D’abord humble page à la cour de la Maison Stuart [1], il sert loyalement le duc d’York au cours des années 1670 et au début des années 1680, gagnant promotions militaire et politique par son courage et son habileté diplomatique.
Son rôle dans la défaite de la rébellion de Monmouth [2] en 1685 contribue à l’accession de Jacques II au trône, mais il abandonne seulement 3 ans plus tard son mentor catholique pour les protestants hollandais et Guillaume d’Orange. Récompensé pour son aide à l’accession au trône de Guillaume III avec le comté de Marlborough [3], il se distingue dans les premières années de la guerre de Neuf Ans [4] ; cependant, la persistance du jacobitisme [5] provoque sa chute et son emprisonnement temporaire à la Tour de Londres [6]. Ce n’est qu’à l’arrivée sur le trône de la reine Anne, en 1702, que Marlborough atteint l’apogée de ses pouvoirs et s’assure gloire et fortune.
Son mariage avec Sarah Jennings, amie intime de la reine, lui assure en premier lieu le poste de Commandant en chef des forces britanniques, puis la transformation de son comté en duché. Devenu de facto chef de file des forces alliées pendant la guerre de Succession d’Espagne [7], ses victoires sur les champs de bataille de Blenheim [8] en 1704, Ramillies [9] en 1706, Audenarde [10] en 1708 et de Malplaquet [11] en 1709 lui permettent de rentrer dans l’histoire comme l’un des grands généraux d’Europe.
Cependant, la relation orageuse de son épouse avec la reine puis la mise à l’écart ultérieure de la cour, sont la cause de sa propre chute. Éloigné à son tour de la Cour par Anne et pris entre les partis Tory [12] et Whig [13], Marlborough, qui a apporté gloire et succès au règne, perd ses fonctions et s’exile. Il retourne en Angleterre et retrouve de l’influence avec l’arrivée au pouvoir de la Maison de Hanovre et l’avènement de George 1er à la couronne britannique en 1714, mais à la suite d’une série d’attaques cérébrales sa santé se détériore progressivement et il meurt le 16 juin 1722, à Cumberland Lodge [14].
L’ambition insatiable de Marlborough l’a propulsé de l’obscurité au devant de la scène dans les affaires britanniques et européennes, faisant de lui le plus riche de tous les sujets d’Anne. Ses liens familiaux lui ont apporté un réseau de relations sur la scène européenne, sa sœur Arabella Churchill est devenue la maîtresse de Jacques II, et leur fils, leduc de Berwick, l’un des plus grands maréchaux de Louis XIV. Tout au long des 10 campagnes consécutives de la guerre de Succession d’Espagne, Marlborough a réussi à former et tenir une coalition discordante par la seule force de sa personnalité, permettant aux armées britanniques d’atteindre un niveau qu’elles ne connaissaient plus depuis le Moyen Âge. Même s’il ne peut obtenir la capitulation totale de ses ennemis, ses victoires permettent de promouvoir la Grande-Bretagne au statut de grande puissance, lui assurant ainsi une prospérité croissante au cours du 18ème siècle.
Fils de Winston Churchill et d’Elisabeth. On sait peu de chose de l’enfance de John Churchill. Le fait de grandir dans des conditions difficiles à Ashe, avec des tensions familiales, a peut-être laissé une marque durable sur le jeune Churchill.
Après la restauration du roi Charles II en 1660, la situation financière de l’aîné des Churchill s’améliore même si elle reste loin de la prospérité. En 1661, Winston devient député de Weymouth et, comme marque de la faveur royale, il est récompensé pour les pertes qu’il a subies lors de la lutte contre les Parlementaires pendant la guerre civile. Ainsi est-il nommé Commissaire aux revendications territoriales irlandaises à Dublin [15] en 1661.
Quand Winston part pour l’Irlande l’année suivante, John est inscrit à l’école gratuite de The King’s Hospital à Dublin mais, en 1664, à la suite du rappel de son père au poste de greffier subalterne affecté au contrôle de la maison du roi à Whitehall [16], John se retrouve à l’école St-Paul de Londres [17]. La mauvaise situation financière du roi fait que les anciens Cavaliers reçoivent peu d’argent en récompense de leur fidélité, mais le monarque est prodigue avec ce qu’il peut offrir et qui ne lui coûte rien : des postes à la cour pour leur progéniture. C’est ainsi que, en 1665, Arabella devient dame d’honneur de Anne Hyde, la duchesse de York, rejointe quelques mois plus tard par son frère John, en tant que page de son mari, Jacques, duc d’York.
La passion du duc d’York pour les armées terrestres et navales déteint sur le jeune Churchill. Il accompagne souvent le duc lors de ses inspections des troupes dans les parcs royaux et envisage très vite de devenir lui-même soldat. Le 14 septembre 1667, il obtient un poste d’enseigne dans la compagnie du roi, la 1ère Garde qui deviendra plus tard les Grenadier Guards [18]. Sa carrière s’accélère quand, en 1668, Churchill s’embarque pour Tanger [19], avant-poste de l’Afrique du Nord récemment obtenu par la dot de l’épouse portugaise de Charles II, Catherine de Bragance . Loin des fastes de la Cour, Churchill y passe 3 ans, effectuant ses premières classes de formation tactique et d’expérience du terrain lors d’escarmouches avec les Maures [20].
