Déclaré roi à la mort de son père Henri IV, le 14 mai 1610, sacré à Reims le 12 octobre 1614, année où il fut proclamé majeur, Louis XIII est élevé par Gilles de Souvré , Françoise de Montglat et le médecin Jean Héroard . S’il aime la musique avec passion, comme la vénerie et la fauconnerie, il n’a que faire de l’histoire ou des mathématiques.
S’il aime la vie brutale et rude des campements militaires, il est souvent malade. Pudique, il est misogyne et la beauté de jeunes hommes comme Charles d’Albert, duc de Luynes, Henri Coiffier de Ruzé d’Effiat marquis de Cinq-Mars ou celle des frères Cadenet le trouble.
Personnage sévère et ombrageux, dont la personnalité tranchait avec celle de son père, le roi Henri IV. Pendant toute la minorité de Louis XIII, sa mère Marie de Médicis assure une régence désastreuse, secondée par le couple Concini. Le 12 juillet 1610, Concini entre au conseil des Finances et le 26 janvier 1611 Sully remet sa démission. Le 19 novembre 1612, Concini devient maréchal de France [1].
En octobre 1614, c’est la fin officielle de la régence de Marie de Médicis. En pratique, la reine mère gouverne cependant toujours, flanquées des Concini. Marie de Médicis mène une politique pro espagnole qui culmine avec le mariage de Louis XIII avec l’infante d’Espagne Anne d’Autriche.
En novembre 1615, Une partie des protestants se révolte. Le 28 novembre 1615 à lieu le mariage du roi avec Anne d’Autriche. Louis XIII finit enfin par se débarrasser de la tutelle de son encombrante mère et de ses séides Concini.
Très pieux il devait, en 1638, mettre la France sous la protection de la Vierge Marie et rédiger, avec son confesseur, le père Nicolas Caussin , un livre de prières, imbu de la grandeur royale, mais souffrant d’une affection chronique qui se traduisait par des crises de fièvre et de violents maux d’estomac, et sujet à des accès de mélancolie comme à des engouements passionnés, il se montra certes influençable pendant sa jeunesse, mais sut aussi tenir tête à sa mère et faire preuve de fermeté. En 1617, le jeune roi, conseillé par son confident, Charles d’Albert, duc de Luynes, congédia brusquement Concini, qu’il fit assassiner, et exila sa mère.
Mais ce coup de force ne fit que remplacer un favori par un autre ; Luynes, nommé connétable [2], accumulant titres et honneurs, se montra un médiocre ministre. À l’origine d’une politique de rapprochement avec les Habsbourgs [3], alors que ceux-ci travaillaient sans relâche à modifier l’équilibre européen en leur faveur, il poussa le roi à exiger la restitution des biens ecclésiastiques en Béarn, ce qui provoqua un nouveau soulèvement des huguenots, tout en excitant contre sa personne l’hostilité de la noblesse ; réunis derrière Marie de Médicis, les Grands livrèrent une courte lutte armée contre le pouvoir central, mais durent capituler aux Ponts-de-Cé [4], en août 1620.
Le duc de Luynes ayant trouvé la mort peu après le siège infructueux de Montauban en 1621, Louis XIII, décidé à participer davantage aux affaires de l’État, gouverna avec Nicolas Brûlart de Sillery et son fils, le marquis de Puisieux Pierre IV Brûlart de Sillery , ainsi qu’avec Charles 1er de La Vieuville , refusant dès lors de se lier à un seul ministre.
En 1624, dans l’espoir de reconquérir son influence politique, Marie de Médicis convainquit Louis XIII de faire entrer au Conseil le cardinal de Richelieu, qui jouissait d’une grande réputation malgré ses liens passés avec Concini. Louis XIII, éprouvant d’abord peu de sympathie pour le personnage, se laissa peu à peu convaincre par sa force de caractère et par sa volonté inlassablement réaffirmée de s’opposer à la maison d’Autriche ; il ne tarda pas à en faire son principal ministre avec lequel il poursuivit durant plus de 20 ans une politique visant à limiter les privilèges dont jouissaient les protestants depuis l’édit de Nantes [5], à affirmer l’autorité royale contre les Grands et à faire barrage à l’expansionnisme des Habsbourgs en Europe.
Le 19 octobre 1622 par l’Edit de Montpellier [6], modification de l’édit de Nantes. Extension de la liberté d’exercice de culte des Protestants. Diminution du nombre de leurs places de sûreté à 2, La Rochelle et Montauban. Si les droits des Protestants sont renforcés, ils en sortent affaiblis politiquement.
Richelieu revient en grâce. La reine mère ne lui pardonnera jamais d’avoir abandonné son parti. Elle cherchera dès lors à lui nuire par tous les moyens.
Avec l’assassinat de Concini en 1617, avec la “journée des Dupes” [7] le 11 novembre 1630, Louis XIII signifie à sa mère Marie de Médicis comme aux Grands et à l’Europe qu’il détient le pouvoir et que le cardinal de Richelieu ne l’exerce que par son bon vouloir, que parce qu’il met en œuvre une politique qui est la sienne. Richelieu lui-même en est parfaitement conscient puisqu’il affirme : “Les quatre pieds carré du cabinet du roi me sont plus difficiles à conquérir que tous les champs de bataille d’Europe.”
