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Charles II d’Espagne dit l’Ensorcelé

mardi 14 octobre 2014 (Date de rédaction antérieure : 12 septembre 2014).

Charles II d’Espagne dit l’Ensorcelé (1661-1700)

Roi des Espagnes, des Indes, de Naples, de Sardaigne et de Sicile-Duc de Bourgogne et de Milan-Souverain des Pays-Bas entre 1665 et 1700

Charles II en armure, par Juan Carreño de Miranda, 1681.Charles naît au palais de l’alcazar de Madrid. Il n’est pas le premier enfant de son père, Philippe IV, qui a déjà eu plusieurs filles, ni le premier fils vivant, puisque Juan José d’Autriche est son aîné, mais il est le premier fils légitime, son frère Baltasar Carlos étant mort depuis 1646. Il est donc l’héritier attendu par le roi d’Espagne avec sa seconde épouse légitime, Marie-Anne d’Autriche .

Proclamé roi en 1665 à l’âge de 4 ans, sous la tutelle de sa mère Marie-Anne d’Autriche, il fut sans cesse gouverné par sa mère, puis par Juan José d’Autriche fils bâtard de Philippe IV, par sa femme, Marie Louise d’Orléans , et par ses ministres.

La faiblesse de son pouvoir fut la cause de la décadence de la maison de Habsbourg en Espagne. Les guerres soutenues contre la France se soldèrent par des déroutes successives, perte de la Franche-Comté à la suite de la paix de Nimègue en 1678, perte du Luxembourg avec la trêve de Ratisbonne de 1684, invasion française de la Catalogne en 1691.

Son incapacité à avoir un héritier fut la cause de graves conflits de succession dans les années qui précédèrent et suivirent sa mort, qui mit un terme définitif au règne de la Maison de Habsbourg sur les couronnes d’Espagne.

Hors d’Espagne, les cours européennes ne font que peu de cas du jeune Charles II, dont l’état maladif augure d’une succession rapide et ouverte.

L’Espagne est alors en butte aux appétits des rois européens, en particulier le roi de France, Louis XIV. De plus, l’Espagne est alors déjà engagée dans la guerre de Restauration portugaise, et y consacre une grande partie de son potentiel militaire. La France se rapproche de Jean IV , roi portugais de la maison de Bragance, et signe le 31 mars 1667 une alliance offensive.

Ayant épousé l’infante Marie-Thérèse, fille aînée de Philippe IV, en 1660, Louis XIV forma des prétentions en son nom sur plusieurs provinces espagnoles, sous le nom de Traité des droits de la Reine Très-Chrétienne, qui s’appuie essentiellement sur le droit de dévolution, une vieille coutume du Brabant, d’après laquelle les enfants d’un premier mariage en l’occurrence, Marie-Thérèse sont les seuls héritiers de leurs parents au détriment des enfants nés d’un second mariage en l’occurrence, Charles II. Il y réclamait la cession du duché de Brabant, de la seigneurie de Malines, d’Anvers, de la Gueldre supérieure, de Namur, du Limbourg, avec les places du Hainault, de l’Artois, de Cambrai, du duché de Luxembourg, d’une partie de la Flandre et enfin toute la Franche-Comté.

En 1667 éclate la guerre de Dévolution entre la France et l’Espagne, soutenue par les Provinces-Unies et l’Angleterre. Afin de ne pas avoir à se battre sur 2 fronts, la monarchie espagnole se décida à mettre fin à la guerre de Restauration et reconnut l’indépendance du Portugal par le traité de Lisbonne [1], signé le 12 février 1668. Cela n’empêche pas Louis XIV de remporter de brillantes victoires dans les Pays-Bas espagnols, où il occupe les places de Lille et Douai en particulier, et en Franche-Comté, qui est conquise en 2 semaines.

Les négociations entre les 2 monarchies s’ouvrent à Aix-la-Chapelle, le Jean-Baptiste de Brouchoven comte de Bergeyck représentant l’Espagne. Le traité d’Aix-la-Chapelle, signé le 2 mai 1668, reconnaît la perte de Furnes, Bergues, Courtrai, Oudenarde, Menin, Armentières, Lille, Douai, Tournai, Ath, Binche et Charleroi au profit de la France, qui rend cependant la Franche-Comté.