De retour à Londres, en février 1671, ses traits et ses manières attirent rapidement l’attention dévorante de l’une des maîtresses les plus célèbres du roi, Barbara Villiers dite Barbara Palmer , duchesse de Cleveland [21]. Sa liaison avec cette séductrice insatiable s’avère dangereuse. On raconte qu’une fois, à l’arrivée du roi, Churchill a juste le temps de sauter du lit de sa maîtresse et de se cacher dans un placard, mais le roi, lui-même expérimenté en la matière, découvre le jeune Churchill qui tombe rapidement à ses genoux. L’histoire est peut-être apocryphe une autre version raconte que Churchill sauta par la fenêtre, mais il est largement admis qu’il a été le père de Barbara, la fille de la duchesse, née le 16 juillet 1672.
En 1672, Churchill prend à nouveau la mer et, le 7 juin, lors de la bataille de Solebay [22] contre la Marine néerlandaise au large du Suffolk [23], son comportement valeureux à bord du Prince lui vaut d’être promu capitaine du régiment de l’Amirauté. L’année suivante, Churchill gagne encore une citation élogieuse lors du siège de Maastricht [24] après s’être distingué avec un commando de 30 hommes qui vont, successivement, prendre et défendre avec succès une partie de la forteresse. Le roi Louis XIV en personne salue l’acte. Churchill acquiert une réputation enviable de courage physique ainsi que l’estime des soldats.
Même si la majorité parlementaire britannique anti-française a forcé l’Angleterre à se retirer de la guerre franco-néerlandaise en 1674, quelques régiments anglais sont restés au service des Français. En avril, Churchill est nommé colonel d’un de ces régiments qui, par la suite, servent avec le maréchal de Turenne.
Churchill est présent à la bataille de Sinsheim [25] en juin 1674 et à celle d’Ensheim [26] en octobre ; il semble aussi qu’il ait été présent à la bataille de Salzbach [27] en juillet 1675, bataille où Turenne est tué. Pendant ces campagnes, il perfectionne son art militaire au contact du maréchal français.
À son retour au palais Saint James [28], Churchill a son attention attirée vers d’autres sujets et notamment un nouveau visage à la Cour. Sarah Jennings a environ 15 ans quand Churchill revient du continent en 1675 et il semble avoir été presque immédiatement captivé par ses charmes et ses bonnes manières. Elle reçoit, paraît-il, les lettres d’amour de Churchill avec beaucoup de méfiance. Comme sa première maîtresse, Barbara Villiers, a transféré sa résidence à Paris, Sarah nourrit des doutes sur les intentions de Churchill. Cependant, la cour persistante au cours des mois suivants lui permet finalement de remporter le cœur de la belle et pauvre demoiselle d’honneur. Winston Churchill aurait désiré que son fils épouse la riche Catherine Sedley probablement pour alléger la fardeau de sa dette mais le colonel Churchill épouse discrètement Sarah dans le courant de l’hiver 1677/1678.
Lorsque le gouvernement du comte de Danby entreprend un changement politique, le pays se prépare à entrer en guerre avec la France.
En avril 1678, Churchill, accompagné de son ami et homme politique montant, Sidney Godolphin , part pour La Haye [29] afin de négocier une convention sur le déploiement de l’armée anglaise en Flandre. La première intervention du jeune diplomate dans la gestion des affaires publiques est couronnée de succès. Cela lui permet d’entrer en contact avec Guillaume, Prince d’Orange qui est très impressionné par sa finesse, sa courtoisie et ses aptitudes à la négociation.
Mais, en raison des tractations secrètes de Charles II avec Louis XIV, la mission finit par avorter. En mai, Churchill est nommé au grade temporaire de général de brigade, mais les espoirs d’action sur le continent se révèlent illusoires, les factions belligérantes cherchant la paix et signant le traité de Nimègue [30].
Lorsque Churchill retourne en Angleterre à la fin de 1678, il constate des changements importants dans la société anglaise. Le pseudo complot papiste fabriqué par Titus Oates et visant à exclure le duc d’York, catholique, de l’accession au trône d’Angleterre, vaut un bannissement et un exil temporaire au futur Jacques II.
Churchill est obligé de le suivre, d’abord à La Haye puis à Bruxelles [31], avant d’obtenir la permission de s’installer à Édimbourg [32]. Ce n’est qu’en 1682, après la victoire complète de Charles II sur ses adversaires que le duc d’York peut revenir à Londres. Pour ses services au cours de la crise, Churchill est fait Lord Churchill d’Eyemouth dans la pairie d’Écosse, le 21 décembre 1682 et, l’année suivante, le 19 novembre, il est nommé colonel du régiment de la garde royale des dragons.
