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Venceslas 1er de Bohême dit le Borgne

lundi 11 novembre 2024, par lucien jallamion

Venceslas 1er de Bohême dit le Borgne (1205-1253)

Roi de Bohême en 1226 et couronné en 1228

Membre de la dynastie des Přemyslides [1]. Fils d’Ottokar 1er et de Constance de Hongrie et frère de sainte Agnès de Bohême .

Il est reconnu comme roi dès le 26 août 1216 par l’empereur Frédéric II et couronné le 6 février 1228 du vivant de son père. Il est alors appelé le Jeune roi.

Dans ce contexte, après la mort de son père en 1230, il n’a aucun mal à établir son autorité en Bohême [2]. En juillet 1231 son envoyé obtient une nouvelle fois confirmation de son titre royal par Frédéric II du Saint Empire en conflit avec son fils. En 1235 il obtient que son épouse Cunégonde de Souabe , cousine germaine de l’empereur, reçoive 10 000 marks d’argent en dédommagement de sa part d’héritage des biens des Hohenstaufen [3].

Henri, le fils aîné de l’Empereur Frédéric II, était lassé de son épouse Marguerite d’Autriche ou ou Marguerite de Babenberg , son aînée de 7 ans, dont il n’avait en outre jamais reçu la dot. Par l’intermédiaire du duc Louis 1er de Bavière , marié à Ludmilla de Bohême , une princesse tchèque, il approche Venceslas 1er afin d’envisager une union avec la sœur du roi Agnès de Bohême, à qui il avait été fiancé en 1219.

En 1231, le jeune prince annonce son intention de répudier sa femme et d’épouser la princesse Agnès. L’empereur, qui ne veut pas entrer en conflit avec le puissant duc Frédéric II d’Autriche, frère de Marguerite, propose de payer lui-même la dot. Venceslas 1er cède à la pression impériale et Henri renonce à son projet. Déçue, Agnès se retire alors du monde et entre en 1233 dans l’ordre de Sainte-Claire [4].

Pour se venger, Frédéric II d’Autriche conclut une alliance avec le margrave [5] Premysl 1er de Moravie, le propre frère cadet de Venceslas 1er, afin de renverser le roi. Venceslas s’allie avec André II de Hongrie et en 1235 ils ravagent de concert le duché d’Autriche [6].

Par ailleurs, l’empereur Frédéric II, lassé de l’insubordination permanente de son fils Henri, le déshérite et le bannit en 1235. Comme il soupçonnait le duc Frédéric II le Batailleur de connivence avec le rebelle, ils chargent Venceslas 1er et Othon II de Bavière , le fils de Louis 1er assassiné, d’exécuter la proscription impériale ou “Reichsacht” de 1236 à l’encontre du duc d’Autriche.

Venceslas 1er s’empare de Vienne [7] où l’empereur Frédéric II fait élire son second fils Conrad IV roi des Romains en février 1237.

De 1233 à 1237, Venceslas 1er combat son frère Premysl, margrave de Moravie [8], dont la cour est à Olomouc [9]. Le roi lance ses armées à l’assaut de la Moravie et Premysl se réfugie en Hongrie, chez Béla IV, avant de se soumettre en 1238. Sa disparition prématurée, le 16 octobre 1239, supprime un facteur de désordre en Bohême. Frédéric II le Batailleur se soumet à l’empereur et accepte en 1239 de donner sa nièce Gertrude de Babenberg comme épouse à Vladislav III de Moravie , le fils aîné de Venceslas 1er

En 1241, la région doit faire face à l’invasion des Mongols [10] de la Horde d’or [11] du khan [12] Batou qui viennent de dévaster la Silésie [13]. Ils se retirent devant l’armée de Venceslas 1er, positionnée dans les passes qui mènent en Bohême et ravagent la Moravie et l’Autriche, avant d’envahir la Hongrie.

Le conflit reprend avec l’Autriche, mais l’empereur Frédéric II devenu veuf de sa 3ème épouse Isabelle d’Angleterre manifeste de l’intérêt pour la riche héritière qu’est Gertrude de Babenberg. Devant cette menace, Venceslas 1er se détache du parti impérial et se rapproche du pape Innocent IV et de son anti-roi des Romains Guillaume de Hollande. Le mariage de Vladislav III de Moravie et de Gertrude de Babenberg est célébré le 1er avril 1246. Frédéric le Batailleur est tué le 15 juin 1246 lors d’un ultime conflit avec les Hongrois, mais la mort subite de Vladislav le 3 janvier 1247 met un terme brutal aux projet d’expansion tchèque en Autriche .

En Bohême, Venceslas 1er doit par ailleurs faire face à une révolte du parti pro-impérial qui élit corégent son second fils et désormais héritier Ottokar. Le roi défait les rebelles à Most [14] en novembre 1248 et reprend Prague [15] en août 1249 ; il réussit même à capturer son fils, avec lequel il se réconcilie en novembre 1249, lorsqu’il lui confie le margraviat de Moravie.