À l’ouverture du testament de Philippe IV, un membre du conseil de régence était déjà mort. Le cardinal Baltasar Moscoso y Sandoval s’était éteint quelques heures seulement avant le roi. La reine confia au cardinal Pascual d’Aragon le poste laissé vacant, tandis que le poste d’Inquisiteur général était donné à un proche de la reine, le cardinal Johann Eberhard Nithard .

L’accession du jésuite à cette dignité ne fut obtenue qu’avec difficulté par la reine, qui dut pousser Pascual d’Aragon à accepter l’archevêché de Tolède, puis obtenir la naturalisation de Nithard qui, étant étranger, ne pouvait espérer devenir Inquisiteur général, gagner le vote des villes de Castille, et enfin obtenir l’approbation du pape Alexandre VII , dans la mesure où, en tant que jésuite, Nithard ne pouvait pas obtenir une charge politique sans le consentement papal. Il le reçut par bulle le 15 octobre 1666.

La mort de Philippe IV plaçait la reine Marie-Anne d’Autriche au cœur du pouvoir. Elle s’appuya d’abord sur son confesseur, le jésuite Johann Eberhard Nithard, qui l’avait suivie en 1649 lorsqu’elle avait quitté la cour de Vienne pour Madrid. Il exerçait une grande influence sur elle dans le domaine spirituel, mais aussi dans le domaine politique. Son influence grandissante à la cour d’Espagne lui permit de se comporter comme un véritable valido [2].

L’action de Nithard fut assez maladroite, ses décisions au conseil d’État étant d’inspiration plus théologique que politique, comme l’interdiction des représentations théâtrales en Espagne. Il fut le créateur de l’éphémère Guardia Chamberga, garde chargée de la protection du roi entre 1669 et 1676. Il développa un réseau de fidèles, nommant ses amis dans les conseils de gouvernement espagnols. Mais confronté aux difficultés financières grandissantes de la monarchie espagnole, il fut incapable de mettre en œuvre une politique ambitieuse de réformes des impôts : ses projets de contribution unique furent abandonnés.

Dans les milieux proches du pouvoir, les oppositions à Nithard ne manquaient pas. La noblesse espagnole s’opposait à la promotion d’un homme qu’elle considérait comme un parvenu. La conjoncture politique de l’époque, où la position de ministre-favori était sujette à de nombreuses critiques, sa faible extraction, son ambition affichée et ses liens privilégiés avec la reine lui valurent des critiques nombreuses. Son principal opposant fut Juan José d’Autriche : âgé de 36 ans, fils bâtard de Philippe IV d’Espagne reconnu par son père, il avait participé aux guerres en Italie, en Catalogne, dans les Flandres et au Portugal, il espérait obtenir une reconnaissance de la reine, mais celle-ci intrigua pour le faire envoyer en exil. En réaction, il rejoignit l’opposition au gouvernement de la régente qui fait assassiner l’un de ses serviteurs.

Juan José d’Autriche prit alors la tête d’un soulèvement en Aragon et en Catalogne en 1669 et obtint le renvoi de Nithard en 1669, mais dut toutefois se contenter de la vice-royauté de l’Aragon.

La reine est alors assez isolée. Elle a peu de fidèles, les principaux étant l’amiral de Castille et le comte d’Oropesa. Elle choisit comme nouveau favori, Fernando de Valenzuela, issu de la petite noblesse. Le nouveau valido veut mettre en œuvre un plan de modernisation, en commençant par l’amélioration de la production agricole, qui passe par l’augmentation des rendements agricoles, la baisse des taxes sur les produits de première nécessité et le renforcement du réseau routier.

Sur le plan des relations extérieures, Valenzuela pousse Charles II à prendre sa revanche sur Louis XIV. Le 30 août 1673, l’Espagne, aux côtés des Provinces-Unies, de l’Autriche, et de la Lorraine, forme la Grande alliance de La Haye contre la France.