Pendant leur séjour à Edimbourg, Sarah a donné naissance à Henriette le 19 juillet 1681.
Churchill reprend la vie à la Cour avec enthousiasme. En juillet 1683, on l’envoie sur le continent pour conduire le prince Georges de Danemark en Angleterre pour son mariage arrangé avec la princesse Anne, âgée de 18 ans, la fille cadette du duc d’York. Anne ne perd pas de temps en nommant Sarah parmi ses dames de compagnie. Pour sa part, Churchill traite la princesse avec une affection respectueuse et s’attache véritablement à elle. À partir de ce moment-là, les Churchill se détachent de plus en plus du cercle catholique de Jacques et se rapprochent de la princesse.
À la mort de Charles II en 1685, son frère, le catholique duc d’York, devient roi sous le nom de Jacques II. À la suite de cette succession, James Churchill est nommé gouverneur de la Compagnie de la Baie d’Hudson [33]. Il est également confirmé gentilhomme de la chambre en avril et admis à la pairie d’Angleterre en tant que baron Churchill de Sandridge dans le comté de Hertford, en mai, ce qui lui donne ainsi un siège à la Chambre des Lords. Toutefois, le nouveau Parlement est dominé par la rébellion, menée en Écosse par le comte d’Argyl Archibald Campbell et en Angleterre par le fils illégitime de Charles II, le duc de Monmouth, qui, encouragé par les mécontents et divers conspirateurs Whigs exilés pour leur rôle dans le complot raté de Rye-House [34], est prêt à prendre ce qu’il considère être son bien : la couronne d’Angleterre.
Or, à cette époque, 7 hommes décident d’inviter la fille aînée de Jacques II et son mari, le stathouder protestant néerlandais, Guillaume, Prince d’Orange, à envahir l’Angleterre et prendre le trône. Les signataires de la lettre incluent des whigs, des tories et l’évêque de Londres, Henry Compton . Guillaume n’a pas besoin d’encouragement supplémentaire. Même si Churchill n’a pas signé l’invitation il fait part de ses intentions à Guillaume par le biais de son principal contact anglais à La Haye. Churchill, comme beaucoup d’autres, est à la recherche du moment opportun pour lacher Jacques II.
Guillaume débarque à Torbay [35], le 5 novembre 1688 et, de là, conduit son armée à Exeter [36]. Les forces de Jacques II s’installent à Salisbury [37], mais peu de ses officiers supérieurs cherchent à combattre.
Promu au grade de lieutenant-général le 7 novembre, Churchill est encore aux côtés du roi, mais en affichant de grands transports de joie en apprenant la désertion de lord Cornbury, il conduit Feversham à demander son arrestation. Churchill lui-même encourage ouvertement à la désertion pour défendre la cause orangiste alors que Jacques II continue à hésiter. Il est bientôt, trop tard pour agir. Après la réunion du conseil de guerre dans la matinée du 24 novembre, Churchill, accompagné de quelque 400 officiers et soldats, se glisse hors du camp royal et se dirige vers Guillaume à Axminster [38]. Il a laissé derrière lui une lettre d’excuses et d’auto-justification.
Dans la nuit, la princesse Anne accompagnée de Sarah s’enfuit de Londres et va se réfugier à Nottingham [39].
Lorsque le roi voit qu’il n’a même pas pu retenir Churchill il se désespère. Jacques II se réfugie en France, emmenant avec lui son fils héritier. Sans coup de feu ou presque, Guillaume, l’époux de Marie, fille aînée de Jacques II qui a refusé la couronne pour elle-même, devient roi après avoir du accepter la Déclaration des droits [40].
Dans le cadre des promotions lors du couronnement de Guillaume et de Marie, Churchill est fait comte de Marlborough le 9 avril 1689, assermenté au Conseil privé et promu gentilhomme de la Chambre du roi.
Cependant, ces promotions provoquent des rumeurs accusatrices de la part des partisans de Jacques II, qui reprochent à Marlborough d’avoir honteusement trahi son ancien roi à des fins personnelles ; Guillaume lui-même émet quelques réserves sur l’homme qui a abandonné Jacques II.
Le premier acte officiel de Marlborough est d’aider à la rénovation de l’armée. Le pouvoir de confirmer ou de mettre à la retraite des officiers et des hommes lui donne la possibilité de se construire un réseau de favoris qui lui sera utile au cours des deux décennies suivantes. La tâche est urgente, car moins de 6 mois après le départ de Jacques II, l’Angleterre entre en guerre contre la France dans le cadre d’une puissante coalition visant à réduire les ambitions de Louis XIV.
Cependant après Walcourt [41], la popularité de Marlborough s’estompe. Guillaume III et Marie se méfient de l’influence du couple Marlborough, confidents et partisans de la princesse Anne.