Avec Richelieu, Louis XIII forma une association très étroite, à tel point que l’on a parfois décrit, y compris à l’époque, le souverain comme un fantoche.
En fait, entre ces deux hommes, que lia vers la fin de leur vie une réelle affection, il y eut toujours un partage des responsabilités, et jamais le roi, extrêmement jaloux de ses prérogatives, ne se désintéressa de la gestion quotidienne du royaume, même s’il se consacrait plus particulièrement aux affaires militaires.
Les deux hommes partageaient une même conception de la grandeur de la France et des priorités qui s’imposaient dans le domaine politique : à l’intérieur, pacifier le pays, depuis trop longtemps en butte à l’agitation de la noblesse et continuellement menacé par la puissance des protestants, devenus un État dans l’État ; à l’extérieur, reprendre la lutte contre la maison d’Autriche.
Cette politique se concrétisa par la reprise de l’affrontement avec les protestants, qui s’acheva en 1628, après le siège de La Rochelle [8], auquel le roi avait personnellement participé. La reddition de la ville huguenote fut suivie de la promulgation de l’édit de grâce d’Alès [9] le 28 juin 1629, interdisant les assemblées politiques et supprimant les places de sûreté protestantes.
Après l’édit d’Alès, la cour et le pays sont partagés en deux partis. Le parti « dévot » avec Marie de Médicis, Anne d’Autriche et Gaston d’Orléans, farouchement anti-protestant et partisan d’une alliance avec les Habsbourgs pour éradiquer l’hérésie.
Le parti des « bons français » avec Richelieu, Parti qui refuse l’ingérence des questions religieuses dans les affaires de l’Etat et qui considère que les Habsbourgs sont beaucoup plus dangereux pour la France que les Protestants.
Pourtant, peu après ce qui était incontestablement un succès dû à la ténacité de son ministre, Louis XIII dut faire face à l’offensive d’une partie de la famille royale contre Richelieu. La journée des Dupes le 11 novembre 1630, pendant laquelle la cour crut le cardinal congédié, à la suite d’une violente altercation entre le roi et la reine mère, se termina par un triomphe éclatant du ministre ; son principal ennemi, le garde des Sceaux Michel de Marillac fut écarté, tandis que la reine était à nouveau contrainte à l’exil.
Peu après, Gaston d’Orléans, le frère du roi, d’autant plus indiscipliné que le couple royal n’avait toujours pas de descendance, tenta de soulever l’Orléanais puis se réfugia en Lorraine auprès du duc Charles IV , fidèle soutien des Habsbourgs. La réconciliation entre Louis XIII et son frère, déjà compromis dans la conspiration de Chalais en 1626, ne devait avoir lieu qu’en 1634. Enfin, l’exécution du duc de Montmorency Henri II De Montmorency en 1632, qui avait tenté de soulever le Languedoc, manifesta encore une fois la détermination de Louis XIII et de Richelieu à affirmer l’autorité royale contre toutes les velléités d’opposition. L’édit interdisant les duels, dont la transgression par François de Montmorency-Bouteville , en 1627, avait provoqué son exécution, procédait de la même logique.
Si le projet de "rabaisser l’orgueil des Grands", consigné par Richelieu dans ses Mémoires, fut à peu près atteint à partir de cette époque, ce furent les affaires étrangères, avec l’internationalisation de la guerre de Trente Ans, qui accaparèrent désormais les affaires du gouvernement. Entre 1630 et 1635, la France, alliée à Gustave II Adolphe par le traité de Bärwalde de 1631 [10], lutta de manière indirecte contre les Habsbourgs, en soutenant la Suède protestante et en faisant quelques incursions armées dans les terres d’Empire, en Alsace, en Lorraine et en Italie du Nord ; mais, lorsque la Suède subit d’importants revers, l’affrontement direct contre l’Espagne apparut inévitable et Louis XIII prit personnellement la tête des opérations militaires.
La guerre, dont l’issue demeura incertaine jusqu’à la victoire de Condé à Rocroi en 1643 [11], imposa de lourds sacrifices au royaume : elle se traduisit par une augmentation du montant de la taille et, en matière administrative, par un renforcement du rôle des intendants.
Louis XIII, après la mort du cardinal de Richelieu en décembre 1642, ne change rien aux choix politiques faits par le cardinal. C’est que depuis avril 1624, date à laquelle le cardinal est rentré dans son Conseil, celui-ci n’a eu d’autres ennemis, comme il le dit sur son lit de mort, “que ceux de l’Eglise et de l’Etat”.
Le 14 mai 1643, le roi s’éteint. Son fils, le futur Louis XIV, n’a que 5 ans. D’une phrase, Louis XIII résume ce que fut son règne : “La France a bien fait voir qu’étant unie elle est invincible et que de son union dépend sa grandeur, comme sa ruine de sa division.”