Les opérations militaires de la guerre de Hollande tournent au désastre : en 1674, Louis XIV envahit la Franche-Comté, occupe Besançon et Dole. L’Italie se soulève et Messine se révolte en 1675 avec le soutien des Français.

L’année suivante, la flotte espagnole est systématiquement battue lors des batailles d’Alicudi, d’Agosta et de Palerme, laissant le contrôle de la Méditerranée occidentale aux Français.

Pour augmenter le nombre de ses fidèles, Valenzuela multiplie les offices vénaux et augmente les dépenses liées au fonctionnement de la cour, afin de donner l’image du faste de la monarchie.

Parallèlement, Valenzuela cherche à se rapprocher des amis de Juan José d’Autriche, afin de l’isoler. Il se rallie le prince d’Astillano, le duc d’Alburquerque, les marquis de Castromonte, Villalobos et Falces, le comte de Galve frère du duc de Pastrana et fidèle de Juan José d’Autriche, le duc de Medinaceli, le comte de Montijo, Melchor Portocarrero Lasso de la Vega, le comte de la Monclova et le comte de Baños.

Mais dès 1675, Juan José d’Autriche reforme autour de lui un groupe de partisans, composé de tous ceux que le valido de la reine a écartés, le duc d’Albe, le comte de Monterrey , le cardinal Luis Fernández de Portocarrero et son oncle, le cardinal Pascual de Aragón. À ce groupe s’adjoignent d’autres déçus du ministre, dont le comte de Medellín, comte d’Ayala, et le marquis de Castel Rodrigo. Alors que la date de majorité de Charles II s’approche, la reine cherche à éloigner Juan José d’Autriche et l’envoie en Italie, avec le titre de vice-roi, afin de réprimer la révolte qui se développe à Messine depuis un an, mais le frère bâtard du roi retarde son départ. Le 6 novembre 1675, jour de sa majorité, le roi confirme le départ de Juan José d’Autriche pour l’Italie, tandis que la reine continue à diriger un conseil de gouvernement pour au moins 2 ans. Valenzuela, cependant, doit s’éloigner quelques mois à Grenade, où il devient capitaine général de la ville.

En avril 1676, il rentre à la cour, où il retrouve titres, honneurs et postes ?, intendant général aux finances, grand écuyer et premier ministre. Le 2 décembre 1676, il ajoute à son récent titre de marquis celui de Grand d’Espagne. Cette ascension trop rapide le fait détester.

Le 15 décembre, un manifeste signé par 24 nobles et grands circule dans Madrid, demandant l’emprisonnement immédiat de Valenzuela et appelant Juan José d’Autriche à prendre place aux côtés du roi. À Saragosse, Juan José d’Autriche prend la tête de troupes qui défendent la frontière contre la France et se dirige vers la capitale. Il entre dans Madrid le 23 janvier 1677 et obtient la soumission de la reine, tandis que le valido se réfugie au monastère de l’Escorial.

Juan José d’Autriche parvient à se faire choisir premier ministre, tandis que la reine Marie-Anne abandonne la cour pour se fixer à l’alcazar de Tolède. Le nouveau valido tire Valenzuela du monastère de l’Escorial, le fait juger et condamner pour prévarication, vente d’offices publics et vol de cent millions de réaux à l’exil aux Philippines.

Mais Juan José d’Autriche ne peut tenir les espoirs mis en lui. Dès 1677, les mauvaises récoltes, la disette et les poussées de peste lui font perdre l’appui du peuple. Il exerce une surveillance implacable sur la population de Madrid, ce qui lui permet d’éviter toute révolte. En septembre 1679, Juan José d’Autriche meurt à Madrid.