Pourtant, pour le moment, le choc des tempéraments est éclipsé par des événements plus pressants en Irlande où Jacques II a débarqué en mars 1689 pour tenter de retrouver son trône. Lorsque Guillaume part l’affronter en Irlande en juin 1690, Marlborough est devenu commandant de toutes les troupes et milices en Angleterre et a été nommé membre du Conseil des Neuf chargé de conseiller Marie sur les questions militaires en l’absence du roi, mais Marie fait peu d’effort pour dissimuler son dégoût à cette nomination.
La victoire de Guillaume III à la bataille de la Boyne [42] le 1er juillet 1690, oblige Jacques II à abandonner son armée et à fuir vers la France. En août, Marlborough part pour l’Irlande afin d’y conduire sa première expédition [43]. C’est un projet hardi, novateur, visant à perturber les voies d’approvisionnement jacobite, un de ces projets que le Comte conçoit et exécute avec un succès exceptionnel. Cork [44] tombe le 27 septembre et Kinsale [45] suit à la mi-octobre. Si la campagne ne met pas fin à la guerre en Irlande, comme l’espèrait Marlborough, elle lui enseigne l’importance de la précision, de la logistique, de la nécessité de coopération et de tact lorsqu’on travaille aux côtés d’autres hauts commandants alliés. Il lui faudra, cependant, 10 ans avant de se retrouver en charge d’une autre mission équivalente.
Guillaume III reconnaît les qualités de Marlborough comme soldat et stratège mais refuse de lui attribuer l’Ordre de la Jarretière [46] et de le nommer commandant en chef de l’artillerie, ce qui ulcére l’ambitieux comte et Marlborough qui ne cache pas sa déception.
Profitant de son influence au Parlement et dans l’armée, Marlborough y attise le mécontentement contre le roi, lui reprochant ses préférences à nommer des commandants étrangers et voulant ainsi l’obliger à changer de comportement.
Mais, conscient de cela, Guillaume commence à son tour à faire part ouvertement de sa méfiance à l’égard de Marlborough.
À partir de janvier 1691, Marlborough se met en relation avec les partisans de Jacques II exilé au château de Saint-Germain-en-Laye. Il est désireux d’obtenir le pardon de l’ancien roi qu’il a abandonné en 1688, pardon essentiel pour le succès de sa future carrière dans le cas, pas tout à fait impossible, d’une restauration jacobite. De son côté, Jacques II a maintenu le contact avec ses partisans en Angleterre qui ont pour objectif principal de le rétablir sur le trône.
Guillaume III est au courant des contacts de Marlborough et d’autres de ses sujets, comme Godolphin et le duc de Shrewsbury Charles Talbot , mais il considère leurs doubles-jeux davantage comme une politique de précaution que comme un soutien explicite à l’ancien Régime.
Marlborough ne souhaite pas une restauration jacobite, mais Guillaume, conscient de ses qualités militaires et politiques, sait le danger que peut représenter le comte.
Au retour de Guillaume et Marlborough d’une campagne sans incident dans les Pays-Bas espagnols en octobre 1691, leurs relations se détériorent encore. En janvier 1692, la Reine, irritée par les intrigues de Marlborough au Parlement, dans l’armée et même avec Jacques II à Saint-Germain-en-Laye, ordonne à Anne de congédier Sarah de sa maison, ce qu’Anne refuse.
Ce conflit personnel, précipite la chute de Marlborough. Le 20 janvier, le comte de Nottingham Daniel Finch, secrétaire d’État, ordonne à Marlborough de rendre tous ses postes et sièges, tant civils que militaires, et lui demande de se considérer comme congédié et interdit à la Cour. Aucune raison ne lui est donnée, mais les sympathisants de Marlborough sont scandalisés.
Le printemps de 1692 apporte de nouvelles menaces d’une invasion française et de nouvelles accusations de trahison jacobite. Agissant sur le témoignage d’un certain Robert Young, la Reine fait arrêter tous les signataires d’une lettre visant au rétablissement de Jacques II et à l’arrestation de Guillaume III.
Marlborough, figurant parmi les signataires, est enfermé à la Tour de Londres le 4 mai. Il y reste pendant 5 semaines et son angoisse est aggravée par la nouvelle de la mort de son fils cadet Charles, le 22 mai. Les lettres de Young se révèlent finalement être des faux et Marlborough est libéré le 15 juin, mais il continue sa correspondance avec Jacques.
Depuis plusieurs mois, les Alliés ont planifié une attaque sur Brest [47]. Les Français ont reçu des renseignements sur un assaut imminent, ce qui permet aumaréchal de Vauban de renforcer les défenses et la garnison de la ville. Inévitablement, l’attaque du 18 juin, dirigée par Thomas Tollemache s’achève par un désastre, la plupart de ses hommes sont tués ou capturés et Tollemache lui-même meurt de ses blessures peu après.
Bien que les preuves manquent, les détracteurs de Marlborough affirment que c’est lui qui a alerté l’ennemi.
