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Géza 1er de Hongrie ou Géza 1er Árpád

mardi 3 juin 2025, par lucien jallamion

Géza 1er de Hongrie ou Géza 1er Árpád (vers 1040-1077)

Roi de Hongrie non couronné de 1074 à 1077

Second fils de Béla 1er et de Richezza de Pologne .

Quand les troupes de Henri IV du Saint-Empire menées par Otton de Nordheim le duc de Bavière [1] après avoir établi sur le trône Salomon, le fils de André 1er fiancé par son père à une sœur du futur empereur, se retirent de Hongrie, les fils de Béla reviennent dans le pays.


L’affrontement avec le roi Salomon de Hongrie est évité grâce à l’intervention des évêques et Géza et le roi se réconcilient à Györ en janvier 1064. À Pâques de la même année, Géza reconnaît le pouvoir royal de Salomon et le couronne de ses mains à Pécs [2], il reçoit en contrepartie un duché qui représente un tiers du pays en Haute-Hongrie [3]. La paix règne 7 années et ils obtiennent de nombreux succès. En 1066, ils appuient Dmitar Zvonimir de Croatie [4] contre la Carinthie [5]. En 1067, ils combattent les Tchèques [6] qui dévastent la région frontalière et en 1068, ils battent à Kerlès [7] dans le nord de la Transylvanie [8] les Petchenègues [9] qui ravagent la contrée.


La rupture entre eux intervient lors d’un conflit contre la garnison grecque de Nandorfehérvar [10]. Ils s’emparent de la cité et s’opposent lors du partage des prises de guerre. La ville est perdue, puis reprise en 1072 par Géza et son frère Ladislas. Malgré ce succès commun, les deux partis recherchent des alliés. Ladislas demande l’appui des Russes, son autre frère Lambert celui des Tchèques et Géza celui de la Pologne pendant que Salomon s’appuie encore sur ses parents allemands.

Au printemps 1074, Salomon marche contre Géza qui n’a pas encore reçu de renfort et qui est battu à “la bataille de Kemej”*. Un nouvel affrontement a lieu après l’arrivée des Tchèques et, le 14 mars 1074, Géza et Ladislas écrasent l’armée de Salomon à Mogyoród [11] non loin de Pest [12]. Salomon se réfugie à Moson [13] où il peut conserver un territoire restreint. Henri IV intervient de nouveau à la fin de 1074 et s’avance jusqu’à Vac [14] mais l’offensive allemande doit s’arrêter et Salomon doit se contenter d’un domaine entre Moson et Pozsony [15] où il vit jusqu’en 1081.


En 1075, le pape Grégoire VII en conflit avec Henri IV reconnaît Géza 1er comme roi. Géza 1er fonde la même année l’abbaye bénédictine de Garamszentbenedek [16] où il prend dans la charte de fondation le nom chrétien de Magnus . Également protégé par Byzance [17] qui a rompu avec Rome depuis 1054, il reçoit du basiléus [18] Michel VII Doukas une couronne qui, jointe à celle envoyée par le pape à Saint-Étienne 1er, forme la Sainte Couronne hongroise [19].

À Noël 1076, le nouveau roi déclare aux évêques qu’il est disposé à restituer à Salomon les 2 tiers du royaume. Un échange d’ambassadeurs a lieu entre eux mais la mort de Géza 1er à la fin avril 1077 met un terme aux négociations. Le roi est inhumé à Vác et au printemps 1077, Ladislas le frère cadet de Géza 1er monte sur le trône.

P.-S.

Source : Cet article est partiellement ou en totalité issu du texte de Gyula Kristó, Histoire de la Hongrie médiévale. Tome I, le temps des Arpad, Presses universitaires de Rennes, 2000 (ISBN 2-86847-533-7)

Notes

[1] Le duché de Bavière est une ancienne principauté allemande qui fut membre du Saint-Empire romain germanique puis rattaché à l’Électorat de Bavière. Sa capitale était la ville de Munich. Vers l’an 600, le territoire de l’actuel État libre de Bavière était occupé par trois tribus : les Baiern, qui ont donné leur nom au pays (Bavière se dit Bayern en allemand), les Francs et les Suèves. Tandis que l’actuelle Bavière du Nord tombait sous la souveraineté des Francs, les Alamans et les Bavarois formaient, au sud, des territoires souverains séparés par la rivière Lech. À ses débuts, le duché de Bavière s’étendait loin vers l’est et le sud, jusqu’à la Carinthie actuelle, en Basse-Autriche et en Haute-Italie. Mais le cœur du pays se situait sur le Danube. Aux 10ème et 12ème siècles, ces territoires ont donné naissance aux duchés de Bavière, de Carinthie et d’Autriche. Le principal siège ducal était Ratisbonne.

