Enguerrand IV de Coucy (vers 1228-1310)
Vicomte de Meaux
Sire de Coucy [1], seigneur de Montmirail [2] et de Crèvecœur [3], d’Oisy [4], de Marle [5], de La Fère [6], de Crépy [7] et de Vervins [8].
Fils cadet d’Enguerrand III et de Marie de Montmirail, il devient seigneur de Coucy à la mort de son frère Raoul II survenue le 6 avril 1250 lors de la bataille de Fariskur [9], en Égypte au cours de la septième croisade [10].
Il fit pendre sans jugement trois jouvenceaux flamands qui avaient été surpris chassant clandestinement dans la forêt de Coucy. Arrêté sur ordres du roi Saint Louis, il fut amené au château du Louvre [11] pour y répondre de cet acte de cruelle autorité, devant le roi et les grands du royaume.
Les parents et alliés d’Enguerrand se retirèrent sans vouloir se prononcer et le roi, resté seul, pardonna, à condition que pour réparation de sa faute, Enguerrand fasse des fondations pieuses et paierait la somme de 10 000 livres parisis [12] ; cette somme fut employée à construire l’hôpital de Pontoise [13], le cloître et les écoles des Dominicains de la rue Saint-Jacques et l’église des Cordeliers de Paris [14].
Il fut aussi condamné à servir quelque temps, à ses dépens, en Terre sainte, mais fut dispensé de cette promesse par Raoul II de Cierrey, évêque d’Évreux [15], qui avait reçu pouvoir du pape, à charge néanmoins de payer encore 12 000 livres. Il fut forcé de vendre de riches domaines, ce qui diminua l’importance de la seigneurie de Montmirail.
Enguerrand se marie avec Marguerite, la fille du comte Otton II de Gueldre et de Marguerite de Clèves , mais il n’a pas d’enfant de ce premier mariage.
Devenu veuf, il se remarie en 1288 avec Jeanne de Flandre, fille aînée de Robert de Béthune, comte de Flandre [16], et de Yolande de Bourgogne, comtesse de Nevers [17], et sœur de Robert de Cassel.
Il meurt en 1310 et est inhumé en l’abbaye Notre-Dame de Longpont [18] auprès de Marie de Montmirail et d’Oisy, sa mère et de Jean de Montmirail , son grand-père.
Quelque temps après la mort de son époux, Jeanne se retire en l’abbaye cistercienne du Sauvoir [19], au pied de la montagne de Laon [20], et elle y meurt abbesse, le 15 octobre 1334.
Enguerrand IV ne laissant point d’héritier, la puissante seigneurie de Coucy passe alors entre les mains de son neveu Enguerrand V. Ce dernier, fils d’ Arnould III de Guînes et d’Alix de Coucy, est le premier représentant de la seconde maison de Coucy. Lui-même et son fils, Guillaume 1er, sont quasiment inconnus en dehors de quelques mentions dans des textes officiels.
Notes
[1] Les seigneurs de Coucy appartiennent à une Maison noble du Vermandois, aux confins des Laonnois, Soissonnais et Valois, possédant le château fort de Coucy, en Hauts-de-France. Ils étaient probablement issus par les femmes des comtes carolingiens de Vermandois, les Herbertiens. Le premier château (motte castrale), édifié sur ordre de l’archevêque de Reims Hervé, demeura sans doute un domaine des archevêques ou de l’abbaye Saint-Remi de Reims jusqu’à la fin du 10ème siècle. La tradition dit que la terre de Coucy a pu être donné à l’Église de Reims par le roi Clovis, car l’évêque saint Rémi de Reims l’avait baptisé. Mais les évêques furent peu à peu évincés de fait par leurs puissants et remuants vassaux ou parents, châtelains puis seigneurs de Coucy. Le passage des archevêques du 10ème siècle à la Maison de Coucy du 11ème siècle, s’explique sans doute par les liens familiaux entre l’évêque Hugues et les comtes herbertiens de Vermandois au 10ème siècle.