En 1679, le roi, âgé de 18 ans, épouse Marie Louise d’Orléans, nièce de Louis XIV. Le mariage ne donna pas d’enfant, malgré les pèlerinages nombreux de la reine. Elle mourut finalement en 1689, laissant le roi dans un état dépressif. Il se remaria 6 mois plus tard avec Marie-Anne de Neubourg , fille de l’électeur palatin du Rhin, Philippe Guillaume de Neubourg , et sœur d’ Éléonore de Neubourg épouse de l’empereur Léopold 1er . Elle fut choisie à cause de la fertilité des femmes de sa famille. Les relations avec sa nouvelle épouse furent particulièrement orageuses, cause du mauvais caractère de la reine. La plupart des courtisans espagnols haïssaient Marie-Anne, en partie parce qu’elle usait de tout son pouvoir pour obtenir de l’argent pour sa famille palatine et pour elle-même, allant jusqu’à voler des tableaux des collections royales. Le couple resta, par ailleurs, stérile.

À partir de 1680, Charles II, incapable de gouverner seul, fait appel au duc de Medinaceli . La crise financière, la déflation qui mine l’économie espagnole acculent la monarchie à la banqueroute et le favori du roi à la démission.

Charles II fait appel au comte d’Oropesa, qui le conseille de 1685 à 1691 et de 1695 à 1699. Il concentre ses efforts sur le rétablissement des finances, qui souffrent de la crise économique de la Castille et du tarissement de l’or américain. La nouvelle surintendance générale aux finances royales est confiée au marquis de Vélez.

Malgré l’échec du surintendant à redresser la situation, cela marque une première étape vers les réformes de Philippe V . D’un autre côté, Charles II est fortement marqué par les superstitions religieuses. En 1683, il préside sur la plaza Mayor de Madrid le plus grand autodafé organisé par l’Inquisition espagnole : 120 personnes y participent, dont 21 périssent dans les flammes.

Les mauvaises récoltes de l’année 1698 provoquèrent une forte révolte frumentaire à Madrid le 28 avril, la Motín de los Gatos [3]. Les émeutiers se calmèrent au moment où Charles II accepta de paraître à la foule depuis son palais. Les principales victimes de cette émeute furent le valido du roi, le comte d’Oropesa, et le corrégidor [4] de Madrid, Francisco de Vargas, membres du parti autrichien, favorable au candidat habsbourg pour la succession. Ils furent remplacés par le cardinal Fernández de Portocarrero, nouveau premier ministre, et le corrégidor Francisco Ronquillo, membres du parti bourbon.

Sur le plan extérieur, la guerre contre la France tourne en déroute. En 1677, les Espagnols reculent aux Pays-Bas, perdant les places de Valenciennes, Cambrai, Saint-Omer, Cassel, Bailleul et Ypres : l’Artois et une partie du comté de Flandre sont aux mains des Français. Le 17 septembre 1678, l’Espagne accepte la paix de Nimègue [5], cédant une partie des Pays-Bas et la Franche-Comté.

Mais dès 1680, Louis XIV se lance dans une politique de Réunions, afin d’arrondir ses territoires, profitant de la faiblesse espagnole. Il annexe deux villes espagnoles, Courtrai en 1683 et Luxembourg en 1684. La même année, il contraint l’Espagne à l’humiliante trêve de Ratisbonne [6]. À partir de 1686, l’Espagne se joint, avec l’empereur, les princes du sud de l’Allemagne et la Suède à la ligue d’Augsbourg, dont le but est une union défensive contre les ambitions françaises.

En avril 1689, l’Espagne se joignit à ses alliés et déclara la guerre à la France.

Les Pays-Bas espagnols devinrent une zone clé de la guerre. Les forces espagnoles furent défaites à Fleurus en 1690, tandis que les villes de Mons et Hal tombèrent en 1691, Namur en 1692, Huy et Charleroi en 1693. La défense des Pays-Bas reposait alors presque entièrement sur les Néerlandais. En 1690, Guillaume III fit même remplacer le gouverneur espagnol, le marquis de Gastañaga , par l’électeur de Bavière.

Dans la péninsule ibérique, les combats se concentrèrent en Catalogne. En 1689, le duc de Noailles, Anne-Jules de Noailles et les troupes françaises apportèrent leur soutien à une révolte contre Charles II commencée en 1687. Exploitant la situation, il captura Camprodon [7] le 22 mai, avant d’être repoussé par le Carlos de Gurrea Aragón y Borja,duc de Villahermosa .