La mort de Marie, le 28 décembre 1694 aboutit finalement à une réconciliation officielle mais dépourvue de la moindre chaleur entre Guillaume III et Anne, désormais héritière du trône. Marlborough espère que le rapprochement aboutira à son propre retour en grâce mais, si lui et Lady Marlborough sont autorisés à revenir à la Cour, le comte ne reçoit pas d’affectation.
En 1696, Marlborough, avec Godolphin, Edward Russell et Shrewsbury, se retrouve encore une fois impliqué dans un complot en faveur de Jacques II, cette fois lancé par le militant jacobite John Fenwick . Les accusations sont finalement rejetées comme pure fabrication de Fenwick qui est exécuté mais ce n’est qu’en 1698, un an après le traité de Ryswick mettant fin à la guerre de la Ligue d’Augsbourg, que la page est définitivement tournée et que les relations entre Guillaume et Marlborough s’améliorent.
Sur recommandation de Lord Sunderland Robert Spencer , Guillaume finit par offrir à Marlborough un poste de gouverneur du duc de Gloucester Guillaume de Danemark , le fils aîné d’Anne. Il lui rend également son poste au Conseil privé, avec son grade militaire. Lorsque Guillaume part pour la Hollande en juillet, Marlborough est l’un des membres de la Haute Cour de Justice chargé de diriger le pays en son absence, mais il lui est difficile de concilier ses convictions conservatrices avec celles de serviteur dévoué du roi.
Avec la mort du roi Charles II d’Espagne, infirme et sans descendance, le 1er novembre 1700, se pose le problème de la succession au trône d’Espagne et du contrôle ultérieur de son empire. Une fois de plus, l’Europe va se lancer dans la guerre : la guerre de Succession d’Espagne. En effet, sur son lit de mort, Charles II a légué son royaume au petit-fils de Louis XIV, Philippe duc d’Anjou. L’union des royaumes espagnols et français sous la coupe de la maison de Bourbon est une menace inacceptable pour l’Angleterre, la République néerlandaise et l’empereur germanique du Saint Empire, Léopold 1er, qui revendique pour lui-même le trône d’Espagne.
Se rendant compte que sa santé se détériore et connaissant l’influence du comte sur la future reine, la princesse Anne, Guillaume III décide d’attribuer à Marlborough une place centrale dans les affaires européennes. Il l’envoie à La Haye pour le représenter, commander les forces armées britanniques et négocier l’organisation d’une nouvelle coalition pour s’opposer à la France et à l’Espagne.
Le 7 septembre 1701, le traité de la Deuxième Grande Alliance [48] est dûment signé par les représentants anglais, germanique et néerlandais. Il veut contrecarrer les ambitions de Louis XIV et la puissance des Bourbons. Cependant Guillaume ne verra pas la déclaration de guerre de l’Angleterre. Le 8 mars 1702, le roi, déjà en mauvaise santé, meurt des suites de blessures consécutives à un accident de cheval. Sa belle-sœur Anne est immédiatement proclamée reine.
Soucieux de récompenser Marlborough pour ses talents de diplomate et de guerrier en Irlande et sur le continent, Anne en fait le commandant en chef de l’artillerie, un chevalier de l’ordre de la Jarretière et le capitaine général de ses armées en Angleterre et à l’étranger. Comme Lady Marlborough a été promue groom of the stole [49], les Marlborough, ont désormais des responsabilités correspondant à leur rang et jouissent d’un revenu annuel conjoint de plus de 60 000 £ et d’une influence sans égale à la Cour.
Le 4 mai 1702, l’Angleterre déclare officiellement la guerre à la France. Marlborough reçoit le commandement des forces anglaises, hollandaises et impériales alors qu’il n’a pas encore commandé de grande armée et a une expérience bien moindre que la douzaine de généraux hollandais ou impériaux qui doivent maintenant travailler sous ses ordres. Son commandement a toutefois ses limites.
Néanmoins, malgré la lassitude initiale de ses alliés, le duc a bien commencé la campagne des Pays-Bas espagnols, principal théâtre de cette guerre de Succession. Après avoir repoussé les troupes du maréchal de Boufflers, il s’empare de Venlo [50], Roermond [51], Stevensweert [52] et Liège [53], ce qui lui vaut en décembre la reconnaissance publique de la Reine. Il est promu duc de Marlborough.
La Reine attribue à son favori le domaine de Woodstock [54] et lui promet la construction en ce lieu d’un palais commémoratif de sa grande victoire de Blenheim. Mais, depuis son accession au trône, ses relations avec Sarah se sont progressivement distendues.
Le duc et la duchesse ont vu grandir leurs pouvoirs notamment en raison de leur intimité avec Anne, mais les attaques incessantes de la duchesse contre les conservateurs [55] la coupe de la Reine dont les inclinations naturelles vont vers les conservateurs, fervents partisans de l’Église d’Angleterre. Pour sa part, Anne, maintenant Reine, n’est plus l’adolescente timide que domine si facilement sa belle amie ; elle est fatiguée du harcèlement politique auquel Sarah la soumet, tout comme de ses façons de plus en plus hautaines et qui finiront par détruire leur amitié et saper la situation de son mari.