Aux 11 et 12èmer siècles. Ce n’est pas une principauté territoriale ni une petite cellule seigneuriale de base, mais une baronnie, échelon féodal intermédiaire qui vient s’insérer peu à peu, avec des pouvoirs politiques, militaires et d’organisation de la société réels. Jusqu’au 14ème siècle, les Coucy s’imposent comme de puissants vassaux des comtes de Valois capétiens ou non, et ils s’allient par mariage avec les maisons royales de France, d’Angleterre et d’Écosse.
[2] La famille de Montmirail n’est pas bien connue mais est ancienne et remonterait au 11ème siècle. Certains historiens du 19ème siècle racontent que cette famille serait en fait originaire d’Île de France où un prénommé Gaucher, devenu possesseur de domaines dans la Brie, fait bâtir un fort auquel il donne son nom
[3] Crèvecœur-sur-l’Escaut est une commune française située dans le département du Nord
[4] Oisy-le-Verger est une commune française située dans le département du Pas-de-Calais. Sur le territoire de la commune se trouve un menhir datant du Néolithique appelé le Gros Caillou et qui fait l’objet d’un classement au titre des monuments historiques.
[5] Marle est une commune de France située dans le département de l’Aisne
[6] La Fère est une commune française située dans le département de l’Aisne. Ancien siège de l’École royale d’artillerie de La Fère, elle est connue pour abriter la statue de l’Artilleur qui ornait auparavant le pont de l’Alma de Paris.
[7] Crépy, anciennement « Crépy-en-Laonnois », est une commune française située dans le département de l’Aisne. Crépy est située à 32 km au sud-est de Saint-Quentin, à 53 km au nord-ouest de Reims et à trente kilomètres au nord-est de Soissons
[8] Vervins est une commune française située dans le département de l’Aisne. Au début du 12ème siècle, Vervins est une seigneurie appartenant à la famille de Coucy et relève du comté du Vermandois comme arrière-fief. Les Coucy resteront seigneur de Vervins pendant 5 siècles. À la mort du roi Charles VII, le 22 juillet 1461, son fils, Louis XI, venant du château de Genappe, passe par Vervins pour rejoindre Reims afin de recevoir le sacre. En septembre 1475, Louis XI revient à Vervins pour négocier et signer le traité dite les trêves marchandes avec les ambassadeurs de Charles le Téméraire. Il prévoit la livraison des places fortes comme Saint-Quentin au duc de Bourgogne tandis que le roi conserve des places fortes comme Marle. Il est prévu également le démantèlement des fortifications de Vervins, mais cette clause ne fut jamais appliquée.
[9] La bataille de Fariskur, le 6 avril 1250 durant la septième croisade, oppose les croisés français menés par le roi Louis IX à une armée mamelouk. Les croisés francs reculent depuis le succès limité de la bataille de Mansourah. Les Ayyoubides refusent les offres de paix, détruisent la flotte franque, isolent Louis IX et son armée. Les Kurdes (ayyoubides) sortent victorieux de la bataille de Fariskur, et Louis IX est capturé avec son armée. Par la capture du roi franc, cette bataille précipite la fin de la septième croisade.
[10] La septième croisade est la première des deux croisades entreprises sous la direction du roi Louis IX dit Saint Louis. Décidée par le roi en 1244, elle quitte le royaume de France en 1248 et aborde l’Égypte en 1249. Vaincue par les maladies, l’armée ne retrouve sa liberté qu’en 1250, et le roi de France passe les quatre années suivantes à mettre le royaume de Jérusalem en état de se défendre contre les Mamelouks. La croisade prend fin en 1254, avec le retour du roi en France après la mort de sa mère Blanche de Castille, qui assurait la régence du royaume pendant son absence.
[11] Le château du Louvre était un château fort construit par le roi Philippe-Auguste entre 1190 et 1202 pour renforcer l’enceinte qu’il avait construite autour de Paris pour protéger la ville. Il a été démoli par étapes pour laisser la place au palais du Louvre.