En 1693, le duc de Noailles revint en Catalogne et s’empara de Rosas. L’année suivante, le duc de Noailles écrasa les troupes espagnoles du duc d’Escalona à la bataille de la rivière Ter, ce qui lui permit de mettre la main sur Palamós et Gérone. Barcelone menacée, les Alliés furent obligés de mener des opérations lointaines en Méditerranée afin d’aider Charles II. Le roi nomma le marquis de Gastañaga gouverneur-général de Catalogne, tandis que les Alliés envoyaient de nouveaux renforts sous le commandement du prince Georges de Hesse-Darmstadt , un cousin de la reine d’Espagne.

À partir de 1695, la situation se renversa en faveur des Alliés. Namur et Huy furent reconquises par les forces néerlandaises et impériales. En Catalogne, en Rhénanie et dans les Pays-Bas, les troupes de Louis XIV ne tenaient leurs positions qu’avec difficulté. Dès 1697, les adversaires acceptèrent de se rencontrer à Ryswick en vue de mettre fin au conflit. Mais les combats continuèrent en Catalogne. les forces françaises menées par le Louis-Joseph de Vendôme, duc de Vendôme s’emparèrent de Barcelone, après la capitulation de la garnison du prince Georges de Hesse-Darmstadt.

Pour obtenir les faveurs de Madrid sur la question de la succession d’Espagne, Louis XIV rendit la plupart de ses conquêtes à l’Espagne. Selon les termes du traité de Ryswick [8], Charles II récupérait la Catalogne, mais aussi les principales villes des Pays-Bas (Luxembourg, Mons, Coutrai, Charleroi et Ath). L’Espagne dut cependant reconnaître l’autorité de la France sur la partie occidentale de l’île de Saint-Domingue.

Charles II n’ayant pas de descendance, sa succession posait problème : la généalogie désignait en effet comme héritier le Dauphin, fils de sa défunte sœur aînée Marie-Thérèse, épouse du Roi de France Louis XIV. Plusieurs pays étrangers dont la France et l’Autriche commencèrent leurs manœuvres pour placer un prince de leur lignée.

l’Autriche défendait les droits de succession de l’ archiduc Charles de Habsbourg afin de récupérer l’héritage des Habsbourg. En effet, l’empereur Léopold Ier est fils d’une princesse espagnole, Marie-Anne d’Espagne, sœur de Philippe IV et tante de Charles II. D’un second mariage avec une princesse allemande, Eléonore de Neubourg, Léopold a deux fils, dont le cadet est Charles.

Mais Louis XIV manœuvra habilement pour empêcher la reconstitution de l’empire de Charles Quint et pour convertir l’Espagne en un territoire satellite, soutenant la candidature de son petit-fils, Philippe d’Anjou.

Charles II, prévoyant l’inquiétude que suscitait un accroissement de la puissance française, envisagea une solution qui ne favorisait ni la France ni l’Autriche et désigna un héritier plus jeune à sa succession : le duc Joseph-Ferdinand de Bavière , fils de l’électeur de Bavière et dernier petit-fils de Marguerite-Thérèse d’Autriche, sœur de Charles II. Né en 1692, il fut désigné comme héritier et élevé au rang de prince des Asturies. Entre-temps, les grandes puissances européennes entrèrent en négociation, et conclurent en 1698 à un démembrement des États espagnols, l’archiduc Charles de Habsbourg recevrait le Milanais, le Grand Dauphin, recevrait Naples, la Sicile, la Toscane et la Sardaigne, tandis que Joseph-Ferdinand de Bavière hériterait de l’Espagne, des Pays-Bas espagnols et de l’empire colonial.

La mort prématurée de Joseph-Ferdinand de Bavière à l’âge de 7 ans, en 1699, bouleversa les projets de Charles II et des autres puissances européennes. Les grandes puissances s’accordèrent sur de nouveaux partages. Finalement, en 1699, de nouvelles négociations conclurent à un démembrement, l’archiduc Charles recevrait l’Espagne, les Pays-Bas espagnols et les colonies, le duc de Lorraine recevrait le Milanais, le Grand Dauphin aurait Naples, la Sicile, la Toscane, le Guipuscoa et la Lorraine.