Pendant la marche du duc sur le Danube [56], l’empereur Léopold 1er propose à Marlborough de le faire prince du Saint Empire romain en lui offrant la petite principauté de Mindelheim [57]. La reine accepte la récompense mais, après les succès de 1704, la campagne de 1705 apporte peu de raisons de satisfaction sur le continent. Le projet d’invasion de la France par la vallée de la Moselle est abandonné, obligeant le duc à se retirer vers les Pays-Bas. Bien que Marlborough ait percé les lignes de Brabant à Eliksem [58] en juillet, l’indécision des Alliés et les considérables hésitations néerlandaises entièrement centrées sur la sécurité de leur pays d’origine, empêchent le duc de pousser son avantage.
Les premiers mois de 1706 s’avèrent également frustrants pour le duc car les généraux de Louis XIV remportent leurs premiers succès en Italie et en Alsace. Ces revers contrecarrent les plans originaux de Marlborough pour la campagne à venir, mais il ne tarde pas à ajuster ses projets et à marcher vers le territoire ennemi.
La bataille de Ramillies, aux Pays-Bas espagnols, le 23 mai, est peut-être la plus réussie de Marlborough, et une au cours de laquelle il a lui-même tiré son épée au moment décisif mais aussi une où il a vu la mort de près. En effet, au moment où son écuyer l’aide à monter à cheval, un boulet de canon français lui passe entre les jambes et tue son écuyer.
Alors que Marlborough combat aux Pays-Bas, une série de rivalités personnelles va être en partie à l’origine du renversement général de sa situation. Les Whigs, qui sont les principaux partisans de la guerre, menacent le poste de Godolphin. Comme condition pour soutenir le gouvernement lors de la prochaine session parlementaire, ils demandent un partage du pouvoir avec la nomination d’un membre éminent de leur Junte, le comte de Sunderland le beau-fils de Marlborough, au poste de Secrétaire d’État. La reine, qui déteste Sunderland et la Junte et qui refuse d’être dominée par un parti unique, s’y oppose farouchement, mais Godolphin, de plus en plus dépendant de l’aide whig, a peu de marge de manœuvre. En plus de Sarah au comportement peu diplomatique qui revient sans cesse à la charge, Godolphin presse la Reine de se soumettre aux exigences des Whigs. En désespoir de cause, Anne finit par céder et Sunderland reçoit son affectation ; cependant, les relations entre Godolphin, Sarah et la reine ont pris un coup sévère et Anne commence à se tourner de plus en plus vers une nouvelle favorite, cousine de Sarah, Abigail Masham.
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Après sa victoire à Ramillies, Marlborough retourne en Angleterre et par acclamation du Parlement, voit ses titres et biens concédés à ses héritiers, hommes ou femmes.
Toutefois, le succès des Alliés est suivi, en 1707, par une reprise de la guerre par les armées françaises sur tous les fronts avec un retour à des querelles politiques et une incapacité de décision au sein de la Grande Alliance. La Grande guerre du Nord manque également d’avoir de graves conséquences.
Les Français espèrent amener Charles XII, roi de Suède, à attaquer l’Empire au sujet de la succession de la Pologne, mais par une visite au quartier-général du roi à Altranstädt [59], Marlborough, en bon diplomate, aide à apaiser Charles XII et à prévenir son intervention dans la guerre de succession d’Espagne. Néanmoins, d’importants revers en Espagne, à Almansa [60] et le long du Rhin dans le sud de l’Allemagne, causent beaucoup de soucis à Marlborough et rendent les Néerlandais encore moins coopératifs, mettant leur veto aux plans du duc pour toute action d’envergure aux Pays-Bas. La défaite duprince Eugène à Toulon [61], met fin à tout espoir de gagner la guerre cette année-là.
À son retour, Marlborough se retrouve en pleine tempête politique, les critiques du gouvernement portant sur la conduite générale de la guerre.
Les revers militaires de 1707 continuent dans les premiers mois de 1708 avec les chutes de Bruges [62] et de Gand [63] passées à la France ; cependant, l’arrivée sur le théâtre de la guerre du prince Eugène, son co-commandant de Blenheim redonne le sourire à Marlborough. Réconforté par la confiance sans faille du prince, il veut reprendre l’initiative stratégique. Son plan est une répétition de la double invasion de l’année précédente, cette fois en portant le coup principal aux Pays-Bas.
Après une marche forcée, les Alliés franchissent l’Escaut [64] à Audenarde [65] au moment où l’armée française, sous les ordres du maréchal de Vendôme et du duc de Bourgogne, la passent plus au nord avec l’intention d’assiéger la place. Marlborough, ayant retrouvé sa confiance en lui, prend des mesures décisives pour les affronter. Sa victoire à la bataille d’Audenarde [66], le 11 juillet 1708, démoralise l’armée française en Flandres. Une fois encore, Malborough a démontré sa vision globale du terrain et de l’organisation, ainsi que sa connaissance aiguë de l’ennemi.