[12] 1 livre parisis = 1,25 livre tournois, 1 livre parisis équivaut à 8,27 g d’or fin, 10 000 livres parisis valent à peu près 285 000 francs or
[13] Pontoise est une commune française située sur la rive droite de l’Oise, à environ vingt-cinq kilomètres au nord-ouest de Paris. Chef-lieu du département du Val-d’Oise, la préfecture ne se situe pas au chef-lieu, mais dans la ville voisine de Cergy, depuis la création de la ville nouvelle de Cergy-Pontoise, ce qui constitue un cas unique en France métropolitaine. La ville abrite une des plus importantes cités judiciaires du pays et est le siège du diocèse de Pontoise, détaché de celui de Versailles en 1966. Riche de plus de 2000 ans d’histoire, capitale historique du Vexin français et ville majeure du royaume au Moyen Âge
[14] Église conventuelle construite au 13ème siècle, l’une des plus vastes du vieux Paris faisait partie de l’ensemble du grand couvent des Cordeliers de Paris avec un cloître et un collège. Les Cordeliers est le nom que prirent les Franciscains installés en France. Elle a été le siège pendant la Révolution du Club des Cordeliers. Elle a été rasée au cours du 19ème siècle.
[15] Le diocèse d’Évreux est un siège de l’Église catholique de France fondé sur le territoire du peuple gaulois des Aulerques Éburovices dans l’actuel département de l’Eure en Normandie. Le diocèse appartient à la province ecclésiastique de Rouen. Le premier évêque d’Évreux est saint Taurin, au 4ème siècle. L’évêque d’Évreux porte, entre autres, de droit les titres de comte de Condet, Illiers et Brosville.
[16] Le comté de Flandre a été un pagus carolingien, puis l’une des principautés du royaume de France, particulièrement impliquée dans les conflits franco-anglais, aux frontières et à l’influence durement disputées depuis sa création au 9ème siècle jusqu’en 1384, date de la mort du comte Louis de Male. Le comté, possédé par la Maison de Flandre de 863 jusqu’à la mort de la dernière comtesse, Marguerite de Constantinople, en 1280, puis par la Maison de Dampierre-Flandre, puis devenu l’une des possessions de la Maison capétienne de Bourgogne en 1385, devint alors l’un des principaux centres des États bourguignons. Après la Guerre de succession de Bourgogne il fut ensuite progressivement intégré aux Pays-Bas bourguignons et fut finalement détaché du royaume de France par le Traité de Madrid en 1526 en faveur des Habsbourg d’Espagne. Louis XIV en reconquit une partie sur les Espagnols. Le comté cessa d’exister en 1795 après la conquête des Pays-Bas autrichiens par les Français. Le territoire de ce comté correspond approximativement aux provinces belges actuelles de Flandre-Occidentale et de Flandre-Orientale, à l’ouest de la province de Hainaut (arrondissements de Tournai et Mouscron), plus la partie de la province d’Anvers située à l’ouest de l’Escaut, la Flandre zélandaise et la région historique de Flandre française (région de Lille, Dunkerque, Hazebrouck, Douai,…).
[17] Le comté de Nevers est un comté historique au centre de la France. Sa principale ville était Nevers. Il correspond sensiblement à l’ancienne province du Nivernais et au département moderne de la Nièvre.
[18] L’abbaye Notre-Dame de Longpont est une ancienne abbaye fortifiée cistercienne dont les ruines se dressent sur la commune de Longpont dans le département de l’Aisne. Elle fut fondée en 1131 par Bernard de Clairvaux à la demande de l’évêque de Soissons, Josselin de Vierzy.
[19] L’abbaye du Sauvoir était une abbaye de moniales cisterciennes, qui était située au sud d’Athies-sous-Laon, fondée en 1220 ou 1228, selon les sources, par l’évêque de Laon, Anselme, pour recevoir les religieuses n’ayant pu entrer à l’abbaye de Montreuil-les-Dames.
[20] Laon est une commune française, préfecture du département de l’Aisne. Ville fortifiée sur une colline, Laon possède de nombreux monuments médiévaux, des hôtels particuliers et des maisons des 16ème , 17 et 18ème siècles en grand nombre, notamment dans les rues Sérurier, Saint-Jean, Saint-Cyr ou Vinchon, véritables musées urbains.