Face aux menaces de démembrement, Charles II choisit comme héritier Philippe d’Anjou. En effet, par la paix de Ryswick de 1697, Louis XIV avait fait des concessions à l’Espagne. De plus, Charles II se refusait au partage de ses États entre les couronnes française et autrichienne. Préférant qu’un seul héritier conserve l’ensemble des territoires espagnols, il juge Louis XIV le plus capable de défendre les États de son successeur.

Le testament de Charles II est connu à Madrid le 2 novembre 1700. Le testament parvint à Fontainebleau le 9 novembre. Il inquiète les Anglais, mécontente les Autrichiens et embarrasse Louis XIV. Le 16 novembre, Louis XIV accepte le testament de Charles II et fait de son petit-fils le futur roi d’Espagne Philippe V.

Le marquis de Torcy,Jean-Baptiste Colbert de Torcy , ministre des Affaires Étrangères, annonça que les monarchies de France et d’Espagne demeureraient distinctes, mais le 1er février 1701, le Parlement de Paris conserva les droits à la couronne de France de Philippe V. L’empereur Léopold Ier contesta immédiatement les droits de Philippe V à la succession et refusa de reconnaître la validité du testament de Charles II. Ainsi débuta une longue guerre de Succession (1701-1714) où s’affrontèrent les partisans de l’archiduc Charles, appuyé par l’Autriche, l’Angleterre, le Portugal, les Provinces-Unies, la Prusse, la Savoie et Hanovre contre ceux de Philippe V qui, soutenu par la France, s’imposa finalement comme roi d’Espagne.

P.-S.

Source : Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Wikipédia en espagnol intitulé « Carlos II de España »/ Le petit mourre dictionnaire d’histoire universelle édition Bordas 2004 p 235

Notes

[1] Après soixante ans de tutelle espagnole (1580-1640) suivies de plusieurs années de bataille militaires et diplomatiques, le traité de Lisbonne, signé le 12 février 1668 par l’Espagne et le Portugal, reconnaît l’indépendance du Portugal. Par la signature du traité de Lisbonne, l’Espagne met fin à la guerre qui l’oppose au Portugal et reconnaît son indépendance. Le roi Philippe II d’Espagne avait annexé le Portugal en 1580. Près d’un siècle plus tard, le pays recouvre définitivement son autonomie. Ce traité fut signé grâce à la médiation du roi Charles II d’Angleterre.

[2] Un favori est la personne qui tient le premier rang dans les bonnes grâces de quelqu’un.

[3] révolte des Chats

[4] Les corrégidors sont des fonctionnaires royaux espagnols. Leur fonction s’est développée durant le règne des Rois Catholiques même si cette institution fut créée vers 1348. Ces fonctionnaires sont les représentants du pouvoir royal dans des petites villes ou villages, mais ils ont aussi un rôle de contrôleur lors des procès organisés dans leurs juridictions.

[5] Le traité de Nimègue fut signé le 10 août 1678 à Nimègue (actuels Pays-Bas) entre les Provinces-Unies et la France. Il mit fin à la guerre de Hollande.

[6] La trêve de Ratisbonne est un accord signé en 1684 entre le roi de France Louis XIV et l’empereur Léopold Ier. Dès la fin de la guerre de Hollande, Louis XIV de France se lance dans la politique des Réunions. Pour ce faire, le roi s’appuie sur les parlements des cités frontalières comme, par exemple, ceux de Metz ou de Besançon, qui forment des commissions, les Chambres de réunion.

[7] Camprodon est une commune d’Espagne dans la communauté autonome de Catalogne, province de Gérone, de la comarque du Ripollès.

[8] Les traités de Ryswick signés les 20-21 septembre 1697 à Ryswick, ville hollandaise des faubourgs de La Haye, mirent fin à la guerre de la Ligue d’Augsbourg entre Louis XIV et la Grande Alliance.