[2] Pécs est une localité hongroise, ayant le rang de ville de droit comital et siège du comitat de Baranya. Chef-lieu de la micro-région de Pécs, elle se situe dans le sud du pays, en Transdanubie, au pied du massif du Mecsek. La ville se situe sur l’ancien site de Sopianæ, fondée par les Romains avant le 4ème siècle et perdue lors de la chute de l’empire. Le site est par la suite mentionné dès 871 sous le nom de Quinque Basilicæ. L’arrivée des Magyars dans le bassin du moyen-Danube se traduit par la fondation en l’an 1000 du Royaume de Hongrie. Le premier roi du pays, Étienne 1er de Hongrie, adoube l’évêché local en 1009. À partir de 1235, la ville est connue sous le nom de Pécs. En 1367, Louis 1er de Hongrie y fonde la première université du pays. Au 15èmesiècle, la ville devient ainsi un haut lieu de l’humanisme de la Renaissance. Elle est prise par les Ottomans au 16ème siècle ce qui contribue à l’enrichissement de son patrimoine.

[3] l’actuelle Slovaquie

[4] La Croatie, est un pays d’Europe centrale et du Sud. Elle s’étend depuis les confins de l’extrémité orientale des Alpes au nord-ouest et depuis les plaines pannoniennes au nord-est, jusqu’au littoral de la mer Adriatique au sud-sud-ouest, en passant par le massif montagneux des Alpes dinariques au centre. Elle est entourée par la Slovénie, la Hongrie, la Serbie, la Bosnie-Herzégovine et le Monténégro. La Croatie fut, tout au long de son histoire, au carrefour de quatre grands espaces culturels, ce qui confère une richesse à son patrimoine, tant architectural qu’artistique. Outre le caractère slave de ses habitants qui remonte à la fin du 6ème siècle, la Croatie a subi les influences vénitiennes sur la côte dalmate d’une part, et les influences austro-hongroises dans les plaines du Nord de Slavonie et dans le bassin du Danube d’autre part.

[5] La Carinthie est limitrophe à l’ouest du Tyrol oriental, au nord et nord-est du Land de Salzbourg, de la Styrie, au sud de la province frontalière de Carinthie sur le territoire de la Slovénie, et de l’Italie (région italienne de Frioul-Vénétie julienne).

[6] La Tchéquie est formée par les anciennes provinces historiques européennes de Bohême, de Moravie et de Silésie méridionale, qui constituaient la Couronne de Saint Venceslas au sein du Saint-Empire romain germanique, puis de l’Empire d’Autriche devenu l’Autriche-Hongrie. Après la dislocation de l’Autriche-Hongrie à la fin de la Première Guerre mondiale, les Tchèques, les Slovaques et les Ruthènes subcarpatiques, qui aspiraient depuis longtemps à l’autonomie, forment la Tchécoslovaquie, dont Tomáš Masaryk est le premier président. En 1935 Edvard Beneš lui succède. Le régime politique de l’entre-deux-guerres est une démocratie parlementaire instituée par la Constitution de 1920. Sur le plan économique, le pays connaît une forte prospérité : la Tchécoslovaquie fait partie des dix premières puissances industrielles de l’époque. Cette première Tchécoslovaquie est très diminuée en 1938 par les accords de Munich, lorsque l’Allemagne nazie annexe la région des Sudètes. Elle disparaît en mars 1939 quand l’Allemagne annexe la Bohême et la Moravie, créant un « protectorat de Bohême-Moravie » sous administration militaire, tandis que la République slovaque proclame son indépendance, mais devient un Etat fantoche du Troisième Reich.

[7] aujourd’hui Chiraleş en Roumanie

[8] Le territoire de la principauté de Transylvanie a varié dans le temps : son cœur historique correspond à une région située à l’est de la Transylvanie actuelle, dans le centre de la Roumanie. La toponymie laisse penser que différentes ethnies y ont cohabité entre le 3ème et le 10ème siècle. S’y succédèrent des Huns (confédération à dominante turcophone), des Gépides (germanophones), des Avars (autre confédération turcophone), des Slaves (slavonophones), des Bulgares (confédération à composantes iranienne et turque), des Iasses (Alains iranophones). Selon la Gesta Hungarorum, Gelou aurait été le premier dux des Valaques et des Slaves de Transylvanie, vaincu et tué par les Magyars au 10ème siècle en 900 ou 903, et son duché se serait soumis au traité d’Esküllő (aujourd’hui Aşchileu, au nord-ouest de Cluj), mais la fiabilité de cette source est contestée. Quoi qu’il en soit, à partir du 11ème siècle, les Magyars, peuple parlant une langue du groupe finno-ougrien venu du nord de la Mer Noire (pays d’Etelköz) et installés à la place des Avars au centre du bassin danubien, étendent progressivement leur emprise jusqu’aux chaîne des Carpates, y compris sur les montagnes de l’Est (massif du Bihor), puis sur ce qui devient alors la Transylvanie

