Né à Valladolid, il est le 3ème enfant et le premier fils du roi Philippe III et de son épouse, l’archiduchesse Marguerite d’Autriche . Il est baptisé 7 semaines plus tard, en l’église conventuelle de San Pablo à Valladolid, avec pour parrain un des favoris de son père, le duc de Lerme .
À l’approche de la mort de Philippe III se multiplièrent les intrigues de palais, les courtisans se disputant les faveurs du futur roi, le prince des Asturies Philippe.
En 1618 intervint la disgrâce du duc de Lerme, au profit du duc de Uceda .
Philippe III s’éteignit le 31 mars 1621, à la suite d’une fièvre contractée en 1619, au retour d’un voyage au Portugal, où il avait fait reconnaître le prince des Asturies comme héritier de la couronne portugaise.
Au lendemain de la mort de Philippe III, Olivares entreprit de constituer une faction proche du pouvoir royal en s’appuyant sur son oncle, Baltasar de Zúñiga . Celui-ci fut nommé premier ministre par Philippe IV, en lieu et place du duc d’Uceda : la faction d’Olivares avait gagné.
Dès le 10 avril 1621, le roi accorda à Olivares, suivant la formule consacrée, la dignité de Grand d’Espagne. Lorsque Baltasar de Zúñiga mourut en 1622, il en fit son principal valido et ministre.
Les toutes premières années du règne de Philippe IV virent le renforcement de la prééminence des Habsbourgs en Europe, mais les guerres constantes qu’il dut mener conduisirent au déclin de la monarchie espagnole.
Dès 1626, le refus de la Catalogne de collaborer à l’Union des Armes amena un conflit avec le pouvoir central.
La guerre contre la France accrut encore les tensions entre la Généralité de Catalogne et le gouvernement central, les troupes espagnoles et italiennes, combattant contre les Français dans le Roussillon, causèrent des désordres et des destructions importantes. Le 7 juin 1640, jour de la fête du Corpus Christi, entrèrent dans Barcelone entre 400 et 500 travailleurs agricoles appelés segadors [1], qui provoquèrent des émeutes.
Les tensions entre la monarchie espagnole et la Généralité s’intensifièrent, jusqu’à la rupture au mois de septembre, la Généralité de Catalogne proclama la République catalane, puis, en janvier 1641, proclama Louis XIII, roi de France, comte de Barcelone et souverain de Catalogne.
Le 26 janvier, à la bataille de Montjuïc [2], une armée franco catalane défendit Barcelone avec succès contre l’armée de Philippe IV, dirigée par le marquis de los Vélez. Les troupes espagnoles étaient chassées de Catalogne pour 10 ans.
En Aragon, face à l’augmentation des impôts, la noblesse locale réagit en proclamant un nouveau roi en la personne du duc de Hijar . Mais les troupes espagnoles étouffèrent la révolte et le duc de Hijar fut consigné sur ses terres, sans pouvoir en sortir, même pour participer aux Cortes d’Aragon.
Au Portugal, la noblesse se rebiffa contre les projets d’Olivares, voyant menacées la séparation politique et administrative de l’État portugais garantie en 1580, l’autonomie financière des territoires portugais et enfin les colonies portugaises d’Asie et d’Amérique, attaquées par les Provinces Unies depuis la reprise de la guerre.
En décembre 1640, une conspiration nobiliaire proclama le duc de Bragance roi de Portugal sous le nom de Jean IV , qui l’accepta le 1er décembre. Ce fut le début d’une guerre longue de 28 ans, appelée “guerre d’Acclamation” ou “de Restauration de l’Indépendance”. Ayant obtenu l’appui de l’Angleterre et de la France et conclu la paix avec les Provinces-Unies, il repoussa l’armée espagnole.
L’Andalousie, enfin, fut également agitée de troubles indépendantistes. En 1641, le marquis de Ayamonte et le duc de Medina Sidonia organisèrent une conspiration, s’appuyant sur le mécontentement général de la noblesse et de la population andalouses. Le but était de créer un nouvel État, dirigé par le duc. Cette révolte, quoique soutenue par le Portugal, fut promptement écrasée.
Philippe IV, à son retour du front de Catalogne où il avait encore connu la défaite devant Lérida [3] en 1642, ordonna le 23 janvier 1643, à Madrid, le bannissement d’Olivares. Les projets d’union furent en grande partie abandonnés, l’Espagne continuant à être dirigée comme un ensemble de royaumes distincts.
