un État du Saint Empire romain au Moyen Âge. À l’origine, le margraviat d’Autriche (Ostarrîchi), gouverné par la maison de Babenberg depuis 976, faisait partie du duché de Bavière. Il était détaché sous forme d’un duché autonome en l’an 1156 par le Privilegium Minus de l’empereur Frédéric Barberousse. La résidence des ducs d’Autriche ètait à Vienne. Après l’extinction de la lignée des Babenberg et la défaite du roi Ottokar II de Bohême dans la bataille de Marchfeld en 1278, le duché fut dirigé par les Habsbourg qui au cours du 14ème siècle étaient également arrivés à la tête des plusieurs pays limitrophes au sud-est de l’Empire. En 1359, le duc Rodolphe IV d’Autriche, à l’aide d’un faux document le Privilegium Maius s’est élevé au rang d’archiduc (Erzherzog) ; ce titre fut reconnu par son descendant, l’empereur Frédéric III, en 1453, ce qui marque donc la naissance de l’archiduché d’Autriche, le socle de la monarchie de Habsbourg.

[4] La famille des Lascaris, Laskaris ou Lascarides appartenait à la noblesse grecque byzantine ; elle a régné sur l’empire de Nicée de 1204 à 1258, date à laquelle elle a été remplacée par les Paléologue lors de la reconquête de Constantinople. Elle est demeurée l’une des familles importantes de l’Empire byzantin jusqu’à sa chute le 29 mai 1453. La famille s’éparpilla alors un peu partout en Europe ; une de ses branches s’établit à la frontière entre la France et l’Italie actuelle.

[5] La sixième croisade, de 1228 à 1229, est une expédition organisée par l’empereur romain germanique Frédéric II pour reconquérir les territoires du royaume de Jérusalem perdus depuis la conquête par Saladin. Elle a été un demi-succès temporaire pour les croisés, mais ses objectifs sont atteints par la diplomatie d’un empereur excommunié plutôt que par les combats, au grand scandale de la chrétienté. En effet cela signifiait qu’un empereur jugé hérétique allait conduire la sixième croisade. Cette méthode a créé un précédent qui influence les croisades suivantes. L’intervention de Frédéric II a cependant été désastreuse pour les institutions du royaume de Jérusalem qui, se retrouvant sans roi, Frédéric abandonnant Jérusalem après trois jours, manque désormais d’un pouvoir central et se retrouve en proie à l’anarchie, les différentes factions (les barons, les ordres de chevalerie, les compagnies maritimes commerciales) ayant chacune sa propre politique sans qu’un souverain puisse arbitrer leurs querelles.

[6] La marche de Carniole ou margraviat de Carniole était une marche dans le sud-est du Saint-Empire romain. Soumis au pouvoir des ducs de Carinthie au début, un margraviat autonome en Carniole fut établi en 1040. Il a existé jusqu’à son élévation en duché sous le règne des Habsbourg en 1364.

[7] La marche windique était une marche médiévale du Saint-Empire romain qui correspond plus ou moins à la région de Basse-Carniole s’étendant entre les rivières Save et Kolpa sur le territoire de l’actuelle Slovénie.

[8] L’Empire byzantin ou Empire romain d’Orient désigne l’État apparu vers le 4ème siècle dans la partie orientale de l’Empire romain, au moment où celui-ci se divise progressivement en deux. L’Empire byzantin se caractérise par sa longévité. Il puise ses origines dans la fondation même de Rome, et la datation de ses débuts change selon les critères choisis par chaque historien. La fondation de Constantinople, sa capitale, par Constantin 1er en 330, autant que la division d’un Empire romain de plus en plus difficile à gouverner et qui devient définitive en 395, sont parfois citées. Quoi qu’il en soit, plus dynamique qu’un monde romain occidental brisé par les invasions barbares, l’Empire d’Orient s’affirme progressivement comme une construction politique originale. Indubitablement romain, cet Empire est aussi chrétien et de langue principalement grecque. À la frontière entre l’Orient et l’Occident, mêlant des éléments provenant directement de l’Antiquité avec des aspects innovants dans un Moyen Âge parfois décrit comme grec, il devient le siège d’une culture originale qui déborde bien au-delà de ses frontières, lesquelles sont constamment assaillies par des peuples nouveaux. Tenant d’un universalisme romain, il parvient à s’étendre sous Justinien (empereur de 527 à 565), retrouvant une partie des antiques frontières impériales, avant de connaître une profonde rétractation. C’est à partir du 7ème siècle que de profonds bouleversements frappent l’Empire byzantin. Contraint de s’adapter à un monde nouveau dans lequel son autorité universelle est contestée, il rénove ses structures et parvient, au terme d’une crise iconoclaste, à connaître une nouvelle vague d’expansion qui atteint son apogée sous Basile II (qui règne de 976 à 1025). Les guerres civiles autant que l’apparition de nouvelles menaces forcent l’Empire à se transformer à nouveau sous l’impulsion des Comnènes avant d’être disloqué par la quatrième croisade lorsque les croisés s’emparent de Constantinople en 1204. S’il renaît en 1261, c’est sous une forme affaiblie qui ne peut résister aux envahisseurs ottomans et à la concurrence économique des républiques italiennes (Gênes et Venise). La chute de Constantinople en 1453 marque sa fin.