Malgré toutes les difficultés d’un siège en hiver, la campagne de 1708 a été un succès remarquable pour les Alliés, nécessitant des compétences supérieures en logistique et organisation.
Alors que Marlborough reçoit les honneurs sur le champ de bataille, les Whigs, en phase ascendante, éconduisent les derniers conservateurs du gouvernement. Marlborough et Godolphin, désormais coupés de la reine Anne, doivent désormais se conformer aux décisions du gouvernement whig, tandis que les conservateurs se réjouissent de la chute de leurs anciens dirigeants. Pour aggraver la situation, Sarah, poussée par sa haine envers Harley et Abigail, a finalement conduit la reine à rompre avec elle, Sarah ayant détruit ce qui restait de leur amitié. Cependant la Reine lui laisse son poste à la Cour par nécessité, car elle ne veut pas que cette disgrâce nuise à son mari victorieux à la tête des armées.
Marlborough reprend la guerre aux Pays-Bas en juin 1709. Après avoir empêché le maréchal de Villars de prendre la ville de Tournai [67], le 3 septembre, les Alliés portent leur attention sur Mons [68], déterminés à maintenir une pression sur les Français. Obéissant aux ordres directs d’un Louis XIV complètement désespéré et lui demandant de sauver la ville, Villars avance le 9 septembre 1709 sur le petit village de Malplaquet et s’y retranche.
Deux jours plus tard, les forces ennemies s’affrontent. Sur le flanc gauche des Alliés, le prince d’Orange lance l’infanterie néerlandaise dans des charges désespérées sans autre résultat que de la voir taillée en pièces. Sur le flanc droit, Eugène attaque à son tour et peine presque aussi sévèrement. Néanmoins, devant la résistance rencontrée sur ses ailes, Villars se voit contraint d’affaiblir son centre et permet à Marlborough d’y effectuer une percée, autorisant ce dernier à revendiquer la victoire.
Les Français croient que Malborough a été tué pendant le combat et composent une chanson à ce sujet sur un air ancien. Le duc s’empare de Mons le 20 octobre, mais à son retour en Angleterre, ses ennemis utilisent le chiffre des victimes de Malplaquet pour salir sa réputation.
Les élections générales en octobre voient une augmentation de popularité des Tories et une victoire pour la politique de paix. Marlborough reste cependant à la tête de l’armée. La Junte vaincue, les Néerlandais, le prince Eugène et l’Empereur, le prient de rester pour leur cause commune, tandis que les nouveaux ministres, sachant qu’ils ont à préparer une autre campagne, l’obligent à maintenir la pression sur l’ennemi jusqu’à ce qu’ils aient pris leurs propres dispositions pour la paix.
Le duc, beaucoup plus mince et beaucoup changé, retourne en Angleterre en novembre. Ses relations avec Anne ont subi de nouveaux revers au cours des derniers mois. Marlborough rencontre Anne, le 17 janvier 1711 en une dernière tentative pour sauver sa femme, mais elle ne se laisse pas influencer et exige que Sarah abandonne sa Clé d’Or [69] dans les 2 jours.
Malgré toute cette agitation et sa santé déclinante, Marlborough revient à La Haye à la fin février pour se préparer à ce qui va être sa dernière et l’une de ses plus grandes campagnes. Une fois de plus, Marlborough et Villars s’affrontent,
Pour Marlborough, toutefois, le temps s’est écoulé. Ses gains stratégiques de 1711 font qu’il est pratiquement certain que les Alliés marcheront sur Paris l’année suivante, mais Harley n’a pas l’intention de laisser la guerre aller aussi loin, ce qui risquerait de compromettre les conditions favorables obtenues lors de pourparlers secrets anglo-français qui ont eu lieu tout au long de l’année.
Marlborough a depuis longtemps des doutes quant à la politique Whig, mais il est peu disposé à abandonner ses alliés et se met du côté des Whigs pour s’opposer à ces préliminaires de paix.
Les prières personnelles de la Reine, depuis longtemps fatiguée de la guerre, ne réussissent pas à convaincre le duc. L’électeur de Hanovre indique clairement que lui aussi est contre les propositions et prend publiquement parti pour les Whigs. Néanmoins, Anne reste ferme et, le 7 décembre 1711, elle est en mesure d’annoncer que, tout autant l’heure que le lieu sont venus pour l’ouverture d’un traité de paix générale.
Pour éviter la reprise de la guerre au printemps, le gouvernement anglais juge indispensable de remplacer Marlborough par un général plus proche de lui et moins en contact avec les Alliés.
Les moyens destinés à achever Marlborough sont déjà en œuvre lorsque le gouvernement lance une Commission parlementaire « pour recueillir, examiner et statuer sur les comptes publics du Royaume », afin de rechercher de possibles irrégularités dans la gestion de la guerre.
