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Robert 1er de Normandie dit Robert le Libéral ou Robert le Magnifique

dimanche 10 janvier 2021, par lucien jallamion (Date de rédaction antérieure : 2 décembre 2011).

Robert 1er de Normandie dit Robert le Libéral ou Robert le Magnifique (vers 1010-1035)

Duc de Normandie de 1027 à 1035

Second fils du duc Richard II de Normandie. À la mort de ce dernier en 1026, ce fut son fils aîné Richard III qui naturellement lui succéda tandis que Robert se voyait confier le comté d’Hiémois [1]. Dans la même année ou la suivante, le cadet se révolta contre le duc.

L’armée ducale se présenta alors devant Falaise [2] où s’était retranché le rebelle. Il capitula et se soumit à son frère. Mais en 1027 Richard III mourut empoisonné.

Aussitôt, Robert écarta de la succession le fils bâtard du défunt, Nicolas de Normandie , et monta lui-même sur le trône.

Il montra rapidement qu’il entendait tenir la Normandie d’une main de fer. Vers 1027/1028, Guillaume 1er de Bellême, un seigneur des confins méridionaux de la Normandie, se révolta. Le duc vint l’assiéger dans Alençon [3]. Le rebelle fut contraint à la reddition mais Robert le Magnifique lui imposa une pesante humiliation, il l’obligea à se présenter devant lui avec une selle de cheval sur les épaules.

Dans les débuts de son principat, il apprit que l’évêque Hugues II de Bayeux dit Hugues d’Ivry recrutait des soldats en France pour renforcer la défense de son château d’Ivry [4]. Furieux d’être tenu à l’écart du conseil ducal, il comptait faire de la forteresse normande un pôle de résistance au duc.

Robert réagit rapidement, il se présenta devant Ivry avant même que Hugues ne soit revenu de France. L’évêque dut négocier son exil contre un sauf-conduit pour ses fidèles déjà réfugiés dans le château. Il ne fut autorisé à revenir en Normandie qu’en 1032, au plus tard, mais il resta plutôt à l’écart de la cour.

Il signe des chartes à plusieurs abbayes pour confirmer leurs biens ou pour les restituer. Les abbayes de Fécamp [5] et de Saint-Wandrille [6] et la cathédrale Notre-Dame de Rouen [7] figurent parmi les bénéficiaires de ces actes. Le duc poussa même quelques-uns de ses vassaux à le suivre dans ce mouvement.

Renouant avec les actions de son père Richard II, Robert fonda deux monastères. En premier lieu, l’abbaye de Cerisy [8]. Cette fondation est pionnière puisqu’elle intervint dans l’ouest de la Normandie, une région dépourvue de monastères en dehors du Mont-Saint-Michel [9].

Ensuite, en 1035, il refonda l’abbaye de Montivilliers [10] en remplaçant les moines par des moniales. Dans ce domaine, il fut une nouvelle fois accompagné par des seigneurs du duché. Guillaume d’Arques et sa femme créèrent une abbaye d’hommes, la Trinité du Mont [11], et une abbaye de femmes, Saint Amand à Rouen [12]. Onfroy de Vieilles installa des moines à Préaux [13] alors qu’un simple chevalier Herluin pose les bases près de la Risle [14] d’un monastère appelé à un grand avenir, Le Bec [15].

Enfin, peu après, le duc s’apprêtait à partir en pèlerinage à Jérusalem. Avant de partir, il rassembla les grands du duché à Fécamp. Il leur demanda de reconnaître comme hériter son jeune fils Guillaume âgé d’environ 7 ans. Les barons semblent avoir accepté la décision ducale sur le moment mais sûrement avec réticence. Ils reprochaient à Guillaume de ne pas être issu d’une union légitime. Mais Robert n’avait pas le choix, c’était son seul enfant masculin.

Il partit au début de l’année 1035 avec quelques barons comme le sénéchal Turstin, Odon Stigand et Dreux de Vexin ou Drogon de Vexin , et prit la route terrestre pour rejoindre Rome. L’empereur byzantin Michel IV l’accueillit ensuite à Byzance [16]. Le duc de Normandie parvint jusqu’à Jérusalem mais mourut l’été 1035 sur le chemin du retour, à Nicée [17]. Il n’avait que 25 ans.

À l’image de ses prédécesseurs, il se montra un allié précieux et ennemi redoutable pour les princes voisins.

En 1031, le roi de France Robert le Pieux décéda. Son fils aîné Henri 1er lui succéda mais il se heurta à une révolte de son frère cadet Robert, appuyé par sa mère Constance d’Arles. Le comte de Blois Eudes II se mêla à l’opposition contre le nouveau roi.

Face à une telle coalition, Henri 1er dut quitter le domaine royal et trouver refuge à Fécamp auprès du duc de Normandie. Ce dernier l’aida dans son entreprise de reconquête. Il demanda notamment à son oncle Mauger de Corbeil d’intervenir militairement au côté du roi. Le frère rebelle fut vaincu et demanda la paix tandis que Constance mourut en 1034. Pour prix de son appui, il aurait reçu la suzeraineté sur la partie du Vexin [18] entre l’Epte [19] et l’Oise [20].