[9] Les Petchénègues ou Petchenègues sont un peuple nomade d’origine turque qui apparaissent à la frontière sud-est de l’empire khazar au 8ème siècle. Ils s’installent au 10ème siècle au nord de la mer Caspienne. Selon la légende, ils constituent la tribu Peçenek des Oghouzes, issue de Dağ Han (« prince montagne »)

[10] Belgrade est la capitale et la plus grande ville de Serbie. Belgrade est l’une des plus anciennes cités d’Europe, avec une histoire qui s’étend sur plus de 7 000 ans. Selon les historiens, on évalue la destruction de la ville entre 28 et 33 fois, sa position stratégique en Europe étant son bonheur et son malheur

[11] La Bataille de Mogyoród a eu lieu entre Mogyoród et Cinkota le 14 mars 1074. Elle opposait d’un côté les fils de Béla 1er au roi Salomon 1er. Il s’agit d’un conflit d’allégeance, les premiers reprochant au titulaire du trône sa soumission au Saint Empire romain germanique. À l’issue de la bataille, Géza prend le contrôle du pays.

[12] L’ancienne ville de Pest forme depuis 1873 avec Óbuda et l’ancienne Buda (sur l’autre rive du Danube) la ville de Budapest. Ce toponyme désigne par extension les arrondissements de la rive orientale du fleuve et est même souvent utilisé comme diminutif de la capitale hongroise, Budapest.

[13] Moson est une ancienne commune rattachée en 1939 à la ville de Magyaróvár, dans le département de Győr-Moson-Sopron en Hongrie.

[14] Vác était une localité du département de Pest en Hongrie, jumelée avec Deuil-la-Barre en France, et que la Sublime Porte a rétrocédé à la Hongrie en 1606.

[15] Bratislava est la capitale de la Slovaquie indépendante depuis 1993, située dans le sud-ouest du pays, à proximité des frontières avec l’Autriche, la Hongrie et la Tchéquie d’une part et de la capitale autrichienne, Vienne, d’autre part. Au 10ème siècle, le territoire de Presbourg (qui deviendra plus tard Pozsony) fait partie de la Hongrie qui devient en l’an 1000, le royaume de Hongrie et devient un centre économique et administratif important à la frontière du royaume. La position stratégique de la ville fait d’elle le théâtre de nombreuses attaques et batailles, mais également lui apporte un développement économique et un statut politique. Les premiers privilèges de villes sont octroyés par le roi André III. Elle fut déclarée ville royale en 1405 par le roi de Hongrie Sigismond 1er du Saint Empire qui attribue à la ville le droit d’utiliser ses armoiries en 1436

[16] Hronský Beňadik ou Garamszentbenedek) est un village de Slovaquie situé dans la région de Banská Bystrica.

[17] Byzance est une ancienne cité grecque, capitale de la Thrace, située à l’entrée du Bosphore sous une partie de l’actuelle Istanbul. La cité a été reconstruite par Constantin 1er et, renommée Constantinople en 330, elle est devenue la capitale de l’Empire romain, puis de l’Empire romain d’Orient et enfin de l’Empire ottoman à partir de 1453 date de la prise de la ville par les Turcs. Elle fut rebaptisée Istanbul en 1930.

[18] Basileus signifie « roi » en grec ancien. L’étymologie du mot reste peu claire. Si le mot est originellement grec mais la plupart des linguistes supposent que c’est un mot adopté par les Grecs à l’âge du bronze à partir d’un autre substrat linguistique de Méditerranée orientale, peut-être thrace ou anatolien.

[19] La couronne de saint Étienne ou Sainte Couronne hongroise est un regalia, symbole de la monarchie hongroise et l’un des attributs de la souveraineté hongroise. Elle se nomme ainsi en référence à Étienne, premier roi de Hongrie. Elle a subsisté durant toute la période de l’Empire austro-hongrois, l’empereur étant alors à la fois empereur d’Autriche et roi de Hongrie. Elle apparaît dans les armoiries de la Hongrie et toujours visible sous la coupole du Parlement hongrois où elle est protégée par la garde républicaine.