L’autonomie de chaque territoire fut ainsi réaffirmée et renforcée, s’appuyant sur le retour aux coutumes et lois de chaque territoire.
Après la chute de son ministre, Philippe IV décida de gouverner seul, avant de reprendre en 1643 pour valido le neveu de Olivares, Luis de Haro , qui eut une influence plus limitée cependant. Le roi bénéficia également des conseils d’une mystique espagnole, María de Ágreda , avec laquelle il eut une longue correspondance
En mai 1643 eut lieu la bataille de Rocroi qui vit la fin de la période de suprématie des tercios sur les champs de bataille européens.
Les positions de Philippe IV ayant connu leur creux en 1643, le roi se lança à la reconquête de la Catalogne. En 1644, il récupéra Monzón et Lérida, où il jura obéissance aux lois catalanes. En 1648, le traité de Westphalie permit de fermer plusieurs fronts ; seule la France restait en guerre contre l’Espagne.
Connaissant le mécontentement croissant de la population catalane contre l’occupation française, Philippe IV décida d’attaquer et en 1651 une armée dirigée par Juan José d’Autriche commença un siège de Barcelone.
L’armée française se rendit en 1652 au roi lui-même, mais garda le Roussillon, possession conservée par la France au traité des Pyrénées de 1659. Philippe IV fut reconnu comme souverain et Juan José comme vice-roi en Catalogne. Le roi de son côté signa l’obéissance aux lois catalanes, et pu porter son attention sur le Portugal.
Les Portugais, très unis autour de Jean IV, fournirent un énorme effort, payant les lourds impôts de guerre refusés en bien moindre quantité à Olivarès peu auparavant. Le Portugal mit ainsi en place en peu de temps un formidable dispositif militaire reposant sur un ensemble de forteresses construites sur le modèle de Vauban et un système coordonné d’armées capables de surveiller les frontières ou de résister à une invasion et des milices régulières confiées aux fidalgos [4] de province.
Ainsi, dès 1644, les forces portugaises lancèrent des incursions. Matias de Albuquerque conquit la ville de Montijo [5] en Estrémadure, puis, le 26 mai 1644, remporta la bataille de Montijo. De son côté le comte de Cantanhede prit l’importante place-forte castillane de Valencia de Alcántara [6]. Philippe IV chercha à réagir, mais l’armée espagnole fut successivement battue aux batailles d’Elvas [7], le 14 janvier 1659, Ameixial [8], le 8 juin 1663, Castelo Rodrigo [9], le 7 juillet 1664, et Montes Claros [10], le 17 juin 1665. Le Portugal resta indépendant. Mais même ayant perdu le Portugal, Philippe IV conserva son titre de Rey de todas las Españas [11].
Le royaume de Naples fut également agité, par des émeutes frumentaires en 1647. Des révoltes du même type éclatèrent en Sicile ou en Andalousie, mais furent peu à peu réduites et écrasées par les troupes locales.
Aux débuts du mois de septembre 1665, le roi commença à se sentir mal. Il s’éteignit le 17 du même mois, après de grandes souffrances dues à la maladie. Il fut enterré dans la crypte royale de l’église de l’Escorial.
Philippe IV compte parmi les plus grands mécènes et les plus grands collectionneurs de son temps. Il fut, très jeune, sensible aux arts et à leur protection. Il fit venir à la Cour le jeune Vélasquez, à peine âgé de 20 ans, le soutint tout au long de sa carrière et l’anoblit, comme il protégea la plupart des peintres espagnols de son époque. Il commanda des œuvres importantes à de nombreux artistes également étrangers, comme le Flamand Rubens, le Français Nicolas Poussin, le Lorrain Claude Gellée ou encore l’Italien Massimo Stanzione .
Philippe IV fut également un grand collectionneur, certainement le plus grand du 17ème siècle. Il acheta de nombreux tableaux anciens, notamment à la vente des biens du feu roi Charles 1er d’Angleterre, son beau-frère, ou à la succession de Rubens. Il accumula les tableaux de Raphaël, Mantegna, Dürer, le Titien, le Tintoret , Poussin, réunissant au total plus de 800 toiles.
Le roi fut aussi un protecteur des écrivains et protégea Lope de Vega, Pedro Calderón de la Barca et d’autres écrivains. On lui attribue d’ailleurs la composition de plusieurs pièces de théâtre.
Dans le domaine architectural, il entama la construction du palais du Buen Retiro [12], à Madrid.