Après la mort, en 1250, de Hermann VI de Bade-Bade le second mari de Gertrude de Babenberg, Venceslas 1er négocie et réussit avec l’appui de l’archevêque de Salzbourg [16] à faire élire son fils Ottokar duc par les États autrichiens, le 21 novembre 1251.

Pour conforter sa position, il marie Ottokar le 11 février 1252 à Marguerite, l’épouse abandonnée du défunt Henri II de Souabe, alors âgée de 48 ans. Cette prise de contrôle du duché d’Autriche suscite les réactions du roi Béla IV de Hongrie, qui occupe la Styrie [17], et de Roman de Galicie, 3ème époux de Gertrude de Babenberg, qui, dépité de voir la succession d’Autriche lui échapper, la répudie en 1253.

Il épouse en 1228 Cunégonde , fille de l’empereur Philippe de Souabe, dont il aura 5 enfants.

P.-S.

Source : Cet article est partiellement ou en totalité issu du texte de Pavel Belina, Petr Cornej et Jiri Pokorny Histoire des Pays tchèques Points Histoire U 191 Éditions du Seuil Paris (1995) (ISBN 2020208105)

Notes

[1] Les Přemyslides forment une dynastie princière puis royale qui a régné sur la Bohême et la Moravie du 9ème siècle/11ème siècle à 1306 et sur la Pologne de 1300 à 1306 ainsi que sur des duchés en Silésie jusqu’en 1521

[2] Le royaume de Bohême était un royaume situé dans la région de la Bohême, en Europe centrale, dont la plupart des territoires se trouvent actuellement en République tchèque. Devenu une possession héréditaire des Habsbourg en 1620, le royaume a fait partie du Saint Empire jusqu’à sa dissolution en 1806, après quoi il est devenu une partie de l’Empire d’Autriche, puis de l’Empire austro-hongrois.

[3] La maison des princes de Hohenstaufen est une dynastie qui a donné plusieurs ducs et empereurs germaniques entre les 11et 13ème siècles. Le nom de la maison renvoie au château de Hohenstaufen, sur la crête septentrionale du Jura souabe, près de Göppingen. Les plus importants représentants de cette dynastie furent Frédéric Barberousse, Henri VI et Fréderic II.

[4] Les clarisses (ou ordre des clarisses ou ordre des Pauvres Dames) tiennent leur nom de sainte Claire d’Assise qui a créé cet ordre en 1212 à la demande de saint François d’Assise

[5] Le titre de margrave était donné aux chefs militaires des marches (ou mark), dans l’empire carolingien, puis à certains princes du Saint Empire romain germanique. Le titre équivalent en français est marquis. Le margraviat est la juridiction sur laquelle il a autorité.

[6] Le duché d’Autriche fut un État du Saint Empire romain au Moyen Âge. À l’origine, le margraviat d’Autriche (Ostarrîchi), gouverné par la maison de Babenberg depuis 976, faisait partie du duché de Bavière. Il était détaché sous forme d’un duché autonome en l’an 1156 par le Privilegium Minus de l’empereur Frédéric Barberousse. La résidence des ducs d’Autriche ètait à Vienne. Après l’extinction de la lignée des Babenberg et la défaite du roi Ottokar II de Bohême dans la bataille de Marchfeld en 1278, le duché fut dirigé par les Habsbourg qui au cours du 14ème siècle étaient également arrivés à la tête des plusieurs pays limitrophes au sud-est de l’Empire. En 1359, le duc Rodolphe IV d’Autriche, à l’aide d’un faux document le Privilegium Maius s’est élevé au rang d’archiduc (Erzherzog) ; ce titre fut reconnu par son descendant, l’empereur Frédéric III, en 1453, ce qui marque donc la naissance de l’archiduché d’Autriche, le socle de la monarchie de Habsbourg.

[7] Vienne est la capitale et la plus grande ville de l’Autriche ; elle est aussi l’un des neuf Länder (État fédéré) du pays. La ville est située dans l’est du pays et traversée par le Danube (Donau). Capitale du duché puis archiduché d’Autriche, elle fut de fait celle du monde germanique durant le règne de la maison de Habsbourg (devenue en 1745 la maison de Habsbourg-Lorraine) sur le Saint-Empire romain germanique puis présida la Confédération germanique de 1815 à 1866. Elle fut en même temps celle de l’empire d’Autriche de 1804 à 1867 puis de l’Autriche-Hongrie de 1867 à 1918.

[8] La Moravie est une région historique d’Europe centrale, ayant jadis englobé l’actuelle Tchéquie et un large territoire autour, mais formant aujourd’hui le tiers oriental de la Tchéquie. Ses villes principales sont Brno et Olomouc. Depuis le premier tiers du 11ème siècle, le margraviat de Moravie forme, avec la Bohême, la région historique de Bohême-Moravie.