[9] Le royaume de Hongrie est le terme historiographique donné à différentes entités politiques de la Hongrie au Moyen Âge (à partir de 1001), à l’époque moderne et jusqu’à l’époque contemporaine (1946). La date de création du royaume remonte à l’an 1001, lorsque Étienne (István) transforme l’ancienne grande-principauté en royaume chrétien. L’unité du royaume est mise à mal lors de l’occupation ottomane d’une partie du pays en 1526, durant laquelle deux territoires se disputent la continuité royale (la Hongrie royale dominée par l’empire d’Autriche et la Hongrie orientale, prémisse de la principauté de Transylvanie). Le royaume de Hongrie recouvre l’essentiel de son territoire médiéval d’abord en 1848-1849, puis dans le cadre du compromis austro-hongrois signé en 1867 et conserve son régime après le démantèlement du pays en 1920 jusqu’à 1946, sous la forme d’une régence. Entre l’an 1001 et 1946, le royaume de Hongrie a cessé d’exister à trois reprises : en 1849, lors de la Révolution hongroise de 1848, de la République démocratique hongroise de 1918 et de la République des conseils de Hongrie de 1919. Depuis 1946, la Hongrie est une république.

[10] Le duché de Bavière est une ancienne principauté allemande qui fut membre du Saint-Empire romain germanique puis rattaché à l’Électorat de Bavière. Sa capitale était la ville de Munich. Vers l’an 600, le territoire de l’actuel État libre de Bavière était occupé par trois tribus : les Baiern, qui ont donné leur nom au pays (Bavière se dit Bayern en allemand), les Francs et les Suèves. Tandis que l’actuelle Bavière du Nord tombait sous la souveraineté des Francs, les Alamans et les Bavarois formaient, au sud, des territoires souverains séparés par la rivière Lech. À ses débuts, le duché de Bavière s’étendait loin vers l’est et le sud, jusqu’à la Carinthie actuelle, en Basse-Autriche et en Haute-Italie. Mais le cœur du pays se situait sur le Danube. Aux 10ème et 12ème siècles, ces territoires ont donné naissance aux duchés de Bavière, de Carinthie et d’Autriche. Le principal siège ducal était Ratisbonne.

[11] Le royaume de Bohême était un royaume situé dans la région de la Bohême, en Europe centrale, dont la plupart des territoires se trouvent actuellement en République tchèque. Devenu une possession héréditaire des Habsbourg en 1620, le royaume a fait partie du Saint Empire jusqu’à sa dissolution en 1806, après quoi il est devenu une partie de l’Empire d’Autriche, puis de l’Empire austro-hongrois.

[12] Mayence fut, de 1619 à 1918, une forteresse et une ville de garnison. La présence des militaires et les fortifications étendues ont fortement marqué la vie des citoyens mayençais. En raison de sa position stratégiquement favorable, Mayence a joué un grand rôle dans le passé : d’un côté à l’autre de la frontière, on l’appelait le boulevard de la France ou das Bollwerk Deutschlands. La citadelle, une place forte érigée vers l’an 1619, fut transformée au cours des siècles en une véritable forteresse par les archevêques de Mayence. En particulier, Mayence fut successivement forteresse fédérale puis forteresse impériale. Plusieurs casernes et ouvrages de fortification subsistent encore aujourd’hui en ville. De nombreux noms de rue renvoient au passé de ville-forteresse. La citadelle de Mayence, principal vestige de la forteresse, est considérée comme un des édifices historiques importants de la métropole rhénane.

[13] Vienne est la capitale et la plus grande ville de l’Autriche ; elle est aussi l’un des neuf Länder (État fédéré) du pays. La ville est située dans l’est du pays et traversée par le Danube (Donau). Capitale du duché puis archiduché d’Autriche, elle fut de fait celle du monde germanique durant le règne de la maison de Habsbourg (devenue en 1745 la maison de Habsbourg-Lorraine) sur le Saint-Empire romain germaniquepuis présida la Confédération germanique de 1815 à 1866. Elle fut en même temps celle de l’empire d’Autriche de 1804 à 1867 puis de l’Autriche-Hongrie de 1867 à 1918.

[14] Wiener Neustadt (nouvelle ville viennoise) est une ville autrichienne de Basse-Autriche, la deuxième par la population de ce Land. La ville statutaire, siège administratif du district de Wiener Neustadt-Land, se situe à environ 50 km au sud de Vienne.

[15] Le titre de margrave était donné aux chefs militaires des marches (ou mark), dans l’empire carolingien, puis à certains princes du Saint Empire romain germanique. Le titre équivalent en français est marquis. Le margraviat est la juridiction sur laquelle il a autorité.

[16] La bataille de la rivière Leitha survient le 15 juin 1246 près des rives de la Leitha entre les forces du roi Béla IV de Hongrie et du duc Frédéric II d’Autriche. L’armée hongroise est mise en déroute, mais le duc Frédéric est tué, mettant fin aux revendications autrichiennes sur les comtés occidentaux de la Hongrie. Son emplacement exact est inconnu, selon la description donnée par le minnesinger contemporain Ulrich von Liechtenstein, le champ de bataille peut se situé entre les villes d’Ebenfurth et de Neufeld.

[17] L’abbaye de Heiligenkreuz (en français : abbaye de la Sainte-Croix) est une abbaye cistercienne dans la commune de Heiligenkreuz (Autriche) à laquelle elle a donné son nom, à 25 km au sud-ouest de Vienne. Fondée en 1133, l’office divin et la vie monastique n’y furent jamais interrompus, ce qui fait d’elle la deuxième communauté cistercienne vivante au monde, après celle de Rein, également en Autriche. L’abbaye, qui conserve la tradition du chant grégorien, reçut la visite du pape Benoît XVI, le 9 septembre 2007, lors de son voyage en Autriche