P.-S.

Source : Cet article est partiellement ou en totalité issu du texte de François Neveux, L’aventure des Normands : 8ème/13ème siècle, Paris, Perrin, coll. « Tempus », 2009, 368 p. (ISBN 978-2-262-02981-4)

Notes

[1] Le comté d’Hiémois ou pagus Oximensis en latin est un comté médiéval normand, ayant pour capitale Exmes dans l’Orne. Ses limites restent incertaines. Situé entre Caen et Alençon, il occupait une partie des départements actuels du Calvados et de l’Orne et englobait les villes d’Argentan, de Falaise et de Sées.

[2] Falaise est une commune française, située dans le département du Calvados. Avant le règne de Guillaume le Conquérant qui naît dans cette ville vers 1027-1028, elle est la capitale du duché de Normandie.

[3] Alençon est une commune française, préfecture du département de l’Orne. Alençon était la troisième plus grande ville (après Caen et Cherbourg) de l’ancienne région Basse-Normandie

[4] Le château d’Ivry-la-Bataille fut une forteresse militaire et d’habitation dont la construction commence à la fin du 10ème siècle. Il a été entièrement détruit en 1424. Ses ruines ont fait l’objet de fouilles et sont désormais visitables.

[5] L’abbaye de la Trinité de Fécamp, lieu de pèlerinage du Précieux Sang, est une abbaye bénédictine située à Fécamp, dans le département de Seine-Maritime, en Normandie (France). L’abbaye de la Trinité de Fécamp se trouve dans la valleuse de la Valmont, au cœur du Pays de Caux, sur la côte d’Albâtre. L’abbaye de Fécamp est née durant la grande vague d’implantations monastiques en Normandie qui émaillent le 7ème siècle (Jumièges, Fontenelle, Préaux, Le Bec, etc.). Elle s’inscrirait comme une riposte à l’évangélisation des environs par des personnes venues de l’extérieur : Picardie, Île-de-France, Bretagne. La construction du sanctuaire débuta vers 658 autour de la relique du Précieux Sang, confiée selon la légende à la mer par Isaac, fils de Joseph d’Arimathie, et venue s’échouer miraculeusement sur les plages du Pays de Caux. Elle fut l’œuvre de Waneng, comte de Caux, qui décida avec l’aide de Wandrille et Ouen la création à Fécamp d’un monastère de moniales, placées sous la règle de Saint-Benoît, et selon les textes du 9ème siècle sur un des domaines de Waneng. En 665 la première abbatiale est dédicacée. Hildemarque du Bordelais est la première abbesse.

[6] L’abbaye Saint-Wandrille, anciennement abbaye de Fontenelle, est une abbaye bénédictine de la congrégation de Solesmes située dans le département de la Seine-Maritime, en Haute-Normandie. Fondée en 649, l’abbaye a connu une longue histoire marquée par trois grandes périodes de saccages et de destructions : celles liées aux incursions des Vikings, puis celles engendrées par les guerres de religion, et enfin celles consécutives à la Révolution française. C’est encore aujourd’hui une abbaye de moines bénédictins.

[7] La cathédrale Notre-Dame, officiellement cathédrale primatiale Notre-Dame-de-l’Assomption de Rouen, est le monument le plus prestigieux de la ville de Rouen. Elle est le siège de l’archidiocèse de Rouen, chef-lieu de la province ecclésiastique de Normandie. L’archevêque de Rouen portant le titre de primat de Normandie, sa cathédrale a ainsi le rang de primatiale.

[8] L’abbaye Saint-Vigor de Cerisy, plus communément appelée abbaye de Cerisy, est l’une des plus anciennes et des plus importantes abbayes de Normandie. Située à Cerisy-la-Forêt (près de Saint-Lô dans la Manche), elle était régie par la règle bénédictine. Elle portait le titre d’« abbaye royale » (sous la protection du roi de France). L’abbaye est fondée en 1032 par le duc de Normandie Robert le Magnifique. Elle bénéficie de dons considérables et de faveurs. L’abbaye devient un centre économique et intellectuel important, accueillant à plusieurs reprises quelques rois de France et comptant plusieurs intellectuels parmi ses membres. Elle possède par ailleurs un très grand nombre de dépendances, sous la forme de granges monastiques qui contribuent à lui assurer des revenus colossaux. Après une période de déclin à la fin du Moyen Âge, l’abbaye connaît une période de renaissance artistique avec la Congrégation de Saint-Maur en 1716.

[9] L’abbaye du Mont-Saint-Michel est une ancienne abbaye bénédictine et un monument historique situé sur l’îlot du mont Saint-Michel, qui se trouve lui-même sur le territoire de la commune française nommée Le Mont-Saint-Michel, dans le département de la Manche en région de Normandie.