[9] Olomouc est une capitale régionale au centre de la Moravie, en République tchèque. Située sur les rives de la Morava, Olomouc est, avec Brno, le centre historique, politique, religieux et universitaire de la Moravie.

[10] La Mongolie est un vaste pays d’Asie orientale qui est enclavé entre la Russie au nord et la république populaire de Chine au sud. Sa capitale et plus grande ville est Oulan-Bator, la langue officielle est le mongol et la monnaie le tugrik. La Mongolie fut le centre de l’Empire mongol au 13ème siècle et fut ensuite gouvernée par la dynastie Qing, d’origine mandchoue, de la fin du 17ème siècle à 1911, date à laquelle l’indépendance de la Mongolie fut proclamée à la faveur de la chute de l’Empire chinois, à la suite de la révolution chinoise de 1911. Au cours de l’histoire, beaucoup d’ethnies ont peuplé le territoire actuel de la Mongolie. La plupart étaient nomades, et formaient des confédérations plus ou moins puissantes.

[11] La Horde d’or (ou la Horde bleue) est un empire turco-mongol gouverné par une dynastie issue de Djötchi, le fils aîné de Gengis Khan, qui contrôle les steppes russes aux 13ème et 14ème siècles. Les Djötchides eux-mêmes s’appellent Horde ou Grande Horde. Horde d’or est une expression utilisée par les Russes depuis le 16ème siècle. Les Arabes et les Persans parlent du royaume des Tatars ou du khanat de Kiptchak. En France et en Italie, on les désignait sous le nom de Tatars de l’Ouest.

[12] Titre signifiant dirigeant en mongol et en turc. Le terme est parfois traduit comme signifiant souverain ou celui qui commande. Le féminin mongol de khan est khatoun. Un khan contrôle un khanat. Pour les hauts rangs, on se sert du titre de khagan. Le titre de khan était un des nombreux titres utilisés par les sultans de l’empire ottoman, ainsi que par les dirigeants de la Horde d’Or et les états descendants. Le titre de khan a aussi été utilisé par les dynasties turques seldjoukides du Proche-Orient pour désigner le dirigeant de plusieurs tribus, clans ou nations. Inférieur en rang à un atabey. Les dirigeants Jurchen et Mandchous ont également utilisé le titre de khan. Les titres de khan et de khan bahadur furent également honorifiques en Inde au temps des Grands Moghols, et plus tard par le Raj britannique comme un honneur pour les rangs nobles, souvent pour loyauté à la couronne. Le titre de khan fut aussi porté par les souverains bulgares entre 603 et 917.

[13] La Silésie est une région historique en Europe centrale qui s’étend dans le bassin de l’Oder sur trois États : la majeure partie est située dans le Sud-Ouest de la Pologne, une partie se trouve au-delà de la frontière avec la Tchéquie et une petite partie en Allemagne.

[14] Most est une ville de la région d’Ústí nad Labem en Tchéquie et le chef-lieu du district de Most.

[15] Prague est la capitale et la plus grande ville de la République tchèque, en Bohême. Située au cœur de l’Europe centrale, à l’ouest du pays, la ville est édifiée sur les rives de la Vltava. Capitale historique du royaume de Bohême, berceau du peuple tchèque, Prague connaît son apogée au 14ème siècle sous le règne du roi de Bohême et empereur germanique Charles IV qui en fait la capitale de l’Empire. Elle est alors un centre culturel et religieux de première importance, où naissent les balbutiements de la réforme protestante lorsque Jan Hus prêche contre les abus de la hiérarchie catholique et le commerce des indulgences. Brièvement redevenue capitale impériale et culturelle au tournant des 16ème et 17ème siècles sous le règne de Rodolphe II, Prague perd progressivement en importance jusqu’à la Renaissance nationale tchèque au 19ème siècle puis la création de la Tchécoslovaquie au lendemain de la Première Guerre mondiale, en 1918, dont elle devient la capitale.

[16] L’archidiocèse de Salzbourg est un archidiocèse métropolitain de l’Église catholique en Autriche. Il fut créé comme diocèse en 739 et élevé au rang d’archidiocèse le 20 avril 798. L’archevêché est situé à la cathédrale Saint-Rupert de Salzbourg, et son autorité s’exerce notamment sur le land de Salzbourg et le nord-est du Tyrol. La province ecclésiastique de Salzbourg a pour suffragants les diocèses de Feldkirch, Graz-Seckau, Gurk et Innsbruck, couvrant ainsi l’ouest et le sud de l’Autriche.

[17] En 1180, la Styrie, qui était jusqu’alors une partie du duché de Carinthie, devient elle-même un duché. En 1192, entre en application le traité de Georgenberg, conclu en 1186, selon lequel la Styrie était devenue une partie de l’Autriche. En raison des divisions des héritiers Habsbourg, la Styrie devient la partie centrale de l’Autriche Intérieure.