La Commission parlementaire de la Chambre des communes porte deux chefs d’accusation contre Marlborough : d’abord, elle affirme que, depuis plus de 9 ans, il a reçu illégalement plus de 63 000 £ de la part des entreprises d’approvisionnement et de transport aux Pays-Bas, en deuxième lieu, qu’il a prélevé 2,5 % sur les salaires des troupes étrangères à la solde de l’Angleterre soit 280 000 £. Malgré les réfutations de Marlborough, les résultats sont assez concluants pour qu’Harley persuade la Reine de relever son capitaine-général de ses fonctions.
Le 29 décembre 1711, avant que les accusations ne soient examinées par le Parlement, Anne, qui lui doit le succès et la gloire de son règne, lui envoie une lettre mettant fin à ses fonctions Les Alliés sont abasourdis par le licenciement de Marlborough. Les Français, cependant, se réjouissent de la suppression de l’obstacle principal aux pourparlers de paix anglo-français tenus tout au long de 1712.
Après avoir assisté aux funérailles de Godolphin, le 7 octobre, il part en exil sur le continent, le 1er décembre 1712
Marlborough est bien accueilli et fêté par les habitants et dans les cours d’Europe où il est non seulement considéré comme un grand général mais aussi comme prince du Saint Empire romain. Sarah le rejoint en février 1713, et est ravie quand, en arrivant à Francfort [70] au milieu du mois de mai, elle voit que les troupes sous le commandement du prince Eugène témoignent au duc tous les égards auxquels il aurait droit s’il avait été encore en fonction. Le duc rejoint également sa principauté de Mindelheim qui va revenir ensuite, comme il le suspecte, à la Bavière à l’issue des négociations de paix.
Tout au long de ses voyages, Marlborough reste en contact étroit avec la cour de Hanovre, déterminé à assurer une succession hanovrienne sans effusion de sang à la mort d’Anne. Il maintient également une correspondance avec les jacobites. L’esprit de l’époque voit sans mal l’amitié continue que Marlborough témoigne à son neveu le duc de Berwick, fils naturel de Jacques II et de sa sœur Arabella. Mais ses engagements contre une restauration jacobite, ne lèvent pas tous les soupçons des Hanovre et, peut-être, l’empêchent d’occuper un premier rôle comme conseiller du futur George 1er.
Les représentants de la France, la Grande-Bretagne et la République de Hollande signent le traité de paix d’Utrecht, le 11 avril 1713. Marlborough en exil se tient bien informé des événements et reste un personnage puissant sur la scène politique, notamment en raison de l’attachement personnel que la Reine lui porte toujours.
Après la mort de sa fille Élisabeth de la variole en mars 1714, Marlborough contacte la Reine. Bien que le contenu de la lettre soit inconnu il est possible qu’Anne l’ait laissé revenir chez lui. Quoi qu’il en soit, il semble qu’un accord soit conclu pour rétablir le duc dans ses anciennes fonctions.
La période de prédominance d’Oxford est maintenant arrivée à son terme et Anne se tourne vers Bolingbroke, et Marlborough pour prendre les rênes du gouvernement et assurer une succession en douceur. Mais sous le poids de la lourde charge, la santé de la Reine, déjà fragile, se détériore rapidement et, le 1er août 1714 le jour où Marlborough revient en Angleterre elle meurt. Le Conseil privé proclame aussitôt l’électeur de Hanovre roi d’Angleterre.
Les jacobites ne peuvent agir, ce que Daniel Defoe appelle la « solidité de la constitution » a triomphé et les régents choisis par George préparent son arrivée.
Marlborough est reçu avec la plus grande cordialité par le roi. Ce dernier ne lui a pas entièrement pardonné son flirt avec Saint-Germain et a l’intention de ne faire appel qu’à ses capacités militaires. Ainsi, reconduit dans ses fonctions de capitaine-général, maître général de l’artillerie et colonel de la Garde, Marlborough est redevenu une personne influente et respectée à la Cour.
Le retour du duc en grâce auprès de la Maison de Hanovre lui permet de diriger les troupes lors de la révolte des jacobites à Londres en 1715 [71]. Mais sa santé décline et, le 28 mai 1716, peu après la mort de sa fille Anne Spencer , comtesse de Sunderland [72], il est victime d’une congestion cérébrale à Holywell Chamber.
En 1719, le duc et la duchesse peuvent s’installer dans l’aile Est du palais inachevé, mais Marlborough aura seulement 3 ans pour en profiter. Pendant son séjour à Windsor Lodge en juin 1722 peu après son 72ème anniversaire, il est victime d’une autre congestion. le 16 juin, il meurt en présence de sa femme et de ses deux filles. Il est d’abord enterré dans un caveau à l’extrémité est de la chapelle de Henri VII à l’abbaye de Westminster [73], mais, selon les instructions laissées par Sarah, qui ne décèdera qu’en 1744, sa dépouille sera transférée à ses côtés sous la voûte de la chapelle de Blenheim.