[10] Cité en 833, ce monastère sera complètement détruit par les Vikings au ixe siècle. L’abbaye est relevée en 1025 quand Richard II de Normandie la place sous la dépendance de l’abbaye de Fécamp1, cette fois avec des hommes. Le 13 janvier 1035 lors d’une assemblée tenue à Fécamp2, le duc Robert le Magnifique donne son autonomie au monastère, qui redevient une abbaye de femmes, au bénéfice de sa tante Béatrice1

[11] L’abbaye Sainte-Catherine du Mont, primitivement appelée de la Sainte-Trinité du Mont était un monastère bénédictin situé dans les environs de Rouen dans le département de la Seine-Maritime. Fondée au 11ème siècle, elle fut entièrement détruite en 1597.

[12] L’abbaye Saint-Amand est une ancienne abbaye de femmes bénédictine, située à Rouen. Selon la tradition, l’abbaye est établie sur un ancien temple dédié à Vénus. La fondation semble remonter à l’époque de Clovis II. Ruinée par les Normands, Goscelin d’Arques, vicomte de Rouen et d’Arques, et sa femme Emmeline, sur une concession du duc Robert le Magnifique, rétablirent en 1030 le monastère de Saint-Amand

[13] L’abbaye Saint Léger de Préaux est une ancienne abbaye bénédictine située sur la commune de Saint Michel de Préaux, aujourd’hui Les Préaux, dans le département de l’Eure, en France. Elle fut fondée vers 1050 par Aubrée, épouse d’Onfroi de Vieilles, lui-même fondateur de l’abbaye Saint Pierre de Préaux, dans la commune voisine de Notre Dame de Préaux. Elle abritait une communauté de religieuses bénédictines.

[14] La Risle est une rivière de Normandie, longue de 144,7 kilomètres, qui s’écoule dans les départements de l’Orne et de l’Eure, considérée comme le dernier affluent de la Seine qu’elle rejoint en rive gauche au niveau de son estuaire

[15] L’abbaye Notre-Dame du Bec est une abbaye catholique bénédictine faisant aujourd’hui partie de la congrégation de Sainte-Marie de Mont-Olivet et située au Bec-Hellouin, près de Brionne, dans le département de l’Eure. Elle a été fondée en 1034 par Herluin, chevalier du comte Gilbert de Brionne. Avec l’arrivée de l’Italien Lanfranc de Pavie, prieur et maître de l’école monastique, puis d’Anselme de Cantorbéry, le Bec devient l’un des principaux foyers de la vie intellectuelle du 11ème siècle : le futur pape Alexandre II y étudie vers 1050 ainsi que nombre de futurs légats et évêques.

[16] Byzance est une ancienne cité grecque, capitale de la Thrace, située à l’entrée du Bosphore sous une partie de l’actuelle Istanbul. La cité a été reconstruite par Constantin 1er et, renommée Constantinople en 330, elle est devenue la capitale de l’Empire romain, puis de l’Empire romain d’Orient et enfin de l’Empire ottoman à partir de 1453 date de la prise de la ville par les Turcs. Elle fut rebaptisée Istanbul en 1930.

[17] Nicée est une cité fondée vers 300 av. jc, tour à tour hellénistique, byzantine et ottomane du Nord-Ouest de l’Anatolie. Elle est surtout connue comme ayant été le siège des premier et deuxième conciles de Nicée en, respectivement, 325 et 787, le lieu où fut rédigé le symbole de Nicée (datant du premier concile) et la capitale de l’empire de Nicée après la conquête de Constantinople par les croisés en 1204 jusqu’à ce que cette dernière soit reprise par les Byzantins en 1261. La ville ancienne est située dans le périmètre de la nouvelle ville turque d’Iznik (dont le nom dérive de Nicée) à l’extrémité est du lac Ascanion (aujourd’hui lac d’İznik), entouré de collines au nord et au sud.

[18] Le Vexin français est une ancienne province et une région naturelle de France, qui se situe dans le nord-ouest de l’Île-de-France, étendue sur les départements du Val-d’Oise, des Yvelines et de l’Oise. Bien que formant désormais avec la ville de Cergy une agglomération contrastant avec le caractère rural du Vexin français, Pontoise en est la capitale historique.

[19] L’Epte est une rivière française, affluente en rive droite de la Seine. Longue de 112,51 kilomètres, elle naît dans la Seine-Maritime, dans le pays de Bray, près de Forges-les-Eaux, et rejoint la Seine près de Giverny, dans l’Eure. La rivière marque la limite entre la Normandie et l’Île-de-France ; cette situation géographique a marqué profondément son histoire au Moyen Âge, avec la construction de toute une série de places fortes sur chacune de ses rives.

[20] L’Oise est une rivière du Bassin parisien dans le Nord de la France et en Belgique, principal affluent de la Seine, après la Marne. Elle prend sa source en Belgique, à 309 mètres d’altitude dans le massif forestier dit Bois de Bourlers, dans l’ancienne commune de Forges au sud-est de la ville hennuyère de Chimay. Cette rivière au cours de 341 kilomètres, presque entièrement navigable et bordée de canaux sur 104 kilomètres